Billets qui ont '2016-03-28' comme date.

D'heure en heure

Avant sept heures, j'entends l'annonce d'une émission sur les droits de l'homme et je me dis que ce doit être Jean-Yves pour son dernier livre écrit avec Justine Lacroix, Le Procès des droits de l'homme.

A huit heures et demie à la cafétéria, deux femmes discutent devant moi: «je crois qu'il y a eu des explosions à Bruxelles, peut-être un attentat.»
Remontée au bureau j'en parle à ma collègue qui vérifie sur internet: trois bombes.

Vers deux heures H. m'appelle, découragé: «Personne ne travaille, les gens discutent autour de la machine à café. Tout à l'heure, les Mulhousiens ont voulu que j'annule la réunion de la semaine prochaine à Paris comme trop dangereuse. J'ai refusé.»
(S'il fallait s'arrêter de vivre à chaque fou… Ils sont nombreux, certes, mais… Toujours je pense aux anarchistes au début du XXe siècle. Mais eux visaient des personnalités au pouvoir, la comparaison n'est pas valable.)

Présence

J'ai terminé Poésie du gérondif. En fait, je ne comprends absolument pas comment il est possible de décrire une langue ou de l'expliquer à quelqu'un. (Nous parlions à midi d'un devoir de maths ayant consisté à décomposer le coup franc de Platini en 1978, en concluant que si Platini avait calculé tout cela, il n'aurait jamais réussi son coup de pied:eh bien pareil.)

Depuis quelques temps, une nuance m'intrigue: la différence entre «je suis ici» (spatial) et «je suis là» (ontologique?): il est possible d'être ici sans être là, et inversement. Comment expliquer cela?

Lac de Vouglans

Nous avons interverti l’ordre des sorties : ceux qui sont sortis à huit heures et demie hier sortiront à dix heures et demie aujourd’hui.
Je regarde partir Luc et Nicolas dans le brouillard avec inquiétude : ils ne sont pas très aguerris et la « sécu » (le bateau moteur) est loin, il a suivi les quatre. (Luc est condamné à ramer en double… à cause de ses grands pieds : les chaussures intégrées ne dépassent pas le 44 dans les bateaux longs. Voilà un problème qui ne se pose pas à Neuilly ou Melun). S’ils se retournent, nous les regarderons sans rien pouvoir faire. L’eau est très froide, tiendront-ils, tiendraient-ils ?

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En double avec Franck. Quelques bons moments.
Les compliments reçus au cours des mois passés ont cicatrisé mes complexes qui me rendaient si difficile de ramer en double; je ne me dis plus à chaque déséquilibre: «c’est de ma faute, je n’y arriverai jamais, pourquoi je continue, qu’est-ce qu’il doit penser de moi (etc.)» Les compliments, mais aussi la découverte que des personnes moins entraînées que moi avaient bien moins de scrupules et ne se remettaient jamais en cause (à l’aviron et ailleurs): ça suffit! (du sans-gêne et de la prétention comme outil pédagogique).

Après-midi à la nage du quatre. Cela ne se passe très bien, Franck m’a laissé cette place parce que nous avons bien ramé ce matin, mais le bateau ne me fait pas confiance. C’est très heurté.
Jacky corrige mon défaut (« Voilà pourquoi tu te tortilles. Tu ne le fais pas en double, il n’y a pas de raison de le faire en quatre » (si, il y a une raison : la peur des autres. Une timidité dévorante. Et c’est exactement cela: je me tortille): donc le pouce gauche au bout de la pelle gauche, la main droite bien descendue au dégagé.
Sans doute suis-je trop exigeante. Impossible de faire une manœuvre coordonnée, chacun n’en fait qu’à sa tête sous prétexte qu’il est inutile de se donner cette peine, il y a de place et pas de courant. Suis-je donc la seule à penser que c’est justement dans ces conditions-là qu’il faut s’entraîner pour être efficace dans les moments difficiles? (Question rhétorique: je sais que la réponse est oui. Je sais que je suis quasi la seule à aspirer à quelque chose davantage de l’ordre de la perfection que du loisir. Il est probable que j’ai tort, que je sois ridicule. Tant pis. Je sais aussi que je suis à la poursuite d’un rêve intérieur et qu’il ne faut pas abandonner trop tôt. J’ai souvent abandonné trop tôt.)
Jacky tient que le quatre est le bateau est le plus technique et le double le meilleur pour faire des progrès.

J’ai rattrapé mon sommeil en retard et ce soir je reste pour visionner les vidéos. En toute honnêteté, je ne vois pas les défauts, sauf les défauts de posture, et personne n’en a franchement. Se voir ramer est sans doute aussi désagréable que d’entendre sa voix. Se voir est désagréable (quel étrange métier qu’acteur). Dieu que je suis raide, on dirait que j’ai avalé un parapluie. Soudain je comprends ce que voulais dire Fred par « Détends-toi ».

J’ai mal au genou droit. Tendon ou ligament. Cela a commencé pendant que je ramais cet après-midi. Si je descends accroupie sur mes talons, ça ne me fait pas mal, mais si debout j’amène le talon à la fesse, c’est insupportable. Pourrai-je ramer demain ?
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