A. au téléphone me dit qu'elle n'a pas vu les deux semaines qui viennent de s'écouler. Apparemment elle ne sort plus de chez elle et s'installe dans un vide sans repère.

Ça m'inquiète mais je ne réagis pas aussitôt. Ce n'est qu'après avoir raccroché que je me dis qu'elle est en «menace de déprime», comme me l'avait dit un médecin il y a bien longtemps (aujourd'hui ils sont plus catégoriques et plus catastrophistes). Je prends la décision d'aller la voir vendredi plutôt que mes parents. Il s'agit de la secouer de son rêve éveillé, de lui redonner de l'énergie. Elle sort d'une formation, il faut qu'elle trouve du travail. Elle est affligeante et exaspérante: «tu comprends, maintenant que j'ai un diplôme, les agences (d'interim) ne peuvent plus me donner les petits boulots d'avant. C'est pour ça que je ne trouve pas.»

En réalité, elle ne trouve pas parce qu'elle ne cherche pas. Elle attend que Pôle emploi ou les agences d'interim lui trouvent un emploi à sa place. Elle est terrifiée à l'idée de «se vendre» (faire son auto-promotion), à l'idée qu'on lui dise non ou… que plusieurs lui disent oui et qu'elle doive dire non à certains (à quoi nous lui répondons que nous souhaitons que ce soit son seul problème…) Bref, elle a peur, ce qui est normal, mais ne prend pas la décision d'agir malgré la peur. Avoir peur mais l'ignorer et agir, c'est malgré tout la base dans de nombreuses situations. Ça m'agace. Que croit-elle? Que c'est facile pour tout le monde sauf elle?

L'autre solution pour trouver un emploi sans convaincre un recruteur, c'est de passer des concours. A condition de supporter l'oral.