Billets qui ont '2022-04-25' comme date.

Le premier obstacle est passé

Restent les législatives.
Mélenchon est à fond, décidé à devenir premier ministre. Pourquoi pas? Deux ans pour couler la France, ensuite dissolution et nouvelles élections.
Il faut bien reconnaître que quoi qu'il arrive, ce n'est pas moi qui en souffrirai le plus.

Assesseur suppléante de onze heure à trois heures et demie. Ce n'est pas désagréable, juste agaçant d'avoir des idées pour améliorer le fonctionnement global (ne pas choisir un sourd pour entendre le numéro du votant: il vaut mieux que ce soit lui qui parle; signaler à tous les bureaux que la liste des procurations est trompeuse et comporte les procurations du premier tour, fournir une liste électorale au secrétaire qui vérifie les identités de façon à ce qu'il puisse corriger le numéro de votant sur les vieilles cartes) et ne rien pouvoir dire car les titulaires prennent cela comme des critiques et refusent toute suggestion.

Je ne sais pas comment m'occuper ensuite, thé et café à la maison avec Jérôme et Jean. Un mail à Ruth qui m'a écrit en février et s'inquiète de mon silence. J'ai de nouveau mal au ventre. Sieste. Hervé me réveille en hurlant «Hourra».

Nous devons aller fêter cela à Fontainebleau dans la voiture de Jérôme puisque nous sommes trois. Celui-ci est bloqué dans son bureau, le comptage a pris trois quart d'heure de retard car les feuilles de décomptes n'étaient pas les bonnes (scrutin de liste, pas les bons motifs de nuls… Je n'ai pas vraiment compris et je n'ai pas cherché puisque pas concernée). Décidément la mairie n'est pas douée.

Petits fours au théâtre de Fontainebleau (beaucoup de monde que je ne connais pas) puis bière au Grand Café entre militants circos 2 et 3 (c'est amusant de désormais visualiser le territoire en circonscriptions. C'est à cela que je sais que j'ai franchi une étape). On bitche, je découvre des anecdotes insoupçonnées sous des messages étranges apparus dans des boucles Telegram. Deux fois, je recrache ma bière de rire (proprement, dans mon verre).

Jérôme nous ramène à Moret, puis je raccompagne Isis dans son village au sud de Nemours. Je me couche à deux heures, la journée va être longue.

Dernière soirée

Le soir à 20h30, tournée vers l'est, St-Germain-Laval, Laval-en-Brie, Salins, avec une nouvelle recrue qui nous fait découvrir de nouveaux panneaux à affichage libre. J'en profite pour noter un futur marché de producteurs locaux le premier vendredi du mois à St Germain-Laval.

Nous retrouvons à Salins une affiche des premières semaines de campagne, vers le 10 mars.

la première et la dernière affiches de la campagne Macron


Après avoir détendu notre colle en puisant de l'eau à une pompe archaïque (force fous rires), nous collons les panneaux officiels qui ont été oubliés dans cette ville. Sur la place de la mairie, un restaurant sans carte: on y vient "à l'ardoise" pour dîner de ce que le chef propose. Il faudra essayer.

A la gare de la Grande Paroisse, mairie RN, Jérôme recolle avec plaisir une affiche anti-RN à côté d'une affiche municipale qui invite à commémorer la journée de la déportation (sachant que c'est à la Grande Paroisse qu'habite Lioret, le potentiel candidat RN aux législatives (il l'a été aux départementales)).

affiche anti-RN


St Mammès pour recoller une affiche sur la mienne collée le 19 (elle a dû durer une demie-journée, je soupçonne l'un des habitants d'une péniche en face de ne pas supporter qu'on touche à "son" panneau).

Nous rentrons. Je me sens transparente de fatigue. Cela aura été une belle campagne, nous nous sommes bien amusés.

J'ai cru que c'était oui, et puis non

Lundi je téléphone à St Antoine: le rendez-vous de jeudi (pour la seconde injection) est-il maintenu?
L'infirmière ne sait pas, ça change tous les jours, elle me promet de m'appeler au plus tard mercredi si le rendez-vous est annulé.

Je n'ai pas été appelée; c'est donc en toute confiance que je m'y présente ce matin: chic, je vais recevoir ma deuxième injection (d'eau salée, vraisemblablement: je n'ai eu aucun symptôme après la première injection, même pas une rougeur au point de la piqûre. Mais enfin, sait-on jamais).

Je me présente bâtiment A. Un feuille A4 indique sur la porte: «toutes les vaccinations Covid se font à l'UPR». Je rentre, demande à l'accueil où est l'UPR, y vais, demande où a lieu l'étude Ensemble2, personne n'est au courant, j'essaie d'appeler, personne ne répond, l'infirmière de l'accueil va se renseigner: il faut aller au bâtiment A.
Un peu agacée, je retourne au bâtiment A et sans rien demander à personne retrouve le couloir de la fois précédente. L'infirmière que je croise ne sait pas, m'emmène, téléphone, me conduit devant un bureau.
Je crois que j'ai repéré le mot qu'il faut prononcer pour être comprise plus vite la fois prochaine. C'est «protocole» (et pas test ou étude ou Ensemble2 ou Janssen ou Johnson).

Patatras, j'apprends que je ne serai pas vaccinée aujourd'hui.
— Vous auriez pu me le dire, j'ai posé une journée de congé.
La doctoresse a des papiers à me faire signer. Changement de protocole, vérifier que je suis toujours d'accord, me proposer la levée d'aveugle le jour où je recevrai la deuxième dose.
— Vous savez, je ne suis pas inquiète, je peux attendre un peu. Et puis (je ris) je suis persuadée d'avoir eu le placebo.
— Pourquoi dites-vous ça? On a des surprises lors des levées d'aveugle. L'autre jour je me suis fait insulter par une femme qui pensait avoir eu un placebo et qui était furieuse d'avoir eu le vaccin parce qu'elle ne voulait pas celui-là.
— Mais… c'est le but de l'étude, non?
— Tout le monde ne comprend pas la même chose.

Elle est très conciliante, très zen, absolument pas dans le jugement (je devrais en prendre de la graine). Nous parlons protocoles, effets secondaires. Je retranscris dans le désordre.

— Regardez l'armoire derrière vous. Elle est pleine de vaccins, rage, fièvre jaune, encéphalite japonaise… Il y a toujours des effets secondaires. Deux jours de fièvre… Mais on s'en moque! Nous, ce qui nous intéresse, c'est la durée de l'immunité. Puisque le vaccin est autorisé, on vaccinera d'une dose ceux qui ont reçu le placebo et on comparera les vaccinés deux doses aux vaccinés une dose : est-ce qu'il y a beaucoup de différences, est-ce que ça vaut la peine de mettre en place toute la logistique si une dose suffit?

— Ça fait vingt-cinq ans que je suis des patients du VIH. Au début, la plupart des médicaments qu'on utilisait n'étaient pas autorisés, en attente d'autorisation. […] Ce qui est particulier cette fois-ci, c'est que tout va très vite.

Je pose une question sur les thromboses: comment fait-on la différence entre les thromboses qui seraient arrivées quoi qu'il arrive et celles réellement dues au vaccin? Par statistique?
— Elles n'ont pas la même forme. Elles sont différentes. Les plaquettes deviennes déficitaires et s'agrègent (alors qu'habituellement les thromboses sont plutôt dues à un excès de plaquettes).

Nous parlons vaccins, malades, ressenti de la population. Je lui fais remarquer que pour la plupart d'entre nous cela reste impalpable, fantômatique, pour ceux qui ne sont pas malades, qui n'ont pas de malades autour d'eux. Alors qu'évidemment pour elle…
— Oui, nous avons une aile Covid ici.
Je lui parle de mon recruteur, le moment où j'ai été au plus proche d'une certaine réalité.
— Au premier confinement on avait une infirmière pour six lits. Aujourd'hui on en a une pour huit.
— ??
— Elles partent. Elles font autres choses. A la fin du premier confinement je me suis dit que je ne pourrais plus voir un malade. Plus personne ne dort comme un bébé. On fait des insomnies. On fait tous des cauchemars.

Nous aurions sans doute continué toute la matinée. Quelqu'un l'a appelée pour lui dire qu'elle prenait du retard et nous nous sommes quittées un peu vite.

*****


L'après-midi aviron. Très beau bassin à Thomery, beaucoup de vent au retour.
Photo après la sortie dans le respect des gestes barrières.



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