Alice du fromage

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Billets pour la catégorie 2007 :

dimanche 28 octobre 2007

Un bal de têtes

Fêté les 40 ans de O.
Constaté une fois de plus que les visages et les corps sont le plus sûr signe du temps qui passe, puisque nous avons revu beaucoup d'inconnus rencontrés pour la dernière fois lors des 30 ans de O.

Il y a dix ans, nous étions les seuls à avoir des enfants et nous n'en parlions pas, parce que ce n'est pas un sujet de conversation et que nous voulions avant tout oublier les soucis quotidiens lorsque nous étions en soirée. Dix ans plus tard, tous les autres ont des enfants entre zéro et cinq ans, qu'ils amènent en soirée et qui deviennent l'unique point de polarisation. Forts de notre expérience, nous repérons d'un coup d'œil les trois ou quatre solutions qui règleraient quelques dysfonctionnements mais prudents nous nous taisons.

Nous rions avec effroi lorsque O. déclare à un blondinet de cinq ans pendu à son cou: «Quand tu auras quarante ans, c'est toi qui me porteras.»

Appris incidemment que j'écrivais probablement en LISP sans le savoir: lot of insipide and stupid parenthesis (ce qui ne fera rire que les geeks, mais comme il ne doit pas en traîner ici, ceci est une parenthèse stupide de plus (CQFD)).

Et pour Didier the Banished, une devinette: si les garçons jouent à Dongeons et dragons, à quoi jouent les filles ?

mardi 23 octobre 2007

Un lapsus

C. m'envoie une carte postale de Florence. Le cachet de la poste porte la date du 19 octobre.

C. a daté sa carte du 18 mai, et cela suffit à m'apprendre que le voyage fut heureux.

vendredi 19 octobre 2007

Travaux et bricolage

Il y a de la poussière de plâtre un peu partout, le ciment sèche au fond de la petite pièce, les trous du plafond ne sont pas bouchés, il faut acheter du carrelage, vite, vite.
Ce soir est ma première soirée à la maison depuis la fin des vacances, impossible de faire tourner le lave-linge, les plombs sautent. Je savais bien que ce disjoncteur différentiel n'était pas une bonne idée. C'est la norme depuis la mort de Claude François, paraît-il: 50 mA, pour «ne pas retrouver un gosse les yeux hors des orbites».
Nous avons un électricien poète.

jeudi 18 octobre 2007

Pour cause de grève

Dormi dans une chambre d'enfant. La nuit, des étoiles brillent sur la porte du placard.

dimanche 14 octobre 2007

Roissy, 21 heures

L'aéroport est presque désert. Nous franchissons une dernière fois la douane, machinalement, bonsoir, carte d'identité, merci, au revoir.
Je quitte le guichet par la droite ; devant moi, de l'autre côté de la ligne que je m'apprête à franchir et donc en France, une femme d'une cinquantaine d'années s'agite, très visiblement ashkénaze avec ses vêtements marrons, beiges et violets, ses bas épais et son béret enfoncé jusqu'aux sourcils, elle parle à quelqu'un derrière moi :
— Regarde encore ! Mais qu'est-ce que tu en as fais ? Tu l'as laissé dans l'avion ?
Je me retourne, un petit homme barbu, poils gris, aux yeux tendres et perdus, fouille désespérément dans sa sacoche, désespérément et sans méthode me semble-t-il; il a sans doute glissé le précieux passeport à un endroit inhabituel "pour ne pas le perdre", ou peut-être même que c'est sa femme qui l'a, "pour ne pas que tu le perdes", il semble tellement sans défense. Ils paraissent sortis tout droit d'une nouvelle de Singer. Je franchis la frontière.
Nous attendons les bagages, la technique du cougar pour ne pas avoir froid, la technique du tigre pour ne pas avoir chaud, les chaussettes gore-tex, l'homme est toujours de l'autre côté de la frontière que très respectueusement sa femme ne franchit pas, murmurant ses conseils et ses imprécations par-dessus la ligne, la douanière est une jolie jeune fille, la banque Palatine finance vos projets, je regarde le guichet; la douanière est sortie du poste, son arme de service pend sur sa hanche, elle fait la bise à ses collègues et se prépare à partir. Le petit vieux cherche toujours, mais en France; visiblement, de guerre lasse, la jeune fille l'a laissé passer. Sa femme continue à le morigéner, il a les yeux perdus dans le vide, toujours pratique elle part à la recherche des bagages.

samedi 13 octobre 2007

Pourquoi Lugano

Depuis qu'H. avait vu Shine, il rêvait d'entendre David Helfgott. Il a donc entièrement organisé ces vacances autour du concert de ce soir.
Personnellement, je trouve le film très agaçant dans son parti-pris émotionnel; quant à David Helfgott, si je trouvais amusant l'idée de l'entendre en concert (toujours cette tentative de donner corps à la fiction), j'étais méfiante : allait-on écouter un pianiste ou voir un animal de foire, il y avait là quelque chose d'ambigu qui me mettait mal à l'aise. Sans doute est-ce d'ailleurs pour cela qu'il n'y avait aucune publicité pour ce concert dans les rues de Lugano.

Ce fut merveilleux.
David Helfgott est entré en scène en chemise chinoise en soie rouge vif, d'une démarche sautillante, s'est approché du bord de la scène, a voulu serrer la main de quelques spectateurs au premier rang; mon cœur s'est serré, ça y est le cirque commence, ai-je pensé.
Il s'est assis et a commencé à jouer aussitôt, sans attendre que la salle s'apaise.
Il joue totalement tassé sur son tabouret, bossu, il me fait penser à Gould, et il parle en continu. Il ne chante pas, non, il parle, il marmonne la tête tournée, on ne comprend pas exactement ce qu'il fait, avec qui il poursuit cette conversation invisible à droite du piano, cela fait comme un bourdement d'abeille au-dessus du torrent de musique, c'est étrange mais pas désagréable, on se croirait en été. On ne comprend pas bien d'où vient la musique, il semble jouer par imposition des mains, les doigts le plus souvent tendus, longs au-dessus des touches. Il adopte des tempos très rapides mais il prend tout son temps, ses interventions au-dessus des touches ressemblent à des mouvements de pinceau, comme un peintre qui reculerait avant de décider d'ajouter un peu de jaune ou de vert, et c'est gai, vivant, incroyablement chaleureux.
Au début du deuxième morceau, il s'arrête après une ou deux mesures. "Ça y est, quelque chose le dérange, il veut recommencer", pensai-je. Pas du tout, Helfgott, de sa façon évidente, marque un silence, puis continue sa ballade. Au milieu de la sonate Waldstein, il soupire avec conviction, genre "voilà, c'est fait", avec tant de naturel que la salle rit à mi-voix, et je sens que la tension qui règnait, et dont je n'étais pas consciente, s'est totalement évaporée.
A la fin de chaque morceau il se lève très vite, tend les pouces vers le haut, serre des mains au premier rang (les enfants de la salle vont peu à peu, de morceau en morceau, oser venir, pour serrer ces mains), puis se rassoit et recommence à jouer aussitôt et très vite, sans attendre le silence, dans l'urgence, en marquant toujours magnifiquement les silences, les nuances, les contrastes.
Il y aura quatre rappels. La salle s'est retenue, on voyait bien qu'il aurait pu jouer toute la nuit, et cela nous aurait fait plaisir. Mais cela n'aurait été ni très raisonnable ni très gentil.

vendredi 12 octobre 2007

La Suisse

Vieille habituée des Darwin awards, je n'étais pas enthousiaste à l'idée d'emprunter une ligne nommée Darwin Airline.

En débarquant à Lugano, l'air sent la laiterie et la bouse de vache.

mardi 9 octobre 2007

Le cri du cœur du touriste épuisé

Une petite pièce attenante à Sainte-Marie-Majeure sert de boutique à cartes postales ; une grosse Américaine erre devant la porte. La vendeuse s?interpose, l?entrée par cette porte est interdite.
La grosse Américaine la détrompe, elle ne veut pas entrer, elle veut sortir.
— No more church ! s'exclame-t-elle avec conviction.

lundi 8 octobre 2007

Problème de robinets version romaine

Premier jour de vacances, debout à sept heures pour rejoindre deux amis sous les murs du Vatican à neuf heures dix.
Le projet, formé la veille au soir, consiste à arriver tôt afin de faire la queue pour visiter la chapelle Sixtine. La Cité ouvre ses portes à dix heures.
A neuf heures, la queue est déjà immense. H. commence son audit, il disparaît, revient, ses premiers relevés estiment à cinq personnes par mètre le nombre de touristes, la file devant nous fait six cents mètres. H. nous apprend que des cars entiers déversent des groupes à l'entrée du musée: pour eux, les portes sont ouvertes à partir de huit heures.
Nous essayons de calculer la vitesse d'écoulement de la queue, afin d'estimer à quelle heure nous allons arriver aux portes du musée, sachant que nos amis doivent nous quitter à quinze heures pour prendre l'avion. C'est difficile, nous ne savons pas combien de guichets sont ouverts. Combien de temps faut-il compter par personne pour l'achat d'un billet, deux minutes, trois? Est-il raisonnable d'estimer qu'une personne paie en moyenne pour trois, accélérant d'autant l'écoulement (si l'on estime, comme H. insiste pour le faire, pour considérer que le paiement au guichet constitue le goulet d'étranglement du processus)?
On rit, on suppute, il fait beau, le ciel est très bleu, H. nous achève en nous apprenant que le vendeur de pizzas au premier angle de la citadelle propose à la file devant sa boutique de réserver sa pizza pour midi.

Nous abandonnons et nous allons nous promener sur le Forum.

dimanche 7 octobre 2007

Le capitalisme, c'est beau

Avons manqué nous étrangler pendant notre vol en découvrant que la compagnie Swiss nous proposait très sérieusement d'apaiser notre culpabilité de pollueurs par un don à l'organisation myclimate.
Désormais les entreprises ne sont plus les seules à pouvoir acheter le droit de polluer. Je suis émue.

Vacances romaines

Je pars.
La légère fièvre qui m'a tenue toute la semaine m'a enfin quittée.
Il est idiot d'emmener Rome 1630, il doit peser plus d'un kilo et je ne l'ouvrirai sans doute pas.
C'est plus fort que moi.

I will be back.

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