Billets pour la catégorie 2020 :

2020

Deuxième d'une course devant des péteuses qui nous regardaient de haut (les premières étaient de niveau national), licence de théologie mention bien, emménagé dans un loft (un vrai, 554 mètres cube avec des murs uniquement autour de la salle de bain), claqué ma dèm à des gens qui imaginaient que j'allais attendre la retraite dans l'ennui (quinze ans tout de même).

Au chapitre des choses tristes : l'abattage du sapin et Tullius devenu fou.

Vaccination

— Je ne comprends pas cette manière de vacciner. Puisqu'il y a tant de gens qui ne veulent pas du vaccin, il n'y a qu'à mettre en place l'équivalent d'un vaste Doodle national et vacciner les volontaires dans l'ordre d'inscription.
— C'est de la poudre aux yeux. La vérité c'est qu'on n'a pas de vaccin. On l'a payé 20% moins cher, moralité nous passons les derniers.

Je ne sais pas quelles sont les sources de H. et si ces 20% sont l'une de ses habituelles exagérations pour emporter l'adhésion (il y a longtemps que cela ne fait qu'attiser ma méfiance), mais j'entendais hier sur RTL qu'Israël, qui a l'intention de vacciner un quart de sa population avant fin janvier, a acheté ses doses 40% plus cher que le prix du marché.

J'ai l'impression qu'il serait plus exact de dire que la France attend le vaccin de Sanofi.

On change d'étage

Depuis que j'ai démissionné, j'essaie de boucler tout ce qui est en cours : je suis descendue de deux cents mails à vingt-deux en deux jours. Il reste toutes les procédures à revoir, les courriers de début d'année et la clôture comptable.

Un merle vient manger le raisin de la vigne vierge. Aujourd'hui qu'il a fait à peu près sec, les moineaux étaient présents dans la glycine. Je pense qu'ils nichent dans les infractuosités du mur mitoyen, juste en face de la fenêtre.
Aucun oiseau ne semble avoir encore repéré ni le tournesol, ni la graisse "saveur ver de terre" que j'ai accroché aux branches.

La radio nous répète sur tous les tons qu'il fait enfin froid mais c'est très relatif. Il gèle à peine. L'année 2020 a été la plus chaude recensée depuis que l'on prend des mesures: 14°C en moyenne. C'est très agréable mais ça fait peur.

Le lit est arrivé aujourd'hui. Pour un peu je n'avais pas de draps qui convenaient (je comptais en commander chez Linvosges, mon fournisseur officiel depuis 1991 chez qui les délais sont souvent de deux à trois semaines; le lit devait normalement arriver mi-janvier; je n'avais pas passé commande plus tôt parce que je voulais être sûre d'être là pour les colis), dans un sursaut j'ai commandé hier soir un drap-housse de 160x200 chez amazon.
Promis pour le 31 décembre, il est arrivé avant midi; un tour dans la machine à laver, sec ce soir, et voilà.

C'est un lit-coffre, je vais pouvoir y stocker mes draps: les 90x190 pour le seul lit une place conservé, les 120x190 (achetés pour O. à Paris, je vais les donner à A. pour son clic-clac), les 140x200 du lit précédent maintenant au deuxième étage, et bientôt, donc, les 160x200.
Quel intérêt de raconter cela? La multiplicité du réel m'étonne, et surtout cette incroyable richesse occidentale qui permet d'avoir quatre tailles de draps dans un foyer ordinaire. Et puis malgré tout, cela a un rapport avec les 14° évoqués plus haut.

Le nouveau lit a été monté (dans les deux sens du terme) au premier étage dans ce qui devrait constituer notre chambre. A ce niveau, les défauts majeurs du loft prennent toute leur ampleur: le bruit des radiateurs (mais pourquoi sont-ils si bruyants? Faudra-t-il les remplacer, ou un réglage par un plombier suffira-t-il?) et le lampadaire en face de la baie vitrée sans volet (certes il y a des rideaux, mais il faudra les changer pour des rideaux réellement occultants).

J'ai défait mon carton de livres vespéral, encore des poches. Manipuler les livres est réconfortant, c'est comme revoir de vieux amis (d'autant plus que ce n'est pas moi qui les ai mis en carton: je me suis davantage consacrée au grenier où il y avait des jouets, des cours et de la documentation camusienne à trier).

Suite

Lave-linge rebranché. Première machine, il était temps (je ne sais pas comment le linge va sécher ici, or de la vitesse du séchage dépend la vitesse de résorption du linge sale accumulé. Puis il y aura le repassage.)
Travaux de soudure pour installer des éclairages indirects sur les étagères.
Coiffeur à cent mètres. J'ai fini le troisième tome des Valérian en intégrale offert par O. à Noël.
Télétravail.
Transfert du courrier prévu à partir du 18 janvier (O. a demandé un délai de grâce car il attend des paquets à Yerres).
Plateau du premier étage vidé de ses cartons dans l'attente du lit demain.

parquet et Nu bleu de Matisse

(Dommage, je n'ai pas pris de photo du capharnaüm avant l'effort de rangement, avec les cartons, les fils et les tableaux entassés sur la bâche de peintre.)
J'ai déballé un carton de poches moitié sérieux, moitié San-Antonio. Et des Frédéric Dard.
Il faut que je prévienne mes co-listiers de mon déménagement. J'aurais dû le faire beaucoup plus tôt. J'ai du mal car j'ai l'impression de les abandonner, mais plus j'attends moins il devient compréhensible que je ne l'ai pas dit il y a des semaines.

Dernière nuit

Aujourd'hui a été plus facile. Les cartons restants allaient au rez-de-chaussée. Encore le lit très lourd à installer au second. Ouf ils ne se seront pas tués.

Les déménageurs procèdent systématiquement, du haut vers le bas de la maison. Ils arrivent vers huit heures moins le quart et remplissent le camion. Quand le camion est plein ils partent, déchargent, remontent les meubles le cas échéant et rentrent chez eux: donc plus les pièces sont grosses, plus ils partent tôt. Hier il y avait principalement des cartons, ils ont fini à quatre heures; aujourd'hui plutôt des meubles, à deux heures et demie. Cette possibilité de partir tôt les motive pour travailler sans interruption, avec rythme. Aujourd'hui ils ne se sont pas arrêtés pour casser la croûte.

A Yerres j'ai sorti la maisonnette à oiseaux que j'ai lasurée ces jours derniers. J'ai vidé deux poubelles de verre, enlevé la poussière sur les portants du lit démonté, les toiles d'araignée sur le mur derrière l'armoire d'O.
A Moret j'ai lessivé l'intérieur des étagères de la cuisine, rangé les verres, les tasses. C'est fou ce que cela devient habité avec un peu de porcelaine et des photos sur une étagère.

J'aime beaucoup les grands cartons prévus pour les verres et les tasses (ce sont les déménageurs qui mettent en carton, c'est moi qui vide):



La fleuriste n'avait plus de sapin de Noël : «il n'y en a plus, même en commande. C'est la rupture».
A. est donc chargée d'en ramener un le 24. A défaut, nous décorerons le ficus. (Le carton des décoration de Noël est entouré d'une ficelle pour être identifiable parmi tous les cartons.)

Dernière nuit à Yerres. Nous dormons dans le lit de O. qui va revenir ici dans une semaine quand il aura rendu sa chambre d'étudiant à Paris. Il gardera la maison habitée et chauffée jusqu'à ce qu'il se trouve un appartement — ou que la maison soit vendue.
Demain il faudra ramasser toutes les bricoles, le savon dans la salle de bain, le persil dans la cuisine, la mangeoire à oiseaux sur le treillage.
Demain soir il n'y aura pas de couvre-feu, nous resterons sur place. Ça va être bien.

Il a plu

Il a plu toute la journée. Les déménageurs sont impressionnants d'efficacité. Il y a le grand réservé et souriant, le typé Amérique du sud que j'ai honte d'entendre les autres l'appeler Pikachu et autres surnoms au racisme qui s'ignore, le râleur spécialiste du démontage de meubles et le dernier qui m'a dit à ma grande fierté: «j'vous aime bien, vous avez de l'humour».

Ils ont emporté cent dix cartons sur nos cent trente-trois, vidé le dernier étage, une chambre et quasi l'autre.



Pour ceux qui se souviennent.


J'ai eu honte de leur imposer mes kilos de livres.
Le râleur: — Moi les livres j'les porte, alors les lire… Vous savez qu'il existe des livres modernes sur tablette?
— Oui, je sais. Mais ce que je lis est ancien et souvent particulier, c'est rare que ce soit digitalisé.
— Mais non, tout est sur informatique maintenant.

Un autre ou le même a remarqué «SAS» ou «San-Antonio» sur certains cartons:
— On en lit un ou deux ou deux et puis on les jette. Vous, je suis sûr que vous avez la collection.

Ou encore: — Vous avez beaucoup de choses. Mais pourquoi trois écrans puisque vous zêtes que deux?

Un peu étonnée malgré tout de leur liberté de ton et leur jugement sur et devant des gens qui sont après tout leurs clients.

J'ai passé l'après-midi à redouter qu'ils ne se tuent dans les escaliers dont l'un n'a pas de rampe vers l'intérieur (le râleur: «c'est pas aux normes») et l'autre de simples barres au-dessus du vide où glisser et passer en dessous signifierait une chute de deux étages sur le carrelage.

Le loft ne leur plaît pas. Incompréhension totale. Ils sont persuadés que nous aurons vite envie/besoin de pièces fermées.

Turning point

Nous avons signé à trois heures, nous avons bouchonné à Fontainebleau à cinq heures.

Photos à cinq heures et demie du second étage du loft, vers l'intérieur puis l'extérieur. Dans trois six jours les jours commencent à rallonger. Nous allons déménager pendant la période suspendue de temps étale.

loft poutrelles acier loft vers l'ouest


Nous avons bu du champagne à six heures avec les anciens propiétaires, avec alarme du téléphone réglée à sept heures moins le quart à cause du couvre-feu.
Le propriétaire nous a montré ce clip de Fred Blondin tourné au loft.


Sur mon ordi m'attendait le mail d'embauche de mon futur employeur (mercredi, ce n'était que la confirmation du cabinet de recrutement).

Champagne bis !

Bu un peu trop de mousseux à jeun pour fêter le fait que je suis embauchée dans une petite boîte et que je vais pouvoir plaquer ma dém' dans mon grand groupe. Et dans ta face, le chef qui ne comprend pas que je ne vais pas attendre (comme lui) la retraite à me décomposer sur place d'ennui et d'exaspération (enfin bon, lui n'est pas du style à beaucoup s'exaspérer).

Better Call Saul, S4E8, ma préférée. Il faut sauver le soldat Babineaux. Tellement de fantaisie, de folie, de travail et de préparation.

Mon dernier Zaco

Enfin peut-être, enfin j'espère.
Zaco, c'est le nom des RER D qui vont en direction de Melun en s'arrêtant à Yerres.

A Nanterre, pour relever le courrier. Bureaux vides mais très beau sapin de Noël.
Le chagrin des sapins de Noël qui clignotent pour personne.
Début de la revue intérimaire des CAC.
Vaccinée contre la grippe.

C'est à peu près tout pour aujourd'hui. J'attends un mail, un coup de téléphone.
Rien.

Encore des nouvelles lunettes

J'ai craqué. Je n'en peux plus. Ce sera mon cadeau de Noël: je suis retournée chez l'opticien pour me faire fabriquer des lunettes selon mon ordonnance "N", une paire de "proximité" qui me permettra de travailler sur écran.

Traces du temps - 5

Il manque mercredi 2.
Les feuilles sont tombées entre jeudi et vendredi. Mais il en reste.

arbres en automne vus de la fenêtre arbres en automne vus de la fenêtre arbres en automne vus de la fenêtre
arbres en automne vus de la fenêtre arbres en automne vus de la fenêtre arbres en automne vus de la fenêtre



Déconfinement progressif : nous avons le droit de ramer, mais en bateau individuel (en double pour les personnes vivant sous le même toit). L'hiver il faut être sûr de soi: trois rameurs se sont retournés samedi, deux dimanche.
Je constate à quel point mes cinq kilos de trop étaient en trop cet été quand j'ai repris après le premier confinement: quel plaisir de pouvoir à nouveau bouger avec fluidité.
En revanche j'ai beaucoup perdu en forces. Dès que je recommencerai à manger quasi normalement, il va falloir que je suive des programmes de muscu (disons: de gymnastique au sol). Ça va être compliqué d'adapter la quantité de nourriture au sport effectué. Aujourd'hui j'ai l'impression que je peux vivre en ne mangeant presque rien. C'est impressionnant et très peu contentant.

la Seine à Avon - ciel d'automne

Présentation

Rencontré la copine de O. (C'est la première fois qu'il nous en présente une).
Elle est pétulante.

Mes grands-parents paternels étaient polonais, ceux de H. yougoslaves (côté maternel), C. a une compagne dont la grand-mère polonaise vit en Pologne, les parents de l'amie de O. sont arrivés en France vers six ou sept ans, ses grands-parents ont fui la dictature portugaise.

Cette permanence d'origines étrangères répétées à chaque génération, est-ce statistiquement dans l'ordre des choses, ou est-ce un tropisme familial?

Les clés

L'une des tâches que je redoute dans ce déménagement est le tri des clés.

Pour une raison que j'ignore, chez nous les clés se multiplient. Tous les sept ou huit ans, j'ouvre la boîte à clés, et nous essayons d'en jeter quelques-unes.

clés variées


Clés de serveurs, clés de voitures disparues, clés d'antivols inidentifiables, clés de valises — mais lesquelles, clés de portes murées, de serrures changées (barillets), clés obsolètes de mes parents, clés du voisin (un autre)…
C'est très difficile de jeter une clé, on ne peut s'empêcher de penser qu'on risque de le regretter. Cela fait peur. Mais nous nous en allons, il n'y aura pas de regret.
Il faut tout de même que je parvienne à identifier une ou deux clés du portail. Aujourd'hui nous le fermons avec une chaîne de moto… Pas très sérieux.

Entretien

Un entretien positif ce matin à Vincennes.
Les magasins sont ouverts mais il n'y a pas tant de monde que ça.
L'après-midi j'apprends que je suis sur la short-list des deux personnes qui doivent rencontrer le président.
Chic.

Quant à H., il avait son audience de référé cet après-midi. Ça a duré trois heures. Il était content car ils ont eu un juge attentif.

Y a des jours comme ça où tout se concentre.
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