Billets pour la catégorie Revue de presse :

250 tonnes de bidules

La vocation viticole du parc naturel régional de la Montagne de Reims l'a poussé à organiser dès 1983 la collecte des films plastiques d'emballage et, depuis 1998, celle des capsules et des bidules.

Ce « bidule » n'a rien à voir avec son synonyme qui désigne une personne ou un objet par un terme plus général et vague comme « machin », « chose » ou… « bidule ». Car celui-là est en polyéthylène et sert à capter, sous la capsule en aluminium, les dépôts de levure qui interviennent lors de la seconde fermentation du Champagne. En 1998, le parc naturel régional (PNR) de la Montagne de Reims (68 communes, 35 000 habitants, 50000 hectares, dont 9 000 hectares de vignes) lançait à Châtillon-sur-Marne son premier collecteur de bidules et de capsules. Il en récupère désormais environ 250 tonnes par an grâce aux 50 conteneurs répartis sur les communes viticoles du parc naturel régional. « Les viticulteurs jouent le jeu. C'est un succès. 90% des capsules et des bidules sont collectés » se félicite Cyrille Camboulives, l'une des chevilles ouvrières de l'opération. Avant déchets non recyclés promis à la décharge, les capsules et les bidules sont aujourd'hui expédiés vers la Moselle où la société «Recyclage 2000» les broie pour les réinjecter dans les filières de l'aluminium ou de la plasturgie.

Horizons régions, (Les Echos), juin 2007, p.18

Un peu de comparatisme économique

Je disais jeudi à une collègue violemment anti sarkozienne que nous allions enfin savoir si oui ou non la baisse des impôts générait de la richesse, car cela n'a jamais été prouvé dans les faits, nous n'en sommes pour l'instant qu'à la théorie.
J'ajoutais que si cela échouait, nous aurions droit à un plan d'austérité type 1983 afin de combler le déficit creusé par cette politique libérale et de respecter les critères imposés par l'Union européenne.

Vendredi je reçois les quelques feuillets d'analyses économiques régulièrement publiés par Natixis dans Flash économie sous la direction de Patrick Artus. L'article du 11 juin 2007 s'intitule "Reagan 1981; Sarkozy 2007: des similitudes ?" Il conclut que la baisse des impôts n'a eu quasi aucun impact sur le marché économique américain et que la politique de dérégulation de la concurrence est sans doute la cause principale de la reprise américaine.

Je n'ai pas assez d'expérience pour en juger (pour commencer, la prémisse est-elle exacte, peut-on comparer la politique économique de Sarkozy à celle de Reagan?), mais je copie ici les récapitulatifs de la politique fiscale et concurentielle de Reagan, parce qu'il peut toujours être utile de pouvoir les retrouver rapidement.


Politique fiscale de Reagan
En 1981, l'administration Reagan présente devant le Congrès son "Economie Recovery Act" : baisse massive des impôts (10% par an sur l'impôt sur le revenu pendant 3 ans), baisse des dépenses publiques (réduction de programmes fédéraux comme les assurances-chômage, les retraites, le Medicaid, les aides familiales, les bourses étudiantes...), rigueur monétaire…
Concernant les baisses d'impôts, principalement:
  • diminution du taux marginal d'imposition de 70% à 50% (pour une fourchette antérieure de 14% à 70%);
  • réduction d'impôts pour les couples mariés;
  • déduction des dons caritatifs;
  • modification et libéralisation de la réglementation concernant la vente de la résidence principale;
  • encouragement à l'ouverture de comptes épargne retraite individuels via l'augmentation des déductions fiscales.
Pour les entreprises :
  • Accelerated Cost Recovery System : déduction d'impôts pour dépréciation des dépenses d'investissement;
  • Réduction d'impôts pour les PME (revenu imposable entre 0 $ et 50 000 $).
En un seul tour de scrutin, les deux chambres ont adopté cette législation qui imposait des réductions massives et générales dans tous les domaines de dépenses, défense exceptée : une réduction totale de 130,6 milliards de dollars au cours des années fiscales 1981-1984.

Déréglementation sous Reagan
Le mécanisme de base de la déréglementation avait été mis en place par J. Carter (compagnies aériennes en 1978 et transports routiers avec la Trucking Act de 1980). Le Fédéral Register de 1980 contenait une grande partie des réglementations adoptées par la suite, Reagan a accéléré le processus.
Transport
La déréglementation américaine de 1980 oblige toutes les entreprises de camionnage public à s'adapter à des régies de jeu plus concurrentielles en ce qu'elle vise essentiellement à réduire considérablement les barrières à l'entrée exigées par l'Interstate Commerce Commission (ICC).
Communications
1981 : le Fédéral Communications Commission (FCC) dérégule les restrictions sur les radios, mettant en place un système simplifié pour renouveler les licences de radio. Il incite le Congrès à rallonger les périodes de licences pour les radios et télévisions et autorise un système de loterie pour l'attribution des nouvelles licences.).
Télécom
Au cours des années 70, la FCC (Fédéral Communications Commission) a développé des mesures de sauvegarde de la concurrence. En 1984, le démantèlement d'AT&T a entraîné la baisse des prix et a élargi le choix des consommateurs sur les marchés des services longue distance et internationaux et l'ouverture des marchés des équipements de réseau.
L'ordonnance antitrust de 1984 a obligé AT&T à abandonner ses filiales d'exploitation locales, créant 7 sociétés régionales (RBOC) qui sauf, dérogation, ne pouvaient fournir de services longue distance, interdiction est faite aux RBOC de fournir des informations. Ce démantèlement reposait sur l'idée que les réseaux de télécom locaux avaient les caractéristiques d'un monopole naturel : il institue la distinction entre services de télécommunications «longue distance» et «locales» via la définition de zones plus petites que les Etats.
L'objectif est de faire en sorte que les sociétés régionales ne fournissent que des services de base soumis à réglementation.
Il en a résulté le développement de la concurrence sur longue distance mais pas dans les services intra-Etats et locaux, les Etats ayant maintenu des restrictions légales d'entrée sur ces marchés jusqu'au début des années 90.
La conclusion des analystes est la suivante : «Le point positif du "reaganisme" n'est donc pas sa politique budgétaire et fiscale, mais sa politique microéconomique qui a déclenché en particulier la modernisation de l'industrie des télécommunications.»

Jean-Claude Brialy

Dédié à un amoureux des potins.

Comme je suppose que "mes" lecteurs ne lisent pas Figaro Madame, je recopie ici l'histoire d'un canular, pas bien épais et bien peu détaillé, dont on trouve un écho plus lointain mais plus personnel sur un blog :
[…] Je voudrais évoquer ici le souvenir d'un canular auquel il fut mêlé, à son insu d'abord, puis avec la bonne grâce qui faisait de Jean-Claude Brialy un esprit de si agréable compagnie. Chaque année ont lieu à Saumur les Journées nationales du livre et du vin. Il y a des signatures, des tables rondes, des animations, d'où les participants ressortent souvent en état de gaieté avancée. Comme Gérard Depardieu, Jean Carmet ou Claude Chabrol, Jean-Claude Brialy en était un adepte invétéré. Tout ce beau monde passait habituellement la nuit à l'hostellerie du Prieuré, dans le village de Chêne-hutte-les-Tuffeaux. Pour la session de 1999, l'écrivain Alain Robbe-Grillet y occupait avec son épouse, Catherine, la chambre 17. Pendant le dîner du samedi soir organisé dans les caves Bouvet-Ladubay, Irène Frain et votre serviteur rédigèrent, en les signant «Robbe-Grillet», plusieurs billets invitant certains convives à se retrouver à minuit dans la chambre 17 de l'hostellerie du Prieuré. Nous les fîmes porter par des serveurs à Claude Brasseur, Jean-Claude Brialy et trois danseuses brésiliennes qui devaient se produire pendant la soirée. L'objet du rendez-vous n'était pas précisé. Mais, eu égard à la réputation sulfureuse du couple Robbe-Grillet, tout était à craindre ou à espérer. Lorsque Brialy et Brasseur montrèrent à Alain Robbe-Grillet ces petits billets prétendument signés de lui, le pape du nouveau roman parut tomber des nues. Mais la fable de la chambre 17 avait pris corps. Lors de l'allocution qu'il prononça à la fin du dîner, Jean-Claude Brialy se livra à des variations virtuoses sur les mystères de la chambre 17, non sans profiter du micro pour y inviter un certain Philippe, qui lui avait probablement tapé dans l'œil.

Personne ne peut dire ce qui se passa finalement dans la chambre 17 au cours de la nuit du 17 au 18 avril 1999. Le plus probable est que le couple Robbe-Grillet y dormit d'un bon sommeil saumurois. Mais on s'en amusa, et cela fit même l'objet d'une plaquette, Le Mystère de la chambre 17, où Denis Tillinac, Jean-Jacques Brochier, Jackie Berroyer et quelques autres donnaient leur version de cette nuit énigmatique. Jean-Claude Brialy, lui aussi, livrait ses réflexions lors d'un entretien : «Que ce soit une femme ou un homme qui l'ait inventé, l'important, c'est que tout le monde a couru après ce rêve. Même hagard, même complètement nase, même ivre mort ou à l'agonie, on aurait couru à la chambre 17, pour voir, pour savoir… À partir de maintenant, c'est de la légende, on y viendra en pèlerinage, on ira y dormir la tête pleine de rêves, on la donnera aux amants comme porte-bonheur, l'hôtelier en profitera pour la louer dix fois plus cher que les autres, c'est un rêve, je vous dis, la chambre 17, une grande leçon d'amour…». Bonne nuit dans la chambre 17, monsieur Brialy.

Marc Lambron, "Souvenir d'un canular" in Le Figaro Madame du 16 juin 2007
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