Billets qui ont 'homophobie' comme mot-clé.

Sacrée Hélène

La cliente qui était morte a rappelé aujourd'hui.

Une chose en en entraînant une autre, elle me raconte : « Oui alors, j'ai soixante-dix huit ans […], je suis en train de racheter un terrain, parce, que vous comprenez, ils veulent démolir la forge et moi je veux la sauver ; y'avait un nouveau, là, au conseil de quartier, je ne sais pas d'où il venait, il commence avec des propos homophobes, alors moi je lui ai dit tout net : « Monsieur, je ne vois pas en quoi ce qui entre dans leur cul vous fait mal aux dents ». Ils m'ont tous regardée, mais moi j'en ai rien à faire. […] »

Samedi

TG sur Kant dans la matinée. Sur quoi fonder les vérités transcendantales?

En attendant H., je passe à la Procure. Je finis par avoir honte de tous les livres que j'achète et me dépêche de payer avant qu'il n'arrive.

- Jean-Claude Michéa, Les mystères de la gauche. J'aime bien Michéa depuis son livre sur Orwell.
- Judith Butler, Qu'est-ce qu'une vie bonne?
- Charles Taylor, Les sources du moi, pour la dissert de philo, en remerciant Compagnon qui me l'a fait connaître.
- Emmanuel Lévinas, Difficile liberté. Parce que lorsqu'on a un prof lévinassien, il faut au moins citer Lévinas en conclusion, même s'il ne l'a pas donné dans la bibliographie.

Je retourne voir Dallas Buyers Club avec H. qui veut le voir.
— Dieu, aide-moi.
— Mais Il t'aide. J'ai le Sida, papa.
Plus frappée encore que la première fois par l'illogisme absolu qui consiste d'interdire à des gens condamnés à court terme de prendre des médicaments au prétexte que ceux-ci sont mauvais pour leur santé!

Encore une robe. Pas celle que je préférais au niveau couleur, mais la mieux au niveau forme. Or il faut toujours choisir la forme.

Affaire Vanneste

Rendez-vous à la librairie allemande. Ajourni, Harry Potter tome 2, un livre sur les verbes, un autre sur les mots du monde moderne (les jeunes sont appelés "génération pratique", c'est amusant cet écart avec nos analyses françaises). Comment devenir allemand, écrit par un Anglais. Décidément, même sans colonie, les Anglais continuent d'adorer ne pas être chez eux et écrire sur le monde.

J'avais posé une journée de congé pour aller au tribunal («— Tu sais quelle chambre c'est? — La même que d'habitude, celle de Flaubert ou Baudelaire.» Et je m'émerveille de tant de constance à travers les années.)

Nous avons pris un café dans l'un des cafés les mieux protégés de la capitale,…





…tant et si bien que nous avons failli ne pas pouvoir entrer dans la salle — comble, mais avec un peu d'obstination nous avons pu nous y installer, pour découvrir que la première affaire jugée était une plainte contre les propos de Vanneste.
(Le début de l'audience a été pertubé par un incident à la fois comique et désagréable, assez confus pour l'assistance: apparemment il n'y avait pas de partie civile dans cette plainte, mais au dernier moment un homme a voulu que son association soit reconnue partie civile alors qu'il n'avait pas respecté les règles et délais pour ce faire, il a fini par être emmené hors de la salle par des policiers tandis que la présidente lui disait: «Ce sont les mêmes règles qu'hier, vous n'allez pas interrompre le tribunal tous les jours», à quoi l'homme a répondu quelque chose qui accusait la juiverie internationale de l'empêcher de parler: qu'est-ce que ce singe?)

A suivi l'exposé des faits reprochés à Vanneste, avec projection d'une vidéo sur Youtube.
Franchement, j'ose le dire parce que j'espère être à l'abri de toute accusation d'indulgence envers les homophobes, cette accusation ne tient pas la route. Je crois que le combat de certains homosexuels finit par ressembler au combat de certaines féministes: à protester contre tout et n'importe quoi, il perd de sa force, de son impact, il émousse notre capacité de mobilisation pour les vraies causes, en tout premier lieu celles qui mettent en jeu la violence physique.

Pour résumer à peu près, Vanneste a donné une interview (ou fait une déclaration?) sur une chaîne Youtube (je crois) disant à peu près que les homosexuels sont narcissiques, qu'ils n'ont pas d'enfants et un double revenu (dinkies, double income no kids) ce qui les amènent à progresser vite dans les organigrammes, d'où leur omniprésence médiatique et politique, ce qui leur permet d'influencer (sournoisement?) la pensée du public. Or les citoyens ont besoin de dirigeants politiques qui leur ressemblent et qui aient les mêmes problèmes qu'eux (sous-entendu, pas d'homos riches sans enfants et sans problème).

Entendre cela dans une salle de tribunal, avec tout le décorum, le silence, la mise en scène, adéquats, ne fait que faire ressortir davantage le ridicule des propos. Porter plainte contre ça? Mais cela mérite un éclat de rire! D'ailleurs l'avocat lui-même a commencé par dire qu'il connaissait des hétéros très narcissiques (ou citait-il Anatrella? je ne sais plus). Et amenez-moi un dirigeant politique hétéro ayant les mêmes problèmes que moi! Quand on sait la tête qu'ils font dans le métro, quand je pense à Ségolène Royal rallongeant avec un mois de préavis les vacances de la Toussaint, bousculant ainsi l'équilibre de familles ayant soigneusement calculé comment faire garder les enfants pendant les vacances…

Incitation à la haine contre les homosexuels? Non, je ne le crois pas. Ceux qui haïssent les homos n'ont pas besoin de ça, c'est déjà trop raffiné, les autres vont juste secouer la tête, rire ou hausser les épaules. (Et aujourd'hui, dire qu'il n'y a qu'à donner la GPA aux homos, comme ça ils auront des enfants, problem solved, Vanneste sera content!)

Enfin bref.
Nous étions au tribunal pour assister au procès de RC, je mettrai un lien quand j'aurai écrit quelques mots sur le sujet. En attendant il y a le compte rendu de L'Express, qui rend bien compte de l'ambiance dans la salle.


(Pour info, la buvette a fermé en avril 2014.)

Matin

Matinée de TG sur Genèse 1-3. Que de passions et d'emportements.

Je reste stupéfaite de découvrir que dans ce texte pourtant assez court, beaucoup de versets sont comme oubliés, occultés, dans l'imaginaire collectif: le repos du sabbat a fait passer au second plan la description d'un monde végétalien, il y a deux arbres dans l'Eden, un arbre de la connaissance et un arbre de vie (j'avais toujours pensé que c'était le même), etc., etc.

Nous finissons inévitablement par buter sur la question de la liberté et je me dis avec amusement que le péché originel, après avoir été honni pendant des siècles, est en passe d'être accueilli comme le don de la liberté: sacré XXe siècle, il aura vraiment tout retourné!

Sur le chemin du retour je prends un Vélib; de Bastille au pont d'Austerlitz dans les jardins du bord de Seine rive gauche selon mon itinéraire favori je croise le début de la manif pour tous. Je suis à deux doigts de crier aux enfants que je vois «Si on veut vous mettre devant, refusez, n'y allez pas!», mais je me retiens.

Je veux essayer de tenir un Véhesse "léger", parce qu'après tout, il est tout de même rare que je n'ai pas lu chaque jour quelques lignes de quelque chose: pas un jour sans une ligne lue, c'est ce qui pourrait s'approcher le plus de la vérité me concernant. Et je n'ai pas vraiment le temps de tenir un Véhesse "lourd", et puis je crois que cela me gonfle, je parviens à m'ennuyer moi-même.

Les conséquences de la manif pour tous

Mes beaux-parents sont arrivés trois quart d'heure en retard au restaurant pour fêter les 70 ans de ma belle-mère en famille.


(Tout cela me fait penser à une phrase de Michel Evdokimov lors d'un colloque sur "la réception de Vatican II, cinquante ans après". Parlant du schisme avec l'Eglise orthodoxe, il a dit la voix pleine de regrets: «le schisme a provoqué la rupture du lien de charité. Nous avons commencé par nous détester, puis nous avons justifié cette détestation par des arguments théologiques. Il faut retrouver l'amour.»
Mille ans environ pour arriver à ces paroles. En voyant la "manif pour tous", je ne peux que songer à cela: nous sommes en train de rompre (ou l'Eglise a d'ores et déjà rompu) le lien de charité.

Quelques réflexions

J'ai un peu hésité, mais finalement je vous donne le lien vers mes notes de ces trois jours.

La nature de mon hésitation est de plusieurs ordres. Le premier et le plus bête, au sens de primaire, naïf, spontané, est la peur de transformer ce blog-ci en blog de grenouille de bénitier, ou tout au moins d'en donner l'impression (parler publiquement de foi est un peu mon coming-out, dans la plupart des milieux que je fréquente, y compris ma famille, c'est au mieux une bizarrerie, au pire le signe d'une stupidité avérée (ou encore "une aliénation", selon d'autres)).

Le deuxième est plus compliqué. J'aime ces colloques. J'y rencontre dans un espace restreint une concentration d'intelligence et de savoir comme je n'aurais jamais rêvé qu'il en existât, dans une atmosphère exaltante qui ne respire jamais l'ennui. (C'est en fait bien plus exaltant que les colloques en littérature ou en philosophie: est-ce parce que cela aborde des domaines que j'ignore totalement; est-ce dû à la personnalité des intervenants, qui ne se battent pas pour une chaire universitaire (ou tout au moins pas principalement, puisqu'ils sont pour la plupart prêtres, moines, religieuses); est-ce dû à leur foi, comme je n'ose pas l'écrire; ou encore parce que par nature de nombreux domaines sont touchés en un seul mouvement, histoire, linguistique, philosophie, théologie?)
Et la question qui insiste discrètement au fond de mon crâne, c'est: mais quel rapport entre toute cette intelligence, toute cette recherche, et la foi? Ne s'agit-il pas de purs exercices, dans un but épicurien ("se faire plaisir") ou défensif (prouver aux non-croyants qu'un croyant n'est pas juste un imbécile qui a abandonné tout sens critique)?

La dernière question qui me taraude est: comment font-ils? Comment font-ils, de nombreux d'entre eux, pour planer ainsi et retourner le lendemain en paroisse? Comment font-ils, mais je connais la réponse, ils sont entrés dans les ordres pour servir, c'est une affaire d'humilité. Mais tout de même…
Et dans la même question, parce que ce n'est pas une question différente pour moi, car elle touche à la personnalité de ces personnes: sont-ce vraiment les mêmes, les mêmes catholiques, qui vont défiler contre les homosexuels? Comment est-ce possible, après avoir été immergés dans les Evangiles comme ils le sont?

(Je dis bien contre les homosexuels, et non contre le mariage homo. Au début je pensais que les homos étaient un peu parano, que ce n'était pas contre eux que les gens défilaient, mais simplement parce qu'ils pensaient que la reproduction étant sexuée, il était logique que les couples qui se marient soient hétéro (et il me semble possible de penser cela sans être homophobe). Mais plus le temps passe, plus je lis des réactions (le troll chez Matoo (c'est important, parce que concernant les autres témoignages, il est toujours possible de se dire que les journalistes les ont choisis: là, il s'agit d'un troll "naturel", venu de lui-même), et plus il faut se rendre à l'évidence, il s'agit bien d'homophobie. Et je vois revenir l'assocoiation homosexualité/pédophilie qui m'effare, me navre et me met en rage. A ce compte-là, nous ne devrions jamais confier nos filles à des professeurs masculins.)

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