Billets qui ont '2016-09-14' comme date.

Longue journée

Un peu déprimée ce soir. Sans doute la longue journée commencée à cinq heures pour emmener Hervé gare de Lyon (Lui vient de passer dix jours de transes pour terminer un projet où tout est allé mal, dont un développeur-clé arrêté pour une rupture du tendon d'Achille — j'ai toujours peur que son cœur lâche un jour, mais je dramatise trop) et terminée par deux heures d'aviron dans la nuit qui tombe (j'en ai marre d'encadrer les débutants, vivement octobre).

La vérité c'est que je m'en veux. J'ai blessé une jeune femme qui voulait un devis pour une FIVette en lui expliquant mal à propos qu'il fallait se battre contre les exigences tarifaires des médecins.
Longtemps après son départ il flottait une odeur d'hôpital dans le bureau. Je m'en veux.

Calcul de l'acompte d'IS. Je me mélange les crayons entre les années, le premier acompte de l'année N assis sur le résultat N-2 si N-1 n'est pas encore connu, et récupération du trop payé en N-2 au titre de l'exercice N-1 sur le deuxième acompte de N… Je crois que j'ai confondu des tiers (IRPP) et des quarts (IS). (Ce n'est que la deuxième année que nous sommes assujettis à l'IS commun).

Ce soir je découvre la to-do list de Léonard de Vinci qui me fait sourire.

Je m'aperçois que ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas regardé mes fils RSS : une vingtaine de billets chez Boule de fourrure, et pour vous remettre du dégueu si cela vous affecte (parce qu'après tout, ce n'est jamais que la vie), encore et toujours le merveilleux blog de F.

J'ajoute ce blog à lire en ces temps troublés («Ma conviction qu’il faut étudier et combattre ce que nous appelions désormais le jihadisme avec les outils de l’historien (et donc avec ceux des sociologues, des géographes, des économistes, des ethnologues, des anthropologues ou des statisticiens) en est sortie confortée, tout comme celle que les commentateurs civils, en raison de leur incapacité bien compréhensible à accéder à des données intrinsèquement secrètes, ne peuvent sérieusement s’aventurer sur le terrain de l’analyse opérationnelle d’Al Qaïda et de ses alliés. Il leur reste, évidemment, quantités d’autres thèmes à explorer, car les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse, mais encore faut-il avoir la grandeur d’âme de s’y atteler au lieu de courir les plateaux.»), qui donne également des titres de livres et de films pour ceux qui aiment l'espionnage et la guerre secrète.

Dans un autre genre (complètement!), Otir. Je me demande si Aymeric connaît («parce que là où il y a deux juifs, il y aura toujours trois opinions»).

Une heure du matin. Orage. Déluge. Je me couche.

I did it again

Dîner book crossing, je présente Vingt mille lieues sous les mers.

Je suis arrivée très tard après l'aviron et je suis en face d'un "vieux" participant, qui fait plutôt partie des "jeunes" (c'est relatif) et des rares hommes. J'évite en général de me trouver à sa table car il parle fort en disant beaucoup de bêtises (de choses fausses) mais il est la coqueluche de ces dames qui boivent ses paroles.

Tout se passe très agréablement jusqu'au moment où il me demande, arrivé au dessert:
— Et comment choisissez-vous vos livres?
— Si je n'ai pas d'idée j'essaie de trouver un blog ou un site sur Google. La difficulté est de trouver les bons mots-clés.
— Ah oui, Wikipedia… et votre fils informaticien doit pouvoir vous aider…

Et là, grand circuitage dans mon cerveau. Il y a tant de choses fausses dans cette phrase que je suis totalement désorientée: Wikipedia n'est pas Google (et réciproquement); un informaticien ne sait pas mieux chercher sur Wikipedia que n'importe qui (ou si oui, ce n'est pas parce qu'il est informaticien mais parce qu'il sait chercher); et je n'ai certainement pas besoin de mon fils pour chercher, je sais sans doute mieux chercher que lui, en tout cas en littérature…, que quelqu'un de son âge avec ses responsabilités ne sache pas faire la différence entre Google et Wikipedia, qu'il semble présupposer que je ne suis pas capable de chercher seule, qu'il semble penser que pour des recherches sur la littérature il vaille mieux connaître l'informatique que la littérature…

Désarçonnée, j'ai dû répondre avec trop de conviction (je ne m'en rends pas (jamais) compte, mais sa réaction me fait penser que oui):
— Mais enfin c'est absurde, ça n'a rien à voir !
Il l'a très mal pris: "Ne me parlez pas sur ce ton".
Zut. Le but n'était pas de le vexer.

Nous nous sommes réconciliés après que le ton ait monté, lui ne comprenant pas ce que je voulais dire (dans l'utilisation d'un livre, un imprimeur n'est pas avantagé par rapport à un lecteur lambda, ai-je tenté), moi ne comprenant pas pourquoi c'était si grave que je lui dise qu'il se trompait (mais comme je le disais plus haut, personne ne contredit jamais ses assertions, alors que bon…)

Je l'aime bien, et au final ce n'est peut-être pas si grave (l'organisatrice évitera de nous mettre à la même table, j'ai honte). Mais il faut vraiment que je mette en place des réflexes de sauvegarde quand j'entends des bêtises: il faut que j'apprenne à penser automatiquement à autre chose, il faut que j'apprenne à rassurer mon cerveau qui ressent de la panique, comme si l'ensemble de la sphère de la raison se dérobait et qu'il glissait dans la folie.
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.