Billets pour la catégorie 2017 :

Le silence

Le cabinet du docteur Caligari à la cinémathèque.

Etonnante expérience : ce film muet est projeté dans le silence absolu, sans musique d'ambiance (ou musique jouée en direct, comme ce fut le cas les deux ou trois fois où j'ai assisté à la projection d'un film muet). Parfois s'élève la respiration plus forte d'un spectateur endormi.

Les décors sont magnifiques par leurs formes, sorte de dessins animés en trois dimensions dans lesquels s'insèrent les personnages. Dommage qu'ils n'aient jamais été repris au temps de la couleur.
En regardant les acteurs, je me souviens que peu ont réussi le passage du muet au parlant : ce sont des pantomimes.


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Agenda
Ce matin, rendez-vous pour se faire expliquer la loi Pinel (sans doute non reconduite en 2018). Je ne suis pas sûre d'aimer l'idée d'emprunter à nouveau sur vingt ans. Les graphiques démontrent que le locataire paie de fait la moitié du bien (c'est monstrueux) : c'est une chose de le savoir, c'en est une autre de le visualiser sur un graphique (48% financé par le locataire, 12% par la réduction d'impôts, 40% par le propriétaire).
Artichauts au dîner, d'où une conversation loufoque sur l'art d'empiler les feuilles et d'arracher le foin. Pas de doute, Clara fait partie de la famille, ce doit être génétique.
Le soir, H. et moi avons tenté de regarder C'est arrivé près de chez vous. Nous avons abandonné au bout de vingt minutes, lassés par la verbosité et l'absence de scénario.

La tête et les jambes

Dans le vestiaire est posé négligemment sur le sac d'une jeune fille blonde un Gorgias écorné.


(Remarque : ce n'est pas encore la rentrée.)

Pas contente

Rentrée pas trop tard pour être là quand le gentil voisin garagiste viendrait ausculter la voiture (il n'a rien trouvé car elle refuse de "dialoguer" avec l'ordinateur. En désespoir de cause il va changer la sonde (quarante euros). Sinon, c'est une pièce de mille euros qu'il faut changer, et comme la voiture doit en coûter mille cinq cents…)
J'ai eu droit à une scène du deux de la part de A. parce que pour ne pas rester les bras ballants, je commençais à ramasser la poignée de tickets de caisse et de prospectus en tous genres qui jonchaient le plancher de sa voiture : il paraît que j'attente à son intimité. Elle me les a arrachés avec force pour les protéger de son corps en déclamant des bêtises — devant le voisin garagiste, la honte. (Mais que fait-elle de ces détritus, que va-t-elle en faire ? j'ai la vision atroce d'un appartement empli de tickets de caisse et de papiers de bonbon. Syllogomanie.)

J'ai sérieusement perdu patience. Je suis fatiguée que nous tenions nos engagements et pas elle, et qu'en outre elle m'accuse de méfaits imaginaires. Il me semble que lorsqu'en quatre ans on a réussi à rendre un rapport sur cinq et effectuer trois stages sur huit (et encore, le dernier grâce à moi, après mon retour, donc in extremis : elle a passé le mois de juillet à faire des puzzles et regarder des mangas) on est tenu à une certaine discrétion dans les récriminations.
Bref. Il ne va pas suffire que sa voiture soit réparée. Pour avoir le droit de rentrer à Lisieux, il va falloir qu'elle termine l'un des deux rapports de stage en cours (rien d'impossible, il faut simplement qu'elle arrête de regarder youtube tous les trente mots).

Coup de geule hospitalier

Je reprends comme je l'ai déjà fait plusieurs fois une suite de tweets "à dérouler", comme on dit.
Bien sûr, entre autres causes : on commence par les abrutis qui ont déclaré que la santé devait être un secteur "rentable", rentabilité

parfaitement artificialisée par les tarifs de l'AM (assurance maladie) complètement déconnectés des coûts réels, de la course au cost-killing à tout crin

qui va en face de cette rentabilité illusoire. Comme dit un copain patron de clinique "si tu veux faire un truc rentable, t'ouvres un club de

strip-tease ou une pizzeria, pas un établissement de soins"
A quel moment c'est tolérable que des actionnaires se fassent du beurre sur la

santé de nos concitoyens?
On continue avec le dogme du "il y a trop de fonctionnaires" qui nous pousse à externaliser au maximum sur des

fonctions qui seraient "pas notre coeur de métier", en exploitant encore plus les personnes qui réalisent les prestations pendant que des

actionnaires se font encore plus de fric sur leur dos (coucou Onet Nettoyage, bande d'esclavagistes!) tout en cassant complètement la notion

de travail en équipe. Je vous épargne tous les fournisseurs et prestataires fumistes qui se foutent complètement de la qualité des

prestations qu'ils délivrent, et donc du service au patient qu'ils fournissent, du moment qu'ils se font encore plus de pognon sur le dos du

contribuable, du patient et du cotisant.
Tiens les cotisations sociales on en parle? Il est où le pognon qui finance la sécu à force de

baisser les charges sociales parce que les "salariés coûtent trop cher" pendant que les actionnaires défiscalisent dans tous les paradis

possibles et imaginables? Oui, la santé publique a un coût, et il n'y a pas que ceux qui tondent la laine sur le dos des autres qui ont le

droit d'être soignés dans les meilleures conditions possibles!
Quant à vos propos sur "l'hôpital est en situation monopolistique", vous

n'avez pas honte de raconter des conneries pareilles? Vous aussi vous avez pris le nouveau Levothyrox? Bien sûr qu'on est sur un foutu

secteur concurrentiel, partout : on est en concurrence avec le secteur privé, et même entre hôpitaux depuis que l'ARS surveille l'évolution

des parts de marché entre établissements. C'est exactement pour cette raison qu'on ne fait RIEN pour limiter l'afflux dans les services

d'urgence, parce que le but de cette course à l'échalote toxique, c'est de faire toujours plus de chiffre que le voisin. On est en

concurrence sur nos services supports, parce qu'on doit défendre jusqu'à la légitimité de nos cuisines et blanchisseries hospitalières

en faisant toujours moins cher que le concurrent d'à côté. Et après on s'étonne que les patients mangent mal...
On est en concurrence sur le

marché des professionnels de santé, d'abord sur les médecins : merci au crétin qui a décidé, en vertu de la loi du marché, qu'en limitant

l'offre de soins on limiterait la dépense de soins, et donc qu'il fallait bloquer les numerus clausus, on est ds une belle merde maintenant

On est aussi en concurrence sur d'autres secteur pros comme les kinés ou les orthophonistes, on est en concurrence de partout

D'ailleurs nos décideurs le savent bien, puisque ce sont les premiers à aller se faire soigner dans le privé à l'Hôpital Américain

Le seul truc sur lequel on a le monopole c'est justement sur tout ce qui n'est pas rentable et susceptible de rapporter du fric à court

terme. PARCE QUE C'EST CA LE SERVICE PUBLIC

Retour

Pas de changement cette fois-ci: le TGV passe à La Roche-sur-Yon. Voyage tranquille mais peu sérieux, je blogue hors ligne pour tenter de rattrapper quelques billets en retard (j'ai la flemme et j'écris lentement) ; je lis Le Sacré de Rudolf Otto (j'ai la flemme et je lis lentement). J'ai une fiche de lecture à rendre le 9 septembre (septième année sur huit prévues). Je déteste les fiches de lecture car je n'ai toujours pas compris si elles étaient un outil destiné à rendre service à leur auteur (auquel cas leur formalisme devrait être adapté par chacun) ou un exercice académique du type dissertation ou résumé.

J'ai la surprise de trouver A. encore à la maison. Elle doit partir à l'instant, me dit-elle, ce qui vu la chaleur me semble très dangereux pour le lapin. Elle consent à décaler son départ.
Une fois de plus cela n'a aucun sens, elle aurait dû partir hier matin ou hier soir, à la fraîche. Mais tout est toujours compliqué, elle a toujours de très bonnes raisons à opposer à tout argument, et H. et A. se rejettent la faute de ce retard.

Clara, une cousine (née le jour de notre mariage. Une cousine et non une nièce, bizarrerie des grandes familles), arrive dans l'après-midi ; nous l'hébergeons une semaine le temps que sa location soit disponible (le premier septembre). O. rentre peu après de son camp scout. Sa barbe a poussé, elle est blonde.

Quand A. veut partir à six heures, sa voiture ne démarre pas. Les "voisins" (les seuls, les uniques) rentrés eux aussi à l'instant viennent à la rescousse, en appelle un troisième, garagiste. La voiture ne démarre toujours pas et tout cela se termine par l'apéro sur la terrasse. L'heure tourne, je m'inquiète pour Clara qui commence tôt demain sa pré-rentrée (présentation de l'académie aux professeurs stagiaires, je crois).

Entretemps, j'ai bouleversé the room of requirement pour placer le lit près de la porte et y installer A. puisque sa chambre est occupée par Clara.

Inquiétude

Ce matin j'ai oublié mon téléphone. Dans l'après-midi j'ai prévenu A. que j'allais à l'aviron le soir et que je rentrerais vers neuf heures.

Elle ouvre la porte tandis que je gare la voiture devant la maison à dix heures vingt :
— Je commençais à m'inquiéter. Je vais prévenir papa que tu es arrivée.
— ?? Pourquoi, il a appelé ?
— Non, mais comme tu n'arrivais pas, je lui ai envoyé un sms pour savoir à partir de quand m'inquiéter.
— Et qu'est-ce qu'il t'a répondu ?
— Il m'a dit de manger si j'avais faim et de me coucher comme d'habitude.

Je constate avec satisfaction qu'il a appliqué notre vieille règle : ne pas attendre en se rongeant les sangs mais vivre, business as usual. C'est un comportement que j'ai mis au point il y a des années, au début de notre mariage, avant l'existence du portable (le portable n'a pas tant changé la situation, car dans notre famille le portable personnel (as opposed to professionnel) est le plus souvent en mode silencieux, il sert à appeler, rarement à être appelé) H. m'appelait vers huit heures pour me dire : « il me reste un document à imprimer et j'arrive » et trois heures plus tard il n'était pas là. Nous habitions Aubervilliers, il y avait toute la région parisienne à traverser. Je tournais en rond dans la cuisine en essayant d'établir les démarches les plus rationnelles : appeler ses parents ou le commissariat ? Mais quel commissariat (en utilisant le 12, les renseignements: pas d'internet; rappelez-vous, la vie avant internet)? ou les hôpitaux? Mais je ne les connaissais pas non plus.

J'ai un souvenir précis de l'accident du mont St Odile. J'écoutais la radio dans la cuisine, un avion a disparu dans la brume, il ne répond plus, où est-il, des flashs d'information pour dire que l'on ne savait rien jusqu'à la découverte de débris, cela a pris des heures, et pendant ce temps-là, j'attendais H.
Chez nous, «yapluka imprimer» a pris le sens de «cela va prendre une durée indéterminée, mais plus longue que tes pires cauchemars» (qui se souvient des impressions postcript sur Windows?)

J'ai peu à peu mis au point une méthode pour lutter contre l'inquiétude, la panique, la tendance à dramatiser: ne pas attendre, dîner de mon côté, faire ce que j'avais à faire, dormir.
Je sais que j'ai choqué ma belle-mère certains soirs où mes beaux-parents étaient à la maison: comment, je n'attendais pas son fils?
Mais combien de soirées a-t-elle attendu angoissée?

Rien

J'ai rapporté ma médaille du comité directeur, enfin gravée, au bureau, mais mon sac est si chargé de livres que je ne la ramènerai que dans deux jours (dans deux jours, j'aurai fini de rapporter tous les livres choisis dans les étagères de la bibliothèque de l'entreprise).

Yolette de filles, à quatre : Aurélie débutante, Lian, Anne. Dernière place vide. Barage puis un demi-pont. Il fait lourd.

J'ai été suivie ce soir par la police municipale jusque dans ma cour. J'ai l'impression qu'ils ont voulu surveiller le cabiolet rouge qui passait, vérifier s'il ne ferait pas de bêtises — puis savoir où il demeurait quand ils ont constaté qu'il quittait la route principale pour s'enfoncer entre les habitations.

Discussion avec A. ce soir. Elle part vendredi, j'ai l'impression d'un été inutile. Sa voiture doit être réparée, cela aurait pu être fait durant ces deux mois. Il faut opérer l'autre chatte.

Je m'endors sur Le Maître du Haut Château.

Mon fils ce héros

Tandis que nous regardons Sense 8 zonés sur le canapé, je reçois un sms d'Olivier contenant une vidéo : les cheveux dorés par le soleil couchant, il gobe coup sur coup deux Flamby.

Inconcevable

Petit déjeuner. Nous écoutons la radio. Soudain H. et moi nous nous figeons : venons-nous d’entendre quelques nouvelles déclarations fracassantes de Trump ou des suprémacistes ? (novlangue. Dire aussi « alt-rigt »)

Non. Ce qui a suspendu nos gestes et notre souffle, c’est l’annonce que Big Ben allait se taire.
Non ? Un pilier de notre monde, les carillons de grands-mères dans les cuisines, s’écroule.
Mais le journaliste continue : il ne s’agit que de réparations, cela devrait durer quatre ans.
Ouf.


— Il n’aurait pas pu le remplacer par un enregistrement le temps des travaux ?
— Ceci n’est pas britannique. Big Ben est irremplaçable, Big Ben ou rien.


Le silence sera effectif après les douze coups de midi le 21 août.


***

Dans la série "la forme d'une ville change plus vite, hélas", le Bugsy (rue Montalivet, celle des Verdurin) est en travaux. Moi qui en aimais tant la déco (films noirs, prohibition, années 20), j'ai très peur de le voir se transformer en quelque chose de très banal (très moderne, très in, sans personnalité). On verra.

D’accomplissement en accomplissement

Levés tôt : en ce matin de pont, un (quoi ? plombier, égoutier, ouvrier ?) de Sanitra passait déboucher les canalisations, ou plutôt la canalisation, celle connectée à la baignoire et à la machine à laver qui se bouche tous les trois à dix ans. L’ouvrier nous a affirmé être celui qui était venu en 2001 : mais quel âge avait-il, il paraît si jeune.
Il doit y avoir quelques mètres de canalisation à contre-pente sous la terrasse, diagnostique-t-il, ce qui fait que l’eau stagne et des dépôts se forment et se calcifient. Il nous a conseillé d’introduire une fois par an le karcher avec une buse particulière dans le tuyau pour le curer nous-mêmes : « cela vous reviendra beaucoup moins cher ». (Je l’écris ici pour garder une trace du conseil.)

Il ne restait déjà plus que deux jours sur le week-end de quatre. La météo annonçait du soleil aujourd’hui, de la pluie demain. J’ai donc abandonné le grenier (qui n’aura perdu que dix centimètres de papier) pour décréter que maintenant que j’avais fini de lasurer le nouvel abri pour le bois, il fallait déplacer la stère ou la stère et demie appuyée contre la maison dans le-dit abri (afin que le plombier-fumiste puisse venir faire les travaux destinés à isoler le robinet extérieur : «  C’est tout un ensemble ! » (s’exclamait mon père, etc.))

Je ne sais plus pour quelle raison, peut-être simplement ma paresse, mon statut d’épouse et de mère alors que mon fils a dix-huit ans, je n’avais pas participé à la constitution du tas de bois initial. Aujourd’hui, Olivier est en camp scout et Hervé a des contractures suite à son passage chez l’ostéopathe vendredi, donc la corvée de bois retombe sur A. et moi, Hervé supervisant l’utilisation de la brouette.

Brouette par brouette nous déplaçons les bûches. Le chêne coupé par les voisins malveillants, les arbres poussant comme de la mauvaise herbe contre les murs ou au dessus du fil à linge, le châtaignier qui a fini par mourir de ses blessures de 2000, je vois défiler un peu de notre histoire en rangeant les bûches dans l’abri à bois. Nous dérangeons araignées et fourmis (cela grouille : « Ne touche à rien, tu vas voir, dans vingt minutes, tout aura disparu. » Un quart d’heure plus tard, plus une fourmi, plus un oeuf, tout a été rapatrié à l’abri par les fourmis organisées jusque dans l’affolement. « Incroyable ! »), j’entasse en mettant le bois le moins sec en bas, il fait chaud. Deux heures de travail le matin, pause déjeuner, nous reprenons à deux, sans H.
A. se plaint, elle se sent barbouillée, la chaleur ou l’ennui ? « Rentre, je vais finir seule. » Une brouette, deux, cinq, je m’obstine, il fait chaud mais je ne veux pas avoir à y revenir, je veux que cette tâche soit derrière moi. Je suis satisfaite car il se confirme que mon dos est guéri.

En fin d’après-midi, coup de main au fils de nos amis expatriés qui a commandé un lit au Conforama d’Ormesson : comme il n’a ni permis ni voiture il lui faut un chauffeur. Nous passons deux heures sur la route de Boissy-St-Léger et Ormesson. Etonnants paysages, la forêt et la campagne rôdent aux portes de l’Ile de France.
Antoine ne s’est pas méfié, il pensait qu’il suffisait de se présenter à Conforama pour avoir un camion. Mais non : il n’y en a que deux ou trois, il faut les réserver, ils sont sortis, il doivent être rentrés avant six heures et demie, nous n’aurons pas le temps de le ramener… (Pendant ce temps deux employés se disputent violemment dans l’entrepôt, si violemment que la réceptionniste avec laquelle nous parlementons, embarrassée, se lève pour fermer la petite fenêtre derrière elle).
Nous nous regardons. Antoine part en vacances la semaine prochaine, H. sera à Tours (or il faut que nous soyons deux, un pour la camionnette, un pour la voiture qui nous amène à Ormesson), Antoine est venu avec un ami qui habite St Ouen, de l’autre côté de la région parisienne, ce qui représente des heures de transport… Repartir bredouilles ?
Riant in petto, j’observe H. utiliser une stratégie que nous avons développée au cours des années : l’occupation physique du terrain. Il ne discute pas, il n’argumente pas, il reste là au comptoir flanqué des deux jeunes gens qui ne se rendent compte de rien, prononçant de temps à autre une platitude pour donner l’illusion d’une conversation (« C’est très ennuyeux », « Dommage que ce ne soit pas précisé sur le site », etc) tandis que je fais lentement les cent pas dans la salle d’attente. La réceptionniste, la soixantaine ridée, revêche et énergique, nous a vus et entendus discuter, évaluer les différentes autres possibilités (conclusion : aucune). H. reste là, elle répond au téléphone, fourrage dans ses papiers. Comme par magie quelqu’un ramène une camionnette, elle tente de nous expliquer que nous n’aurons pas le temps de ramener le véhicule; Hervé impavide, campé sur ses deux pieds, commence à sortir son permis de conduire.
La camionnette est à nous.

Ranger the room of requirement

J’avais l’intention durant ce long week-end de l’Assomption (quatre jours) de ranger le grenier, une pièce mal isolée, très froide l’hiver, dans laquelle sont entreposés les habits d’hiver, les jouets et les livres d’enfants que j’ai conservés, les valises vides. Peu à peu elle est devenue la porte que l’on ouvre pour déposer rapidement tout ce qui gêne, les cartons d’ordinateur qu’il faut conserver « au cas où » (il faille les emmener chez le réparateur), la caisse qui contient les ampoules de rechange, les multiples caisses de câbles et prises en tous genres pour ordinateur, les piles de papier (cours, factures, prospectus) qu’il faudrait trier, jeter, classer, quelques livres achetés dernièrement (depuis un à trois ans) qui n’ont pas encore trouvé leur place sur une étagère, des chapeaux de paille posés à plat sur les papiers pour ne pas être déformés (c’est compliqué de ranger des chapeaux), la table à repasser, les rouleaux de papier cadeaux, la crèche, l’étagère à DVD à partir de la lettre R qui n’ont pas trouvé de place dans la pièce précédente.

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Le plancher est infesté de puces, mais moins qu’on pourrait le craindre car les araignées règnent dans les angles.
Il y a également un lit d’appoint, devenu peu à peu inaccessible au fur à mesure que les objets s’entassent autour de lui.

Mon ambition est donc de ranger et réorganiser ce grenier — en particulier rapprocher le lit de la porte donc du radiateur — de façon à ce qu’il redevienne utilisable en cas de besoin. Il s’agit également de venir à bout de deux ans de cours éparpillés sur quatre mètres carré (le sol reste l’endroit le plus naturel pour stocker le papier…)

J’ai commencé hier après-midi. J’ai pris dix centimètres de papier (devant moi, sur le sol en ouvrant la porte, sans choisir) que j’ai descendu d’un étage, j’ai commencé à ranger les cours dans des classeurs entre grec, ecclésiologie et « agir chrétien » (liturgie et morale, les deux domaines de l’action, par opposition à la réflexion spirituelle ou théologique) tandis qu’Hervé m’encourageait d’un « à quoi bon ? Tu ne les reliras jamais. »
Ce n’est sans doute pas faux, mais si j’ai envie du plaisir sadique d’obliger mes enfants à trier et jeter après ma mort ?
J’ai retrouvé des notes prises pendant la présentation du Silence de la peur. Traduire la Bible sous le communisme à l’ambassade tchèque en juin 2015. Il fallait que j’écrive le billet correspondant à cette soirée du 8 juin, mais mes notes étaient trop lacunaires : elles auraient servi d’aide-mémoire à une rédaction immédiate, mais deux ans plus tard il me manquait trop de détails.
Alors j’ai abandonné mon rangement et entrepris de lire le livre.



NB : Le titre est une référence au tome 5 d'Harry Potter.

Rendez-vous

Je dépose Olivier pour son camp scout à neuf heures et quart, heure de rendez-vous des chefs. Les jeunes doivent arriver à neuf heures et demie mais certains parents sont déjà là.
— Oh non, soupire-t-il.
— Ils sont pressés de se débarrasser de leurs enfants, proposé-je.
— Le problème, c'est qu'il y a les deux types : ceux qui arrivent à quinze et ceux qui arrivent à quarante-cinq.

Décidément le scoutisme est une école de la vie.

Soyons fous

Lavomatic à neuf et demi du matin — parce que les tuyaux sont bouchés, la machine à laver inutilisable et qu'O. part en camp scout deux semaines et a besoin de linge.

Deux numéros de Elle abandonnés sur la table. En couverture de celui du 7 avril 2017, le titre suivant : " Syndrome j'ai trouvé la sérénité et maintenant je m'emmerde ". L'article cite Propos sur le bonheur :
Quand on conseille aux hommes de rechercher une vie moyenne, tranquille et assurée, on ne leur dit pas qu'il leur faudra aussi beaucoup de sagesse pour la supporter. Le mépris des richesses et des honneurs est facile, en somme ce qui est proprement difficile, c'est, une fois qu'on les méprise bien, de ne pas trop s'ennuyer.

Repartir de zéro

Rapporté à la maison (en RER, c'est lourd) la vieille imprimante du bureau destinée à la casse. Tant de choses sont jetées dans ce déménagement, dans l'optique de nous faire travailler plus vite et mieux. Pour l'instant, l'entreprise se débarrasse de sa mémoire. Est-ce une bonne idée ? Dans un sens les gens sont si coincés dans leur façon de penser et d'agir, si effrayés de toute nouveauté qu'il leur faut sans doute un électrochoc ; d'un autre côté… est-ce une bonne idée de montrer aux gens à quel point leur labeur quotidien est expendable, dispensable, éphémère?
De l'éphémère au sans valeur la frontière est si mince, de l'éphémère à l'à-quoi-bon…

Dunkerque

Dunkerque, ce sont les taxis de la Marne version maritime.

Tandis que je regardais le film et les morts absurdes, je pensais au Colonel Paillole qui parle de pagaille, de pétaudière et de hiérarchie décomposée : si ce qu'il raconte est vrai (et je pense que oui, la bêtise, l'inefficacité et la paresse étant très partagées), tout cela aurait pu être évité, ou rendu beaucoup moins grave.
(Finalement, le manque de réaction devant les informations de Hans-Thilo Schmidt fait penser au manque de réaction devant les informations concernant la future destruction des tours du WorldTrade Center. Combien d'autres informations graves inutilisées, en ce moment-même ?)

Tuyaux

Continué le rapatriement des livres de la bibliothèque du CE entrepris hier. J'emmène le gros cartable de mon père, vide, je le ramène plein. J'en ai pour deux semaines, au moins.
Recherché la fuite qui a provoqué l'inondation de la chaufferie dimanche dernier : débranché le lave-linge, testé les bondes, les tuyaux. Rien trouvé. La baignoire paraît totalement bouchée. Suite à notre intervention, nous n'avons pu rebrancher le lave-linge, les plombs sautaient.

Baignoire bouchée, robinet extérieur qui explose chaque hiver, gouttière percée, WC qui goutte : il est temps de revoir les canalisations. C'est d'ailleurs pour cela que je lasure la cabane : pour que l'on puisse déplacer le tas de bois derrière celle-ci, ce qui donnera au plombier accès au regard et lui permettra d'intervenir (travail de fond : refaire les branchements, changer les tuyaux. Mais quand ?)

Reprise

Retour au bureau donc infos du matin sur France Inter. Anniversaire : la crise a dix ans (il y a dix ans BNP Paribas décidait de fermer trois de ses fonds monétaires) ; il y a cinquante ans sortait l'album Sgt Peppers des Beattle (le premier juin : j'ai dû louper l'info au moment adéquat).

Encore une phrase énigmatique de mon kiné : « Le nombril est la première cicatrice ». Certes, mais que faut-il en conclure ? (Il faut dire qu'il avait beaucoup insisté pour savoir si j'avais des cicatrices, et pouvoir de suggestion ou pas, pendant les vacances une vieille cicatrice sur la tête, totalement oubliée, était devenue sensible au toucher).
Toujours est-il qu'il ne considère plus utile de me revoir (après cinq séances sur les dix prévues) : me voilà officiellement guérie.

Reprise calme, courrier d'une semaine, trois-cent-quarante-quatre messages dont la plupart ont dû être traités pendant mon absence. Rien d'affolant.

Epluché les armoires des livres désherbés qui ont été reremplies en mon absence (elles ont même dû l'être plusieurs fois). Récupéré entre autres toute une collection de minces guides de voyage publiés aux éditions Seuil ("petite Planète", années 60 à 80 : ce sont plutôt des livres d'histoire), deux Norman Mailer sur Marylin, la biographie de Breton par Béhar, les Berl sur l'histoire européenne. Eu le plaisir contrasté de récupérer Vie et destin en grand format : mais comment peut-on se débarrasser d'un tel livre ?
Et un livre d'Haroun Tazieff sur le volcan Érébus. Le lien relayé par Gilda me trotte dans la tête.
Cela fait une quantité impressionnante de livres à ramener peu à peu chaque soir. A quoi bon ? J'ai été tenté d'aller les reposer, je ne les lirai sans doute jamais. Pas le temps, pas le temps (en réalité, c'est surtout que je le perds sur mon téléphone).
Impossible cependant de les abandonner au pilon.
Et sitôt vus, ils deviennent indispensables.

Aller-retour

Aller-retour à Blois.
En étudiant les quelques livres restés dans ma bibliothèque d'adolescente, j'ai la surprise d'y trouver Le Marxisme d'Henri Lefèbvre. Je sais d'où il vient : de la bibliothèque du curé de mon enfance qui l'avait dispersée (exposé ses livres pour que se servent ceux qui en voulaient) au moment de partir à la retraite. Il me semble avoir également récupéré Que faire ? (titre à vérifier. Quelque chose de ce genre, quoi qu'il en soit). J'ai également de lui Les Médicis dans la collection "Les grandes dynasties d'Europe" aux éditions Rencontre de Lausanne. Je me dis avec émotion que c'est ce qui m'a manqué (enfin, plutôt les Orange-Nassau et les Hohenzollern) durant notre voyage (émotion de constater qu'un livre choisi à vingt ans devient utile trente ans plus tard) et qu'il est désormais facile de trouver l'ensemble de la collection (mais il faudra la lire).

Rentré en écoutant nos éternels podcasts : Jules Verne que A. n'avait pas encore entendu, Tim Burton et le début d'Elvis Presley (que les enfants connaissent vaguement, de nom…)

Travail

Matin : fait les comptes.
Après-midi : lasuré la cabane en écoutant l'humour dans le jazz (31 décembre 1966), Sydney Bechet (10 mai 1984) (c'est la musique de la première enfance. 1984 : pas de quoi écouter la FM à la maison. La FM : ce que je retiens de positif des années Mitterrand), une biographie de Lino Ventura (3 janvier 89).
Je me demande si c'est réécoutable "éternellement", comme l'assure le jingle des podcasts. J'ajoute les dates des premières diffusions, au cas où cela aide à retrouver les émissions quand les liens seront "cassés".
Soir : barbecue avec les (incontournables) voisins.

Farniente

En 2000, en prévision du baptême du plus jeune, nous avions installé un portique avec des balançoires (dont une en forme de planche de surf que j'aime beaucoup).
Nous avons démonté les agrès cet après-midi pour installer un hamac "mandarine" (rose et orange) sur les montants du portique.
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