Journée morne. Bien que n'ayant pas ramé je dors une grande partie de l'après-midi.

Messe de l'Ascension. J'apprends avec stupéfaction que les reliques de Thérèse et de ses parents seront là demain.
Je ne devrais pourtant pas être stupéfaite: j'avais vu il y a dix jours qu'elles venaient à Surville .
Mais l'idée que l'on promène des reliques me paraît… so glauque et so XIXe. Et si surprenante en soi. Si incompréhensible.

Je tourne sur Netflix. The f***-it List. Intéressante idée: avoir raté sa vie à dix-sept ans. Ça me fait doucement glousser.
Mais pas tant que ça: à quel âge a-t-on «raté sa vie», c'est-à-dire est-il trop tard pour commencer ou recommencer?
Je connais les optimistes ou les programmés qui se sentent obligés de vous répondre: «Jamais, il n'est jamais trop tard».
Certes ce n'est pas faux. Cependant, quand on fait beaucoup d'ergo (= ergomètre = rameur) comme moi, on sait bien que si on a prévu de ramer quinze minutes, on peut influencer sa moyenne de vitesse pendant dix minutes, mais que plus on approche de la fin, plus il faudra un effort immense pour compenser la mauvaise moyenne obtenue jusqu'alors, jusqu'au point où il faudrait atteindre une vitesse supersonique pour mathématiquement compenser la lenteur du début (alors que l'inverse est bien plus simple: si vous arrêtez de ramer, alors vous n'atteindrez jamais le but, de façon certaine).

Je songe à Simone Veil, à une réflexion à propos du retour des camps: «le plus dur, c'était pour les plus âgés. Nous, nous avions quinze ou seize ans, toute la vie à construire. Mais ceux qui avaient cinquante ans, qui avaient tout perdu, ils n'avaient plus le temps, il n'était plus possible de reconstruire.»

Ourlets et boutons devant la saison 3 de Colony. Ce n'est pas très bon (scénario peu rigoureux qui oublie des détails du passé) mais illustre bien la difficulté de prendre des décisions en univers incertain: quelles que soient les rationalisations qu'on se donne, il s'agit en définitive de pile ou face.