Couchée à quatre heures du matin pour terminer le compte-rendu d’une réunion politique que j’aurais dû terminer depuis dix jours.
Malgré tout je ne reste pas en télétravail: j’ai rendez-vous ce soir au siège du parti pour un échange au sujet des grands donateurs.

Après cette réunion je flâne dans ce quartier qui était le mien il y a vingt ans. Gvgvsse est-il encore rue de Madrid? La petite annexe de la Procure est-elle encore là?
Oui, mais le sous-sol n’existe plus. Je flâne dans cet endroit minuscule. Une dame demande Vingt ans après mais s’effraie du nombre de pages (plus de neuf cents en livre de poche). Est-ce que cela en vaut la peine? J’interviens: «Je crois que c’est mieux que Les trois mousquetaires. Plus on vieillit, plus on apprécie Vingt ans après».
Une demoiselle demande deux livres de préparation au mariage. L’un des deux n’est pas disponible:
— Je peux vous le commander, je l’aurai dans deux jours.
— Je vais le commander sur internet.
Décidément cette génération me choque. Ce n’est pas qu’elle commande sur internet qui me choque, mais qu’elle le dise à la libraire. Se rend-elle compte de ce que cela signifie? «Bon, je ne vous poignarde pas à mort, juste un coup de canif, pour que vous saigniez goutte à goutte…» (Vous me direz, le dire ou pas revient au même concernant le saignement. Mais tout de même.)

Bien sûr je ne voulais rien acheter. Bien sûr je ressors avec le dernier Gomart (Les ambitions inavouées) et un livre anglais des années 30 dont j’avais découvert l’existence en 2020 durant le confinement : La mâchoire de Caïn. C’est un roman policier dont il faut remettre les pages dans l’ordre pour découvrir l’assassin et les victimes. Je ne savais pas qu’il avait été traduit. Je parcours la préface d’Hervé Le Tellier et je suis surprise qu’il ne cite pas le Dictionnaire khazar, qui a la particularité de ne pas se présenter dans le même ordre selon ses langues de traduction.