17h45. Je suis chez le coiffeur. H. appelle sans que je puisse décrocher.
Je rappelle dix minutes plus tard.

— J’ai eu un accident de voiture.
— Comment ça? Maintenant? Tu l'avais déjà eu quand tu as appelé?
— Oui, je suis en train d’attendre le dépanneur.
— Et tu vas bien? Qu’est-ce qui s’est passé?
— J’ai failli passer sous un camion.
— Whaaattt ??? (pas trop fort car je suis chez le coiffeur)
— Le camion a heurté l’arrière de la voiture et le camion l’a traînée sur trente mètres.
— Hein? Mais tu vas bien?
— Oui, secoué, mais ça va.
— Et le routier?
— Il est tout tremblant.
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Police, assistance, dépanneur, taxi, le tout comme en rêve.
De mon côté je prends le train pour rentrer. Je ne réalise pas vraiment. Je suis tellement soulagée que j'ai envie de rire. Le fait d'avoir appris ce week-end que le mari de Ricroël était mort de façon foudroyante ajoute sans doute à mon soulagement, à cette conscience d'être si fragile, que tout ce que nous tenons pour acquis est si éphémère.

Le récit complet de l'accident est encore plus effrayant : le camion a heurté la voiture au niveau du feu arrière gauche et l'a fait pivoter d'un quart de tour, ce qui fait que tout le flanc gauche de la voiture s'est retrouvé contre le pare-choc du camion qui a continué à avancer:
— Le mec freinait à mort, c'est sans doute ce qui m'a sauvé.
(NB: notre voiture est une MX5, très basse sur la route.)
L'autre point qui a joué, c'est que ça s'est passé dans un bouchon: le camion était en train de redémarrer, donc à très petite vitesse.
— Sinon j'aurais été aplati comme une crêpe.