Certains textes du Magistère sont lunaires. Extrait de Casti Conubii (1930):
Pour ce qui concerne les motifs allégués pour justifier le mauvais usage du mariage1, il n'est pas rare — pour taire ceux qui sont honteux — que ces motifs soient feints ou exagérés. Néanmoins, l'Eglise, cette pieuse Mère, comprend, en y compatissant, ce que l'on dit de la santé de la mère et du danger qui menace sa vie. Et qui ne pourrait y réfléchir sans s'émouvoir de pitié? qui ne concevrait la plus haute admiration pour la mère qui s'offre elle-même, avec un courage héroïque, à une mort presque certaine pour conserver la vie à l'enfant une fois conçu?
De la maternité comme martyre. D'une certaine façon ça ne me surprend pas, il me semblait bien que c'était la tendance Jean-Paul II. Mais je ne pensais pas que c'était écrit aussi franchement.
J'ai de plus en plus l'impression que l'Eglise catholique mène une guerre contre les femmes. (A ceux qui me diront que c'est évident depuis toujours, je répondrai que j'ai accumulé des lectures qui sont autre chose qu'une impression informée par l'anticléricalisme.) C'est sans doute pour cela qu'avec finesse mon directeur de mémoire m'a proposé en second lecteur une jeune religieuse.
De façon générale, le problème est le même que d'habitude: ceux qui ont le pouvoir veulent le garder, ceux qui sont loin du terrain ne comprennent pas grand chose à la réalité.

Au téléphone lors de notre dernier atelier je disais à un camarade de cours que si les femmes avaient deux sous de bon sens, elles déserteraient l'Eglise catholique pour devenir protestantes (je sais que cette phrase paraît incompréhensible aux personnes qui n'ont pas la foi: pourquoi ne pas jeter tout cela aux orties, tout simplement? Parce que).
Ça l'a beaucoup choqué: — Il ne faut pas dire ça.

Le même, soixante-dix ans, ayant toujours travaillé comme juriste des ressources humaines pour la direction de grands groupes, a choisi comme sujet de mémoire «les écarts de rémunération». Il m'a beaucoup fait rire en me déclarant: «Vous savez, Jésus n'a pas eu le temps de tout dire, il n'est pas resté assez longtemps. Il y a beaucoup de sujets qu'il n'a pas abordés».
Ce n'est pas la phrase en elle-même qui m'a fait rire mais le contexte: il était très vexé d'être mis dans le même sac que… les homosexuels.
En effet, la plus jeune d'entre nous fait son mémoire sur le genre. Elle a regroupé les catégories rejetées ou condamnées par l'Eglise, soit entre autres les divorcés et les homosexuels.
Or notre homme est divorcé.
Il était tout à fait indigné: — Mais tout de même, ce n'est pas pareil, on ne peut pas nous mettre ensemble.
C'était jouissif. Ainsi donc, quand c'est lui qui n'entre pas dans les cases, c'est carrément Jésus qu'il remet en cause. Prêt à trouver des justifications à toutes les injustices, mais si ça le concerne, il faudrait rajouter quelques lignes aux Evangiles.
Well well.



Note
1: je traduis car toutes ces périphrases ne sont pas évidentes : avoir des relations sexuelles sans intention de concevoir un enfant.