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Le mariage le plus attendu et le plus inattendu de l'année

Inattendu… En fait je n'en sais rien, peut-être que l'entourage avait senti des frémissements. C'est un retour aux fondamentaux, la protection de la famille et du patrimoine (le mariage d'amûûûrrr date d'un siècle, peut-être moins).
J'apprends que le texte lu à la mairie a changé, qu'on parle désormais de violences psychologiques et physiques. Mazette, nous nous éloignons (enfin) de saint Paul.

Parc Montsouris. Je suis venue pour le plaisir de voir des gens heureux, des gens qui comptent pour moi même si nous nous connaissons peu et avons peu d'opinions communes. De l'humour, la volonté de s'entraider et la capacité à parler d'autre chose que des sujets qui fâchent suffisent à vivre ensemble, ou tout au moins à se lire et à se rencontrer de temps en temps.

Comme prévu je ne connais pas grand monde à part Gilda et les mariés. Je découvre IRL trois blogueurs, Orpheus, Satmandi et Noé cendrier. Je reconnais Padawan (en train de raconter une anecdote, «Moi je suis monsieur "ah mais en fait, quand on te connaît, t'es sympa») et Sacrip'Anne, déjà vus en photo ou en visio. Archéologie, cela fait quinze ans, seize ans que je les ai lus? je confonds un peu les histoires, je me souviens mais je mélange, Fuligineuse, Virgile, Tarvalanion, il y avait un pompier à Toulouse, je n'ose pas poser de questions car je ne sais pas qui est ami de qui, tout cela est trop loin maintenant.

Je déguste les célèbres maamouls: plaisir d'expérimenter la légende.

Durant une semaine la météo a prévu des orages pour aujourd'hui, mais il fait magnifiquement beau. Des gens très organisés ont amené d'énormes poufs (qu'on gonfle en de grands mouvements de bras, m'a-t-on dit) qui donnent le mal de mer (il faut de la cohésion pour s'assoir dessus à deux ou trois) et ravissent les enfants. Il y a des chips, des tourtes, des tartes. Les gens prennent des nouvelles, pour certains cela fait dix ou quinze ans qu'ils ne se sont pas vus. Les plaids et poufs se déplacent au fur à mesure que tourne le soleil, la pelouse est verte et soyeuse, les arbres majestueux. Satmandi nous raconte une histoire de harcèlement (et le peu de mesures prises), la dernière année avant la retraite est difficile. Les conversations tournent autour des projets immobiliers, Le Guillevinec en tête (le Godrick's Hollow des blogueurs).

Je rentre. C'est difficile de se dire que demain il faut y retourner. Photo de pieds car l'un des participants ne veut pas apparaître sur internet.

mariage Anne et Franck. Parc Monsouris. Des pieds


N'oublions pas la page de pub: les livres de Sylvie Lassalle, amie de la mariée.

Le bonheur du jour

Les blogueurs historiques convolent.

Mais que cela fait plaisir. Je les lis depuis si longtemps, ils font partie de mon univers alors que je les connais si peu (ou très bien, mais pas — si vous comprenez ce que je veux dire), c'est comme si Yoko Tsuno épousait Lucky Luke.

Et dans ta face (dans vos faces), tous les rageux qui m'expliquent que les écrans/internet c'est le mal, et qu'eux, ils préfèrent la vraie vie.

Cocktail entre amies

Ayant désormais abandonné l'idée de fêter un jour nos noces de perle, il ne nous reste plus qu'à boire les arrhes que nous avions versées. Nous avons donc prévu d'inviter nos amis par petits groupes.
Le premier était les rameuses du huit mais toutes n'ont pas pu se libérer. Nous étions donc quatre ce soir pour un cours de cocktail, dont j'ai retenu qu'il faut deux doses d'alcool pour une dose de sucre et une d'acidité. Un mojito n'est jamais qu'un daïkiri allongé d'eau gazeuse. (Je goûterais bien un daïkiri).

Concours de préparation de cocktails, gagné haut la main par Clarisse et Caroline.



Nous avons ri et papoté. La fille de Caroline a eu le covid récemment et Caroline m'a donné une adresse pour O. qui n'arrive pas à se faire tester. Anne qui a une grande famille bretonne nous a raconté des mariages hallucinants: «mais la belle-famille n'avait pas assez d'argent et nous étions trois cents. Or la tente ne contenait que cent cinquante places, nous avons donc joué aux chaises musicales entre chaque plat…»

Chose appréciable et curieuse, ces cocktails ne donnent pas mal à la tête. Sans doute une question d'équilibre.

Caramba encore raté

Une série de limitations annoncées ce soir : les bars fermés à partir de dix heures, pas de groupes de plus de dix personnes, plus de réunions publiques (qu'est-ce que c'est?), les clubs de sport fermés dans la petite couronne, les employeurs invités à favoriser le télétravail au maximum…

Qu'est-ce qui va s'appliquer et comment ? le grec de demain soir, ça sera OK puisque les mesures prennent effet à partir de samedi ou dimanche, mais ensuite? les championnats de France d'aviron vétéran qui ont lieu ce week-end (pas pour moi!) auront-ils lieu? Et la coupe des dames à Angers le 18 octobre? Et ma salle de sport en Essonne, concernée ou pas? (normalement non). Et le témoignage sur la rédaction de mémoire que je devais apporter samedi devant une vingtaine d'élèves de huitième année pour dédramatiser, maintenu ou pas?

Il est trop tôt pour avoir des réponses, mais cela va venir vite.

Nous étions en train de réfléchir à la façon d'organiser nos trente ans de mariage éternellement remis. Nous aurions dû le faire en septembre, nous avons trop attendu.

Ce soir c'était la rentrée de JRS France. Je n'y suis pas allée. Je n'ai plus envie d'avoir des contraintes. Je me sens égoïste. Et il faut vraiment que je me concentre sur le fait de changer de boulot.

Trente ans

— Put***, trente ans ! Tu te rends compte ?
— Non, pas vraiment.
Rires.
— A vrai dire, moi non plus.




Quand j'avais évoqué en janvier l'idée de réunir quelques potes pour fêter l'occasion, H. avait grommelé:
— Mais pourquoi tu veux fêter ça? Juste pour qu'on constate que nous sommes tous devenus des vieux kroums?
— Parce que ça fait un prétexte pour se voir, parce qu'il faut fêter ce qui est accompli et que nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve : il faut saisir le présent et se réjouir maintenant, sans attendre.
(Ça sonne un peu pompeux mais de temps en temps je suis obligée de dire ce que je pense vraiment: j'ai remarqué que c'était le meilleur moyen de le convaincre.)

Mazette. C'était prémonitoire, j'aurais dû insister pour le fêter en janvier!

Les attestants

J'arrive un peu en avance en cours d'allemand. Nous attendons dans le couloir. Cela fait trois ou quatre ans que nous suivons les mêmes cours, nous nous connaissons mal (jamais le temps de discuter) mais nous avons échangé de nombreux sourires (nous avons tant de bonne volonté à échanger pour nous excuser de nous être étripés il y a cinq cents ans). Je ne sais pas très bien ce qu'ils font, ce sont sans doute des retraités, l'un d'entre eux recommence l'hébreu.

J'en profite pour essayer d'étoffer ma bibliographie œcuménique :
— J'essaie de comprendre comment les protestants et les catholiques arrivent à des conclusions aussi différentes sur la famille à partir des mêmes textes. Vous auriez des livres à me conseiller sur le sujet?
— Tu veux dire sur la PMA1?
— Pas seulement : sur le mariage, le divorce, la contraception…
Ils se regardent, étonnés:
— La contraception… ça n'a jamais été un sujet… On est bien content que l'esclavage ait disparu… (Larges sourires.)
— Et le mariage homosexuel?
Ils se regardent:
— La bénédiction a été autorisée par le synode de Sète… mais certaines paroisses refusent la bénédiction des couples homosexuels… On les appelle les attestants. La paroisse du Marais est attestante.
(Je suis partagée entre surprise et envie de rire: pas de bol.)


Un lien pour ceux qui voudraient des références théologiques (attention, la bibliographie de fin de page mélange catholiques et protestants).



Note
1: Note pour les lecteurs dans cinq ou dix ans (y compris moi-même) : c'est le sujet brûlant du jour.

La forme des librairies change plus vite que notre cœur

Passé devant la maison du whisky rue d'Anjou. Ses locaux ont absorbé les éditions Diane de Selliers qui avaient repris les locaux utilisés en devanture par la librairie Madeleine.

Plus tard je vais à WH Smith dans l'espoir d'y trouver un tee-shirt du mariage royal. Las, rien si ce n'est une ou deux tasses très peu visibles.
Depuis combien de temps ne suis-je pas venue ici? A l'étage la grande pièce consacrée à l'histoire est devenue salon de thé. Dans la salle précédente on trouve des goodies (idiome familial) StarWars (décapsuleur, trousse, etc (et toujours cette surprenante popularité des stormtroopers)), des casquettes et des cravates claniques. Au rez de chaussée les livres d'histoire tiennent sur un seul mur, les policiers ne présentent plus de Reginald Hill.



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Dominique m'a demandé comment se passaient mes pendulations. Je reprends quelques notations.

Matin : lever 6h30, départ 7h avec O sans déjeuner, RER A 7h30, arrivée à Nanterre Préfecture à 8h30. Je monte vérifier que mon ordinateur est là et je redescends pour prendre le petit déjeuner avec C. (RV de travail).
Soir : départ 16h50 de Nanterre Préfecture pour Auber. RV au siège à 17h30. Ladurée, WH Smith puis ligne 1 Concorde jusqu'aux Halles. RER A. Arrivée à Boissy à 20h. Une demi-heure pour rentrer en voiture (décapotée malgré la menace d'orage).

Trois mariages

Ici et là certains se sont plaints de ne pouvoir échapper au mariage royal anglais, d'autres ont écrit qu'ils allaient "tenter d'y échapper".
Pour mes enfants, aucun problème.

Moi : Tu as vu le mariage d'Harry et Meghan ?
Ma fille : Harry? Quel Harry ?

Deuxième tentative, auprès de mon fils qui rentre des championnats de LoL au Zénith:
Moi : Harry et Meghan se sont mariés.
Mon fils : Harry ? Harry Potter ?

Bon bon. Je suis incomprise. (Mais oui c'est important. La belle-mère est noire. C'est fantastique. Cela aurait-il été possible avant Obama?) Les plus belles photos ici.



Mais le plus important, vraiment important, c'est que Sheldon et Amy se sont mariés. Le 10 mai, ma TL n'est vraiment pas à la hauteur, personne ne m'a prévenue.
— Et devine qui les a mariés ?
— …
— Luke Skywalker !!
(La fille de Mark Hamill fait partie des invités).



(On peut ajouter le mariage de Jean Dujardin. Le jour du mariage royal pour avoir la paix. Génie.)

Un mail de ma soeur

Bonjour,
je reviens de quelques jours à Blois.
Je te cite maman (je n'ai rien dit, on était dans la cave à chercher des flûtes à champagne) :
«J'espère qu'il ne vous viendra pas à l'idée de faire une fête pour nos 50 ans de mariage. Je veux bien avec mes enfants et petits-enfants, mais il n'est pas question qu'il y ait xxx. Il m'a gâché le jour de mon mariage, je ne veux pas qu'il soit là».

Du coup, quitte à faire quelque chose ne faudrait-il pas mieux de changer de date et de faire quelque chose à l'anniversaire de papa par exemple?
Si maman part en vrille ça va gâcher la journée de tout le monde et de papa en particulier.
Bise
Je lui ai répondu que c'était trop tard, le château était réservé; de ne pas s'en faire, que je prenais la responsabilité de tout. Qu'elle arrête d'y penser.

Divorce

A-C m'appelle dans le RER. Elle divorce. Son aîné à dix-sept ans demain. Elle s'est mariée en juin 2014, le même mois que Matoo, après vingt ans de vie commune.
Comme une idiote, ce qui m'a échappé quand elle m'a dit cela (après un quart d'heure de conversation professionnelle, après que je lui ai raconté la folie de B. (elle appelait aussi pour s'excuser de ne pas avoir fait signe pour mon anniversaire (puisque nous avons une semaine d'écart et que je lui avais envoyé des fleurs, je suppose))), c'est: «déjà!».
Elle a éclaté de rire. Qu'a-t-elle compris? Je ne voulais pas dire que je pensais ce mariage condamné — ils avaient traversé de telles tempêtes, enfant anormal, enfant non désiré, adultère — que je le considérais solide: l'alliance avait été soumise à rude épreuve et avait résisté; mais plutôt que le mariage est une expérience terriblement difficile.
Je lui en veux à la fois de ne pas être plus résistante (je leur en veux de ne pas être plus résistants) et d'autre part je l'envie imperceptiblement, je sais quelle liberté elle s'ouvre, je la lui envie et je lui en veux de ne pas comprendre que c'est justement à cela qu'il faut apprendre à renoncer — au nom de quoi? je ne sais répondre et pour le peu que je saurais je n'ose.
Je songe à cet "amour" toujours brandi dans les textes et les exhortations: dans mon expérience, l'amour dans les familles ou entre amis, c'est surtout de l'obstination et de l'exaspération, de la persévérance malgré l'exaspération.

Législation sociale et sacrement du mariage

Aucun rapport entre les deux, si ce n'est que ce sont les deux extrémités de ma journée.

Matinée dans un cabinet d'avocat à écouter de la jurisprudence sociale et des statistiques socio-médicales. Je n'ai pas le courage ni à vrai dire la mémoire de vous en faire la relation sans mes notes. Retenons deux choses:
- la "loi travail" qui a provoqué tant d'agitations ne va changer grand chose, si ce n'est compliquer quelques mécanismes qui fonctionnaient sans cela (et le bouleversement de la hiérarchie des normes est une vieille lune: il en est ainsi depuis les lois Auroux de 1981 (rédigées par Martine Aubry));
-il existe pour l'instant deux niveaux de remboursement des médecins selon qu'ils ont signé un contrat d'accès aux soins (CAS) ou pas, demain, il y en aura quatre (selon les spécialistes, le CAS étant remplacé par l'OPTAM).
Si vous n'y comprenez (comprendrez) rien, c'est normal. Ce n'est pas fait pour : c'est "bienveillant", comme dirait H. (c'est réellement pensé pour améliorer la rémunération des praticiens en fonction de la complexité des consultations, pour diminuer les dépassements et protéger les patients), mais les montages sont compliqués car ils tiennent compte de trop de paramètres.

Remarque d'un juriste qui m'a fait rire : «Pour réformer le droit du travail, il faudrait commencer par ne rien changer, pour ne pas mettre tout le monde dans la rue. Ensuite, on stabilobosserait un certain nombre de lignes qui deviendraient des dispositions de droit commun (selon qu'on est de droite ou de gauche on en stabilobosserait plus ou moins). Tout ce qui ne serait pas stabilobossé pourrait être modifié.»

Sacrement du mariage le soir. Héritages multiples de St Augustin (le mariage pour protéger du péché originel contenu dans l'acte de procréer et dans la procréation elle-même) et des canonistes (le mariage, contrat né du consentement des parties (pas forcément les époux…)), récupérés par les théologiens qui ont sacralisé ce contrat tout en mettant en valeur l'analogie union Christ-Eglise, union homme-femme (Ephésiens 5, mais ce n'était pas ce que visait saint Paul).
Quelques questions de fond, aucune théorie unifiée et des divergences entre les théologiens. Un cours tragi-comique: amusant par son contenu, désolant quand on songe aux conséquences existentielles de ces définitions dogmatiques.

Anecdote : à 38 ans, La Pérouse qui avait déjà mené plusieurs campagne militaire n'a pas pu épouser celle qu'il voulait car son père refusait son consentement. La Pérouse a dû passer par l'acte juridique de l'émancipation.
(voir le récit de Balzac La Vendetta et l'introduction en Pléiade).

Marseille

Rendez-vous au club, petit déjeuner. JP m'a apporté la casquette longtemps désirée.

Château d'If, îles du Frioul, baie des singes. Temps idéal, soleil et brise pour la fraîcheur. Cours de rame contre la vague, "en mer le chemin le plus rapide n'est pas le plus court".
Déjeuner au club du Prado. Un tour dans le vieux port, pour le plaisir. Sortie de vingt-huit kilomètres au total.

Pastis avec JP, papotages et ragotages. J'apprends avec stupéfaction que mes compagnes du Jura ont plutôt quarante-cinq ans que trente à trente-cinq ans; avec leurs airs de midinettes dragueuses je n'y aurais jamais cru.
— Oui, elles cherchent le mec.
— Ça j'avais compris! Mais pourquoi elles ne le trouvent pas? B, par exemple, elle est jolie, sympa, intelligente: pourquoi elle ne trouve pas? (Je n'ajoute pas que j'aurais plutôt imaginé les mecs se battre pour elle qu'elle soit obligée de draguer… Mais connaître leur âge change l'angle de vue. Je passe de l'impression "je suis hors jeu, normal elles sont jeunes" à l'impression "elles en sont encore là? les pauvres" (bonjour les préjugés!! je suis nulle. Mais bon.))
— Elle est trop exigeante. Les filles cherchent le mec parfait.
Bon. Peut-être. C'est toujours la même chose, personne ne sait jamais exactement de quoi il est en train de parler: de passer une vie ou quelques semaines avec quelqu'un? Mais le sait-on jamais à l'avance?

Et je pense aux réflexions de Paula Becker sur le mariage à transposer à la vie en couple aujourd'hui:
«[…] L'expérience m'a enseigné que le mariage ne rend pas heureuse. Il ôte l'illusion d'une âme sœur, croyance qui occupait jusque-là tout l'espace. Dans le mariage, le sentiment d'incompréhension redouble. Car toute la vie antérieure au mariage était une recherche de cet espace de compréhension. Est-ce que ce n'est pas mieux ainsi, sans cette illusion, face à face avec une seule grande et solitaire vérité? J'écris ceci dans mon carnet de dépenses, le dimanche de Pâques 1902, assise dans ma cuisine à préparer un roti de veau.»

Marie Darrieussecq, Vivre ici est une splendeur, p.72, P.O.L 2016
JP est l'organisateur de la randonnée. Il adore ça. Il m'explique comment il garantit le bon fonctionnement du groupe, la façon dont il exclut quelques personnes, la façon dont il constitue les équipages. Il se lance: «Toi par exemple, je ne te mets pas avec n'importe qui, tu t'énerves vite. Tu es très à l'écoute, mais tu es trop soupe au lait
Hmm. Rien que je ne sache déjà, mais je lui suis reconnaissante d'avoir le courage de le dire ainsi, et je suis embarrassée d'être source de problèmes.

Une heure de sieste. Soirée au club. E. me conseille Giono plutôt que Pagnol sur Marseille. Ce qui me frappe, c'est combien les gens d'ici aiment leur ville et sont désolés de l'image qu'en donnent les médias.

Marseille

Arrivée à Marseille à une heure, pour ramer demain (pouvu que je ne crame pas: la dernière fois que j'ai ramé en mer (1987!), j'ai eu des brûlures au second degré sur les pommettes — mais je ne ramais jamais, je n'étais pas bronzée).

Sieste à l'hôtel, avec dans les moments de sommeil moins lourds l'impression que mon cœur se noit dans mon sang. Je devrais dormir avec davantage d'oreillers.
Notre-Dame de la Garde par les petites rues (une dame me voit interroger mon téléphone, me demande si je cherche quelque chose: oui, est-il possible de couper à travers les résidences, j'ai l'impression d'être dans une impasse et de devoir rebrousser chemin. Gentiment elle m'ouvre un portail qui permet de couper à travers les immeubles).

Garfield m'avait conseillé "O'2 pointus", "la cantine du CNTL", mais il y avait trop de monde en train de prendre un cocktail en terrasse: sans doute des amis qui fêtaient un événement. Je n'ai pas osé demander s'il y avait une table.

Rentrée à l'hôtel pour écrire (mais j'ai oublié d'acheter des cartes postales et demain ce ne sera sans doute pas possible).

Je suis triste de constater que je n'ai fait aucun progrès depuis l'adolescence dans mes relations avec les gens: je n'ai pas prévenu un ami FB (comprendre: un inconnu avec lequel j'entretiens des conversations publiques et entrecoupées) de mon passage à St Brieuc de peur de le déranger, j'ai prévenu une amie FB de mon passage à Marseille de peur qu'elle me reproche de ne pas l'avoir fait et j'ai dérangé… Tout cela est trop compliqué pour moi.

Couple du XXIe siècle, conversation surprise au restaurant.
Ils sont trois, elle bavarde, lui au téléphone, une amie arrivée en retard.
Elle résume: «Matthieu lui il est content parce que quand il rentre du boulot sa femme lui a fait à manger… Alors il le photographie et le met sur FB — sauf hier: j'ai eu la flemme et j'ai acheté des lasagnes au saumon surgelées.»

Enseignements

J'ai compris trois choses: qu'il ne faut pas prendre de vacances avec H. en France (soit il a déjà visité avec ses parents, soit c'est une ville cliente et cela lui rappelle le travail, soit les deux); que ce qui l'intéresse, c'est la tournée des restaurants et éventuellement les musées (peintures entre 1850 et 1950); que ce qu'il aime, c'est se baigner dans une mer chaude (au moins relativement).

En faisant le point, nous sommes également convenus que le moment où nous pouvons prendre nos vacances ensemble est juin: l'époque la plus creuse avec le mois d'août — mais il y a trop de monde au mois d'août pour notre misanthropie commune.

Les étymologies incertaines

H — Ça sent bien la citronnelle, hein ?
Moi — Oui, comment t'as fait, t'as trouvé de la fraîche?
H — Non, j'ai utilisé de la mousseline.
Moi — Ah, t'as fait une infusion.
O — ?? Pour moi, de la mousseline, c'était de la purée…
H — Mais non, c'est un tissu très léger, comme de la gaze, comme les sachets de thé, si tu veux.
Moi — Oui, c'est l'inverse, la purée s'appelle mousseline parce qu'elle est légère comme de la mousseline. Si tu trouves "une robe en mousseline" dans un roman, qu'est-ce que tu comprends?
O — …
Moi — Mais je pensais que mousseline, c'était synonyme de gaze.
H — Non, gaze vient de Gaza : il y a toujours eu la guerre là-bas, alors le tissu utilisé sur place pour soigner les blessés a pris le nom de la ville.
Moi — Incroyable, ça c'est de la poisse! Mais tu tires ça d'où, parce que les étymologies fantaisistes, ça court les rues.
H — Alain Rey le matin à la radio. D'habitude je ne retiens pas, mais pour celle-là, j'ai fait exception.

(Bon, au moment d'écrire ici je vérifie sur CNTRL qui n'a pas l'air d'accord, mais je laisse, ne serait-ce que pour la robe en purée mousseline.)


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Agenda
Et c'est reparti, H. veut de nouveau monter une boîte. Nom déposé, logo créé, excitation…
Je ne participe pas, je ne participe plus. Si ça marche, les enfants seront riches, si ça ne marche pas, j'hébergerai la famille dans la moitié de maison qui m'appartient… (Oui, nous sommes mariés en séparation de biens, il avait déjà l'idée de monter sa boîte à l'époque.)

Histoire de femme

— Mon beau-père battait sa femme comme plâtre. Enfin, il paraît. Un jour, elle a voulu partir. Elle a pris une valise, l'a remplie. Mon mari m'a montré la valise, au grenier. Elle était criblée de trous: mon beau-père a pris sa carabine et a tiré dedans. Ma belle-mère est restée. (Silence. Soupir.) Que voulais-tu qu'elle fasse? Elle ne savait rien faire, même pas bonne à rien, mauvaise à tout, comme disait Pagnol.


(Je dîne avec M.)

Noces d'argent

En fait, le "véritable" anniversaire, c'est aujourd'hui, l'anniversaire du mariage religieux.

Vingt-cinq ans. Je dois pouvoir considérer que j'en suis à la moitié de ma vie d'adulte, car il est plus probable que je vive jusqu'à soixante-quinze ans que jusqu'à cent, en tout cas en pleines possessions de mes moyens intellectuels.
La moitié parcourue donne une idée de la moitié restant à parcourir. C'est difficile de donner une épaisseur à la durée. On tend à imaginer le temps de façon logarithmique, si je puis dire, ou selon les règles de la perspective: autant ce qui est proche conserve une durée réaliste, autant ce qui est lointain est déformé, plus tassé.

Il s'agirait donc de donner aux années à venir la même durée que les années passées, de déplisser le temps.
Je pense à cette remarque de l'équipe traversant l'Antartique avec des chiens: «arrivés à la moitié, c'est devenu plus dur, car inconsciemment on s'imagine être arrivé en haut de la montagne et qu'il n'y a plus qu'à descendre, que cela va être plus facile. Mais en réalité la deuxième moitié est aussi longue que la première, et c'est plus dur parce qu'on est fatigué» (impossible de retrouver le titre du film).

Exercice de mémoire, reconstitution du temps passé, vingt-cinq mois d'avril. Ou pas tout à fait, avril 2006 suffira, début des blogs.

- avril 1990 : mariage.
- avril 1991 : je travaille au pire endroit où j'ai jamais travaillé.
- avril 1992 : Je suis enceinte de Clément, peut-être déjà en congé maternité. Nous passons une semaine à Verrière-le-Buisson, chez Brigitte qui nous a prêté sa maison pour que nous la gardions et sortions de notre appartement d'Aubervilliers. H. est tout excité à propos de NeXT, mais je ne sais plus exactement ce qui se passe.
- avril 1993 : Rien de particulier. Sans doute les deux pires années de ma vie. Mon entreprise (une mutuelle d'assurance) a déménagé de porte d'Asnières à Levallois-Perret. Je passe beaucoup de temps à la bibliothèque de Levallois, excellente.
- avril 1994 : Cela fait cinq ans que je travaille (septembre 1989). J'écris à Sciences-Po pour demander un dossier d'inscription dans la filière parallèle réservée aux salariés avec cinq ans d'expérience. (Finalement je serai reprise directement en troisième année après un entretien en juillet).
- avril 1995 : Sciences-Po. Le bonheur. Je suis enceinte de deux mois. Personne ne le sait à l'école, de la même façon que j'ai caché mon fils.
- avril 1996 : J'ai négocié mon départ. Je suis au chômage. Je suis un stage d'anglais d'une semaine avec Anne-Claire à deux pas de la place des Vosges.
- avril 1997 : Rien de particulier concernant avril. Tour G*n. Je suis en train de faire une grosse conn**.
- avril 1998 : Enceinte du dernier de façon imprévue. Je ne sais comment l'annoncer au bureau. Trois mois et demi, quatre mois. Je n'ai toujours rien dit.
- avril 1999 : Nous achetons une maison, le prêt commence en juin. Je suis terrifée, je ne comprends pas comment nous allons nous en sortir financièrement.
- avril 2000 : Nous fêtons nos dix ans de mariage avec des copains, sur la terrasse sous une pluie battante. J'ai rédigé une invitation: «Une maison, trois enfants, venez fêtez dix ans de bonheur bourgeois». Cela ne fait que refléter mon étonnement d'être parvenus jusque là, d'avoir tenu jusque là. C'est la dernière fois que je vois Jacqueline. (Ou pas? ne sommes-nous pas allées à la piscine avec nos garçons l'été suivant? je ne sais plus.)
- avril 2001 : Je cherche à quitter mon entreprise. Je m'ennuie. Je me suis inscrite à un Deug de philo par correspondance (à Toulouse!) J'écris une dissertation sur Platon dans l'arrière-pays niçois (nos premières vacances ailleurs que chez Eric, nos premières vacances payantes), mais je ne sais plus si c'est en avril ou en mai (je songeais au pont de l'Ascension: 24 mai, me dit Google). Nous avons eu une panne de voiture un jour férié, mais je ne sais pas si j'ai encore la facture.
- avril 2002 : Le Pen passe le premier tour des élections présidentielles.
- avril 2003 : Quel jour était le vendredi saint? (le 18, me dit Google). Point de repère pour une autre grosse conn** que je regrette amèrement.
- avril 2004 : Quelque part en avril H. se fait opérer de l'épaule gauche (je ne me souviens pas de cette période, où pourtant il a fallu que je me débrouille seule puisqu'il ne pouvait pas conduire. Je ne me souviens pas.) R.
- avril 2005 : La mort de notre chatte Framboise, peut-être? (c'est cette année-là, mais quand? En mars, en avril? Je l'aimais profondément, nous l'avions depuis juin 1989).
- avril 2006 : François Matton fait des commentaires absurdes sur la SLRC, tout le monde en semble très satisfait. Quand je démontre ses contradictions et sa malveillance, JV vient le défendre. Je suis écœurée par toute cette bêtise pour ne pas dire méchanceté. Je quitte la SLRC.
- avril 2007 : Venise
- avril 2008 : premier article accepté dans une revue universitaire
- avril 2009 : Venise
- avril 2010 : menace d'huissiers. Je suis très secouée.
- avril 2011 : dernière rencontre (en date) avec "lecteur"
- avril 2012 : quelque part en avril je me casse un doigt (ce qui me permet de préparer Porto)
- avril 2013 : je clôture mon premier exercice liasse fiscale incluse
- avril 2014 : entorse — et liasse fiscale, mon lot d'avril tant que je resterai à ce poste
- avril 2015 : j'écris ce post en écoutant plus que regardant La Guerre des Mondes. Je le trouve plus terrifiant que la première fois. Le train en flammes qui passe dans la nuit en respectant parfaitement les règles de signalisation (le passage à niveau) est une idée magnifique.

Cet exercice est inquiétant.

Poitrail blanc

— Normal que ce chat soit amical et veuille tout le temps entrer chez nous: il a le poitrail blanc.
— Hein, quoi?

Ma fille est venue récupérer sa voiture cette semaine. Entre autres matières, elle étudie l'éthologie. C'est ainsi que nous apprenons que l'une des caractéristiques des animaux sauvages domestiqués, c'est de perdre en quelques générations (quatre ou cinq chez le renard, par exemple) ce qui leur permet de survivre dans la nature, les oreilles droites pour entendre loin, le pelage de camouflage, etc.
L'une des marques de la domestication est le poitrail blanc : dans une portée, si vous souhaitez un animal docile, choisissez de préférence celui au poitrail blanc.

— Poitrail blanc : comme toi, finalement.
— Eh oui : vingt-cinq ans de mariage.

Cinq ans plus tard

J'ai donc dû rentrer du bureau et nous avons dû déjeuner ensemble au studio, je suppose, je ne me souviens plus. Je me souviens que nous plaisantions sur les réponses à donner au maire, mais qu'au moment de partir, émus, pour nous donner du courage, nous avons bu un petit verre de calva.

Nous sommes partis tous les six, nous deux, nos deux témoins et leurs conjoints du moment, pour la mairie par les petites rues de derrière (par opposition à la nationale). Je me souviens qu'il faisait très beau, chaud, que j'ai filé un Dim-up et que j'ai enlevé la paire entre deux voitures.

Ce devait être un jeudi, peut-être, je n'en suis pas sûre. Quand on avait demandé à Hervé «grande salle ou petite salle?», il avait répondu à son habitude, royal, «grande salle» et nous nous sommes retrouvés tous les six dans la grande salle déserte.
L'adjointe au maire avait la cinquantaire, une permanente frisée tirant sur le blond, l'écharpe tricolore; c'était la première fois que j'assistais à un mariage. Elle nous a lu les textes. Elle nous a demandé: «Vous n'échangez pas vos alliances?» Elle avait des yeux très bleus remplis de larmes. Nous avons secoué la tête, désolés de la décevoir par notre manque de décorum. Mais pourquoi avait-elle l'air si émue? Nous avons signé.
Nous sommes sortis sur la terrasse qui donnait sur les jardins par la porte-fenêtre, et là, réflexion faite, nous avons échangé nos alliances. Un des témoins a essayé d'expliquer les larmes de l'adjointe au maire: «Elle a dû croire que vos parents étaient morts dans un accident de voiture en venant au mariage.»
C'est resté un mystère. Aujourd'hui encore j'y pense, j'aimerais bien savoir. Peut-être avions-nous l'air tout simplement affreusement jeunes — ce que nous étions, je m'en aperçois maintenant.

Balzac revisité

La personne chargée de la curatelle est la fille de Monsieur (et de Madame?).

(Eu Madame au téléphone: «Résistez, gagnez du temps, ne signez rien!» (Je me suis permise de donner mon avis car sa voix était assurée. Evidemment, Madame a peut-être été infecte toute sa vie et Monsieur est peut-être enfin heureux; mais enfin, on n'attend pas soixante-dix-sept ans dans ce cas-là, cette histoire sent trop la captation d'héritage.))

La vie comme elle va

Hier

— Dis donc, c'est calme! Pas un fumeur devant les portes! Tu as eu des appels, ce matin?
— Un seul, mais quel! C'est l'amie de la femme d'un assuré qui a appelé. Ça a duré vingt minutes, j'ai eu tous les détails. L'assuré, "notre" assuré, a fait un AVC à soixante-dix-sept ans au milieu d'une partie de jambes en l'air avec sa maîtresse de vingt-cinq ans de moins que lui. Sa femme l'a d'abord gardé à la maison, mais comme elle n'arrivait plus à s'en occuper, il a été placé en institution médicalisée; elle va le voir tous les jours, elle s'occupe de son linge, etc. Eh bien figure-toi qu'il demande le divorce! Alors son amie téléphonait pour savoir ce qu'il en serait de la mutuelle, mais évidemment, la femme est couverte via son mari, s'ils divorcent, elle n'y a plus droit.
— Mais comment peut-il demander le divorce avec son AVC? Il est capable de décider, de signer?
— Attends! Il était placé sous curatelle, et la femme chargée de la curatelle est une amie de la maîtresse: elles lui ont fait signer une lettre demandant à sa femme de plus venir le voir à la maison médicalisée…


Sans doute un abus de pouvoir caractérisé, mais le temps de le faire reconnaître, connaissant la justice française, l'épouse aura tout perdu. Il faut qu'elle refuse le divorce et engage toutes les procédures possibles pour ralentir le processus. Mais avec quel argent?
(Arrête, tu n'es ni assistante sociale ni conseiller juridique.)

Auto-analyse face au récit

Gone girl me fait comprendre quelque chose sur moi-même, sur "mon genre": les histoires (les récits, diégèses, choisissez le mot en fonction de vous-même) dont les héros font leur propre malheur me laissent indifférente (exemple: Madame Bovary). (L'écriture, l'écriture!! oui, mais l'écriture est en quelque sorte un pré-requis, "c'est normal", si c'est mal écrit je ne lis pas, donc ce n'est pas un argument décisif pour pousser à l'enthousiasme.)

M'intéresse la réaction du héros face au destin, plus prosaïquement aux tuiles qui lui tombent sur la tête, sa façon de naviguer à vue parmi les embûches de la vie (résoudre les problèmes, survivre, ma grande passion (pas très romantique, désolée (mais pourquoi le romantisme a-t-il tant la cote?))).

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Pour revenir à Gone Girl (attention, ne pas lire la suite si vous avez l'intention d'aller voir le film, ce serait vraiment dommage d'avoir un aperçu de la fin ailleurs que devant l'écran), il souffre à mon avis de deux défauts de construction (ce qui ne l'empêche pas de présenter un suspense haletant porté en particulier par une actrice excellente):

Il m'embarrasse un peu d'exprimer le premier, car j'en tiens pour "la suspension d'incrédulité", et donc je n'avance qu'avec prudence le reproche de manque de rigueur. Mais alors que la première moitié ou les deux tiers du film sont construits mathématiquement, implacablement, un peu à la façon de L'Invraissemblable Vérité ou Le Crime était presque parfait, la fin nous montre un incompréhensible relâchement des enquêteurs: quid du voisin qui appelle Nick au début du film (s'il a appelé parce que le chat était dehors, détail infime, n'aurait-il pas remarqué la voiture d'un kidnappeur, détail autrement intrigant?), quid de l'emploi du temps du kidnappeur, n'était-il pas au bureau à l'heure du crime? Et surtout, quid de la phrase d'Amy (de mémoire, très à peu près): «j'ai besoin de trois choses: que tu confirmes les achats par carte bleue, que tu dises que tu t'es servi du bûcher pour stocker les affaires et… (j'ai oublié)»: si Nick avait réellement l'intention de trouver une faille, ne se serait-il pas emparé de cet aveu de faiblesse, de cette liste de points faibles, pour les étudier ou les rapporter à l'inspecteur?

Ce qui m'amène au deuxième défaut, à mon avis plus gênant: si l'on considère (hypothèse) que Nick reséduit Amy en lui déclarant "je t'aime" via les écrans de télévision, si l'on considère que l'idéal d'Amy est un homme qui lui ment (après son retour, dans leur maison, elle lui déclare qu'elle aime ce qu'il est redevenu pendant sa disparition, c'est-à-dire menteur, ou plutôt homme mettant sa vie en scène à la façon d'une pièce de théâtre, véritable pièce du fait de la présence des caméras donc de spectateurs), alors ce "re"-devenu implique qu'il lui a (beaucoup?) menti en début au début de leur relation, qu'il s'est beaucoup mis en scène derrière sa déclaration "no bullshit", deux doigts sur le menton.
Or cela, on ne le voit pas. La seule image du début de leur relation vient du journal d'Amy, et elle décrit un début idyllique, sans que nous sachions si c'est une construction à l'intention des lecteurs du journal (et à ce moment-là, à l'intention des candides spectateurs du film). Comment était le Nick du début de leur relation, qu'en a-t-elle pensé, s'est-il mis en scène et le savait-elle? Amy est-elle juste folle à lier, psychopathe, comme semblent le montrer ses aventures précédentes, ou a-t-elle souffert de la décomposition d'un homme qui en redevenant vrai (retour au pays et à la mère) la décevait profondément, elle qui ne vivait que par le mensonge et la mise en scène de sa vie depuis l'enfance (Amazing Amy)?
Peut-on considérer qu'alors qu'elle avait pour but de punir son mari, elle s'aperçoit avec surprise au cours du processus qu'elle a réussi à le rendre de nouveau conforme à ce qu'elle aimait en lui? Une Pygmalion monstrueuse ayant pour but de modeler une statue à son image? («C'est ce que fait le mariage» : créer des monstres? ou low key plus simplement donner naissance à des acteurs?)
(Si l'on voulait une morale positive excessivement tirée par les cheveux vu la tonalité du film, ce serait «le mariage est une séduction à réinventer en permanence» (ce tour de passe-passe en clin d'œil amical à PZ). (Et si l'on veut revenir au film, il faut continuer par: «N'échouez pas, sinon, gare!»))
Il manque un point de vue extérieur sur le début de leur histoire pour consolider l'ensemble de l'intrigue, un parallélisme qui mette la fin et le début en regard.

Mercredi morose

Comme prévu hélas, la proposition d'aller voir une exposition sur les cathédrales à Rouen se heurte à un refus catégorique: les cathédrales non merci, Rouen trop loin, préavis trop court (cette histoire de préavis me paraît particulièrement absurde: une journée est une journée, que ce soit maintenant ou dans deux semaines. C'est ainsi qu'il est compliqué d'aller au concert: «Je ne peux pas m'engager à l'avance». Oui, mais au dernier moment il n'y a plus de place, et si j'y vais seule, il est malheureux. La vie de couple est vraiment compliquée. J'ai appris ces dernières années à passer outre la mauvaise humeur que provoque l'annonce de mes absences: cette mauvaise humeur est passagère, alors que le regret de n'être pas allée ici ou là-bas est durable. Cela demande cependant du courage car il n'est jamais si simple de faire de la peine — même si cette peine nous paraît illogique puisqu'elle serait simple à éviter en venant avec nous. C'est ici que l'affirmation «je veux être avec toi» montre sa duplicité: non, pas "être avec toi", mais "que tu restes avec moi", ce qui n'est pas tout à fait la même chose, et consiste peu ou prou à enfermer l'autre au prétexte d'attachement — qui n'a jamais si bien porté son nom. Je ne peux m'empêcher d'y voir une forme de caprice — puisque la peine serait évitable en m'accompagnant — si vraiment l'important était d'être avec moi.)

Je pars au marché un peu démoralisée. Je passe à la librairie, erre longuement, des titres m'intéressent mais chaque fois que j'ouvre un livre l'écriture me paraît pitoyable, sans force. A l'étage m'attend une mauvaise surprise: le rayon de poches a été réduit au quart pour laisser la place à des mangas et un présentoir de CD Hamonia Mundi. Ce rayon de poches était le seul intérêt de cette librairie. D'un autre côté, je n'ai aucune raison de me plaindre puisque je n'achète pratiquement rien ici. Je pars avec La fin de l'homme rouge et un Pouy, Samedi 14, en présentoir à la caisse, achat d'impulsion pour vérifier ce que je pense de Pouy.

Je le lis dans la journée. Décidément ce n'est pas mon genre. Seule idée intéressante, les scandales politiques à répétition actuels comme nouveau mode d'action anarchiste.

Le soir Les canons de Navarone pour revoir la Grèce. C'est exactement cela, paysages et visages. «Pourquoi moi? — Parce que vous avez de la chance.»
C'est effectivement important.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ L'arrêt de mes études et mon mariage. Ce qui est amusant, c'est qu'ils n'ont jamais compris qu'ils en étaient la cause: s'ils n'avaient pas été aussi désagréables avec Hervé, nous n'aurions pas été aussi été pressés de nous marier pour avoir la paix, et donc je n'aurais pas arrêter mes études pour travailler et être autonome financièrement. (Comme souvent, ils ont provoqué ce qu'ils redoutaient, vieille loi karmique).

2/ Oui, au moins mentalement. L'aviron sert à ça, aussi.

3/ Ça m'arrive, mais je le regrette !

4/ Non. (De toute façon je suis nulle).

5/ Oui. En bus.

6/ Je ne sais pas. Il y a des périodes où j'ai été heureuse, mais ce n'était pas liée à l'âge.

7/ Oui, sans doute. Je pense que ça ne se voit pas trop.

8/ Non.

9/ Classer mes papiers, ranger mes affaires ! (être prête à mourir à tout moment)

10/ Ce qui me tombe sous la main. Souvent des cartes postales.

Retour

Moules marinières à Treveneuc avec toute la famille (les familles) et les amis qui ne sont pas encore repartis.




Je regarde ce petit monde en me souvenant de tout ce qui les a secoués depuis quinze ans.
La fille du marié que j'ai connue à huit ans vend des crêpes à New York avec son ami portugais. Elle l'a rencontré en Bretagne quand il est venu apprendre à faire des crêpes pour ouvrir son restaurant. Ah.

Retour en TGV. Le tronçon Rennes-Le Mans est fermé, nous passons par Nantes.
Violents orages.

Les amies de la mariée

La mariée avait des amies, le marié de la famille.

Le Rouge et le Noir

Le TGV pour St-Brieuc n'est pas à quai quand j'arrive à Montparnasse.
Je prends un café et quand j'arrive ensuite sur le quai, je n'ai plus le temps avec mes tongs et ma valise de remonter les deux rames de TGV : je monte dans la première qui doit être détachée à Rennes en me disant que je changerai de rame à ce moment-là.

A Rennes, j'ai bien failli ne pas réussir à monter dans la deuxième rame tant l'opération de désarrimage s'est fait vite.

Dans cette deuxième rame, ma place légitime était bien sûr occupée par une personne pensant que j'avais raté mon train. Comme elle le reconnaît aussitôt, je lui laisse la place et vais m'installer sur un strapontin entre deux voitures, ce qui explique cette photo de mon vis-à-vis prise d'un peu trop près (je n'ai pas reconnu l'édition. Peut-être une nouvelle maison.)




Galette, mairie, buffet les pieds dans le sable, punch et huîtres. Il fait très beau malgré les prévisions pessimistes mais la mer est froide.
Un mariage de raison pour la protection des enfants et du patrimoine (les vraies raisons du mariage, me dira JY, et je penserai à Balzac). Cela n'empêchera pas la mariée de s'essuyer les yeux et le garçon de sept ans qui demandait sans cesse à son père s'il dirait oui — et son père de réfléchir, de douter, de peser le pour et le contre — de crier "Yesss!!" quand son père, finalement, aura dit oui.

Cénevières

Visite du château de Cénevières menée par le marquis de Braquilanges. Apparemment il a voué une partie de sa vie à étudier les archives afin d'assoir toutes les anecdotes sur des documents, et celles-ci sont nombreuses. J'en livre quelques-unes en vrac:

Le marquis avait Saint Exupéry pour oncle. (Trois fils d'une autre branche ont également épousé trois filles Saint-Exupéry, sans que l'arbre généalogique permette de savoir si elles étaient sœurs ou cousines.)

Le château existait déjà du temps de Pépin le bref. C'était un château-fort qui fut "modernisé" lorsque le seigneur du château, fait prisonnier à Pavie, revint après plusieurs mois la tête emplie de renaissance italienne.

A l'occasion de dégâts des eaux (la feuille de platane ne pourrit pas dans l'eau, apprends-je, et les platanes de cent cinquante ans perdaient leurs feuilles dans les gouttières et les bouchaient), le marquis a découvert un plafond à la française, puis quelques années plus tard des peintures murales. Le tout est daté du XVIIe siècles, comme les tapisseries de Flandres (j'écris de mémoire, je peux me tromper de siècle, il faudra vérifier sur place).




Il s'agit de Constantinople.

Il existe également une chambre d'alchimie peinte, et le château reçoit régulièrement aujourd'hui encore la visite d'alchimistes (??!!!) Les murs sont peints de scènes de L'Iliade ou de la mythologie grecque.




Ici les armes d'Achille à gauche et Troie en flammes à droite.

Dans la cour en entrant se trouve un temple protestant, devenu la maison du gardien. (Jeanne d'Albret elle-même est venue deux fois pour convertir le seigneur de l'époque. Henri de Navarre était également un habitué du château.) Dans le donjon a été consacré il y a peu une chapelle: c'est qu'il s'est avéré qu'une vieille table de jardin qui servait à prendre le café dans la jeunesse du marquis était en réalité un ancien autel de la cathédrale de Cahors (un deuxième : un premier, déjà un butin des guerres de religion, avait coulé à pic dans le Lot).
L'évêque de Cahors, ami du marquis, lui a laissé l'autel mais a suggéré qu'il lui faudrait un décor convenable. H et moi ne pouvont nous empêcher de penser que l'évêque a finement joué, obtenant une chapelle catholique dans une enceinte où ne restait qu'un temple protestant tout en faisant "cadeau" d'un autel dont il n'aurait su que faire.

Les deux salles sous le donjon sont creusées si profondement que leur température varie de un à dix degrés.

Dans le donjon vivent quatre espèces de chauves-souris. Comme chaque fois que cela concerne son château, le marquis a fait appel à des spécialistes pour en savoir plus.
Des petites chauves-souvis sont nées. L'ensemble accroché au plafond du donjon ressemble à une moisissure géante et épaisse.

Bref une visite passionnée et passionnante.

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Déjeuner à Cajarc, ville natale de Françoise Sagan. Acheté du vin.

A cinq heures, mariage de mon second cousin. C'est toujours un plaisir de voir mon oncle si ému. J'apprends au détour de la conversation que ma sœur vit depuis dix ans avec un homme marié (— Le prochain mariage, ça pourrait aussi être toi. — Il faudrait déjà qu'il divorce!) WTF? Mais qu'est-ce que ça veut dire, qu'il vit avec elle sans avoir divorcé, ou qu'il la voit en cachette (ou pas) de sa femme? Et comment ma sœur fait-elle pour toujours se fourrer dans des situations pareilles? (Je ne lui pose pas de question, je ne les pose qu'ici.) Bouchées de foie gras poêlées sur une plaque brûlante, je ne sais pas combien j'en ai mangé. Il fait beau, c'est inespéré, depuis une semaine mon iPhone m'annonçait de la pluie le samedi.

Les cousins

Il manque le plus jeune: du fait de ses frasques récentes, il s'est éclipsé tôt.

Il n'y a que deux sujets de dispute dans un couple

Most disputes and other conversations are about two things: do you care about me, and can I trust you. When you argue about putting the toilet seat down or whether we should go to the in-laws’ for Thanksgiving, it’s only partly about those actual things. What it’s really about is this: I care about the toilet seat (or going to my parents’ house for dinner), so can you show me you care about what I care about? If you ignore the other person’s desires (continually leave the toilet seat up when they ask you not to), then you are signaling you don’t care about what they care about. And what it’s really about is, I’ve given you my heart and opened up to you, so can I trust you with it? Will you reject me?

La plupart des disputes et autres conversations tournent autour de deux sujets: fais-tu attention à moi et puis-je te faire confiance?
Quand vous vous disputez à propos de la lunette des WC non rabattue ou de l'opportunité de dîner chez vos beaux-parents pour Thanksgiving, cela n'est que partiellement l'objet de la conversation. Ce qui se joue en réalité est ceci: «la position de la lunette des WC (ou aller chez mes parents pour Thanksgiving) a de l'importance pour moi, alors pourrais-tu me monter que tu fais attention à ce qui est important pour moi?»
Si vous ignorez continuellement les souhaits de votre conjoint […], vous montrez que vous n'accordez pas d'importance à ce qui est important pour lui. Ce qui se joue en réalité est ceci: «je t'ai ouvert mon cœur et je te l'ai offert, puis-je te faire confiance pour que tu en prennes soin? Vas-tu me rejeter?»

Parfois je suis fatiguée

— Trois mariages en deux mois, c'est pas mal.
— C'est bizarre, on n'est pourtant pas l'année du dragon.

WTF ??

Coïncidence des vécus

Je vois Hélène à midi, que j'ai rencontrée en Grèce l'été dernier. Je suis souvent surprise du miroir que me tendent les gens: elle se souvient que la première fois que je lui ai parlé, j'ai employé le mot "substrat". Mais dans quel contexte ai-je dit ça, et pourquoi s'en souvient-elle?

— Et ton mari, il est content d'aller en Grèce cet été?
Elle me prend par surprise:
— Euh… je ne sais pas… (J'essaie de dire quelque chose de juste, qui corresponde à ce que je ressens.) Non, je ne sais pas vraiment… Au bout de vingt-six ans, j'ai l'impression de savoir de moins en moins comment il va réagir…
Elle se met à rire de bon cœur.
— Mais pourquoi tu ris?
— C'est tellement rare ta réponse. Les gens veulent toujours avoir une réponse catégorique… Et puis (elle rit de plus belle), rajoute vingt ans, et je ne suis pas plus avancée avec le mien…

Nous nous regardons, et nous rions de bon cœur, stupéfaites par la complexité de vivre ensemble, et que ce soit possible malgré tout, et d'avoir trouvé une occasion de le dire à quelqu'un qui sache de quoi nous parlons.

Les infos sur France Inter et France Musique

Sur France Inter à six heures et demie durant le petit déjeuner (citation à peu près, de mémoire):
Un homme s'est suicidé dans Notre-Dame pour protester contre le mariage gay. Dans une lettre, il a appelé à d'autres actions inédites et spectaculaires.

Sur France Musique à sept heures en voiture:
L'écrivain Dominique Venner s'est suicidé dans Notre-Dame à 78 ans. Les raisons de son acte ne sont pas très claires mais pour Marine Le Pen il est évident qu'il s'agit d'une opposition au mariage homosexuel.

Je médite trois secondes sur l'information que j'aurais eu en n'écoutant qu'une seule radio (la veille, l'ouragan qui a détruit une ville des Etats-Unis avait occupé le temps d'antenne sur France Inter, tandis que c'était l'actualité internationale (la Syrie) qui prenait cette place sur France Musique. Evidemment, la comparaison n'est pas juste, peut-être qu'à sept heures, heure de plus grande écoute, France Inter fait moins dans l'anecdotique. A vérifier).

Retour

Partie sans téléphone, sans montre, sans livre.
Horaire de RER de week-end, un RER de supprimé, quarantes minutes d'attente.
Pas de livre, temps pur perdu.

Le soir, Bond se marie avec la demoiselle de Chapeau melon et bottes de cuir (Au service secret de sa Majesté, je crois). George Lazenby ressemble au San Antonio sur les couvertures des vieux San-Antonio. Je n'aime pas ce genre.

J'ai lu un peu autour des Bond tournés avec Daniel Craig. Il est stupide de vouloir à toute force expliquer qu'ils se passent "avant" les autres, à quoi bon, qui a besoin de ce genre de justification?
Les Bond sont la démonstration éclatante qu'un film nous montre autant l'époque où il est tourné que les scènes qu'il filme. Si aujourd'hui il n'y a plus de gadgets technologiques, c'est que nous avons tous tous les gadgets technologiques dont peut avoir besoin Bond: un iPhone remplacerait la photocopieuse de 1969 et le GPS la carte embarquée d' Opération Tonnerre. Dans le même mouvement, nous abandonnons le héros plastique genre "Ken de Barbie" pour quelqu'un qui a des sentiments qui en font à la fois la fragilité et l'intérêt: qu'est-ce que cela nous dit de notre époque?

Des liens

Un vrai pub pour hobbits (merci Caféine)

un jeu sur amiga (je me demande ce que nous avons fait du nôtre — aucun souvenir)

le pétrole du Kazakhstan (cela doit concerner Zvezdo)

un film de zombies tourné dans les locaux du Cern

une ode au mariage

le divorce homosexuel en Israël fait avancer "la cause" du divorce pour tous

Grothendieck, génie des maths

un blog de pharmacien

architecture soviétique et sciences-fiction

remontez (ou descendez) jusqu'à trouver le tweet qui commence par 1 : l'Iliade en 140 tweets

et last but not least, ne ratez pas les aventures du Pape sur Twitter.

Mariage interdit

Appris un peu par hasard ce week-end que je n'avais pas le droit d'épouser mon beau-père (c'est la loi).

— Et bientôt, tu n'auras pas le droit d'épouser ta belle-mère non plus.

Menaces sur le mariage

Gleeden, «le premier site de rencontres extra-conjugales pensé par des femmes», actuellement en affiche de 4x3 m dans le métro.

Mariage en Beauce

(ou presque. Forêt d'Orléans, ça sent la Sologne.)

Entendre un sermon de mariage commencer par «J'ai passé de nombreuses soirées avec les fiancés autour d'une pizza. D'ailleurs Elise, j'ai une nouvelle carte de fidélité, rappelle-moi de te la donner, je crois que la tienne est pleine. Et il y a une nouvelle pizza, avec du reblochon, "parmentière", je crois.» : check.

Bu du rhubar'bulle pour la première fois et parlé de Congar (que nous sommes sérieux).

J'ai essayé de me souvenir comment j'avais connu la mariée. Je crois qu'une recherche sur Simone Weil m'avait menée au blog qu'elle tenait à l'époque. Aujourd'hui les présentations incluent les pseudos FB («Aaaah, c'est toi!»). (D'ailleurs le sermon a également évoqué la toile.)

C'est beau le XXIe siècle.

Mariage gay

— Moi, je suis contre le mariage gay: il va falloir refaire les logiciels d'état-civil, comme d'habitude les décrets vont sortir au dernier moment et on va se faire engueul** par les mairies parce que ça ne marchera pas.
— Je ne vois pas ce que ça change: il suffit de faire sauter quelques contrôles pour autoriser les "Monsieur" avec "Monsieur" et "Madame" ou "Mademoiselle" avec "Madame" ou "Mademoiselle", non?


Personnellement, en tant que femme, j'ai beaucoup de mal à comprendre qu'une institution qui a été si longtemps source d'oppression et l'est encore puisse être objet de désir. Ça me dépasse. (Pas de mariage, pas d'enfants: à peu près ce que l'hétéro blasé envie à l'homo, tandis que l'homo progressiste souhaite enfants et mariage. Ah làlà, on n'est pas sorti de l'auberge).

Petit matin à La Défense

Derrière le bouquet de bambous où je me suis arrêtée lire quelques dernières lignes avant d'entrer au bureau, j'entends la conversation téléphonique d'un Arabe, grand, sec, mal rasé, la trentaine.

— Ah bon? C'est pas une fille du bled?
— …
— C'est pas une fille du bled? Elle est pas réservée depuis vingt-six ans?

Les mariés de mai

Il ne semble pas que la consécration du mois de mai à Marie (début XVIIIe siècle) ait été une initiative visant à christianiser les manifestations folkloriques de cette période de l'année. Mais elle fut peut-être une réaction contre la croyance assez répandue que ce mois est un temps néfaste — durant lequel on craignait par exemple de se marier sous peine de malheur[1].

Jean Delumeau, Monique Cottret, Le Catholicisme entre Luther et Voltaire, p.346

Je me suis mariée en avril. Lorsque j'avais évoqué une date en mai, ma mère avait paru scandalisée: «Tu ne trouveras jamais un prêtre pour te marier en mai! C'est le mois de Marie, et d'ailleurs, se marier en mai porte malheur.»
Et de m'énumérer, en sûre chroniqueuse du malheur, trois ou quatre mariages célébrés en mai, tous terminés par des divorces ou des veuvages prématurés. In petto je m'étais demandé si ses origines berrichonnes jouaient (la Mare au diable) dans ces superstitions qui choquaient mon esprit catholique tout en impressionnant cette partie de nous qui aimerait tant croire à la magie (après tout, il y a des exemples… on a beau savoir qu'ils ne sont qu'un prélèvement sur le réel, sans aucune valeur statistique… ce sont des cas avérés… et donc…)

Je trouve aujourd'hui une explication au tabou du mariage en mai: un tabou d'avant la consécration à Marie, maintenant imputée à cette consécration… Je ne suis pas sûre que l'Eglise ait gagné à cette assimilation. Et je me demande si les prêtres refusent réellement de marier en mai. (Il ne me semble pas. Il suffirait de regarder les registres.)

Il n'y a pas longtemps encore, quelqu'un m'ayant parlé d'un mariage en mai, je me suis demandée si ce mariage avait ou allait bien tourné/er (mais je me suis tue).

Notes

[1] M. Louis, Le floklore et la danse, Paris, 1963, p.143

Lars von Trier : le nouveau Paco Rabanne

Ce que je savais de Lars von Trier, dans l'ordre de mes vues / visions / visionnages (quel est le mot adéquat?) avant de voir ce film:
Breaking the Waves fascinant, Element of crime le meilleur, Dancer in the Dark exaspérant dans son pathos larmoyant et ses erreurs de logique.

La première partie de Mélancholia m'a amusée (le personnage de Charlotte Rampling m'évoque quelques souvenirs personnels: communauté de folie), mais plus le temps passait plus il ralentissait, et le film devenait franchement ennuyeux (un beau verger avec des pommes, une balançoire, que c'est beau, et le cheval qui ne passe pas le pont, et le contraste entre la blonde et la brune,…: un catalogue de clichés), je n'arrivais pas à voir ma montre, j'hésitais à sortir quand j'ai eu envie de rire en voyant Kirsten Dunst allongée à poil près de l'eau (je vous l'ai dit: cliché sur cliché, dans tous les sens du terme) (s'est-elle fait refaire les seins?)

Imaginez à peu près ça (mais nue) :







Et ça continue, d'illogisme en invraisemblances (et pendant ce temps je pense à Pournelle), pour finir comme un mauvais tee-shirt.





Arrghhh.

Violence conjugale

J'ai rendez-vous avec "lecteur". Quand j'arrive (en retard (mais pas beaucoup)), je vois un petit papier griffonné sous le cendrier.
Plus tard, au cours de la conversation, il me le tend et m'explique:

— Le couple qui est parti… tu l'as vu (oui, la soixantaine, peut-être… je n'ai pas fait très attention… J'ai juste pensé en voyant lecteur en conversation avec l'homme que c'était une nouvelle version de Tlön, un "liant" (ce qui m'étonnait un peu de la part de lecteur, solitaire. Mais liant et solitaire, non, définitivement, ce n'est pas incompatible, ce n'est qu'une façon d'être tranquille, de se tenir en repos, quelque chose de pascalien)), eh bien, l'homme parlait beaucoup, il racontait un film, et elle, elle ne l'écoutait absolument pas et ne faisait même pas semblant, elle regardait ailleurs, elle se désintéressait. A un moment l'homme a insisté sur quelque chose qui lui avait paru remarquable dans le film, et elle a été obligée de répondre. Tiens (il me tend le papier), j'ai noté l'échange, imagine cela dit très tranquillement:

Elle : — Bof, rien de nouveau sous le soleil.
Lui : — Mais il n'y a jamais rien de nouveau sous le soleil, ma chérie. Toi par exemple, tu es ma troisième femme, pas très nouvelle sous le soleil, hein?

Moyen-Âge

Il a plus de 7000 euros sur son compte. Je suis à moins 1600 sur le compte joint et mon compte en propre. Quand je demande une participation aux frais du ménage, j'obtiens la réponse suivante : «Mais ton salaire ne suffit pas? Montre-moi les comptes!» J'attends mon intéressement pour rembourser la réserve puis j'arrête de verser quoi que ce soit sur le compte joint.

Le point de vue du prêtre

«Pour un bon mariage, il faut qu'il pleuve. Comme ça tout le monde rentre dans l'église et on commence à l'heure. Sinon ça papote, eh bonjour tante Ursule, vous avez fait bon voyage, on prend une demi-heure de retard.»

Il y a dix ans

Un vendredi.

On nous avait fait tellement suer pour notre mariage que je voulais fêter les dix ans, le "malgré tout", "le malgré vous", ma victoire, mon combat, ma joie, ma revanche, tout ce que vous voulez tant que ça explose de rire et d'énergie, tant que ça tourne le dos au malheur prédit, annoncé.

Le bonheur, la volonté moins d'être heureuse que d'échapper à la morosité, à la tristesse, le refus de se morfondre dans la déprime (j'en veux au romantisme d'avoir fait croire à tous qu'être malheureux rendait intéressant: oui, à condition d'essayer de s'en sortir!)
Je me rends compte que je ne peux rester amie avec des gens qui se complaisent dans leur état de malheur. Je m'en détache naturellement. Le seul combat qui vaille, qui a tout mon respect, est celui pour la joie1.

Jacqueline : "tu étais déjà drôle à l'époque": drôle? j'étais drôle? Ô joie et bonheur, j'étais drôle et je le suis. Quelle merveille de découvrir cela, quel bonheur de l'apprendre, quel dommage de ne pas l'avoir su plus tôt! Les autres, ou au moins une autre (et quelle autre, celle qui compte plus que toutes les autres), me trouve drôle : perspective bouleversée, espoir de s'en sortir, je peux y arriver.




Note
1 : mais pour toi c'est facile à dire, tu as tout pour être heureuse. — Exactement! Il serait tout à fait indécent de se morfondre dans la déprime dans ma situation, je suis entièrement d'accord (mais dans la tienne aussi, mais tu n'y réfléchis pas (mais cela, je ne le dis pas, je le garde pour moi))..

De l'amour (I)

Le divorce des parents de Rémi me rappelle celui de mon oncle.

Mon oncle se plaignait à sa mère, ma grand-mère:
— Mais maman, je l'aime encore!
— Pas elle, il faut t'y faire.

Cela m'avait frappé, ce bon sens de ma grand-mère. D'où nous vient cette conviction que l'amour est forcément partagé? De Platon, de l'amour courtois? Du romantisme? Et pourquoi lorsque nous aimons sommes-nous convaincus que c'est réciproque, que si l'autre ne s'en rend pas compte, c'est qu'il se trompe, ignorant de ses propres sentiments; plutôt que nous dire que puisque ce n'est pas partagé, ce doit être nous qui nous trompons, ce ne doit pas être de l'amour?







Tour supplémentaire récent :
. Ma tante demanda le divorce (et l'obtint) en 1997.
. Ma grand-mère poussa son fils à "se trouver quelqu'un", ce qu'il fit (ces deux fils ne lui ont jamais désobéi).
. Mon (ex-)tante se remaria sans même prévenir ses quatre enfants, mes quatre cousins. Elle ne les invita jamais chez elle, son second mari ayant décrété: «Je t'épouse toi, pas ta famille».
. Mon cousin le plus jeune en fut très malheureux (il avait lors un peu plus de vingt ans), nous déclarant, songeur: «J'aimerais comprendre pourquoi ma mère a épousé un con» (sachant que mon oncle a ses défauts, mais est le plus doux des hommes (dans le genre bourru et taciturne)).
. En 2006, mon oncle finit par épouser la personne avec qui il vivait depuis huit ans.
. A Noël dernier, ma mère buvant du petit lait m'apprit que le second mari de "ma" tante (celle que j'ai connu toute mon enfance, la mère de mes cousins) était plus ou moins un escroc, qu'il lui avait piqué beaucoup d'argent (elle possédait de nombreux appartements lui venant de ses parents) et qu'elle était en train de revenir chez mon oncle sous prétexte de voir ses enfants en famille... Je me demande comment la seconde épouse le prend.
Elles sont à peu près aussi bavardes et aussi grippe-sous l'une que l'autre (mais la première beaucoup plus intelligente et marrante).

Il y a vingt ans

Il est dix ou onze heures, H. m'appelle au bureau pour une broutille, comme il le fait souvent. La conversation s'achève.
« A ce soir ! » dis-je machinalement en raccrochant.

Dans les secondes qui suivent, le téléphone sonne. C'est de nouveau H., un peu affolé :
— Tu n'as pas oublié qu'on se mariait cet après-midi ?

Souvenirs de Lévi-Strauss

Août 1985 - Je composte des chèques dans une agence du Crédit Lyonnais. A midi, je lis Race et Histoire et Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes en dépensant mon ticket restaurant dans un café tranquille qui diffuse Rue barbare de Bernard Lavilliers. Thé et croque-monsieur.
Ces deux livres sont au programme de culture générale d'un concours que je dois passer en septembre.

Décembre 1988 - Covoiturage entre Paris et Lyon pour assister au mariage de mon meilleur ami, ce qui n'était pas encore un cliché. Discussion dans la voiture avec un ami de P., ami légèrement dédaigneux, légèrement supérieur :
— Tu as lu Race et Histoire ?
— Oui.
— Tu te souviens de sa conclusion ?
Comme il me prend de haut et que je fais un complexe d'infériorité, je panique un peu:
— Euh... Que l'évolution dépend de nos différences, de la différences entre les groupes et de leur façon d'interagir et de s'enrichir mutuellement ?
— Il dit surtout que certaines races sont plus cumulatives que d'autres, savent mieux acquérir, conserver et accumuler du savoir et de la technologie.

Il avait l'air très sûr de lui. Quatre ans après ma lecture je n'étais pas si sûre de moi. Mais il ne me semblait pas avoir lu ça, non, il ne me semblait pas avoir vu une telle interprétation, visant peu ou prou à organiser une hiérarchie des races (si tant est est que ce mot ait un sens: des cultures, des couleurs, des ethnies).
Je me souvenais surtout de la crainte de l'homogénéisation et de l'homogénéité: si tout devenait pareil, homogène, il n'y aurait plus de progrès possible.
Quand le mot "mondialisation" est devenu à la mode, employé à tort à travers, c'est à Lévi-Strauss que j'ai pensé.

Après quelques années sur internet, je ne suis plus inquiète: tout tend à prouver que des groupes se reconstituent toujours. Les critères ont changé, il ne s'agit plus de nationalité ou d'ethnie, mais de langues, d'affinités, de goûts ou de sujets d'intérêt communs ne tenant aucun compte des frontières. Il existe toujours des groupes, des différences, des échanges, et ces différences ne constituent pas forcément des hiérarchies. Une chose est sûre: ce n'est pas homogène.

L'alliance

Elle est née le 18 octobre 1913, quelque part en Pologne.
Elle est morte fin juillet 2001, à Vierzon. Les dates de mort m'échappent toujours.
Elle s'est mariée en février 1936, le 8, il me semble. Elle est arrivée en France peu après, seule. Elle venait travailler, gagner de l'argent, avant de repartir en Pologne habiter la maison que pépé avait commencé à construire (il parlait très peu, mais un jour il m'a expliqué qu'il avait commencé à fabriquer les briques pour cette maison avant de devoir partir. Ça m'avait beaucoup impressionnée: fabriquer les briques avant de fabriquer la maison… J'aimais l'idée de faire cuire les briques comme on fait cuire le pain.)
Il l'a rejointe en France, je ne sais pas pourquoi.
La guerre a éclaté, les blocs se sont figés, ils sont restés en France.
Un soir dans la cuisine, alors que nous buvions le tilleul destiné à améliorer leur condition cardiaque, ma grand-mère a découvert que mon grand-père n'avait pas porté son alliance durant la période où ils avaient été séparés, elle en France, lui en Pologne, cinquante ans plus tôt.
Elle lui a fait une scène.

Le contrat de mariage

Je lis Balzac.

Il y a quelques temps, Paul est arrivé déconfit à l'un de nos déjeuners hebdomadaires. Tout autant attentif à ne pas laisser trop de papiers à trier à ses héritiers que désireux de s'occuper, il range ses armoires, jette, classe, étiquette ses archives, me demande conseil sur ce qu'il faut garder («Gardez tout ce qui vous fait plaisir! — Mais qu'en feront-ils après moi? — Laissez-les juges, vous ne savez pas ce qui intéressera vos petits-enfants. Au pire ils jetteront, pourquoi jeter maintenant ce que vous avez envie de garder?»).

Il venait de retrouver la correspondance échangée entre ses grands-pères, le père de sa mère et le père de son père, à l'époque des fiançailles de ses parents. Et lui qui adule sa mère dont le souvenir est encore grandi par l'absence tentait de dissimuler par un sourire l'humiliation filiale qu'il avait ressenti à la lecture de ces lettres: «Cela ressemble un peu à un marché entre maquignons.»

Il y a des lectures qu'on devrait éviter aux fils, même ou surtout s'ils ont 87 ans.

Matin

Je reprochais à H. de ne pas lire mon blog.
— Ton blog me fait de la peine, m'a-t-il répondu.
Il a raison, mon blog lui fait sans doute de la peine, de ce que j'écris qu'il ne sait pas ou de ce qu'il sait qu'il préfèrerait que je n'écrivisse pas.

H. me fait de la peine.
Il me fait de la peine quand lisant un article que j'ai écrit pour une revue universitaire il me dit avec chaleur :«Je ne savais pas que tu écrivais aussi bien» (1/ envie de meurtre (car qui sinon lui devrait le savoir?) 2/ a-t-il vraiment les moyens (le niveau) d'en juger? 3/ l'aurait-il pensé/dit si je n'avais reçu les éloges des lecteurs chargés de sélectionner les articles pour leur revue?)

Il me fait de la peine quand découvrant avec émerveillement le dernier Camus je le lui donne à feuilleter («Regarde!») et que je m'aperçois trois jours plus tard qu'il a bien regardé les photos comme je le lui enjoignais, mais sans même avoir la curiosité de regarder qui était l'auteur ni s'apercevoir qu'il s'agissait de la Grande-Bretagne. Comment mieux témoigner son indifférence?

Je m'en fous, je me suis inscrite à Cerisy.

La vie est compliquée

— Désormais je vise une place au Vatican. Je me sens bien au Vatican.
— Comme Christine Boutin, alors.
— ?!?
— Tu ne savais pas? Elle occupe une fonction officielle au Vatican.
— Ah? Bon. Alors oui, comme Christine Boutin.
— Si tu deviens Christine Boutin, c'est une cause de divorce.
— C'est embêtant, si je suis divorcée, je ne pourrai pas avoir de poste au Vatican.

Sacré Patrick

Je feuillette Le Point avant tout pour la chronique de Patrick Besson. Cette semaine, il propose «24 conseils au président de la République en vue de ses noces avec Mademoiselle Bruni».

En voici quelques-uns :
4/ Eloigner votre fils aîné de votre nouveau couple.
5/ A la réflexion, le cadet aussi.

9/ En cas d'échec à la prochaine élection présidentielle, vous attendre à redevenir célibataire.

13/ En cas de chute de votre popularité, ne pas renoncer à votre voyage de noces sur le yatch ou dans la propriété d'un multimilliardaire français ou étranger: on n'a qu'une vie.
14/ Ne pas avoir peur d'inviter Christian Clavier à vos dîners de couples, Carla a le rire facile, comme beaucoup de grande séductrices qui ont compris que les hommes se croient drôles.
etc…

Patrick Besson, Le Point, 17 janvier 2008
J'aime bien Carla Bruni. Elle est suffisamment jolie, suffisamment silencieuse, suffisamment riche et assume suffisamment tranquillement son passé (et sans doute futur) de croqueuse d'hommes qu'aucun journaliste n'ose se moquer d'elle: elle laisse peu de prises (et certains doivent espérer avoir leur chance; après tout, Jean-Paul Enthoven faisait partie de la corporation).

Continue, ma belle.

Je tiens à proclamer que je trouve la couverture de Closer de cette semaine absolument indigne.




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Dix ans plus tard, j'explicite : Closer montrait d'une part Cécilia Sarkozy non photoshopée, en maillot de bain avec cellulite, d'autre part Carla Bruni sous son aspect de mannequin.

Points de vue

Feuilletant Point de vue en attendant le RER, j'apprends que Chloé Bouygues et Yannick Bolloré se sont mariés récemment. Mariage simplissime, ajoute le magazine, huit cents invités, précise-t-il.


Conversation ce week-end sur la terrasse (mes week-ends sont passionnants (je deviens de plus en plus misanthrope)).
Un ami : — Ma grand-mère est abonnée à Point de vue depuis des années. Ça me dépasse.
Moi, généralisant : — Parce que vous préférez les nanas à poil. Nous, on regarde les robes et les chapeaux.


Honnêtement, en quoi Closer ou FHM ou Interview sont-il le signe d'une plus grande évolution intellectuelle ?


mise à jour le 1er septembre 2006
Evidemment, Martin Bouygues n'a pas daigné venir au mariage de sa nièce en juin dernier. Motif? La fille de son frère Nicolas épousait le fils de Vincent Bolloré, son ennemi intime. Rien à  faire : ces deux-là , qui se connaissent depuis l'école primaire, sont irréconciliables. Il faut dire que le raid avorté de Bolloré sur Bouygues, en 1998, a laissé du sang sur les murs. L'empoignade a été d'une rare violence. Bouygues n'avait pas hésité à  embaucher des détectives de l'agence Kroll pour fouiller dans la vie privée de son assaillant. L'industriel breton avait répliqué en faisant appel à  l'ex-inspecteur Gaudino pour dénicher des jongleries comptables dans le groupe de BTP. Depuis, les escarmouches se multiplient. En septembre 2003, Bolloré a été mis en cause par TF1, dans un reportage de «Droit de savoir» sur «les dessous de Saint-Tropez», qui accusait le milliardaire d'avoir bénéficié de passe-droits pour construire sa villa. Furieux, il a porté plainte, persuadé que Bouygues avait donné des instructions aux journalistes. A l'été 2004, quand Bolloré s'est attaqué à Havas, Bouygues s'est empressé d'acheter discrètement un gros paquet d'actions, pour tenter — en vain — de voler au secours du publicitaire. Il y a laissé des plumes, mais quand on déteste, on ne compte pas…
O.D. Capital septembre 2006

Le mariage de mon oncle

Mon oncle a donc épousé celle qui est désormais ma tante — après dix ans de vie commune. C'est difficile de la considérer comme ma tante, j'aimais tant la première femme de mon oncle, elle me manque.

Je n'avais pas anticipé ce mariage, je n'avais pas prévu de toilette, je me suis habillée comme une cruche. Ça m'ennuie, je suis immobilisée ainsi sur les photos pour l'éternité.

Mon oncle connaît tout le monde ici: bien qu'il soit divorcé, le prêtre a acepté de bénir leur union.
Nous avons fait de belles photos de famille, j'aurai une belle photo de mon oncle et de mon père.

J'ai fumé devant la salle des fêtes, en me dissimulant. Mon plus jeune cousin l'a remarqué et m'a dit «Alors, on se cache pour fumer?», ce qui était quand même ridicule à trente-neuf ans. C'est lui aussi qui m'a interrogé sur RC et mes interventions sur la SLRC. J'étais très embarrassée, très embarrassée d'une part parce que j'ai du mal à être lue, d'autre part parce que RC est réactionnaire. C'est dur de reconnaître que je soutiens un réactionnaire. J'ai bafouillé, je n'ai pas défendu ma cause ou la sienne. Dommage.
Je ne l'ai pas défendue parce que je n'avais pas envie de passer pour réactionnaire, mais pas envie non plus d'être sur la défensive, comme si je devais m'excuser de mes goûts.

Cela a joué quand j'ai arrêté la SLRC et commencé à bloguer. Bien sûr il y a eu l'insupportable François Matton. Mais il y a eu aussi mon cousin. Je n'avais plus vraiment envie de rester sur la SLRC et de porter son étiquette.
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