Le mari de la coiffeuse

— Je me suis séparée de mon mari.
— […]
— Maintenant je fais du coaching. J'ai suivi une formation de coach chamanique, ça m'a ouvert les yeux et en novembre, je lui ai dit, «je veux divorcer.»
— Le pauvre...
Ça m'a échappé, j'imagine le type qui ne s'attendait à rien, qui laissait sa femme suivre ses formations de coupe énergétique et de coaching chamanique en se disant que ça lui faisait plaisir et ne portait pas à conséquence.
— Au début ç'a été dur, mais mes cours de coaching m'ont beaucoup aidée à l'accompagner.


Commentaire de H.:
— Il est peut-être mieux sans cette folle.
— Oui, mais lui ne le sait pas.

Saute-nuages

J'arrive au terrain à onze heures moins le quart. La salle pilote est vide; il y a deux K21 et un duo devant le hangar; P. s'exclame: «voilà Alice!»

— Il n'y a personne?
— Ils sont déjà tous en piste, c'est une journée à faire un 500 (km).

Je comprends que je suis terriblement en retard.
Repas, en piste, VI (vol d'initiation) pour quatre personnes. Tenir les ailes pour «mettre en l'air», aller chercher les planeurs pour les ramener en piste en attendant mon tour.

Nous ne sommes que deux élèves. Etrange par une telle météo. Roland-Garros?

Comme le temps est prometteur, Manu a décidé de nous faire faire de la campagne, c'est-à-dire sortir du local (local en finesse 10 pour les élèves, soit 100 m de gain d'altitude pour s'éloigner d'un kilomètre. Comme nous sommes dans une zone où nous n'avons pas le droit de dépasser 2000 m à cause d'Orly (FL065, 6500 pieds, ça varie chaque jour en fonction de la pression), et qu'on compte 400 m pour le tour de piste (atterrissage), cela signifie qu'un élève ne peut s'éloigner de plus de seize kilomètres les très bons jours. En pratique, le plafond (le plancher des nuages ou le sommet des ascendances) est plutôt à 1200, 1400 mètres, ce qui fait donc dix kilomètres.

Faire de la campagne, c'est donc quitter le local de son terrain de départ. Le but était de faire Moret-Buno-Pithiviers, mais les conditions étant moins bonnes que prévu, nous sommes simplement partis pour Buno afin que je découvre le terrain (le but plus général est d'apprendre à repérer les pistes d'aérodrome: vu du ciel, ce sont des bandes jaunies, plus claires, difficiles à distinguer des champs environnants quand on ne sait pas où elles se trouvent).
Duo discus + instructeur = autorisation de finesse 20. Distance à parcourir 28 km, donc pour être en finesse d'un terrain ou l'autre, 14 km (soit Buno, soit Moret); avec un fort vent d'ouest, donc le cône des distance se déplace, mettons 12km Buno, 16 km Moret, soit une altitude nécessaire de 1200 mètre (800m + 400m de tour de piste) pour être en sécurité à mi-parcours et être sûrs d'atteindre l'un ou l'autre aérodrome.
Tout le planeur se résume à cela: atteindre le prochain nuage pour monter (ou ne pas descendre), conserver un terrain d'atterrissage à portée d'aile si on n'en trouve pas (de nuage), ce qui nécessite parfois d'être très haut en l'absence d'ascendance potentielle, au-dessus d'un col ou d'une forêt ou d'une étendue d'eau: pas de champ vachable) et de préférence atterrir sur un aérodrome plutôt que dans un champ, parce que c'est plus sûr pour le pilote et la machine et moins ennuyant pour les potes restés au club qui doivent venir vous chercher si les conditions ne permettent pas de vous remettre en l'air.

Nous avons joué à saute-nuages pendant trois heures et nous sommes rentrés les derniers.

Bussy-St-Georges

Journée sur des problèmes épineux. Quel justif demander pour verser une prestation quand plus aucune autorité ne veut fournir de justif? Comment être juste? beaucoup de mal à convaincre mes interlocuteurs qu'il va falloir abandonner la perfection pour le pragmatisme — de cette acceptation dépendra notre capacité à rendre réellement service.

RER pour Bussy-St-Georges. Rencontre sur l'Ukraine; Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l'Europe; Aline Le Bail-Kremer journaliste (Stand with Ukraine); Volodymir Kogutyak vice-président du Congrès mondial des Ukrainiens. Courts discours, questions. Présence de retraités heureux de voir un ministre (séance de photos, portrait de groupes, selfies. Quelle patience), de jeunes hommes minces, pâles, courbés, cravate ficelle, paraissant n'avoir jamais vu le soleil ni avoir fait de sport (des aspirants attachés parlementaires?). Rituel. Toujours la même surprise que ces rencontres se fassent dans les mêmes salles municipales qui servent à la fête des écoles et se terminent dans le coca et les chips. C'est sans doute la marque de la République: l'absence de décorum. La politique ne se fait plus chez le nobliaux du coin; Balzac ou Proust, c'est fini.

Je sais, je date. Mon excuse est que tout cela est relativement nouveau pour moi, je n'ai pas eu une de ces adolescences hyper politisées.

Pas grand chose

Télétravail. Coiffeur (pour la couleur. La coupe, ce sera lundi). One Piece tome 24 parce que je ne me sens pas de lire Bréviaire de la haine chez le coiffeur. Visio. Instructive réunion. Repassage (l'avantage du télétravail) en regardant Red Notice. Mignon et creux. Puis La filature, gags longuets et là aussi, mignon et creux. Points communs inattendus entre les deux films: la Russie, une histoire de montre et deux personnages principaux qui ne se supportent pas. Je ne comprends pas comment je peux enchaîner aléatoirement deux films qui aient de tels poins communs (j'ai quitté la Russie et suis maintenant dans le désert de Gobi, en route (à pied) pour Hong-Kong).

Eclaircies

Encore une de ces journées où mon seul sujet serait le boulot. Il me faut donc être sibylline.
C'est assez amusant, passera, passera pas, serons-nous encore là dans quatre ans? Après trois ans de déboires systématiques (décrets après accords interministériels, la législation nous condamnait en nous retirant notre clientèle), le vent semble tourner, et c'est si inattendu que je n'y crois pas vraiment. On dirait une illustration d'«Aide-toi et le ciel t'aidera».
Il est beaucoup trop tôt pour savoir comment cela va finir. Ce sera plus clair en février prochain.

Courbatures aux abdominaux. Dans ma salle de sport (majoritairement destinée à la danse), j'ai récupéré le numéro gratuit de Neon magazine. Dans un sens ce n'est pas mon style; dans un autre, j'adore leur merveilleuse liberté, leur façon de concevoir le bonheur comme quelque chose qu'on va conquérir.
Bien évidemment j'ai aussitôt consulté mon horoscope queer pour l'été: «réfléchissez moins, foncez plus».

Sommeil.
Je continue Poliakov, Bréviaire de la haine.

Infrarouge

A midi, j'ai testé le sauna de la salle de sport, directement en venant du boulot, sans avoir fait de sport (c'est-à-dire à froid, sans rytme cardiaque élevé et processus de transpiration amorcé). C'est un sauna sans eau, sans pierre, sans vapeur, entièrement électrique. «Infrarouge», me dit la jeune fille qui me montre les installations. Cela ressemble plutôt aux résistances d'un grille-pain.

Vingt minutes environ. Je somnole sans parvenir à m'endormir, la banquette est trop étroite. J'aurai chaud toute l'après-midi.

C'est amusant, je recommencerai.
Ce soir je suis épuisée. Je ne sais pas si cela a un rapport.

Municipales

Réunion départementale pour faire le point sur les listes, circonscription par circonscription.
Je ne suis pas réellement engagée dans ces tractations, je ne sais pas encore si je serai sur une liste (je veux dire qu'on ne me l'a pas formellement proposé; qu'on manque souvent de femmes; que je ne sais pas ce que je répondrai si on me le propose): la tête de liste potentielle dans ma ville s'obstine à se présenter alors que la ville est lasse de lui, mais lui ne veut pas l'entendre. Je n'ai pas envie d'apparaître sur la liste de ce vieux kroum autiste. D'un autre côté l'expérience est tentante, je suis curieuse. Et puis c'est sans doute la dernière fois que c'est possible: dans sept ans, à la retraite, j'espère faire du planeur, pas m'occuper d'une ville. J'écoute les intervenants de chaque circonscription, héberluée par la complexité des rapprochements et des haines. Dans le nord du 77, LFI joue sur toute la gamme du communautarisme.
Dangereux.

Ce qui est agréable dans ces réunions, c'est le sentiment de sécurité, le sentiment que nous ne risquons pas d'entendre soudain une énormité économique ou antisémite, d'être agressé pour des raisons incompréhensibles, purement dogmatiques. Entre nous nous ne nous apprécions pas tous, il y a les habituelles affinités et inimitiés, mais nous sommes tranquilles.

Coup de maître

Dans la soirée, H. m'interpelle:
— Tu as vu ce qu'on fait les Ukrainiens?
— Euh non, pourquoi?
— Ils ont attaqué par drones des bases militaires à plus de 4000 km de l'Ukraine. Ils auraient détruit un tiers des avions, ce qui veut dire avec le turn-over (l'entretien et les vérifications) que la moitié de la flotte n'est plus opérationnelle. C'est énorme!

Cela me rappelle l'opération qui a fait exploser les mains du Hamas: même programmation à long terme et implacable, même précision dans les détails.

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Nous avons eu ensuite des précisions. Les drones ont été dissimulés dans le toit de chalets en bois et tranportés par camion jusqu'à être proches des bases militaires.

opération ukrainienne du 1er juin 2025 illustré par un cheval de Troie contenant des drones


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