Billets pour la catégorie 2025 :
Par Alice,
samedi 31 mai 2025 à 23:25 :: 2025
Il fait trop mauvais pour voler, mais les repas sont toujours intéressants : j'apprends que spam (pourriel) vient d'une marque de
corned-beef anglais particulièrement mauvais, tourné en dérision par les Monty Python.
Un peu de ménage au club (il y a toujours quelque chose à faire) et je rentre tôt, ce qui nous permet d'aller voir
Mission impossible.
Film longuet auquel je n'ai rien compris (le type après qui il court n'aurait-il pas dû souhaiter être rejoint?), dont le seul but paraît d'être de permettre à Tom Cruise de faire des cascades improbables. La suspension d'incrédulité est soumise à rude épreuve (se mettre à poil sous la banquise pour remonter des profondeurs de l'océan sans avoir les tympans qui explosent ni mourir de froid?)
Par instants j'ai l'impression d'être dans un Marvel, avec Thanos qui veut détruire le monde. Le plus dérangeant, c'est la façon de déifier Ethan Hunt.
Restaurant (negroni, black angus et frites). Le serveur nous explique qu'ils ont prévu d'arrêter le service plus tôt de façon à fermer avant la fin du match
1: ils redoutent les troubles d'après-match.
Je n'en reviens pas que les violences soient devenues banales et prévisibles à ce point-là .
Note
1: Le PSG jouait contre Milan. Il a gagné par 5 à 0 et est devenu champion d'Europe.
Par Alice,
mercredi 28 mai 2025 à 23:00 :: 2025
Cours de pilates aujourd'hui. A un moment le prof commente avec embarras, sous son souffle: «ce n'est pas vraiment du pilates, c'est du
Pilates-
Mézières. Je suis fière de moi car dès la première fois, j'avais reconnu les exercices avec la balle de tennis, popularisés par Thérèse Bertherat.
Plus tard, en réponse à une question concernant un autre exercice, des squats avec front et genoux touchant le miroir, il explique que c'est un exercice de médecine chinoise.
Donc si je comprends bien, l'inventivité des exercices est le fruit d'un mélange de traditions corporelles et de connaissances médicales contemporaines. C'est sans doute pour cela que c'est aussi fun et aussi douloureux à partir de mouvements en apparence inoffensifs.
Par Alice,
mardi 27 mai 2025 à 22:02 :: 2025
Il me restait un demi-RTT (ils sont calés sur les congés, donc à prendre jusqu'au 31 mai). J'en ai profité pour poser mon après-midi pour déjeuner avec Josiane, mon adjointe dans ma boîte précédente.
Elle me paraît très en forme et moi aussi (la dernière fois que nous nous sommes vues, j'avais encore mon précédent patron. J'étais désabusée et je songeais à changer de boulot. Cette fois-ci je suis guillerette), nous papotons agréablement.
J'ai réservé une entrée à 16h30 pour l'exposition sur
l'art dégénéré1 au musée Picasso. Comme je suis en avance, je passe un long temps dans la librairie Michèle Ignazi (La librairie a fêté ses 33 ans hier, dit-elle à un client).
J'aime bien, rien n'est indiqué sur les étagère, il faut déduire le classement soi-même.
Je repars avec
- Hannah Arendt,
Eichman à Jérusalem, à cause de Marek Edelman
- Timothy Snyder,
La reconstruction des nations : Pologne, Ukraine, Lituanie, Bélarus. Je connaissais son autre œuvre,
Terres de sang. Celui-là , de 2003, contient des cartes stupéfiantes et des tables de traduction des noms de villes et pays en huit langues.
- Jacques Roubaud,
La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains. J'aime de plus en plus la poésie de Roubaud.
Musée.
Patatras, l'exposition attendue se terminait dimanche. C'est raté pour
l'amélioration de l'organisation.
Je revisite la collection permanente et confirme mon impression: je n'aime pas Picasso (à la rigueur la période cubiste). Je ne reviendrai sans doute pas ici.
Je poste pour mémoire une photo de Brassaï qui m'a plu.

Dans le train du retour, coup de fil de mon boss: une de mes salariées a fait un malaise, sans doute une crise d'angoisse. Elle était déjà malade hier et avait posé une journée; ce matin elle m'avait dit être très fatiguée. Elle a été emmenée à l'hôpital par les pompiers. Je songe: «deux salariés en crise d'angoisse en une semaine, pas mal pour une boîte de vingt-cinq». Mais ce n'est qu'une coïncidence: cette fois, ce sont de mauvaises nouvelles concernant son frère qui auraient provoqué la crise.
Note
1 : En fait, j'espérais revoir l'ombre d'une exposition qui m'a beaucoup marquée,
Les années 1930 en Europe : le temps menaçant (1929-1939) et que je regrette de n'être pas allée revoir après la première fois. Mais on n'a jamais le temps.
Par Alice,
lundi 26 mai 2025 à 23:37 :: 2025
Mémoires du ghetto de Varsovie est préfacé par Pierre Vidal-Naquet qui évoque
Le chagrin et la pitié, mais aussi
The Memory of justice dont je n'avais jamais entendu parler.
Un tour sur Wikipedia plus tard, j'apprends que
Marcel Ophüls est mort samedi.
Par Alice,
dimanche 25 mai 2025 à 22:26 :: 2025
Douche maquillage rasage vingt minutes; petit déj quarante minutes; valise quinze minutes. Direction la salle, démonter et ranger tables et chaises, laver les derniers couverts, les gros plats, organiser les caisses réfrigérées; à l'aller H. avait fait deux voyages, soit deux volumes de voiture, un le week-end précédent et un avant-hier; tout ce qui reste aujourd'hui doit tenir dans la voiture d'A. en un seul voyage. Quelques décisions plus tard tout est chargé. Retour chez Madame mère pour le déjeuner; retour à la salle pour effectuer l'état des lieux et rendre les clés; retour chez Madame qui avait émis le souhait d'aller sur la tombe de beau-papa (il faut en profiter quand nous avons une voiture suffisamment grande pour installer sa jambe raide). Mais finalement non, elle a eu froid hier, elle est enchifrenée, sans doute un peu déprimée en contrecoup de l'agitation de la veille qui a rompu son quotidien monotone, elle ira dans la semaine avec son frère.
Je monte à l'étage dormir vingt minutes; ça la surprend toujours que je puisse dormir ainsi sur commande dans à peu près toutes les situations.
Puis nous partons, autoroute, pluie, A. arrive quasi en même temps, déchargement des voitures, capharnaüm. Deuxième Tétris, tout tiendra-t-il dans le frigo, je vais acheter des sacs congélation chez l'arabe du coin.
Je fais la vaisselle en regardant Sugar sur Apple, série esthétique et lente. Préparation de mon sac et mes vêtements afin de partir vite demain matin. Cela paraît très loin et bien trop proche.
Par Alice,
samedi 24 mai 2025 à 23:57 :: 2025
Ça s'est très bien passé et je ne me souviens rien. Sont-ce les rêves de la nuit à la recherche de clés disparues; ai-je bu trop de soupe champenoise, est-ce le récit de Marek Edelman lu par intermittence?
J'ai discuté, j'ai lu, j'ai eu froid, j'ai essuyé des assiettes, j'ai regardé des boulistes. Il y avait une tripotée de petites filles, quatre et deux sœurs, intrépides et trognons, dont une Heidi de carte postale et un bulldozer frisotté de trois ans.
A l'arrivée des cousins j'ai eu un blanc. Les autres années je révise mais cette fois-ci je l'avais négligé et je ne me souvenais plus des prénoms, Carole, Carine, mais qui est ce jeune homme? «le copain de Julie» «non, de Tiffany; moi c'est Christelle, Julie (sa fille) se marie dans trois semaines». Christelle est grand-mère depuis mars. C'est beau-papa qui me tenait au courant des naissances; maintenant je n'ai plus les infos.
Je m'endors sur le terrain de boules; je rentre discuter avec un oncle et une tante («vous n'êtes pas trop isolés?» «ça dépend, comment définis-tu isolés?» ils ont l'air bien dans leur peau dans leur village de cent cinquante âmes); les boulistes et la marmaille rentrent pour dîner; comment cela, ils ont encore faim? incroyable. Mais tant mieux, tant mieux, que va-t-on faire des restes? Distribution, de brioches, de salières, de cubis («j'ai une AG d'assoc la semaine prochaine» «ça tombe bien, tu ne veux pas les cubis?»), de pains, de terrines «attends je te trouve un contenant, il faut que je rende le plat au charcutier».
Les enfants épuisés commencent à pleurer de fatigue, les cousins débarrassent les tables, enlèvent les nappes, nettoient un peu. «Partez, vous avez de la route», mon surmoi d'assureur est vaguement inquiet. J'impose qu'on aille se coucher, nous avons mal partout; non, pas de dernière vaisselle, nous verrons cela demain.
Hôtel. la fête de la bière fait moins de bruit ou il est plus tard. Ce fut une bonne journée.
Par Alice,
jeudi 22 mai 2025 à 22:39 :: 2025
Matin: le salarié qui m'avait dit qu'il donnait sa dèm vendredi dernier pour finalement me dire lundi qu'il restait a donné sa lettre ce matin avant que j'arrive pour revenir faire une crise d'angoisse dans le bureau de la RH et reprendre sa dèm…
Nous l'aimons tous beaucoup et c'est un excellent professionnel: deux raisons pour souhaiter qu'il reste, mais ça va devenir compliqué. Il ne supporte pas la période d'incertitude dans laquelle nous sommes entrés pour deux ou trois ans.
Midi : conseil d'administration et coup de théâtre; revirement du président; je ne comprends pas ce qui vient de se passer (ou plutôt pourquoi et comment cela vient d'arriver) mais c'est parfait. Je murmure à mon chef: «vous venez de gagner une cape et un slip par-dessus votre pantalon».
Fin d'après-midi: pilates.
Soirée : H. a cuisiné toute la journée, A. est arrivée vingt minutes avant moi. Elle nous prête sa voiture pour emmener jusqu'en Marne le buffet préparé par notre charcutier local.
Par Alice,
mercredi 21 mai 2025 à 23:18 :: 2025
Ce matin, RTL décrivait le défilé de mode qu'est devenu Roland Garros, tant sur le court où les joueurs sont habillés par des couturiers que dans les tribunes où les désormais incontournables
influenceurs exhibent différents placements de produits.
C'est donc la foire aux produits de luxe. Pourquoi pas, cela éclipse l'entraînement quotidien, la souffrance, l'exploit sportif qui me paraît être l'objectif premier d'un tournoi international; mais après tout, si tout le monde est d'accord… je m'en fiche, je ne regarde pas.
Imaginez cependant ma surprise en entendant la conclusion du journaliste: «Roland Garros ne veut plus être simplement un événement sportif, il veut devenir une référence culturelle».
Référence culturelle, cette apologie de la société de consommation qu'il vient de décrire?
Ce soir j'allais assister au
Chevalier à la rose au TCE. Je l'avais vu à Bastille il y a une dizaine d'années dans une mise en scène plutôt classique de Wernicke, à base de miroirs. J'en avais aimé l'élégance et la mélancolie.
Ce soir, Krzystof Warlikowski met en scène une caricature de notre époque, paillettes, selfies, followers remplaçant la cour aristocratique. Toute cette agitation superficielle rend encore plus cruelle la solitude de La Maréchale.
Je n'ai pas supporté. Peut-être que si j'avais été joyeuse j'aurais apprécié cette ironie mordante qui souligne la foire contemporaine mais cela ne convenait pas ce soir à mon petit moral. Je suis partie au premier entracte.
Par Alice,
lundi 19 mai 2025 à 23:43 :: 2025
Mon beau-frère devait s'occuper des impôts de sa mère. Mais finalement non, il ne peut pas, il est trop occupé, son fils passe les concours d'ingénieurs (il est si affairé qu'on dirait que c'est lui qui planche. Nous avons très envie de nous moquer (entre nous, pas devant lui, il se prend bien trop au sérieux, cela terminerait en drame), mais nous nous en abstenons, tenus par la conscience qu'il a peut-être raison: ses enfants ont réussi leurs études. Peut-être est-ce la méthode, leur coller aux basques sans les laisser respirer. Je sais que je suis bien trop paresseuse pour cela).
Bref, il a appelé samedi pour dire qu'il ne s'en occuperait pas, que nous devions nous débrouiller. J'ai demandé à H. de vérifier la date limite de dépôt: 20 mai. «Trop tard», ai-je pensé.
Ce n'est que ce soir que j'ai réalisé que nous étions le 19, et qu'il était encore temps.
Ragaillardie, j'ai passé ma soirée à remplir deux feuilles d'impôts: pointage des relevés de comptes pour vérifier les sommes effectivement touchées, téléchargement des attestations fiscales (le plus dur est de comprendre quels sites interroger (je me perds entre la retraite de base et les complémentaires) et de retrouver les mots de passe qui correspondent), rapprochements des données, rassemblement des justificatifs de dons et des factures de service à domicile, petit tableau Excel pour calculer les quotes-parts et affecter les sommes aux bonnes périodes.
Ça peut paraître étrange, mais j'aime bien, je trouve cela reposant. Es stimmt, comme disent les Allemands: enfin quelque chose qui sonne juste.
Mentionner les sommes payées pour les aides à domicile et le portage de repas me donne l'impression d'une déduction d'impôts sur des subventions reçues: c'est logique, ça?
Pour information: quand l'un des conjoints décède, les deux déclarations peuvent se faire en ligne, les deux à partir de l'identifiant du conjoint vivant.
Par Alice,
dimanche 18 mai 2025 à 20:53 :: 2025
C'est la fête des artistes au village. Hier, la voisine d'en face (que nous n'apprécions pas plus que ça) est passée solliciter H.: elle expose, elle compte sur nous pour passer voir ses œuvres.
Au petit déjeuner nous nous regardons avec désenchantement. J'essaie d'alléger l'atmosphère:
— Qui sait? Ce sera peut-être bien. Elle sera peut-être célèbre dans vingt ans ou après notre mort.
— Ah oui, tu vises loin.
— C'est peut-être le nouveau Van Gogh.
— Je ne voudrais pas dire, mais pour cela, elle a une oreille de trop.
Finalement on y est passé, ça nous a plu, et H. a acheté un corbeau effrayant qui m'effraie. Voilà un étrange écho à mes dernières séries Netflix. La peintre paraissait très émue. Nous avons cru qu'elle allait se mettre à pleurer. Mais où allons-nous mettre cette toile?
Par Alice,
vendredi 2 mai 2025 à 21:47 :: 2025
Dernier jour.
Je me suis vu attribuer un instructeur qui est également remorqueur. Nous partirons quand tous les planeurs seront en l'air. J'attends sur le terrain, à l'ombre d'une dérive. Au briefing, le chef pilote a commenté «la journée sera au moins aussi bonne qu'hier». Je me demande encore ce qu'il voulait dire car des pilotes commencent à atterrir avant même que j'ai décollé: rien pour tenir en l'air.
Sortie intense et agréable. Vol de pente pour la première fois cette semaine (les autres jours il n'y avait pas de vent), ondelette au-dessus de Sisteron. Nous restons en local car après un début prometteur, nous ne trouvons plus d'ascendance qui nous permettent de monter haut et nous éloigner. JF raconte des anecdotes et me fait rire. Nous tenons presque trois heures en l'air.
— Comment tu tiens ton bras?
— Le coude collé au corps.
— Pose ta main sur ta cuisse et tiens le manche comme un crayon. Tu feras moins de mayonnaise.
Check-list pour préparer l'atterrissage, moment de suspension:
— Tu as bien sorti et verrouillé le train d'atterrissage?
— Euh... j'ai bien tiré le levier, mais c'est étrange, je me retrouve sur le rouge. Je me demande s'il n'est pas resté sorti tout le vol.
— Mais si, on l'a rentré, on en a parlé.
— J'ai expliqué au sol que je vérifiais que ma main atteignait la poignée parce que j'avais eu des problèmes la première fois en Discus, mais je ne suis pas sûre qu'on l'a sorti une fois en vol.
Bref, j'ai ressorti car je venais de le rentrer au moment de l'atterrissage.
Atterrissage. Je suis moulue. Rentrer le planeur au hangar, le laver, le housser. Les autres sont rentrés depuis longtemps; ils ont mis les deux discus démontés dans les remorques. Demain il pleut, tout le monde regagne la région parisienne.
Je pars ranger mes affaires et démonter ma tente. P. remontera le sac des affaires de camping, je ne prends avec moi que les vêtements.
Dernier repas au gîte, j'ai une faim de loup. Transit en voiture jusqu'à Gap. Je n'ai pas osé prendre le bus qui arrivait à la gare avec dix minutes d'avance sur le train de nuit. L'année prochaine, peut-être.