François Mauriac ressemble beaucoup à mon grand-père : même silhouette, même forme de visage, même moustache. Cela m'en rend la lecture difficile, associée à une odeur particulière de savon et de cuir.

La vie de bureau impose à mes heures de bureau une sorte d'hébétude.
Claude Mauriac, Le temps immobile, p.138 (22 janvier 1942)

Lorsque Paul fut appelé sous les drapeaux, il était déjà marié et avait un enfant (c'était en 1945 ou 1946. Il avait donc vingt-quatre ou vingt-cinq ans : est-ce que l'âge du service avait été décalé du fait de la guerre ? Cela paraîtrait logique. Mais pourquoi n'est-il pas parti en Allemagne en STO? Parce qu'il était étudiant? Il n'est plus là, il est trop tard, je n'ai pas posé assez de questions). Il travaillait alors à l'INAO. Je sais qu'il s'adressa à Claude Mauriac qu'il connaissait un peu (par son oncle ou sa belle-sœur?) afin de se faire exempter du service militaire — ce qui lui fut accordé.

Je me demande si Hubert n'était pas le fils de cet oncle, André. Il me semble me souvenir vaguement d'une sorte de revanche familiale, le fils poursuivant la carrière interrompue du père.
Si c'est cela, il me semble que cet oncle avait divorcé (à une époque et dans un milieu où cela ne « se faisait pas ») et que sa seconde femme avait connu le même sort qu'Odette Swann : elle n'avait été reçue par la famille et les amis de celui-ci qu'une fois devenue veuve. (Cette similitude de destin était le genre d'anecdotes auxquelles je m'accrochais pour convaincre Paul de l'intérêt de Proust, qui le fascinait et le révulsait).

Comme tout cela est flou et brouillé. Je pensais avoir toujours le temps de demander des précisions, de toujours pouvoir démêler les fils le moment venu en posant quelque questions. Trop tard, trop tard.