Billets qui ont 'argent' comme mot-clé.

Morale en acte

Quatre sans avec Jérôme, le grand fan de pointe. Je ne pensais pas que Vincent nous laisserait sortir ce bateau un jour.

C. dîne avec nous au Temps des cerises. Il se pose un dilemme moral: il n'écrit pas à sa grand-mère, il ne répond pas à ses sms, il n'en a pas envie, ils sont en froid. Mais il sait qu'il le devrait, à lui cela ne demanderait pas un gros effort, à elle cela ferait plaisir. Mais il ne veut pas être hypocrite. Il est choqué par sa cousine, qui elle répond, écrit, visite, parce que, lui a-t-elle avoué sans remords, cinquante euros valait bien quelques concessions.

— Elle écrit juste parce que ça lui fait de l'argent, mais mamie est heureuse. Est-ce que ça vaut mieux? Qu'est-ce qui vaut mieux?

Perrette

Ce matin j'ai déposé un chèque de cinquante mille euros sur mon compte courant. C'est un don de mes parents qui ont vendu la maison achetée peu avant la mort de mon grand-père, dans l'idée d'y accueillir ma grand-mère veuve ou mes tantes.
Mais ces projets n'ont jamais pris corps et ma sœur et moi en récoltons les fruits aujourd'hui.

Durant les derniers semaines j'ai récupéré les identifiants et les mots de passe des différents des différents comptes en banque et livrets, je me renseigne sur l'épargne salariale. Je rêve de ce qu'il vaêtre possible de faire pour la maison.
Mais déjà payer les études de A. sans avoir besoin de planifier prudemment tout au long de l'année.

Cahuzac ou Depardieu ?

Finalement, qui est répréhensible? La grande geule ou le fraudeur?

Je suis en train de constater avec dépit que l'argent gagné en plus ne nous rendra pas beaucoup plus riches. Enfin, justement, je n'avais pas du tout l'intention de devenir riche, je voulais dépenser, je me faisais une joie à l'idée de dépenser, de pouvoir entretenir la maison, changer les fenêtres, repeindre la façade, rien de franchement mégalo, rien que du très ordinaire. Mais avec le nombre de parts qui diminue (les enfants grandissent) et les études de ceux-ci, il va falloir une fois de plus remettre cela à plus tard. Tant pis. Mais je suis déçue, j'y ai cru un instant.

Le paradoxe, c'est que la façon la plus simple pour un citoyen ordinaire de défiscaliser ses revenus, c'est (pour le moment) de les placer en assurance-vie: argent bloqué huit ans. Quand je pense que je compare l'argent au sang de l'économie, que je suis persuadée qu'il faut qu'il circule, que c'est la stase qui fait la stagnation…

Opulence

J'ose à peine l'écrire (superstition), mais pour la première fois depuis que j'ai vingt ans, nous avons assez d'argent chaque mois pour que je ne vive plus dans l'inquiétude (comprenons-nous: inquiétude née de la conscience que le moindre imprévu, panne de la chaudière ou accident de voiture, nous plongerait dans les dettes. Manque d'argent suffisant il y a deux ou trois ans pour repousser les achats de vêtements. Je n'ai compris ce que cela avait représenté pour les enfants que lorsque le plus jeune a constaté avec satisfaction l'année dernière: «On voit que nous avons de l'argent, quand il y a besoin d'un jean, on l'achète». Grande honte ou petite, je vous assure, à entendre ça (Et pendant ce temps, 2008 ou 2009, Venise ou Cerisy. Oui oui oui: engagements pris avant, réservations un an ou plus à l'avance. Inquiétude)).

Fin de l'inquiétude, j'espère pour quelques mois au moins, c'est si reposant et libératoire.

Les essais de Michel de Montaigne

Vendredi (hier), quai de la ligne 1 à La Défense.

C'était un vieux livre de poche à la tranche verte. Comme il était couvert d'un papier blanc, il m'a fallu m'approcher pour lire le titre en haut de page, qui était indiqué exactement ainsi: Les Essais de Michel de Montaigne.



Moyen-Âge

Il a plus de 7000 euros sur son compte. Je suis à moins 1600 sur le compte joint et mon compte en propre. Quand je demande une participation aux frais du ménage, j'obtiens la réponse suivante : «Mais ton salaire ne suffit pas? Montre-moi les comptes!» J'attends mon intéressement pour rembourser la réserve puis j'arrête de verser quoi que ce soit sur le compte joint.

Semaine 21

  • Lundi 19 mai 2008
Paul Rivière m'a invité à l'Ambassade d'Irlande pour la parution d'un livre sur John Law publié par un neveu. Puis dîner avec Claude X (de la BNF) et Paul.
On me recommandre chaleureusement l'exposition Marie-Antoinette, apparemment très émouvante. J'apprends que le roi et la reine portaient le deuil de leur fils aîné quand éclata la Révolution.
  • Mardi
Impeccable: désormais les enfants préparent le dîner. H. est déjà parti quand je rentre à 20 heures; je repars une demi-heure plus tard après avoir avalé deux Knacki Herta (l'inventeur de la Knaki est un bienfaiteur de l'humanité).
  • Mercredi
Repas "littéraire" (réunion d'anciens élèves de tous âges pour un book-crossing autour d'un thème. Inévitable ce soir-là: 1968. J'en ai profité pour lire les deux Arendt publiés cette année-là en France, ''La crise de la culture'' et ''Vies politiques'', titres qui m'ont paru particulièrement révélateurs de l'atmosphère de l'époque (étant entendu qu'un livre paru en 1968 date d'avant 1968)).
  • Jeudi
«L'impressionnisme est le mouvement le plus connu en France à cause des boîtes de chocolat. Il faudrait faire campagne pour qu'on mette Jasper Jones sur les couvercles de boîtes de chocolat; les Français découvriraient enfin l'art contemporain. (Picasso, ça va un peu mieux depuis la Xsara Picasso).»
  • Vendredi
Librairie or not librairie? (fonds de commerce à acheter dans le 5e à deux pas de la Sorbonne) C'est tentant, mais je me demande bien avec quel argent. D'un autre côté, en janvier, mon horoscope me promettait de grands bouleversements cette année. On est déjà fin mai et je ne vois rien venir.
  • Samedi
A défaut de beurrer des sandwiches, j'aurai enfilé des chamallows sur des brochettes (et réussi à en manger deux).
  • Dimanche
J'ai passé le week-end avec cinq blackettes qui m'ont appris un peu de vocabulaire «Comment qu'è t'as r'calée!» (— Ça veut dire quoi, recalé? — Ça vous choque qu'on parle comme ça, Madame? — Pas spécialement tant qu'y a pas de gros mots. J'enrichis mon vocabulaire. Alors, ça veut dire quoi? — Repoussé, elle a voulu l'embrasser, l'autre l'a repoussée. (Je raconte l'anecdote à C. qui traduit (le vocabulaire est très régionalisé): — ah oui, elle lui a mis un vent.)

Dieu est grand, nous sommes passés entre les gouttes.
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