Billets qui ont '2019-12-28' comme date.

Ça se gâte

Il fait encore très beau. Je me suis réveillée avec une grosse douleur au genou gauche, soit l’inverse d’hier. Je n’y comprends rien, je sais seulement qu’il faut que je skie bien parallèle et qu’il faut absolument éviter de retomber en tirant sur les ligaments des genoux. Nous descendons sur l'autre versant de la montagne, ensoleillé dès le matin. Il n'y a plus vraiment besoin de m'attendre, je suis un poil plus lente mais rien de flagrant.

Nous avons fait une erreur de débutant: en quittant l’appartement C. se plaignait de ses chaussures mais nous a assuré que «ça irait» et nous n’avons pas insisté; nous sommes partis skier. Au fur à mesure de la matinée il a eu de plus en plus mal au point de ne plus vouloir skier l’après-midi. Il est de très mauvaise humeur. Je regrette vraiment de ne pas avoir insisté ce matin pour qu'il les change.

Nous sommes ressortis à trois (O., Cam et moi) pour skier avec A. sur des pistes vertes. Le temps a viré au gris. O. et Cam font les andouilles en jouant à chat avec de grands gestes (ils ont laissé leurs bâtons à l’appartement) et de grands cris (je vois certains skieurs les examiner en se demandant s’ils doivent intervenir). Je soigne mes virages (plier/alléger) et je me retiens de partir tout schuss. Nous sommes contents que A. ait eu envie de skier avec nous; elle était très réticente, elle craint toute perte de contrôle et prise de vitesse, elle examine le fonctionnement des télésièges en supputant les risques d’accident: nous devons une fière chandelle à son moniteur (le chic!) qui a su ne pas la brusquer et ne pas la laisser se braquer.

À la fermeture des pistes nous rejoignons H. et C. devant Goitschel: C. change de chaussures et reprend espoir. Nous prenons un selfie à six (ne riez pas: je le note parce que c'est le premier de ma vie) et nous allons prendre un vin chaud en brasserie. Cam et O. continuent à faire les andouilles en jouant au foot sur la table en soufflant sur une boulette de papier serviette.

La grenouille à grande bouche ne peut pas faire de selfie car elle dépasse du cadre. On lui conseille de dire «confiture».
Elle essaie de le dire «confit..., confit...»
«Marmelade!»

Le soir pendant que C. prépare la croziflette, O. et Cam testent un autre jeu amené par C.: the Mind. Je les regarde jouer sans bien comprendre, comateuse après un deuxième vin chaud pris à l'appartement.

Croziflette. Le reblochon est décevant: il ne pue pas des pieds.

Noël

Aujourd'hui il fait beau. De notre balcon, à la même heure qu'il y a trois jours:


Nous repartons tous les quatre. Cette fois-ci c'est C. qui reste derrière moi. Je prends de l'assurance et cela se passe ma foi plutôt bien. Je gagne en vitesse. Le moniteur du premier jour avait l'appellation "bleu foncé" pour certaines pistes et il est vrai que la différence entre pistes rouges et bleues n'est pas toujours très claire: plus pentues?

Je tombe à nouveau, bêtement, en descendant d'un télésiège. Je tombe à plat dos, les skis à angle droit au niveau des talons. Cela tire horriblement sur les genoux, pourvu que je ne me sois rien déchiré. Je suis intérieurement furieuse et frustrée, c'est stupide, une chute d'inattention, elle aurait été si facile à éviter. Un surveillant des télésièges m'aide car je suis incapable de remettre mes skis parallèles pour me relever. J'ai très mal au genou droit.

En fin de matinée je trouve un iPhone rose sur les pistes et les garçons passent le déjeuner à identifier la jeune fille pour tenter de le lui rendre (ce sera chose faite vers trois heures). Nous mangeons au sommet des pistes, à 2800 mètres, au soleil. Nous découvrons les montagnes invisibles depuis notre arrivée. La vue est magnifique.

Phrase du jour: «Le roller derby, c'est un sport ultra doux.»

Je skie de mieux en mieux, mais vers le soir avec la fatigue je perds le sens de la piste. Quand nous rentrons à la nuit, ni A. ni H. ne sont là: l'une est partie skier sur les pistes vertes pour tester ses nouvelles compétences (elle parle beaucoup de son moniteur. Je l'avais prévenue: la définition du chic1, c'est le moniteur de ski), l'autre est descendu boire un thé au soleil sur la place.

Un chocolat chaud m'achève: je dors une heure de tout mon long sur l'un des deux canapés de la pièce commune et l'on commentera plus tard: «c'était impressionnant, quel que soit le bruit de la discussion, ta respiration ne se modifiait pas d'un poil».


Note
1: cf Les Dingodossiers

Fragile

J'ai skié avec les grands aujourd'hui (C., O. et Cam). Il neige toujours, la visibilité est quasi nulle ce qui est presque un avantage pour moi: cela m'évite de me poser trop de questions sur la façon de négocier les bosses.

Nous avons commencé par changer mes chaussures qui m'irritaient. (Pause pub: sur les conseils d'Agnès Barthélémy1, nous avons pris nos skis chez Goitschel qui scanne les pieds en volume et s'engage à changer les chaussures aussi souvent que nécessaire durant la location.) J'étais sceptique quant à la possibilité de trouver des chaussures qui ne me feraient pas mal (je me souviens des chaussures de mon enfance), mais le miracle a eu lieu.

Je suis tombée durement le matin, à la deuxième ou troisième descente. Impossible de dire ce qui s'est passé, je n'ai eu le temps de me rendre compte de rien. Je suis tombée de tout mon poids sur l'épaule droite et la tête a porté (bougeant avec précaution après le choc en me disant «Finalement j'aurais peut-être dû prendre un casque» et «zut, pourvu que je n'ai pas de commotion cérébrale»). J'ai mis un temps infini à rechausser. La neige s'était agglomérée en paquets sous ma chaussure et je n'arrivais plus à rechausser. C. a fini par remonter la pente pour voir ce qui m'était arrivé.

Les enfants sont attentifs et me baby-sittent. Ils s'arrêtent régulièrement pour m'attendre et Cam reste souvent derrière moi afin de me ramasser si je tombe. Je suis embarrassée de les ralentir; j'éprouve une pointe de regret quand ils m'appellent "maman", j'aimerais tant, juste sur les pistes, avoir leur âge. Je pense à Alec Guinness et je souris jaune.

La journée se termine à la tombée de la nuit; les télésièges s'arrêtent à 16h30. Nous rentrons, goûtons, jouons. Mon épaule droite est très douloureuse, tous les mouvements qui éloignent le coude du corps me sont interdits, je ne peux plus enlever un pull ou porter un broc. Heureusement ça ne me gêne pas pour skier, sauf au moment de prendre les télésièges où il faut que je me souvienne de ne pas utiliser mon bras droit pour amortir l'arrivée sur les portillons. Surtout ne pas retomber sur cette épaule…

Quand nous descendrons en ville pour le réveillon nous assisterons au feu d'artifice de la station. A la demande d'H. nous prendrons une photo de famille devant le grand sapin de la place principale: chaque fois qu'il va aux USA ses interlocuteurs lui réclament une telle photo et il n'a rien à montrer.
Agnès nous a trouvé un restaurant pour le réveillon (alors que le même restaurant nous avait dit être plein) et nous passons une soirée animée, à base de fondue de légumes et de rôti de cerf.

Cadeaux de Noël: Valérian et Calvin & Hobbes.



Note
1 : un service de conciergerie était compris dans la location de l'appartement, ce dont je n'avais pas pris conscience au moment de louer.
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.