Billets qui ont '2016-03-06' comme date.

Un peu de bleu

Quelques rayons ce matin, et des taches plus claires quand on regarde les arbres. La Seine est encore très haute.

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Quatre avec Franck, Jacques, Gérard. Franck me fait rire, il a mené un train d'enfer pendant trois mille mètres contre le courant et a épuisé tout le monde. Au retour, je pense que nous n'étions plus que deux à ramener le bateau… (dans le sens du courant, mais contre le vent, un vent puissant et froid). Ce qui me fait moins rire, c'est que dans ces situations difficiles, mon pire défaut s'accentue:
— Alors, c'était comment, votre quatre?
— On penchait pas mal à babord.
— Normal, c'est l'eau: t'as vu la Seine? Elle penche.
— Ah mais oui, suis-je bête!

Sieste comateuse, La Vache au cinéma de la ville. C'est mignon, plaisant. La salle était pleine, ce qui m'a étonnée.

J'emmène A. à la gare. J'essaie de vérifier si elle a compris ce que nous avons tenté de lui expliquer:
— Tu as compris le principe? Il ne faut jamais abandonner une activité ou un engagement certain sous prétexte que cela va gêner un projet incertain. Il sera toujours temps d'abandonner le certain si le projet se concrétise. Parce que sinon, tu te retrouves sans rien, à ne rien faire.
— Je m'étais dit que si je me réinscrivais au badmington, je serais obligée d'abandonner si je trouvais du travail.
— Oui, mais tu n'as pas trouvé de travail et maintenant tu ne fais pas de badmington.
— Mais ça aurait pu arriver.
— Oui, mais l'expérience prouve que non. Ce n'est pas logique, c'est expérimental. Si tu ne nous crois pas, essaie, tu verras bien. On aurait simplement voulu t'éviter de faire les expériences pour que tu gagnes du temps.

(Je n'ajoute pas que l'expérience prouve aussi que les projets incertains se concrétisent davantage quand on n'abandonne rien. Là aussi, cela n'a rien de rationnel, c'est empirique.)

Samedi

Pas grand chose. Je termine le premier Maigret. Je loue la voiture pour les vacances. L'après-midi nous passons un long moment dans la cuisine avec A., à la coacher sur la façon de trouver un job à temps partiel (nous souhaitons qu'elle en trouve un, d'une part parce que son école coûte très cher sans être reconnue en France, d'autre part parce qu'elle a énormément de temps libre et que cela tend à la désocialiser, enfin en prévision du monde du travail: sera-t-elle à son compte ou salariée, dans tous les cas elle va s'apercevoir de quelques réalités qu'elle n'a pas encore perçues).

Je fais l'erreur de parler de House of cards à H. qui en regarde cinq ou six épisodes de suite.

Le soir, sur les instances de H. qui aime beaucoup ce film, nous regardons Le Président, qui me déprime. Nous n'avons plus au pouvoir des magnats des colonies, mais le niveau ne s'est pas amélioré pour autant.

Beau comme l'antique

Ce soir-là, j'ai dit à un moment donné que notre époque me rappelait de plus en plus l'antiquité, déclenchant un échange de regards entre mes compagnons de table et un commentaire moqueur.
J'ai alors pris conscience que "l'antiquité" était chargée d'une telle aura positive que tout le négatif était oublié. J'ai renoncé à m'expliquer, "ce que je voulais dire, c'est que", renoncé à parler d'une société où seule une petite partie de la population avait la parole (commentaire goguenard en face de moi: «j'ai plutôt l'impression qu'aujourd'hui n'importe qui parle et qu'on n'y a pas gagné») — mais évidemment je parlais de la parole légitime, celle qui avait le pouvoir, celle du citoyen masculin par opposition aux femmes1, aux esclaves, aux étrangers —, une société qui noyait les problèmes dans les jeux et abêtissait la population plutôt que l'éduquer.

Cette semaine, j'en trouve une sorte d'illustration sur les murs du métro.
Photo station esplanade de la Défense, à travers les vitres destinées à empêcher les suicides:

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Note
1 : Bien sûr, les femmes (en Occident) n'ont jamais eu autant accès aux postes de pouvoir et à la parole. Mais je songe aux programmes et discours lepéniste, trumpien ou trumpiste, à l'avertissement de Houellebecq dans Soumission, à la difficulté pour la mouvance de type zemmourien à vivre dans un monde qui n'est plus taillé sur mesure pour elle.

Un nouvel ordinateur

Le groupe a fait une erreur : il m'a laissé un accès à l'organigramme. Je deviens une experte en décryptage de pyramides et de titres, que ce soit pour répondre aux questions des personnes que j'ai au téléphone par erreur ou pour trouver quelqu'un pour résoudre mes problèmes.

Jeudi dernier, j'ai ainsi téléphoné au responsable d'une branche nommée "qualité de services" dans la filiale qui gère l'informatique.
J'avais signalé le 12 janvier à la plateforme interne chargée de gérer les dysfonctionnements informatiques une série de messages d'erreur à l'allumage de mon poste (aimablement, le technicien que j'avais eu au téléphone m'avait prévenue, après avoir pris la main à distance sur mon poste, que celui-ci risquait de ne plus s'allumer un matin). D'autre part Word plante chaque fois que je ferme le dernier fichier ouvert sous Word (depuis que j'ai remarqué cela, j'essaie de laisser un document Word ouvert jusqu'à la fin de la journée — mais parfois j'oublie, je ferme machinalement, et Word plante), mais également quand je rouvre un des fichiers qui a fait planter Word à sa fermeture: de proche en proche, au fur à mesure des jours, c'est peu ou prou tous mes fichiers qui font planter Word à l'ouverture ou à la fermeture. J'en viens à avoir peur d'ouvrir un fichier; la clôture des comptes approche et j'ai les rapports annuels à préparer…

Il est possible que j'ai tapé un peu haut (mais je l'ai aussi fait exprès, j'avais relancé une fois par le canal normal et deux fois plus bas dans la hiérarchie), mais comme la personne a répondu au téléphone et m'a écoutée («puisque vous avez pris la peine de m'appeler…»: c'est à ce moment-là que je me suis demandé qui exactement je venais de déranger…), le soir-même j'avais un informaticien qui tentait une reconstruction de mon disque.
Le lendemain (vendredi), l'opération ayant échoué, on devait m'apporter un nouvel ordinateur entièrement reformaté. Malheureusement, le technicien "a eu des problèmes avec le téléchargement de Word".

Bref, il est venu aujourd'hui. J'ai un nouvel ordinateur. Il ne me reste qu'à demander de nouveau qu'on m'installe le logiciel Ciel compta, qui ne fait pas partie des logiciels standard. Pfff…

mercredi soir

Il a fallu à nouveau faire appel à l'informaticien qui était venu mettre à jour Ciel compta le 18 décembre: il n'a pas fait le travail jusqu'au bout et nous avons de nouveau des messages d'erreur. Ce type m'agace par sa lenteur et sa façon de ne pas prendre en compte ce qu'on lui dit; d'autre part, et c'est plus rare (et je l'avoue avec un peu d'embarras), il me répugne physiquement. Quand il a terminé et qu'il est parti, je nettoie tout derrière lui au produit désinfectant, le téléphone et le clavier.

A midi, je l'abandone pour aller ramer, me disant qu'il travaillera peut-être mieux seul, car nous nous portons réciproquement sur les nerfs.
Quatre : Thibaud, Florent, moi, Marie-Françoise. Conseil : ne pas rentrer le menton au dégagé.

Je ne suis pas allée voir la pièce de Benoît.
Nous avons eu une discussion autour de l'APB (admission post-bac), pour souligner à la fois que les prépas, c'était l'horreur, mais c'était passionnant (j'ai découvert au cours de cette discussion que la pulsion qui me faisait dire «si on me le proposait, j'y retournerais tout de suite» a disparu: sans doute grâce à mes études et à Cerisy). Je suis contente d'avoir réussi à arracher H. quelques instants à ses préoccupations pour qu'il consacre quelques minutes au cas d'O. J'ai toujours peur que nous ne nous occupions pas assez du petit dernier, qu'il se sente (qu'il soit) négligé.

Nuit blanche de H. pour le boulot (rencontre américaine demain). Cela n'était pas arrivé depuis des années (à une époque, c'était quasi son mode habituel de fonctionnement).
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