Vendredi, très négligemment, j'envoie un WhatsApp à Jérémy:
— On pourrait prendre un pot avant ton départ si tu es dispo.
— Essayons mercredi, pourquoi pas.

J'ai appris ce soir qu'il partait demain. Quand je lui avais demandé de se voir avant son départ, c'était une demande générale, de principe, parce qu'il m'avait dit en juin qu'à la rentrée il retournerait à la Réunion pour un an. Je n'avais aucune idée de tomber si juste.

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Reconfinement pour un mois annoncé ce soir à vingt heures. Quatre semaines. Les fuites ont été si habilement orchestrées que tout le monde a agi aujourd'hui comme s'il vivait un dernier jour: queue pour acheter du café, queue devant le Loir dans la théière, queue au magasin Adidas.

Reconfinement à partir de demain soir. Demain, distribuer le Canard d'Yerres, poster le cadeau d'anniversaire de A, renvoyer le bracelet montre pour l'échanger contre un plus petit, acheter des poudres protéinées pour cette fois-ci maigrir et non grossir, nous procurer des cartons pour préparer le déménagement (deux cartons chaque soir?).
Des pièces remplies de cartons ça va être très moche. La perspective de vendre la maison s'éloigne. Je ne pensais pas si bien dire quand je disais que quoi qu'il arrive on la vendrait en avril, quand les roses fleuriraient.

Que vais-je faire pendant quatre semaines? La dernière fois j'avais un mémoire de licence à écrire.
Apprendre mon CV par cœur, finir la formation à Wordpress, migrer les trois mille billets de VS un par un?