Billets pour la catégorie Les gens qu'on aime :

Les gens qu’on aime : #10 quelqu’un qui aime l’art

En lisant Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qui aime l'art. J'avais commencé par me dire «je vais parler d'Aline», mais finalement, je vais parler des Cruchons.

Au départ il s'agissait de lire L'Amour l'Automne à plusieurs dans l'espoir de mieux comprendre le texte en apportant chacun nos expériences et nos connaissances.

Nous avons (bien sûr) commencé chez Rémi.

première rencontre des futurs cruchons
17 novembre 2008


Mais très vite la contrainte a été trop forte pour lui, il devait travailler, la femme de ménage devait passer — bref, nous nous sommes rabattus dans des cafés et Rémi n'est plus venu.

Il a fallu le temps de trouver un café qui nous convienne, qui accepte que nous restions des heures à table avec des piles de livres, des discussions, des rires. Nous avons atterri au Petit Broc, et Marie nous a surnommés les Cruchons.

Aline est présente pour la première fois
29 juin 2009 - première participation d'Aline


Nous nous sommes réunis une fois par mois pendant quatre ans (jusqu'au ralliement de RC à MLP), avec des participants variés (Jérémy, Marie, Tlön, Afchine, Sophie…) et un noyau dur. Parce que nous avions trois Chartrains parmi nous, nous nous réunissions une fois par an à Chartres, avec en point d'orgue une visite de la cathédrale commentée par Philippe.

table couverte des pages commentées de L'Amour L'automne
table d'étude - octobre 2010


Les lectures ont disparu après mai 2012, pour être remplacées par des voyages et des concerts. Pour des raisons financières et familiales, je ne participais que rarement. Je les suivais à travers FB, les voyageurs m'envoyaient des cartes postales et me donnaient des pistes (c'est ainsi que j'ai visité Richelieu après l'une de leur carte postale, par exemple).

Voyager avec les Cruchons est une chance extraordinaire. Chacun est spécialisé dans deux ou trois domaines: Aline en art et architecture, Laurent en histoire, peinture et architecture, Patrick en histoire avec un sens aigü de la chronologie, des souvenirs précis des forces de gauche en France durant les années 50 à 70 et des références bibliographiques sur tous les sujets, Philippe est amoureux de musique et d'art roman.

Quand on voyage avec eux, il n'y a qu'à se laisser porter: ils ont organisé et prévu, ils ont lu et planifié, ils montrent, ils racontent, il y a toujours une anecdote amusante sur un fond érudit, des goûts et des opinions qui s'expriment de façon tranchée et drôle, des débats montés en épingle pour finir en éclats de rire.
Je n'en finirais pas d'énumérer les lieux découverts, d'abbayes en châteaux; les expositions, les concerts, une tétralogie, deux puis trois, les jardins de William Christie et ses concerts en plein air.

concert dans les jardins de Thiré
Jardin de William Christie - août 2018


2019 a été une année sans que je voyage avec eux — avec encore des cartes postales reçues; 2020 a tout figé.

Les gens qu’on aime : #9 quelqu’un qui n’a peur de rien

En lisant Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qui n'a peur de rien. Je vais encore parler d'un groupe. Il aurait pu entrer aussi dans la catégorie «quelqu'un qu'on admire»: les jeunes, bénévoles ou salariés, de JRS.

C'est une ode à la jeunesse que je voudrais écrire. J'ai admiré leur audace, leur bonne humeur, leur courage, la force inébranlable de leur simplicité. Ils étaient là pour faire ce qu'il y avait à faire — répéter du vocabulaire avec des personnes qui ne connaissaient pas un mot de français, faire le café, la cuisine, enregistrer des noms, organiser des jeux, chanter, jouer au foot, danser — sans douter, sans hésiter, sans se laisser décourager par les barrières de la langue ou des coutumes.

Je les ai admirés et je les chéris. Ils me font du bien à l'âme quand je pense à eux. Il me donne l'espoir que tout n'est pas perdu, le futur avec un grand F, celui de la planète, celui des enfants et des petits-enfants n'est pas perdu — s'il est entre leurs mains.

l'équipe des bénévoles de jrs en juillet 2020

Les gens qu’on aime : #7 quelqu’un qu’on voit souvent

En lisant Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qu’on voit souvent.
Là c'est la tuile. Evidemment à cause du confinement. Mais même sans cela: la boulangère? le pharmacien? le vendeur du Relais H?
En fait les gens que je voyais le plus souvent avant le confinement, le premier confinement, jusqu'en mars, c'était les rameuses du huit. Une, deux, trois fois par semaine, c'est en fait l'un des buts du huit: devenir inséparables, ce que nous avions bien du mal à réaliser.

L'étonnement c'est que nous ne savons finalement que peu de choses les unes des autres. J'ai ainsi été désarçonnée d'apprendre que Clarisse était veuve depuis deux ans: certes elle a toujours été très discrète, mais comment avions-nous pu ne nous douter de rien? Quel manque d'attention de notre part (elle a souri et m'a dit: «vous ne pouviez pas savoir»).

Nathalie affairée, Isabel serviable, Pascale coupante, Anne perfectionniste, Clarisse rigoureuse, Marine revêche et Caroline Betty Boop: c'est la liste des rameuses de la coupe de Noël il y a un an à Tours.

huit rameuses et leur barreur


Chaque rencontre hors du huit est (était) importante, car c'est le moment de nous découvrir.
C'est pourquoi j'étais heureuse que nous ayons passé une excellente soirée à quatre juste avant le couvre-feu; j'attends maintenant le déconfinement pour inviter celles qui ne pouvaient être là ce soir-là.

Les gens qu’on aime : #6 quelqu’un qu’on n’aimait pas au début mais ça a changé

En lisant Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qu’on n’aimait pas au début mais ça a changé: Sophie-Charlotte.

Je ne suis pas vraiment sûre que Sophie-Charlotte entre dans les définitions du Dr CaSo. Non seulement ce n'est pas une amie, mais c'est même une inconnue et le plus probable est qu'elle ait oublié depuis longtemps que j'existe.
Elle est le prétexte à montrer deux de mes défauts: mes jugements abrupts et mon stalking (ma traque) sur internet.

En août 1997 (un an avant Google, en pleine bulle internet) j'ai été embauchée dans une filiale de mon actuel grand groupe, une filiale qu'on appellerait aujourd'hui start-up, mais qui à l'époque était simplement une structure légère détachée de la mère pour travailler en mode projet. Nous étions trente, nous fonctionnions comme une famille (les platées de cèpes dans la salle de réunion hausmanienne ramenées par le président périgourdin à l'automme), je vénérais mon boss, c'était enthousiasmant.

Sauf qu'il y avait, comme dans tout projet, des consultants, des consultants d'Accenture, juste avant la déroute d'Andersen. Il y avait deux consultants junior aussi horripilants l'un que l'autre. J'ai failli gifler le mec qui disait des conneries et n'écoutait rien (avec sa gueule de beau gosse et sa cravate… Tous ces consultants embauchés sur leur gueule…) Leur seule obsession était de respecter le planning, même au prix de la qualité du travail. Or nous étions en train de construire une architecture informatique, la gauchir dès le départ, c'était faire partir le projet de travers.

L'autre, c'était Sophie-Charlotte. Elle devait surveiller que nous documentions1 le paramétrage d'un progiciel que nous avions acheté. J'étais chargée du paramétrage, mais c'était un faux paramétrage, un paramétrage contraint, du genre «— Ici il faut mettre A — Mais pourquoi? — Parce que.»
Sophie-Charlotte exigeait que je remplisse un tableau avec écrit «A» comme valeur de ce paramètre.
J'ai essayé de lui expliquer que si nous ne savions pas quelle autre valeur était possible et que nous ne savions pas à quoi servait ce A, le document que nous étions en train d'écrire était inutile et inutilisable.
Je me heurtais à un mur. La consigne était la consigne.

Un jour Sandrine m'a dit: «tu n'aimes pas beaucoup Sophie-Charlotte» et j'ai eu honte que cela se voit autant.

Les consultants sont partis. Je crois que c'est encore Sandrine qui m'a appris que Sophie-Charlotte était admise à Standford; à quoi j'ai répondu «Ça fera une dinde qui a fait Standford.»
Il est possible que j'ai été jalouse: à son âge j'étais mariée et j'avais déjà un enfant: je n'aurais jamais pu aller à Standford. Mais je pensais aussi que c'était une dinde, avec son obéissance militaire à son cabinet de consultants.

Il y a deux ans, je crois que c'était pendant que j'étais immobilisée à cause de mon pied, j'ai fait une recherche sur facebook. Le curieux est que je me souvenais de ses nom et prénom, car en général je les oublie. Et je l'ai retrouvée. Son sourire, ses photos, les causes qu'elle défend… Elle m'a plu. Et je me suis dis que j'étais vraiment con, avec mes jugements à la con.



Note
1: Ecrire un document de référence.

Les gens qu’on aime : #5 quelqu’un avec qui on a étudié ou été à l’école

Puisque je lis Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un avec qui on a étudié ou été à l’école : Jérôme. Je l'ai choisi parce que nous avons été neuf ans dans la même classe.

Mes parents étaient profs. Quand nous sommes rentrés du Maroc en 1975, ils ont chacun obtenu un poste dans l'un et l'autre lycées d'une petite ville, et entre les lycées se trouvait une école primaire.
Nous avons donc été inscrites ma sœur et moi dans cette école primaire plutôt que dans celle dont nous dépendions administrativement car il était plus simple de nous y emmener et nous en ramener.

En école primaire, la population est stable, les mêmes enfants se retrouvent chaque année, la hiérarchie est établie dès le CP (ceux qui apprennent vite à lire et à écrire, ceux qui sont rapides ou jouent bien aux billes, etc).
Je suis arrivée en CM1 et j'ai bousculé cette hiérarchie. En CM1 et en CM2, je suis passée en tête devant Xavier et Jérôme. Ils étaient verts.

Quand j'ai quitté la primaire, j'ai rejoint le collège correspondant à la carte scolaire et j'y ai retrouvé Jérôme. Jérôme a été mon Poulidor jusqu'en terminale. Comme il a fait allemand première langue (le truc de l'époque pour essayer de reconstituer les classes d'excellence que la réforme Haby venaient d'éparpiller) puis latin à partir de la quatrième (idem), nous avons été ensemble toutes ces années. Toutes ces années il s'est présenté comme délégué de classe et a été élu.

Il était fils unique et fier de l'être. En cinquième, sa mère s'est trouvée enceinte et il l'a très mal pris. Elle n'avait pas le droit de l'accompagner devant le collège; elle devait le déposer au coin de la rue.

En quatrième nous avions une prof d'anglais provocante, genre sous-tif noir sous chemisier blanc transparent. Jérôme était au premier rang. Elle l'a interpelé: «Alors, Jérôme, vous rêvez?»
Il est devenu cramoisi, d'un rouge comme je n'en ai jamais revu d'aussi foncé. La classe a éclaté de rire.
J'étais très innocente, je n'ai compris que des années plus tard à quoi pouvait rêver Jérôme.

Nous ne nous aimions pas beaucoup. A cause de cette rivalité, bien sûr, mais aussi parce que j'étais sérieuse et que je le jugeais frivole. Il s'est très bien entendu avec ma meilleure copine en première et terminale, ils parlaient mérites comparés de shampoings, genre. Il avait été tout surpris quand elle lui avait appris que les filles se rasaient les jambes: il pensait que les filles étaient imberbes.
Il avait grandi tôt et était très grand, il se tenait toujours un peu courbé. Il avait cette morphologie des nageurs que je n'aime pas, les trapèzes surdéveloppés. Ses yeux bleus verts étaient légèrement globuleux. Il aimait Higelin et je le revois en term en train de chanter Champagne en dansant sur les tables comme un pantin dégingandé .
Sous mon influence, il s'est inscrit à l'aviron. Christine, Isabelle, Jérôme, tous venus à l'aviron en seconde à cause de mon enthousiasme.
Quand il a perdu son grand-père (en première ou en terminale), il a eu cette remarque qui m'a frappée parce qu'elle était inattendue de sa part et que je n'avais pas encore vécu de deuil: «On croit qu'on n'est pas très attaché, et puis ça fait super mal».

Après le lycée j'ai eu des nouvelles par ma mère: marié, trois enfants puis un quatrième («un accident»).
En 2017, au moment où je préparais les 50 ans de mariage de mes parents, j'ai fait des recherches sur Linkedin et j'ai tapé son nom. Je l'ai trouvé, je l'ai demandé en contact.
Il ne m'a pas acceptée.

Les gens qu’on aime : #4 quelqu’un qui a changé le cours de notre vie

En lisant Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qui a changé le cours de votre vie : RC, évidemment.

Renaud Camus à l'Ircam en juin 2009
RC à l'Ircam - 2009


C'est compliqué. Je me souviens de Philippe Val disant après l'emprisonnement de Patrick Font: «Si je vais le voir on me demande comment je peux soutenir un tel salaud; si je n'y vais pas on me demande si je n'ai pas honte d'abandonner un ami».

RC n'était pas un ami, ce n'est pas un ami. Mais je me sentirai toujours l'obligation de ne pas en dire de mal. De juste me taire.

Dans le journal 2002, Outrepas, RC a écrit qu'il aurait souhaité que Le Pen ait le maximum de voix, juste assez pour ne pas être élu. Le livre est paru en 2004. Donc en 2004, la SLRC a appris que RC ne l'avait pas détrompée quand elle avait publié en 2002 une pétition contre Le Pen, pétition dont toutes les phrases commençaient par «Avec RC, nous…»
Je savais donc depuis 2004 que RC n'avait aucune loyauté envers son entourage, qu'il était capable de trahison — ce qui fait que 2012, le ralliement à MLP, a été une déception, la certitude que désormais le génie littéraire de RC ne serait jamais reconnu, mais pas vraiment une surprise.
Le dégoût est venu en 2013 quand RC s'est réjoui du suicide de Dominique Venner à Notre-Dame et le rejet sans retour est survenu après les white supremacists et Christchurch.

Quel gâchis, quelle horreur.

Mais il reste qu'il a changé ma vie. Le lire a changé ma vie.
C'est difficile d'expliquer à quel point, parce qu'il faudrait tenter d'expliquer tout ce que je ne connaissais pas (histoire, art, littérature, géographie, etc) quand j'ai commencé à le lire et tout ce que j'ai découvert en le lisant.
Il m'a aussi fait découvrir de quelle façon j'étais capable de lire, de me concentrer, de faire des rapprochements, de travailler par associations… Il m'a fait me découvrir moi-même.

L'Amour l'Automne, L'Inauguration de la salle des Vents, Vaisseaux brûlés sont de grandes expériences de lecture, elles me font accéder à des dimensions de conscience inédites, en profondeur et en extension. C'est difficile à expliquer, c'est comme une drogue, un état second du cerveau. Je pense que James Joyce produit le même effet à d'autres, et peut-être Arno Schmidt aux locuteurs germanophones.

RC me faisait, me fait, rire. Parfois je retombe sur une citation, et aussitôt, je ris: «Castro à mon enterrement? Plutôt mourir!» ou «Georges Marchais et moi n'avons pas la même idée de la poésie : j'en avais toujours eu le vague soupçon».

Hélas, la phrase la plus juste sur RC est sans doute celle de Jean-Yves, le pastichant après Christchurch: «On m'a mal lu».

RC a été l'occasion de me faire des amis qui ont survécu à la tourmente. Nous avons arrêté de lire RC ensemble mais nous avons continué à voyager, à visiter, à aller au concert.
La vie n'a plus jamais été la même après RC.

Les gens qu’on aime : #3 quelqu’un qui nous fait rire

Puisque je lis Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qui me fait rire. Là, ce n'est pas une personne mais un groupe: les oulipotes, les oulipiens, la bande des jeudis de la BNF et de la pizza subséquente.

rires entre amis de l'Oulipo, 18 juin 2015

Sophie, Nicolas, Elisabeth, Dominique dans le miroir, Gilles et Maurice à l'autre table… Nous ne sommes jamais le même nombre, nous ne parlons jamais des mêmes sujets, parfois c'est sérieux, parfois c'est drôle, parfois ça cancanne, parfois c'est triste (le temps qui passe, la famille, la santé, tout ça). Ce sont des amis merveilleux par leur culture, leur humour, leur gentillesse.
J'ai l'impression de les connaître peu parce que ce sont mes amis les plus récents: une douzaine d'années, mais finalement dix jeudis par an depuis plus de dix ans, et deux ou trois dimanches chez Nicolas, et autant chez Alain… Ce sont finalement les amis que je vois le plus souvent. Et nous rions beaucoup.

Les gens qu’on aime : #2 quelqu’un avec qui on a voyagé

En lisant Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un avec qui on a voyagé : mon fils O.

la main gantée d'Olivier - en quittant Olsdorf
En quittant la maison de Thomas Bernhard


Au départ il s'agissait d'accumuler les trois mille kilomètres nécessaires à la conduite accompagnée.

J'ai fait une fausse signature. H. était contre la conduite accompagnée. Nous avons dans notre entourage deux exemples d'accidents graves dus à la conduite accompagnée.
O. voulait faire la conduite accompagnée. C'était le premier des trois enfants à souhaiter cela. J'ai rempli le dossier d'assurance en me mettant en conducteur accompagnant, et puis, au cas où cela nous en ayons besoin un jour en urgence, j'ai ajouté H. et j'ai imité sa signature.

Il fallait que j'accomplisse trois mille kilomètres aux côtés d'O.
Matin et soir, maison gare, cinq kilomètres, vingt-cinq kilomètres par semaine, cent par mois. Quelques voyages jusque chez les grands-parents. Il fallait quelque chose de plus long.
Ça faisait longtemps que je voulais faire un tour d'Europe. H. ne voulait pas, il n'avait pas envie de passer sa journée en voiture et dormir chaque nuit à l'hôtel: «je fais cela toute l'année pour le boulot, je ne vais pas le faire en vacances».
O. était d'accord, mais il fallait attendre ses dix-huit ans: pas de conduite accompagnée hors de France.

Pour vérifier que nous étions capables de nous supporter, nous avons fait une escapade d'une semaine en Bretagne l'été précédent, en 2016. Ce fut un succès.

Alors nous sommes partis en juillet 2017 pour Klagenfurt, Vienne, Prague, Berlin, Amsterdam et Bruxelles. Mon récit est plein de trous mais je ne désespère pas de le compléter un jour. Ce sont de merveilleux souvenirs. La Styrie ou les plaines de Saxe dans la Beetle décapotée en écoutant la biographie de Bob Dylan ou de Raymond Chandler ou de Jack London, les hôtels et les auberges de jeunesse et les hugos. Les châteaux, le vélo, les soirées sur l'ordi. Le légendaire sens de l'orientation d'O. sur lequel je me repose aveuglément. Sa gentillesse, O. toujours prêt à un détour pour me faire plaisir. La surprise de découvrir à quel point le malentendu est facile, même entre deux personnes déterminées à être attentives à l'autre.
Je ne sais pas si je retrouverai un jour un tel compagnon de voyage.
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