Il faisait mauvais hier, il faisait mauvais ce matin, mais les vélivoles semblaient persuadés que ce serait volable cet après-midi donc je suis allée au club.

Des jeunes et des parents attendaient, c'était jour de baptême de vol. Ils ont attendu longtemps, sans rien dire, sans se plaindre, sans manger (je suppose que le pilote sachant qu'il faisait mauvais et que cela devait se lever ne se pressait pas). C'est à ce genre de patience que je mesure mon impolitesse et mon impatience mais aussi la docilité de mes contemporains.

Thibault (pilote instructeur) est arrivé et s'est mis en tête de faire fonctionner le simulateur de vol. Nous avons passé beaucoup de temps à tout démonter et démonter avant de penser à mettre le logiciel à jour (je l'avais vaguement balbutié mais pas avec assez de conviction).

Cours sur le remorqué:
Il y a deux façons de décoller en planeur: le treuil (avec huit cents mètres de cable) et le remorqué derrière un aviron remorqueur. A Moret nous utilisons la deuxième possibilité.

Le remorqueur se décompose en plusieurs phases: tant que le planeur roule encore, «tu gardes les ailes horizontales, si l'une touche le sol tu largues. Tu restes dans l'axe de l'avion, c'est le seul moment où tu peux dissocier les palonniers du manche»; puis une fois que le planeur est en vol tandis que l'avion est encore au sol, «tu le maintiens dans l'axe. Attention, comme la vitesse de l'avion amplifie l'effet sur les gouvernes, il faut que les mouvements du manche tiennent dans une pièce de deux euros», enfin quand les deux sont en vol, «tu poses les ailes du planeur sur l'horizon, tu inclines les ailes du planeur selon la même inclinaison que le remorqueur, si tu t'écartes tu ramènes doucement dans l'axe en arrêtant ton action avant d'être totalement dans l'axe parce que sinon l'inertie te fera dépasser ton but et tu vas te mettre à marsouiner».
Et surtout surtout, «tu ne dois jamais être en position haute, tu dois toujours voir l'avion. Sinon tu mets le pilote en danger, tu te mets en danger, et le pilote de l'avion a le droit de couper le câble (quand la possibilité mécanique existe) pour sauver sa peau».

Romuald a réussi au premier ou au second essai.
Un essai, deux, cinq, je ne sais plus combien de fois, je me suis crashée à tous les coups, parfois de façon tout à fait spectaculaire. Comment dire cela? le simulateur ne me fait aucun effet. Je ne vois pas le rapport entre le manche et ce que je vois à l'écran. Cela ne fait aucun sens, je reste inerte, je n'adapte pas ce que je fais à ce que je vois.

Cependant tout n'est pas négatif: j'ai réussi à atterrir deux fois (je veux dire qu'après avoir été larguée en catastrophe par l'avion, j'ai réussi à rejoindre le sol sur le ventre).