Plutôt qu'aller faire les courses, je vais à la bibliothèque. Tout est minuscule à Bois-le-Roi et paraît immobilisé dans le temps. La bibliothèque est au premier étage d'une de ces maisons classiques, tuiles, murs gris, encadrement des fenêtres en briques rouges. Un grand panneau en bois à la peinture verte écaillée annonce "Bibliothèque municipale".
Le rez-de-chaussée est consacré la semaine à l'accueil des très jeunes enfants. Je m'attends à de vieilles collections poussiéreuses qui permettent de retrouver des auteurs oubliés (genre Vialar), mais non; l'intérieur semble beaucoup plus grand que l'extérieur, ce n'est pas moderne dans un sens agressif, mais pratique, utilitaire, lumineux. Les livres destinés aux enfants occupent un bon tiers de la place, les livres démodés datent des années 80 (Sulitzer: qui se souvient de Sulitzer?); dans la dernière pièce (il y en a trois) tout au fond je déniche le rayon littérature, française et étrangère. Yourcenar est reléguée ici, les auteurs anglais et américain sont séparés (c'est assez rare), Mario Rigori Stern est présent mais pas Primo Lévi (peut-être classé ailleurs, en histoire ou roman ou biographie?), il y a les deux tomes d'Isabelle Eberhardt. Pourquoi Gertrude Bell n'a-t-elle pas connu la même fortune?

J'ai commencé le dernier Cormier, mais je ne peux l'emprunter, je n'ai ni chèque ni justificatif de domicile (il faut dire qu'à l'origine, je pensais travailler le grec et la philosophie médiévale).
Je dois attendre 17h30, la bibliothèque ferme à 17 heures, je termine au café.