H. a dormi sur le canapé au rez-de-chaussée pour échapper à la chaleur (et à ma fièvre).
Quand je me réveille, je découvre qu'aux alentours de minuit, sans doute parce qu'il n'arrivait pas à dormir, il a entamé une discussion politique avec C. sur le groupe familial WhatsApp.
Mauvaise idée, ça s'engueule sec.

9h - Café, croissants. Ma fièvre est stable à 38, je souhaite tenter Bernstein.

Jusqu'à Champeaux, blé, plus doré au sud qu'au nord où les tiges sont encore vertes (explication absurde: il n'y a que quinze ou vingt kilomètres de différence. Et pourtant mon observation est exacte, c'est l'explication qui est fantaisiste: l'explication, je ne la connais pas).
Magnifique matin.

11h10 - Collégiale de Champeaux. Nous sommes dix minutes en retard. En entrant dans l'église, j'ai un choc: elle est quasi vide. Je m'attendais à un auditoire, une foule, même petite: la nef est vide, un petit groupe est massé dans les stalles. Une chorale chante, je comprends soudain que «Messe» sur le progamme du festival signifiait réellement messe, ce n'était pas une pièce de musique, mais bien une messe entrecoupée de morceaux de Berstein. Cela me plaît, j'ai toujours regretté de ne pas assister à une messe (un office) telle que Bach pouvait les conduire.
Nous nous asseyons dans la nef. Elle réverbère trop, le son n'est pas net. Je sens H. se raidir. Une messe, c'est beaucoup pour lui qui pense que la religion est la mère de toutes les guerres.
La première lecture parle de Melchisédech, l'écho empêche de comprendre, je sors mon téléphone pour retrouver les lectures du jour. Je découvre alors que C. a quitté le groupe WhatsApp. Ça n'a l'air de rien, mais c'est de fait le seul lien qu'il conservait avec nous. Il ne fête pas Noël, ne souhaite pas les anniversaires, ne remercie pas pour les cadeaux, ne contacte pas ses grands-parents, condescend vaguement à répondre au téléphone de temps en temps.
Donc c'est fini, pour une discussion politique. J'ai envie de rire.

H. se lève: «Je vais faire un tour, tu peux rester». — Non, je viens.

11h30 - Auberge de Crisenoy, (on y parle letton et russe), la carte ne nous tente pas; auberge de Sivry-Courtry, c'est plein; l'Alhambra à Fontainebleau. Le propriétaire est charmant, le couscous délicieux. C'est la meilleure pastilla que j'ai mangée en France.
Le patron nous explique qu'avant le Covid il avait un restaurant de quatre vingt couverts. Maintenant il en a une quinzaine et fait surtout de la vente à emporter: «c'est pas la même fatigue, pas la même responsabilité». Toujours le même témoignage: «certains se sont enrichis avec le Covid. Ils ont empoché les aides et ont mis la clé sous la porte».

14h30 - Vote. Je suis contente de m'être désistée en tant qu'assesseur: à l'origine parce que je voulais aller à Champeaux, mais aujourd'hui cela aurait été difficile avec ma toux et la fièvre.

15h - L'après-midi O et Y passent chercher des outils de jardin pour leur nouvelle maison. Ils sont choux.

19h - Allongé sur le canapé, H. lance sur son iPad Une famille à louer que nous avions vu à sa sortie. Je m'installe à côté de lui sur un tabouret avec un bol de chips et vingt centilitres de gin Juillet.

20h10 environ - Nous avions presque oublié les résultats des élections. 52 ou 54% d'abstention, pas de majorité absolue, un groupe pour les RN. Tout le monde proclame avoir gagné. Beaucoup de ministres ne sont pas élus.

22h30 - Orage. Grêlons comme des balles de ping-pong. Par réflexe, je sors balancer les coussins de fauteuil sur la vitre de la table de jardin pour la protéger. Plusieurs grêlons me font des bleus sur les bras.
La verrière du puits de lumière (trois mètres par trois) tient.
Quand l'orage s'apaise, nous entendons un bruit d'assiettes. Je connais ce bruit, ce sont des tuiles cassées. Les voisins sont en train de dégager leur toit.