Alice du fromage

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lundi 9 mai 2022

Vivre

Depuis plusieurs semaines on (les médias) nous assurait que Poutine voudrait une journée du 9 mai exemplaire, qu'il fallait s'attendre à un carnage en quelques points d'Ukraine, peut-être à une tête nucléaire dont la cible était peu claire.

J'y croyais; depuis plusieurs semaines je m'appliquais à regarder le paysage et la ville dans une vision pré-apocalyptique (ça vous donne une idée de mon moral. «Alice, ne prends pas tout au tragique» me disait un ancien chef), pour me souvenir quand tout serait réduit en cendres.

La journée du 9 mai est bien sortie de l'ordinaire, mais d'une façon inattendue: plusieurs chaînes de télévision russes ont été hackées, et le message «Vos mains sont couvertes du sang de centaines de milliers d'Ukrainiens et de leurs enfants» s'est affiché.





Dans le même temps, nous apprenions que la démonstration aérienne lors du défilé militaire avait été annulée à la dernière minute sous prétexte de mauvais temps tandis que le ciel bleu s'affichait durant le reportage en direct.
H : «C'est tellement facile d'abattre un avion en plein vol à partir de la campagne voisine: tu imagines, l'avion qui explose, les débris qui tombent sur les spectateurs».

Mourir

Une adhérente m'apporte des documents: elle va passer à la retraite bientôt, sa situation va changer. Les statuts prévoient que les adhérents actifs doivent adhérer à un contrat de prévoyance leur garantissant un complément de salaire1 en cas d'arrêt maladie prolongé, les adhérents à la retraite doivent adhérer un contrat dépendance.

— Mais pourquoi obligatoire?
— Parce que c'est onéreux: donc élargir l'assiette permet de conserver des cotisations peu élevées en répartissant la charge sur tous (le principe même de la mutualisation).
— Oui évidemment. Mais moi je ne serai jamais dépendante.
— Hum. Vous savez, la dépendance, ça va être le sujet des prochaines années. En 2050 nous serons cinq millions de plus de quatre-vingts ans. Et comme on ne sait ni à quelle fréquence la population sera concernée, ni le coût que cela représentera, c'est difficile à tarifer pour un assureur. Difficile aussi de savoir combien seront dépendants, avec les progrès de l'alimentation, de la prévention…
— Et l'évolution des mentalités…
(Je ne comprends pas le rapport) — Qu'est-ce que vous voulez dire?
— Eh bien avec l'euthanasie bientôt possible…
J'en reste bouche bée: — Cinq millions de suicides, ça va être gai, le futur.



Note
1 : la mutuelle couvre des fonctionnaires. Le traitement des fonctionnaires se compose d'une «base indiciaire» et de primes (ne correspondant pas à grand chose: ce sont des primes techniques dont je comprends mal l'origine ou la justification. Dans le privé elles seraient réintégrées dans le salaire). En cas d'arrêt maladie supérieur à trois mois (il suffit d'un covid long ou d'une convalescence compliquée), les primes ne sont plus versées. Le contrat de prévoyance «perte de rémunération» est destiné à maintenir le traitement à niveau.

Evidemment, il est étrange que ce contrat soit obligatoire: on peut arguer que chacun est libre de se couvrir comme il le souhaite. Mais dans ce cas il suffit de choisir une autre mutuelle. Si ce contrat est obligatoire, c'est pour répartir la charge des cotisations sur tous. Dans le cas contraire, seules les personnes se sentant à risque (de santé fragile ou ayant une famille à protéger) souscriraient ce contrat: avec une fréquence plus élevée de sinistres, les cotisations seraient plus élevées. C'est ce qu'on appelle de l'anti-sélection.

Il faudrait que nous ayons tous profondément conscience que le but est de ne jamais utiliser une garantie d'assurance que nous souscrivons. L'assurance est un parachute: personne ne souhaite que son avion se crashe.
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