Billets pour la catégorie 2014 :

RER, le retour

En décembre, nous avons appris que d'importants travaux allaient être réalisés à la gare de Yerres et qu'en conséquents les horaires allaient être bouleversés. D'autre part, le trajet pour aller à Paris allait prendre cinq minutes de plus (non ce n'est pas rien: l'enjeu est d'attrapper son train, de ne pas rater les correspondances, d'être à l'heure en classe, etc).
Nous a-t-on dit, ou avons-nous spontanément déduit, que le trajet serait plus long de cinq minutes à cause des travaux? Et que donc, sous-entendu, le trajet reprendrait sa durée "normale" à la fin des travaux?
Quoi qu'il en soit, pas du tout: les cinq minutes sont dues à une nouvelle gare, Créteil-Pompadour. Cela est ennuyant, mais un regard sur une carte démontre si bien l'intérêt de cet arrêt (l'étrange est qu'il n'ait pas existé plus tôt) au vu des transports et habitations environnants que j'en prends mon parti sans difficulté. (Mais cette carte que j'ai vue, je l'ai vue par hasard sur une feuille de chou en faisant des paquets à Noël chez Boulanger: nous n'avons eu aucune explication officielle, aucune information).

J'en prends mon parti, mais les conséquences d'un arrêt de plus ne sont pas qu'un rallongement du trajet, c'est surtout moins de places assises au départ de Paris (les gens qui descendent à cet arrêt ne prenaient pas mon train auparavant, mais l'omnibus), et voyager debout, ça veut dire l'impossibilité de dormir, un voyage insupportable si on porte des talons… (Et encore, j'arrive à prendre des notes debout).

Remarque en passant : d'autre part les trains sont supprimés autant qu'avant, mais il y a beaucoup moins d'explications à photographier, alors que j'ai cru remarquer que les photographes devenaient chose courante: un lien de cause à effet?

Parenthèse poujadiste : temps de trajets rallongés, trains plus bondés encore, et augmentation du pass Navigo en janvier: que paie-t-on exactement, à quoi s'engagent les transports d'Ile-de-France quand on s'abonne pour un an? (Imaginez un restaurant qui vous servirait alléatoirement un repas, un demi-repas, un repas froid, un repas servi à deux heures alors que vous êtes arrivé à midi, et cela toujours pour le même prix, ou en l'augmentant.))

Le soir, les horaires ont été décalés (2 et 32 au lieu de 8 et 38 gare de Lyon). Cela n'a l'air de rien, mais comme dans le même temps le passage entre la station Châtelet et la ligne 14 a été bouché (les travaux ont commencé il y a un an mais je n'ai pas l'impression que le projet prévoit de rétablir ce passage qui était très rapide) et que le RER D part de gare de Lyon au lieu de partir des Halles (gare de Lyon à 23h02 au lieu des Halles à 23h08, si vous avez suivi), il faut prendre le RER A entre Châtelet et gare de Lyon et j'ai beaucoup de mal à attraper mon train le mardi soir. Je le rate de trois minutes et j'attends une demi-heure dans le froid (nous attendons par dizaines une demi-heure dans le froid).
Comme ce n'est pas suffisamment sadique, la SNCF (le RER D dépend de la SNCF) joue à mettre les trains en gare de surface (la correspondance ordinaire entre RER A et D n'est que de quelques volées de marches) c'est-à-dire avec les trains grandes lignes (je suppose que c'est à cause des travaux de mise aux normes), mais bien sûr, sinon ce serait trop facile, pas toujours dans le même hall: une fois dans le bleu, une fois dans le jaune, pour ceux qui connaissent (ça représente une centaine de mètres, pour ceux qui ne connaissent pas). Et bien sûr, cela n'est pas indiqué sur le quai du RER A, le voyageur le découvre en arrivant aux départs grandes lignes (or, comme vous l'avez compris, chaque seconde compte).

Mardi, tandis que j'arrivais en courant à 23 heures devant le quai 17 (les deux mardis précédents, c'était quai C et G), le chef de gare a sifflé:
— Ah non, vous n'allez pas le faire partir, ça suffit comme ça, les conneries.
— Comment ? (Croyait-il m'intimider?)
— Ça suffit comme ça, les conneries.
— Comment ?
— ÇA SUFFIT COMME ÇA LES CONNERIES.
Il a laissé tombé, je suis allée m'assoir en soufflant comme une forge, et ce soir je suis retournée en salle car je n'ai plus aucune condition physique.

Manon ne lâche pas le morceau

Chaque fois que nous manquons un TG, nous sommes censés rendre le travail par écrit (ce qui est une puissante motivation pour être présent). L'année dernière, jouant sur la nonchalance de mon chargé de TG qui avait aussi peu envie que moi de s'embarrasser d'un travail écrit, j'étais parvenue à y échapper lors de mon absence du 9 février (2013). Mais mardi soir, Manon est revenue à la charge: il faut que je lui rende quelques pages sur le sujet du TG du 12 janvier dernier.

Or le sujet porte sur Gadamer, Vérité et Méthode, Seuil 1976, p. 405 à 411… et le livre que j'ai emprunté (Seuil 1976) n'a que 346 pages.

Bon. Je vais mener l'enquête auprès de mes petits camarades. (Le titre de ce billet reprend l'exclamation de l'un d'entre eux. Le contraste entre le doux "Manon" et le rustique "ne lâche pas le morceau" me remplit d'aise.)

Annette

En ouvrant ma boîte mail tard ce soir j'y ai trouvé une photo d'Annette.

J'avais huit ans, c'était mon premier automne en France, ma mère est entrée dans la salle de jeu au sous-sol de la maison que nous louions en attendant la construction de la nôtre et elle m'a dit: «Annette est morte.»

Je suppose qu'elle n'avait personne à qui le dire, personne à qui en parler.

Annette était notre voisine de la maison d'en face à In*ezgane. Son prestige tenait à ce qu'elle avait eu des jumeaux, de faux jumeaux. Son mari avait un nom alsacien. Ma mère critiquait beaucoup leur façon d'éduquer leurs enfants, de ne pas les éduquer, en somme. C'était les mêmes critiques qu'elle proférait à l'encontre de ma tante Marion: trop de joie et de fantaisie dans ces maisons pour que cela convienne à son austérité maternelle. (Mais elle devait avoir raison sur quelques points malgré tout, car je me souviens que le fils aîné, âgé de trois ou quatre ans, s'était très gravement brûlé le palais en mettant une prise électrique branchée dans la bouche.)

Annette est morte dans un accident de voiture, la poitrine défoncée par le volant. Sa petite fille est morte également. Je pense souvent à elle, chaque fois que je ne mets pas ma ceinture.

Le plus étonnant dans tout cela, c'est que la photo (ancienne, accompagnée d'une actuelle de la famille) a été transmise à ma mère par ma sœur, qui a retrouvé sur internet le fils aîné et a pris contact. Tout m'étonne: que ma sœur ait pris la peine de le chercher et de lui écrire, qu'il lui ait répondu, qu'elle ait pris la peine de transmettre les photos à maman.
Ma sœur avait six ans quand nous avons quitté le Maroc. De quoi se souvient-elle, qu'est ce qui lui est cher? Avait-elle des amis? Qu'est-ce qui l'a poussée à écrire? Autant de questions que je n'aurais jamais songé à poser.

Le dernier fils

Rencontre parents-profs.
O. m'avait dit que la prof de français ne l'aimait pas.
La vérité, c'est qu'elle a donné fin septembre un travail à faire en groupe. O. n'a rejoint aucun groupe et n'a rien fait. Est arrivé Noël et il n'avait pas rendu son devoir (la prof voulait une présentation originale (vidéos, etc) sur le thème des Lumières). La prof a accepté la rentrée comme dead line. O. n'a rien fait pendant les vacances, ne nous a parlé de rien.
Comme il a été malade, la prof lui laisse une dernière chance avant le zéro: rendre un travail sur l'Encyclopédie.
O. s'en fout. Si je n'avais pas été là ce soir, si je n'avais pas appris ces détails, je suppose qu'il n'aurait rien fait.
Je l'ai vu mentir, à la prof ou moi-même, en présence de l'autre qui pouvait démentir ce qu'il était en train d'affirmer.

Maintenant j'ai une présentation de L'Encyclopédie à préparer pour avant les vacances de février.

Dimanche

Journée dans les brumes, je décélère. Au programme maintenant pendant un mois, Claude Mauriac, en anticipation du colloque d'octobre.

Samedi

Devoir de grec (sur table), déjeuner chez Mariage, musée d'Orsay (trop tard pour voir autre chose que la galerie des Impressionnistes), un tour (en fait trois) de grande roue à la Concorde (la moitié de la tour Eiffel disparaît dans la brume), le roi du pot au feu, Les Palmes de M. Schutz (très bien: la différence entre la physique et la chimie, l'explication de la radioactivité (enfin, très drôle, aussi, surtout)).

Retour à pied de la rue des Mathurins au théâtre de l'Odéon où est garée la voiture.

Mercredi

Matinée à la bilbiothèque. J'ai trois heures pour préparer mon oral sur les synoptiques jeudi soir. Nous avons une listes de péricopes, j'ai choisi la triple tradition, et la plus courte, partant du principe que plus le texte est court, plus on est obligé de concentrerson exposé. J'ai donc choisi la parabole sur le sel. Pour rire (de vous ou de moi), je vous donne les trois passages (traduction BJ 1998):
Mt 5,13 «Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s'affadir, avec quoi le salera-t-on ? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens.

Mc 9,50 C'est une bonne chose que le sel; mais si le sel devient insipide, avec quoi l'assaisonnerez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et vivez en paix les uns avec les autres.»

Lc, 14,34-35 «C'est une bonne chose que le sel. Mais si même le sel vient à s'affadir, avec quoi l'assaisonnera-t-on ? 35 Il n'est bon ni pour la terre ni pour le fumier : on le jette dehors. Celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende!»
En fait, c'est surtout le contexte qui fait varier la tonalité de ces versets. "S'affadir" est une gentillesse, le mot grec est "devenir fou": s'agit d'une erreur de traduction entre l'araméen et le grec, ou d'une façon de dire que le sel perd ses qualités de sel?

Déjeuner à l'Antre deux où le patron appelle "Général" un général, vieil habitué du lieu visiblement.

Puis colloque "Eschatologie de la liturgie": cela consiste essentiellement à en chercher la trace dans les textes et les pratiques. Depuis ce jour de 1995 où j'ai lu le commentaire de Rosenzweig par Stéphane Mosès, l'eschatologie est la grande question.
Je n'écoute pas très sérieusement, je griffonne pour mon oral, c'est plus fort que moi.

Vêpres.

Le soir, réunion pseudo-Cruchons ou néo-Cruchons. Au resto. Laurent malade est absent, Aline est montée de ses terres et Jérémy s'est libéré. Nous parlons de tous en évitant les sujets conflictuels. (Enfin non, le mot est mal choisi: il n'y a pas conflit, nous sommes tous d'accord, je crois, sur le fond sur la plupart des sujets (réserve de convention car je ne nous connais pas de désaccord idéologique profond), mais nous évitons de partir dans des débats stériles sur ce qu'il faut faire, aurait fallu faire, ce que nous aurions rêvé…)
Il ne reste que le meilleur: les projets et le gossip.

Projet : un dernier Cruchons à Chartres, avant la vente de la maison (et sa destruction par un promoteur. Cet effacement final de ce qui restait de son propriétaire dont les cendres sont dispersés dans le jardin me laisse en suspens, pleine d'attente: quelle vie romanesque, ce silence, ce vide, cette disparition. Charles, roman.)

Gossips (au pluriel):
— Il t'a unfriendé? Qu'est-ce que t'as fait?
— C'est quoi cette histoire?
— Eh bien il a imprimé des autocollants et il les colle dans les toillettes des mairies.
— C'est pas possible !
— Il les distribue gratuitement, en informant qu'ils ont coûté treize centimes à la fabrication.
— Il faudrait acheter le stock.
— Inutile, il en ferait d'autres…

— Et vous savez quoi? Il se murmure que si Trierweiller est à l'hôpital, c'est qu'elle a fait une scène de ménage, elle a tout cassé y compris ce qui ne lui appartenait pas, qu'il y en a eu pour une fortune… Ils ont été obligés de la shooter, elle ne tenait plus debout, c'est pour cela qu'elle s'est retrouvée à l'hôpital.
— Mais comment tu sais ça?
— Ç'a été démenti.
(Mais qu'est-ce qui rend plus crédible une rumeur qu'un démenti?)

— Et ça va comment à La Réunion, après le cyclone?
— Oh, ce n'était rien du tout. Ma mère m'a dit, de quoi on a l'air? Franchement, cette femme, elle aurait pu mourir d'une minute à l'autre. Et puis quelle idée de monter sur son toit au moment d'un cyclone!

La dèche (et la honte)

Frigo tellement vide, flemme tellement vaste, qu'au moment où le voisin qui est venu travailler à un tract à la maison (H. fait partie d'une équipe qui s'oppose à Dupont-Aignan) repart, nous nous invitons à dîner chez lui.

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ajout le 23 septembre 2020 d'une remarque laissée hors champ jusque là:
Nous avons découvert que Véronika était jalouse de la blonde sur la liste.

Caramba, encore raté

Oulipo ce soir. Je suis souvent en retard mais j'ai pris des bonnes résolutions, donc je pars à six heures pour un trajet qui prend normalement quarante minutes.

Las, dégagement de fumée, odeur de caoutchouc brûlé, tout est paralysé, ligne A, ligne 14… Je serai en retard.

Je verrai malgré tout la fin de la première partie d'une pièce qui reprend W de Perec. Mises en scène pour ainsi dire en noir et blanc à base d'ombres chinoises.

La prochaine fois se produira l'ensemble 101, collectif de chant contemporain dont Elisabeth chante les louanges. (Avis aux amateurs). Ce sera le 13 février à la BNF à 19 heures.

Cadeau de Noël: à la séance de l'oulipo de décembre 2013, nous parlions cadeaux de Noël et quand j'avais dit que Le sexe des rimes était sur ma liste, Maurice (le célèbre M.) s'était exclamé: «Ah, mais je crois que nous l'avons en double. Je vérifie, et si c'est le cas, le deuxième est pour toi.» (Nous avions également évoqué, peu avant ou peu après, la mythique bibliothèque d'Alain, le combat de la musique et de la grammaire pour l'occupation de l'espace, histoire légendaire qui se transmet respectueusement entre nous.)

Au retour, entre 23 heures et minuit, trains retardés, trains supprimés. Il y a eu un incendie sur la ligne B, crois-je comprendre.

Décompte d'hospitalisation suisse

Pour un accident de ski qui a nécessité une radio et le soin d'une plaie.
  • Forfaits d'admission en urgence, service reconnu - quantité 1 - 58,92 CHF
  • Consultation, première période de 5 mn (consultation de base) - Q=1 - 33,74 CHF
  • Consultation, par période de 5 mn en plus (supplément de consultation) - Q=4 - total 134,97 CHF
  • Consultation, dernière période de 5 mn (supplément de consultation) - Q=1 - 16,87 CHF
  • Instruction du patient par le spécialiste pour lui apprendre à effectuer lui-même des mesures ou des soins, par période de 5mn - Q=1 - 35,93 CHF
  • Prestation médicale en l'absence du patient (y compris étude du dossier), par période de 5 mn - Q=2 - total 67,49 CHF
  • Anesthésie locale par injonction dans la peau, le tissu sous-cutanée ou la muqueuse: visage, cou, nuque ou mains jusqu'à 20 cm3 - Q=1 - 21,55 CHF
  • Traitement de plaie sans atteinte de structure complexes, visage, coup, mains (nuque et cuir chevelu non compris), premiers 3 cm - Q=1 - 154 CHF
  • Prise en charge non médicale de patients ambulatoires en dehors de la clinique de jour, patient ambulatoire, première heure - Q=1 - 46,72 CHF
  • Consultation de base/unité d'exploitation Institut de radiologie à l'hôpital - Q=1 - 119,50 CHF
  • Radiologie: crâne, vue d'ensemble ou partielle, premier cliché - Q=1 - 68,88 CHF
  • Radiologie: crâne, incidence spéciale, premier cliché - Q=1 - 154,49 CHF
  • Prestation de base technique O, salle de radiologie III, patient ambulatoire - Q=1 - 46,72 CHF
Ma première réaction a été de rire : une telle précision dans les minutes et les centimètres, on dirait une facture d'avocat ou d'expert comptable. (J'aime bien le principe des minutes dégressives en coût: une appréciation fine de la mobilisation des connaissance nécessaire dans les premières minutes d'observation.)
Ma deuxième a été de me dire qu'après tout, nous ne savons pas ce que nous payons en France: tout est codifié de façon a être incompréhensible: au moins ici c'est clair.

Comment s'occuper au bureau

Eh bien par exemple, quand on a un client qui habite rue des maîtresses gentilles, aller vérifier sur google l'aspect de la rue; en se disant que si c'est une rue ancienne aux hauts murs, il s'agit de la rue d'un ancien bordel, mais que si c'est une rue moderne, il s'agit sans doute d'institutrices.

En l'occurrence, une rue de la fée et une rue du lapin vert dans le lotissement laissent supposer (ou espérer) que les noms ont été donnés par des enfants.

César doit mourir des frères Taviani

Parce que ce sont des Italiens qui jouent, la pièce semble écrite en italien et les acteurs paraissent parler de leur grand-père.

Parce que les répliques de Jules César ne nous sont pas familières et que ce sont des mafieux ou des assassins qui jouent, on ne sait plus en entendant certaines répliques si elles font partie de la pièce, des dialogues du film ou si ce sont de véritables échanges entre les prisonniers, échanges pris sur le vif qui n'auraient pas été coupés au montage.
Qu'est-ce qui est "vrai", qu'est-ce qui est faux? Rarement réalité et fiction se seront aussi étroitement mêlées (nappage, dirait RC). Et de quoi parle-t-on quand on parle de réalité? Le jeu est réellement toute la vie, puisque les acteurs n'ont pas d'autre vie que celle d'acteurs:

— On reprend, ne perdons pas de temps.
— Tu sais, ça fait vingt ans que je suis en prison, alors moi, perdre du temps…

En ville

Train à Austerlitz, brume, Blois, une toque avec de la fausse fourrure et une tortue cale-porte, anniversaire de maman, Sleepy Hollow (en français car nous avons cru à un défaut de sous-titrage: en fait il fallait cadrer l'image), Blois, quatre jeans, des cartes de vœux («Comment, trente euros de cartes de vœux?» Ça me fait rire quand je vois l'argent dépensé en films nuls qu'on pourrait emprunter), un Montblanc pour un anniversaire en avril.

Blois s'améliore, un bar avec de la Guinness, un magasin Arthur pour les pyjamas, un magasin de chapeaux, un magasin d'antiquités fermé depuis le 31/12/2004 (neuf ans de poussière sur les objets exposés en vitrine)…

Je vais louper la journée d'introduction à la philosophie demain, mais le titre porte sur l'herméneutique, et j'ai dans l'idée que je sais à peu près de quoi il s'agit. Pas grave. En revanche il faudrait que je commence à me préoccuper de mon oral du 23 janvier et de l'écrit de grec du 25 (ça va être sanglant, je suis dans les choux).

Actualité

J'avais dû lire en juillet ce qu'était une quenelle. Cela ne me servait pas à grand chose, à part ne pas mourir idiote et comprendre quelques allusions.

Et puis finalement, c'est une connaissance qui devient utile.
Perso, je n'aurais pas interdit les spectacles, j'en aurais saisi la recette pour payer les amendes en suspens. #astuce

J'arrête

Autre décision : j'arrête les cours de l'institut Goethe, c'est vraiment trop fatigant de courir avenue d'Iéna entre midi et deux heures sans avoir le temps de déjeuner.
Et puis je suis gênée devant ma collaboratrice de rentrer à deux heures et demie.

Je me sens soulagée, c'est donc une bonne décision.

Café

J'accompagne O. à son cours de flûte à Brunoy. Plutôt que m'endormir sur un fauteuil dans l'entrée de l'école de musique, je pars à la recherche d'un café.
Il y en a un, encore éclairé, mais j'entrevois la patronne qui balaie et des chaises retournées sur les tables. Sur la porte est indiquée l'heure de fermeture: sept heures.

Un homme grand barbe noire cheveux gris anorak gris bleu la soixantaine qui s'apprêtre à y entrer m'encourage:
— Mais entrez !
— Ça ne va pas fermer ?
— Mais non, hein Solange, tu ne fermes pas?

Il apparaîtra que le café ferme quand il n'y a plus de clients. Les tenanciers sont cambodgiens (je l'apprendrai plus tard en écoutant les conversations). Je fais un peu tache dans le décor asiatico-formica avec mes habits de bureau, mon manteau rouge et mon écharpe orange. Je compte ma monnaie (souvent je n'ai rien), demande le prix d'un crème (deux euros), je les ai, ouf. L'homme entré en même temps que moi a rejoint deux amis. Ils boivent du café, pas de petit blanc. Ils occupent les deux tables disponibles, sans chaise retournée dessus. Ils parlent à la cantonnade: « Faut pas avoir peur, Madame, on est pas méchant. Enfin, surtout moi, je m'appelle Jacques. Lui c'est Abdel, c'est déjà plus louche. »

Je ne suis pas sûre qu'il avait tout à fait envisagé que je prenne ma tasse pour venir m'assoir au bout de sa table, puisque c'est la seule place assise disponible (une table rectangulaire pour quatre personnes): « Vous permettez ? »
J'ai vingt minutes à attendre, j'écris des cartes de vœux ce qui leur permet de commenter, "Jacques" en biais par rapport à moi à la même table, les deux autres à la table d'à côté.

Quand je me lève pour partir, je ne peux pas m'empêcher de dire : « A la semaine prochaine, même jour même heure».
Je n'ai pas compris pourquoi "Jacques" m'a répondu : « Bonne mission ».
(?? Il a cru que j'étais James Bond ? Auditeur chez Arthur Andersen? Consultant ? Il connaît la profession de consultant ? Il a cru que je venais espionner Brunoy vingt minutes tous les mercredis soir ?)

Résolution :(

Ce soir j'ai récupéré Kaos vu à sa sortie et que je rêvais de revoir.
Maintenant il va falloir trouver le moment favorable pour le regarder… (J'ai également César doit mourir qui n'est passé que quelques jours à Paris au printemps dernier au MK2 Beaubourg en journée (pour ceux qui ne connaissent pas: cela signifie qu'il est à peu près impossible à voir sauf à poser une demi-journée de congé)).

Résolutions

- Regarder moins de films (en particulier les stupides, mais pas que)
- Boire moins (non, je ne bois pas beaucoup. Mais boire moins, parce que cela coûte en efficacité)
- Passer moins de temps sur FB
- Lire plus et plus vite

Souhait :
Reprendre une certaine régularité sur Véhesse.

Et sinon, allemand, grec.

(Ben non c'est pas fun. Mais en fait, je n'ai pas très envie d'être fun.)

Journée couture

Repassage, ourlets de pantalons, raccommodage, devant successivement Insaisissables (que je n'avais pas beaucoup aimé, mais A. voulait le montrer à I.), Fire with fire (un Bruce Willis sans Bruce Willis — et sans intérêt) et la Scandaleuse de Berlin, avec Berlin en ruines et Dietrich et l'Iowa dont nous avons contemplé la vacuité il y a deux jours dans le film Michael. Le marché noir ressemble aux descriptions de Primo Levi dans La Trêve.

Ce qui est intéressant dans ces deux derniers films (La Scandaleuse de Berlin et Fire with fire), c'est qu'ils constituent des sortes de leçons d'instruction civique à l'usage des jeunes générations (thèmes : la justice (dans ses deux sens d'application du droit et de rétribution) et le respect des institutions). J'épate O. en prévoyant la fin de Fire with fire, j'essaie de lui expliquer les formalistes russes, les structures narratives du conte, l'application que l'on peut en faire dans la plupart des films commerciaux américains, mais je crois que j'échoue à l'intéresser… (remarque tongue in cheeks).

A. est retournée à Lisieux avec son chat.

Notes de lecture

Agacée de constater que j'ai perdu une feuille de notes sur Russell. La question est, pourquoi prené-je ces notes, sachant que je ne les relirai jamais? L'important est plutôt de noter les pages qui m'intéressent en fin de volume, en une sorte d'index à utilisation personnelle, afin de retrouver rapidement les citations en cas de besoin.
La prise de notes intégrale ralentit trop la lecture pour un intérêt infime.

Mais c'est un parachute psychologique, une façon de me rassurer, que je vais avoir du mal à abandonner. Cela pourrait constituer une "bonne résolution" de l'année.

Deuxième jour

L'événement de la journée doit être d'avoir oublié de déjeuner parce que je recopiais ma version grecque.

A part ça, rien, je crois.

Premier jour

Lever vers 9h30. Matinée et plus à glander sur FB et à reprendre tranquillement la liste de mes adresses, contacts et anniversaires sous… Excel, ce dernier changement de téléphone achevant de me convaincre que si l'on veut conserver la maîtrise de ce qu'on fait, les vieilles méthodes restent les plus sûres.
Retour chez les voisins jusqu'à 17 ou 18 heures. Nous comparons les campagnes françaises (et la curiosité de leurs habitants): Sologne, Berry, Dordogne, Lorraine, Touraine,… Nous parlons également d'une pub des années 70 qui m'échappe, et l'on évoque Dali et le chocolat Lanvin: je n'en avais jamais entendu parler.

Trois films: Red, Red 2, Dos au mur: les Red sont vraiment bons dans leur genre, avec des moments fugaces à la Audiard (genre Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages).
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