Billets pour la catégorie 2025 :

Déphasés

— C'était il y a longtemps.
Define «longtemps».
— Euh… pas aujourd'hui.

Tendu

Fous rires nerveux, entre l'administratrice qui ne comprend pas le mot "obligatoire" («il faut que je réfléchisse à mes options» Euh ben… en fait non, il n'y a pas le choix) et mon boss qui ne paraissait pas étonné que je m'inquiétasse pour treize mails à traiter (il a ensuite découvert l'ampleur du problème. Nous entrons en gestion de crise, je me sens moins seule. Je m'en veux d'avoir mis autant de temps à me faire comprendre.)
Bon bref, on remet à plus tard la bonne résolution de rentrer à sept heures à la maison.

J'ai tout de même réussi à aller au sport. Une seule fois par semaine, c'est insuffisant.

Terminé la saison du (ou de la) Diplomat sur Netflix. Vraiment bien, même si le sentimental prend une place grandissante par rapport à la pure politique.

Le soir, rangé la maison en enlevant tout vêtement de toute surface plane: demain soir arrive pour quelques jours le chat des enfants.

Ἐγώ εἰμι , ὁ λαλῶν σοι

Suite de la Samaritaine.

εγο ειμι, «moi je suis» (la voie, la vérité; et ici, dans Jean 4,«moi je suis celui qui te parle»): je n'avais jamais pris conscience que c'était le même que celui d'Exode 3,14, «je suis celui qui suis» (à cela près qu'Exode 3,14 est en hébreu. Mais la Septante était très utilisée).

I, II, III

Reçu aujourd'hui les Figures I, II, III de Genette trouvés reliés et d'occasion sur Rakuten.
Le III était le livre le plus cité en hypokhâgne, celui qu'il fallait avoir lu (peut-être avec les Huit questions de poétique de Jakobson) — et que je n'ai jamais lu.

Ce soir je suis euphorique. En feuilletant le III, je constate que le lire va être une conversation autour de vieux amis; après mon bac, avec ma connaissance d'un tiers de la Recherche, je n'aurais rien compris des relations mises en valeur.

Lâchée

Ça y est je suis lâchée. Premier vol solo. Et deuxième.

Horriblement rebondi à l'atterrissage, mais tant pis: je suis lâchée, je suis trempée (car la tradition, c'est un seau d'eau pour chaque "saut" dans la progression), et maintenant, à moi le ciel.

Volterra

Piscine, bagages (heureusement que j'avais prévu une valise vide), départ pour Volterra.

Tandis que je cherche un podcast à écouter, je découvre que le gouvernement a démissionné. C'est court.

Sienne Volterra en passant par les crêtes. On nous a changé les Italiens, ils respectent les limites de vitesse et celles-ci sont ridiculement basses sur des kilomètres: que se passe-t-il, que s'est-il passé? Parfois une voiture craque et double en plein virage; nous en soupirons de satisfaction.
Volterra. Nous y venons pour la truffe: H. veut repasser dans le magasin découvert en 2017. Perso je me souvenais surtout des chiens: désormais il y en a douze, nous dit, en français, la jeune femme derrière le comptoir.
— Chasseur de truffes, ça te dirait, à la retraite?
— Non (réflexe de commencer par dire non à mes idées avant de les étudier)... Euh, ça se discute, faut voir.
Et de m'imaginer dans la forêt toscane en train de chercher des champignons. Ça change des Samoa. Pas assez de vies pour toutes ces vies.

Nous choisissons la taille des bouteilles et flacons d'huiles, de miels, de sels, en fonction des contraintes de l'avion (inconvénient de ne pas mettre de bagage en soute). Chaque contenant est enveloppé dans du papier kraft:
— Ça va être long de désemballer tout ça pour les contrôles de sécurité.
— Mais non, je vais jouer sur la fierté italienne.

Durant le déjeuner, coup de fil de Fontainebleau pour me demander si en cas de besoin j'accepterais d'être candidate aux législatives. Heureusement que nous avons écouté les infos ce matin, je sais vaguement de quoi on parle. Oui, bien sûr, en voilà une expérience intéressante — sachant que le député sortant est un conservateur qui fait barrage au RN et que nous avons tous intérêt à ce qu'il reste en place — mais ça fait plaisir qu'on me le propose.

Un paire de bottines, une veste en mohair vert émeraude; départ vers l'ouest, vers la mer. Réserve naturelle, pins magnifiques. La jauge du réservoir ne bouge pas. Nous suivons la côte plutôt que prendre l'autoroute, nous nous perdons dans Libourne. Nous voulions une glace, tant pis, trop peur d'être coincés dans les bouchons.

Pise, rendre la voiture, manger un sandwich, passer les portails de sécurité à l'ouverture à 19h10, se retrouver dans la cohue. Deux avions pour Tirana, un pour Budapest, un pour Cagliari Calgary (au Canada, c'est ce Calgary là?), celui pour Francfort est annulé, il n'y a pas assez de sièges pour s'asseoir. Les portes d'embarquement devaient ouvrir à 20h10, l'ouverture est déplacée à 20h30. Je commence La maison du péril d'Agatha Christie. Je m'endors sur mon livre.
Retour.

Hugo Pratt

Réveillée vers quatre heures du matin (évidemment, vu notre heure de coucher). Grec, Jean 4, la Samaritaine. Préparation pour mardi prochain. (J'ai raté le premier cours de l'année à cause d'une réunion idiote.)

Petit déjeuner, piscine, puisque c'était l'un des critères de choix de l'hôtel.

De nouveau de la chance pour se garer, de nouveau il Vicolo. Puis exposition Hugo Pratt, puisque si nous sommes venus maintenant toute affaire cessante, c'est qu'elle se termine le 19 octobre (et le dévoilement du pavement de la cathédrale le 18, mais lui aurait pu attendre une année de plus).
Belle exposition, calme et claire. Nous faisons des photos avec les habituelles problèmes de paralaxe. J'enregistre quelques références inconnues, Milton Caniff, Kenneth Roberts et Le grand passage. Films, images, masques africains et du Pacifique, «Si je désire nul eau d’Europe, c’est la flache — Noire et froide où vers le crépuscule embaumé». Cush; Les Ethiopiques reste mon préféré.
Je découvre à quel point Hugo Pratt a été contemporain de mon arrivée à Paris: 1986, exposition au Grand Palais, quel regret, je ne devais pas le connaître, je l'ai ratée à quelques mois près.
Nous montons jusqu'à la terrasse du palais pour découvrir les toits. Le vent s'est levé et il fait froid.

Retour à la place; en terrasse nous visualisons la piste de la course il Palio qui passe exactement à l'endroit de notre table. Ce doit être réellement spectaculaire avec les angles entre la ligne droite et le demi-cercle de la place en amphithéâtre et les montée et descente autour de l'anneau, trop d'accélération dans la ligne droite et c'est le crash dans les panneaux au prochain virage — capuccino, cartes postales, timbres «pour boîtes aux lettres oranges ne pas jeter dans les boîtes rouges», c'est une erreur, circuit parallèle je n'aime pas cela, j'espère que les cartes arriveront.

Retour à l'hôtel, coup de fil de O. qui rit beaucoup en apprenant que nous nous sommes inscrits en cours de Tai Chi (mais pourquoi est-ce si drôle? c'est de notre âge). Lui va participer à un concours de poker live en Vendée offert par sa copine et son meilleur ami. Ah. Voilà qui me paraît exotique. Coup de fil à maman qui m'apprend qu'ils n'iront pas à Agadir cet hiver: le Maroc organise la Coupe d'Afrique des Nations.

Le soir nous avons une dispute dont nous avons le secret sur le thème du Pacifique. Cette après-midi j'ai appris ou réappris que Stevenson était enterré aux îles Samoa. Aussitôt je me suis dit que cela constitu(r)ait une étape supplémentaire dans le projet Japon Australie, mais un coup d'oeil sur le globe m'a fait soudain (il serait temps) prendre conscience que le Japon est à l'ouest de Sidney: il serait donc plus logique de faire Samoa, Sidney, Japon, ce qui m'amène, là encore "soudain", à me dire que par bateau cela aurait davantage de sens (d'où partir? de Lima? ou Panama, en profiter pour traverser le canal?)
— Tu ne te rends pas compte des distances, un mois à m'embêter sur un cargo, non merci, sans moi.
— Mais c'est justement pour me rendre compte des distances, pour savoir, mesurer à la mesure de mon corps le décalage des levers de soleil… [le temps qui glisse hors des horloges, continu et non découpé en minutes et en jours. Il y a aussi dans tout cela la poursuite de Bougainville ou La Pérouse ou même Amélia Earhart. Il faudrait pouvoir mettre des toiles de fond aux paroles, ajouter les décors des imaginaires transportés. Comment transmettre ce que l'on pense sans cela? Et toujours Nabokov, «le plus étonnant est que nous puissions nous comprendre».] Tu auras quoi d'autre à faire? Ce n'est pas comme si tu auras des obligations. Faire ça pendant que c'est possible, avant de terminer recroquevillé dans un fauteuil d'un établissement lugubre…
— Sans moi.

H. a émis le souhait de voir les Marquises (encore un coup de Brel). Faut-il dès lors envisager deux voyages? J'ai intérêt à planifier le ou les budgets dès aujourd'hui.
Enfin bon. Si nous sommes encore vivants, si les voyages sont encore possibles. Aujourd'hui les avions de l'Otan ont coupé leur transpondeur.

Sienne

- Achat d'une coque vert layette pour l'iphone 11 de H. Il aime ce téléphone peu à peu dépassé (le GPS est en carafe); il espère le faire durer encore un an
- Pavement de la cathédrale
- Spritz campari
- Achat de deux torchons sur la place
- Encore un plateau fromage/charcuterie pour deux avant des tripes dans un restaurant recommandé par Mistral (Osteria il Vicolo). L'IA ayant ajouté en substance que je pouvais me débrouiller seule avec The Fork et Tripadvisor, j'ai rétorqué que j'avais la flemme et qu'elle m'évitait la pub; l'IA a alors reconnu qu'il n'y avait pas de "bruit" dans ses réponses.
- Passage au palais des papes (palazzo delle papesse) pour réserver des billets pour demain, achats de tee-shirts, de tasses et magnet Corto Maltese (déçue qu'il n'y ait pas de carte postale). Encore un torchon (Tango d'Hugo Pratt), si si. J'ai prévu d'acheter un gros livre demain — en italien mais irrésistible.
- Après-midi à faire les magasins (j'avais prévu de prendre du temps à Sienne pour cela: je ne parviens pas à dégager du temps à Paris et ma garde-robe est défraîchie). J'ai acheté des Nike grises. J'ai beaucoup de mal à acheter des baskets, je peine à accepter qu'elles soient devenues un standard vestimentaire porté avec n'importe quoi. Deux pulls (dont un joli prune) et un ensemble plissé dans le style Issey Miyake. La dernière vendeuse était heureuse de parler en français, elle a évoqué la semaine de la mode à Paris qui se tient en ce moment (collections plutôt tristes, trouve-t-elle) et la situation politique en Italie.

Rentrés sur les rotules. Deux thés («— Où as-tu mis les sachets que tu as volés? — Je ne les ai pas volés») dans les tasses Corto Maltese en mangeant le doggy bag ramené de déjeuner devant Boulevard du rhum sur Arte. Il a fallu activer le VPN car le film n'était pas accessible en Italie. J'avais convaincu H. en lui promettant Lino Ventura et Brigitte Bardot, mais le film était si décousu que nous avons abandonné au bout de vingt minutes.

Huit heures et demie, il fait nuit noire. On ne va tout de même pas se coucher à huit et demie. Nous lançons les premières minutes de Quantum of Solace pour voir la course du Palio. Je continue mes cartes postales. Demain devrait être venteux.
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