Le matin réunion annuelle chez un prestataire boulevard Haussman. Déjeuner au Petit Riche dans une atmosphère parfaitement proustienne. Il s’agit de fêter le départ en retraite de la directrice. Une fois de plus, je suis frappée de la façon dont des fournisseurs, sans même s’en cacher, se servent de leurs (nombreux) clients pour collecter de l'information. Cela m’amuse, me choque et me fait regretter que ma hiérarchie n’ait pas le réflexe d’en faire autant. J’apprends beaucoup sur la méthode.

Le soir, rendez-vous chez Raimo, le glacier à deux pas du bureau, avec Josiane, mon ancienne collaboratrice. Je l’ai invitée pour fêter son nouveau poste: les administrateurs et dirigeants de ma boîte précédente ont si bien réussi à la dégoûter qu’elle s’en va. J’en suis stupéfaite (mais comment ont-ils réussi cela, elle qui était si dévouée et si fidèle?) et ravie (bien fait pour eux, ils n’ont pas pris soin d’elle parce qu’ils étaient trop sûrs qu’elle ne partirait pas. Que cela leur serve de leçon).

N’empêche, c’est une drôle d’impression: j’ai quitté mon poste parce que tout était en place, qu’il n’y avait plus rien à améliorer et que je m’ennuyais; en deux ans, tout s’est désintégré.
Quelle leçon managériale: parce que tout s’accomplissait sans effort et qu’ils n’entendaient parler de rien, les administrateurs ont cru qu’il n’y avait pas de travail d’accompli, qu’il n’y avait besoin de personne pour le faire. Ils ne se sont pas rendu compte que l’aisance était due à la maîtrise des tâches et non à leur absence.

Dans trois mois ils perdront la personne qui connaît tous les rouages — sachant que celle qui m’a remplacée n’a pas daigné mettre les mains dans le cambouis et délègue les tâches qu’elle ne veut pas apprendre à Josiane, au commissaire aux comptes, à l’administrateur trésorier. Elle n’a même pas pris la peine faire le nécessaire auprès de la banque pour avoir une délégation de signature (électronique) pour les montants minimes et quotidiens, c’est Josiane qui déclenche les virements.
La transition va être intéressante. Y a-t-il une possibilité que le groupe jette l’éponge, que la structure disparaisse entièrement? Elle est noyautée par la CFDT, celle-ci laissera-t-elle faire cela?

Pas de dîner le soir : entre le repas de midi et la glace avec Josiane, je suis en indigestion. J’ai prévenu H., il a mangé sans m’attendre, diabète oblige.