En novembre dernier, lorsque j'ai sorti ma carte de groupe sanguin pour répondre à la demande de l'anesthésiste, il a contemplé avec incrédulité l'espèce de torchon que j'ai sorti de mon portefeuille. (Et pourtant j'avais essayé d'amortir le choc: «Euh oui, j'en ai une, euh, elle est un peu bizarre…»)

Ma carte avec la première détermination de groupe date de 1991. Comme il faut deux déterminations, j'en ai fait faire une seconde en 1994, mais pas dans le même laboratoire, qui a refusé de noter les résultats de son analyse sur ma carte de 1991. J'étais furieuse, j'ai donc découpé la partie utile de la carte de 1994 que j'ai agraffée sur la carte de 1991. J'ai rangé la carte rapiécée dans mon portefeuille.
Quelques mois plus tard, j'ai emmené le chat chez le vétérinaire, et par facilité, j'ai mis mon portefeuille dans le panier à chat. Le chat, angoissé, a pissé dans le panier, trempant mes papiers que j'ai alors soigneusement fait sécher. Il leur en est resté quelques auréoles jaunâtres, notamment au niveau des plis, et pendant longtemps (c'est fini), une odeur bizarre…

— Vous avez eu trois enfants avec ça? a demandé l'anesthésiste incrédule.
Il n'a pas fait d'autre commentaire, mais la première chose qu'ont faite les infirmières mercredi dernier lorsque je suis entrée en clinique pour quelques jours (rien de grave), c'est une prise de sang à chaque bras.
— Qu'est-ce que vous faites?
— L'anesthésiste a demandé une détermination de groupe sanguin.
— Ah. (Quel sournois.) Pourquoi aux deux bras?
— Il faut une double détermination, effectuée par le même laboratoire.

J'ai maintenant une carte neuve. Ça m'ennuie de jeter l'ancienne.