Billets qui ont 'musique' comme mot-clé.

Six suites de Bach pour violoncelle seul

Journée de boulot dense comme elles le sont toutes depuis plusieurs semaines — pas pris le temps d'aller faire de l'ergo car j'avais une réunion à 9h30, timing trop serré.

Dîner au Local café porte de Pantin puis concert. Yo-Yo Ma impérial dans les six premières suites de Bach. Je me demande comment il pense, comment sont rangées les notes, les partitions, dans sa tête. Deux heures dix de jeu yeux fermés quasi en permanence. A-t-il mal au dos, aux fesses, le bras se crispe-t-il? C'est aussi une performance physique. Je suppose que tout cela est dépassé depuis longtemps.

Après la troisième suite un groupe de jeunes noirs au dernier étage quitte la salle très discrètement (mais je les vois, je suis en face tout en bas), puis plus bas trois blackettes au début de la quatrième. Ont-ils cru que Yo-Yo Ma était un rappeur, comme il y a bien longtemps j'avais pensé je ne sais plus quelle formation être du jazz alors que c'était de l'ultra-contemporain? (nous nous étions éclipsés à l'entracte). C'est dépouillé, austère et dansant. Yo-Yo Ma sourit. Il dédicace la troisième aux Parisiens, la cinquième à ceux qui souffrent ou ont récemment perdu un être cher.
Deux heures de transe.

Ce qui m'a fait sourire en rentrant dans la salle: le plateau vide occupé uniquement d'une chaise.



Yentl

Aviron le matin, tajine le midi, achat de deux chemises, rouge et violette (Ma ptite chemise à Fontainebleau: j'aime beaucoup la vendeuse). H. passe dans un magasin Orange pour se renseigner sur un abonnement à la fibre. Fatalitas!: notre adresse n'existe pas.
Je le savais déjà, le cadastre ne reconnaît que le 3 et pas le 3T, il est tout proche de nous domicilier dans une rue parallèle dans la mesure où notre loft appartenait à une ferme dont le portail s'ouvre sur cette rue. Je l'avais signalé aux impôts lors de la réception de notre premier avis d'impôts fonciers, sans résultat. Je n'avais pas réussi à intéresser H. au sujet à l'époque; j'ai soudain l'impression qu'il va s'en occuper. Il m'apprend qu'il faut s'adresser à la mairie, responsable du cadastre, et non aux impôts. Il aurait dû me le dire, maintenant je lui abandonne le sujet.

Le soir, festival Rosa Bonheur.
(Pour les fans il y a Juliette qui y passe le 28 août).



Concert autour des musiques de Yentl. Robert Fienga a fait les arrangements. Le Sextet Héméra est composé de femmes. La chanteuse Marie Oppert est étonnante.

Après le concert, nous attendons la nuit afin d'assister à la projection de Yentl.
C'est un film que je n'ai jamais vu mais que je rêvais de voir en 1984, à sa sortie. Tout ce qu'en disaient les médias, la petite fille qui étudiait le Talmuld en cachette avec son père, l'émancipation des femmes, j'étais si curieuse de voir ça.

En fait ce n'est pas du tout ça.
C'est une daube plus ou moins romantique, avec une reconstitution plus ou moins fiable de la Pologne de 1903. Je ne peux pas croire que Barbara Streisand n'ait pas fait de recherches sur son sujet, mais Lublin si propre, une jeune fille juive en cheveux devant des étrangers... Tout cela me paraît pour le moins improbable.
Sans compter l'invraisemblance du mariage blanc.
N'importe quoi.
Et à la fin, bien entendu, l'Amérique comme terre de toutes les promesses: pfff… (quoiqu'en 1903, personne ne pouvait savoir à quel point cela allait être vrai pour un juif européen.)
Bref, je me serais beaucoup ennuyée si je n'avais eu H. pour rire sous cape ensemble.

Concert de poche

Concert de poche à Montigny dans un gymnase (pardon: une salle polyvalente). Tandis que les notes de Mozart s'élèvent, je me représente les salons viennois du XVIIIe siècle. J'imagine tant de commentaires contradictoires. Partir à la rencontre du public plutôt que l'attendre. Il est temps.

Piano et direction : François-Frédéric Guy
Orchestre de chambre de Paris

Mozart, Concerto pour piano N°12 en la majeur, K.414
Aurélien Dumont, Ecoumène, concerto pour piano et orchestre
Beethoven, Syphonie N°4 en si bémol majeur, Op 60

Les pièces sont présentées par Pierre-Alain Braye-Weppe. Je ne sais pas qui c'est (bon, maintenant j'ai googlé), mais il est très bon.

Après la pièce de Dumont (noonnn, pas le polystyrène!!), H. commente:
— Comment faire voter RN toute une salle.1.
Je ris: — Pas sûr. Les élèves de collège que le classique ennuie, ça leur fait peut-être du bien de découvrir qu'on est libre, qu'on peut faire ce qu'on veut.

La quatrième est menée à un train d'enfer. Les bois ont l'air de beaucoup s'amuser.



Note
1: il triche, la circo 3 vote déjà RN.

Les arts florissants

Premier concert de la saison : jusqu'ici, soit ceux que nous avions prévus ont été annulés, soit ce sont nos places qui ont été annulées de façon à respecter l'écart entre les spectateurs.

Concert à 18h30, nous dînons d'un sandwich debout devant la salle: pas l'heure de dîner avant, pas le temps de dîner après (il nous faut une heure pour rentrer).

Cela valait les quarante kilomètres de déplacement et le masque permanent.
Joseph Haydn, Symphonie n° 84 conduite par William Christie,
Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano n° 18 conduit du piano forte par un enchanteur Kristian Bezuidenhout (musicien que je découvrais ce soir).


Kristian Bezuidenhout durant le rappel.

Déception

Mail reçu de la Philharmonie:
Vous avez réservé une ou plusieurs place(s) pour le concert du Gewandhausorchester Leipzig dirigé par Andris Nelsons avec la participation d'Anne-Sophie Mutter programmé le vendredi 20 novembre 2020 à 20h30 en Grande salle Pierre Boulez – Philharmonie.

Nous avons le regret de vous informer qu'en raison des difficultés que les orchestres connaissent actuellement pour circuler en Europe du fait de la crise sanitaire, nous sommes contraints de l’annuler.
Je suis très déçue, je m'en faisais une telle joie.

Vous pouvez écouter Anne-Sophie Mutter dans le concerto de Beethoven jusqu'au 13 décembre sur Arte.

Grande Messe vénitienne par les Arts florissants

Nous avons commencé par nous tromper de salle : la salle de concert de la Cité de la Musique n'est pas la Philharmonie. (Salle petite, chaleureuse, tendance bois plutôt que ciment. Une autre époque).

Paul Agnew a fait son habituel discours (dédicace Laurent), plutôt amusant, avec un accent pittoresque et des fautes de français étonnantes pour quelqu'un qui vit en France depuis si longtemps (Jane Birkin vs Thomas Römer). Il nous a résumé avec humour quelques lignes du livret en nous demandant un effort d'imagination: en effet, «la grand Messe vénitienne n'existe pas».
Je vous copie le livret:
Tout juste ordonné prêtre, Don Antonio Vivaldi devient en 1703 le maestro di violin delle figliole [maître de violon des jeunes filles] de l’Ospedale della Pietà de Venise. Cette institution caritative accueillait les orphelines et les filles illégitimes de l’aristocratie vénitienne, et leur offrait une éducation musicale poussée. Ces jeunes filles formaient un coro de chanteuses virtuoses ainsi qu’un concerto d’instrumentistes, réunissant généralement trente à quarante musiciennes, voire soixante-dix pour les grandes occasions. Pendant plus de trente années, Vivaldi produisit pour cette institution une quantité impressionnante de compositions, tant instrumentales que vocales, et assura leur exécution. Si divers fragments de messes, des psaumes et les motets nous sont parvenus, aucune liturgie complète, aucune missa ni aucun vespro intégral ne vient témoigner de cette intense activité liturgique. Il est pourtant attesté qu’une messe entière avait été commandée à Vivaldi en 1715 par les administrateurs de la Pietà. La messe vénitienne proposée ce soir relève en fait d’un travail de reconstitution musicologique qui emprunte sa substance à divers éléments de la production religieuse de Vivaldi. Le Kyrie, le Gloria et le Credo sont des compositions originellement distinctes et isolées. Le Sanctus et l’Agnus Dei sont des contrafacta: leur musique a été tirée de diverses compositions préexistantes et parée de nouveaux textes liturgiques, suivant l’usage ancien de la parodie.
En conséquence l'orchestre n'était composée que de musiciennes, «sans que cela n'ait de rapport avec MeToo», nous a assuré Paul Agnew.

Ce fut une très belle soirée.
William Christie était présent en nœud papillon.

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Bibliophore : (Qu'est-ce qu'il y a dans votre sac? me demande le vigile de la salle. Des livres! ris-je.)
- Henry Bauchau, Antigone
- Raymond Queneau, Saint-Glinglin
- Eric Chevillard, Démolir Nisard

Je continue Le Chiendent commencé mardi. Un ancêtre tout à la fois du Nouveau Roman et de San-Antonio.

Revue

Blogs sortis du silence:
Planes (lecteur de Sebald et joueur de foot (voilà un blogueur rapidement catalogué :D)
Mississippi en conserve, qui désormais raconte des voyages dans le sud de la France. Il n'y a pas d'archives, est-ce bien le même que celui qui mettait en ligne de si belles photos d'isolement dans le sud des Etats-Unis?


Liens collectés :
Des galaxies se synchronisent.

Beltégeuse va mal et ça me navre.1

Un restaurant romain, Renato e Luisa, via dei Barbieri, 25 Roma; le glacier Giolitti près du Panthéon.

Comme dirait Dirty Denys, «Une contribution originale au débat sur les retraites»: La bataille de Narayama, sur Arte.

Un classique: la recette de la galette des rois selon Kozlika.

Un twittos avocat a fait un énorme boulot concernant la réforme de la procédure civile. A vrai dire je ne sais pas ce que c'est, mais cela peut être utile à certains d'entre vous, ou a des amis ou connaissances: faites circuler et n'hésiter pas à le remercier, vu les réactions de ses confrères, cela a l'air énorme (comme travail, comme cadeau).

Pour les musicos nostalgiques de 1977: a 50-year-old Rhythm Machine with Midi.

La fille en rose est championne du monde de fléchettes.

Les mots croisés résolus en moins de douze minutes par Alan Türing et ses comparses pour intégrer le projet Enigma.

Une vache rebelle s'est enfui pour rejoindre les bisons.


Note
1: commentaire de H.: comme elle est à des milliards de kilomètres, elle a (ou est?) peut-être explosé depuis sept cents ans.

L'enfance du Christ

Concerts gais ce soir. C'est surtout l'occasion de revoir Zvezdo. Notre dernière rencontre date d'environ deux ans (c'était avant l'été il me semble. Pas 2019. 2018?) Nous discuterons après le concert de charges de travail, remboursement de santé, retraite, vacances…

Très beau concert, livret émouvant à la fin apaisée. Dommage de ne pas l'avoir programmé avant Noël. Au milieu du concert j'ai eu une révélation (épiphanie): Jésus a passé sa petite enfance à l'étranger, en milieu non juif. Cela rend d'autant plus étonnant qu'il prêche en synagogue à douze ans (Lc 2, 41-52) mais rend compte d'un point de vue humain de sa sensibilité au monde non juif.

Une plaquette nous est distribuée à l'entrée, elle nous raconte l'histoire de la pièce (Berlioz l'a signé d'un pseudonyme, Pierre Ducré, si bien que certaines personnes ont trouvé que «Voilà de la musique! […] Ce n'est pas votre M.Berlioz, en tout cas, qui fera jamais rien de pareil!»).
L'auteur de la plaquette nous donne également un résumé du livret, et commente, à propos de l'arrivée à Saïs:
Après un périple éprouvant, nos réfugiés [la sainte Famille] atteignent enfin Saïs, où les attend un accueil des plus modernes: «Arrière, vils Hébreux! Les gens d'Egypte n'ont que faire de vagabonds et de lépreux!»


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Agenda
Barré notre yolette le matin après avoir fait ramassage scolaire.
Je ramène Caro dans le 11e et vais à Bercy.

À couteaux tirés. Film agréable que j'ai pensé un instant se dérouler dans la campagne anglaise jusqu'à ce que je reconnaisse des lacs proches de Mystic River, Massachussets. Film à la Agatha Christie, avec une allusion à Hercule Poirot (le détective s'appelle Benoît Blanc, prononcé Blanque), à Watson et une pointe d'angélisme-fiction (la jeune fille qui vomit quand elle ment). Le suspense est construit de façon intéressante: beaucoup d'informations sont données au spectateur qui doit faire la gymnastique de se souvenir de ce que sait chaque personnage.
Daniel Craig s'est un peu empâté. Que cela doit être soulageant de ne plus se priver pour jouer James Bond (régime et musculation).

3e de Mahler

Ce soir concert à la Philharmonie. J'ai donc commencé la journée en garant la voiture porte de Pantin, après avoir suivi le parcours sinueux de Waze qui m'a fait traversé la Seine deux fois pour éviter la A4. Puis deux croissants et un crème, tramway, ligne 1 et RER A.

A midi, sept des huit rameuses de dimanche prochain était là. Belle sortie avec Anne à la nage (est-elle allée se plaindre après la sortie du week-end dernier?).

Le concert (la 3e de Mahler) commençait à 20H30. J'avais donné rendez-vous à Jérémy — que je n'avais pas revu depuis deux ans ou plus — à 19h30 au café des Concerts. CityMapper me proposait plusieurs trajets, j'ai choisi de varier un peu: RER A puis ligne 9 jusqu'à mairie de Montreuil.
Dix minutes annoncées entre chaque rame. Nous attendons sous une pluie glacée, sous l'abri de la station. Un Algérien beurré comme un petit Lu est surveillé par des congénères, la conversation s'engage, c'est jour d'élections en Algérie. Nous attendons. Un tramway passe en face, deux stations le sépare de nous. Nous attendons. Je twitte, je lis Twitter. Nous attendons. Des gens commencent à s'impatienter, certains partent. Nous attendons. Une rame arrive, vide, ralentit, nous nous approchons, elle ne s'arrête pas et repart, vide. Cela fait plus d'une heure que nous sommes là, j'aurais dû surveiller l'heure, la triste réalité est qu'il n'y a plus de tramway.
Je préviens Jérémy de dîner de son côté et commence à marcher sous la pluie, porte de Montreuil-porte de Pantin combien de kilomètres combien de temps?
Pour une raison que j'ignore une dame a commencé à engager la conversation avec moi et m'accompagne, elle voudrait prendre un taxi en commun, elle va aussi à la Philharmonie. Pas de taxi, nous marchons, nous voyons passer d'autres rames vides qui ne s'arrêtent pas. Si ma voiture n'avait pas été à Pantin, je serais rentrée chez moi. Je toque à la vitre des voitures arrêtées aux feux rouges, mais à ma grande surprise les conducteurs ne sont prêts à faire aucun effort. Un homme finit par accepter de nous avancer de quelques portes, nous bavardons, il est d'Europe de l'est, éberlué par le bordel actuel.
— Ça va s'arrêter quand ?
— Oh, ça va continuer la semaine prochaine, ça ne va pas s'arrêter avant les vacances. Après les profs seront en vacances, ce ne sera plus pareil.
Il est effaré : — Ah, c'est bien d'être prévenu, répond-il, paraissant réellement soulagé.

Nous marchons, trouvons un taxi, j'arrive quelques minutes avant le concert. Je suis déçue de ne pas avoir pu discuter avec Jérémy. 3e de Mahler dirigée par Esa-Pekka Salonen devant une salle clairsemée. Quand les chanteurs entrent sur scène lors du quatrième mouvement, je me souviens de Gv expliquant les choix différents selon les chefs d'orchestre (chanteurs présents durant tout le concert ou entrants sur scène, assis ou debouts).

Je ramène Jérémy chez lui. A onze heures passées il y a encore énormément de voitures dans les rues. Nous parlons traductions (les logiciels de traduction automatique utilisés dans des cadres professionnels malgré leurs failles), GPA (les femmes indiennes qui paient ainsi les dettes de leur mari, les Américaines qui s'offrent un tracteur), adoption… Je suis contente de l'avoir revu.

Vintage

H. a ramené des objets dont ses parents se débarassaient, des casseroles émaillées par le grand-père, le poste à galène de sa grand-mère (réparé, il fonctionne), un volume de L'Illustration (gigantesque), des 33 tours. Je regarde:
— Oh, un Thriller de l'époque!
— J'avais fais la queue pour l'avoir.
Il a collé de chaque côté de la photo de la pochette des photos plus petites, sans doute découpées dans Télépoche vu la qualité du papier. Je ne le savais pas un tel fan.

Par ailleurs, nous avons comme point commun sociologique d'avoir chacun un grand-père bouilleur de cru. Ceci est de l'eau-de-vie de prune.




Journée si régressive que j'ose à peine l'écrire ici: Monaco (les biscuits apéritifs) et TBBT au lit toute la journée. La version bière/canapé en pire.

Mémoires d'Outre-Tombe tome 1

Pour la première fois depuis que j'ai repris le travail, nous prenons la voiture à sept heures pour petit déjeuner à huit près de Tolbiac. Croissant et chocolat, The Dark Side of the Moon en musique d'ambiance, ce qui fait que j'écris cela en écoutant Youtube.

RER A 8h30 environ.
La dernière fois que j'avais vu lire ce livre, c'était un pompier surveillant les toits du Mont-Saint-Michel (septembre 2015 ?)

Sous le signe de la Suède

H. et O. travaillent à terminer le meuble de la cuisine, qui est en réalité un meuble de salon ou bureau acheté chez Ikea (les meubles de cuisine sont trop profonds pour la place dont nous disposons).

Donc nous avons pour l'instant un meuble bleu sur le fond circus de notre cuisine.


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H. est allé chercher une étagère (planche) de plus et nous a ramené les célèbres boulettes de viandes Ikea. Vingt-cinq ans que je n'en avais pas mangées, ça n'a absolument aucun goût (plus de six cents calories la barquette de 380 grammes: que mettent-ils dedans?) Heureusement que j'avais exigé de la confiture d'airelles.

Le soir, un épisode de Braquage à la suédoise repéré hier tandis que je cherchais le reportage sur le Brexit. Plaisant
Et dans la foulée, un documentaire sur Stallone (le moment où je découvre d'où vient "Adrienne", qui est en fait "Adrian".)


Sans rapport, mais curiosité : en revoyant Pour elle il y a quelques jours, j'ai découvert que l'un des thèmes musicaux est repris par Mad Max 4.

Des présences rares

Oulipo le soir. Comme souvent j'arrive trop tard pour assister à la séance, je rejoins le groupe à la sortie de la BNF.

Jacques Ponzio (de Marseille) est là. Je l'interroge sur le jazz car je sais qu'il a sorti un livre l'année dernière: Thelonious Monk: abécédaire. Il m'apprend qu'il en a écrit un autre, Blue Monk, il y a vingt-cinq ans (renseignement pris, c'est une référence), et surtout qu'il doit en sortir un autre: «cette fois-ci ce sera mon Monk, me dit-il, et je ne suis pas toujours tendre.»
Jacques, c'est aussi un groupe de jazz, "Africa Express", avec bientôt un nouvel album dont il semble très content.

H. est là, cela fait plusieurs fois qu'il me rejoint le jeudi. Ça me fait plaisir.

Olivier Salon arrive plus tard et nous ravit de sa fantaisie en nous parlant de Satie et nous racontant des anecdotes loufoques — mais vraies (google dixit).

Theo Lawrence & the hearts

Deuxième entraînement. Sortie à quatre, sans Isabel (il en manque toujours une). J'ai découvert qui était Anne (que je connais bien, en fait : elle ramait le midi jusqu'à ce que son entreprise déménage. Maintenant elle vient le soir et le week-end. Je comprends mieux pourquoi Vincent ne les a pas laissées faire du quatre le week-end dernier: Anne-Sophie et moi sommes de loin les plus expérimentées des cinq. Agathe et Isabel n'ont que quelques mois derrière elles, Anne un ou deux ans). Toujours beaucoup de courant. Moins de vent, c'est beaucoup plus facile.

Rendez-vous avec Antoine et Sarah chez Ladurée : il me donne les clés et le bip de sa place de parking dont il n'a pas l'utilité pour l'instant. Voilà de quoi survivre à la grève dans les trois mois à venir, nous pourrons nous garer au bout de la ligne A qui appartient à la RATP (comme la B) et non à la SNCF (comme les C et D).
Je papote une petite heure. Apparemment H. se serait engagé à aller aux US cet été rendre visite aux parents d'Antoine, tant et si bien que ceux-ci sont en train d'économiser leurs jours de vacances pour nous recevoir…
Antoine est un peu gêné d'apprendre que je ne suis pas au courant. Je tente de le rassurer en lui expliquant que cela n'a pas d'importance, que d'une part je n'ai pas besoin d'un long préavis, d'autre part ce n'est pas encore décidé (c'est pour ses parents que je suis embarrassée: s'ils sont en train de réduire les jours passés avec leur fils en prévision de notre venue, je serais gênée de ne pas y aller.)

Après avoir écouté Rebecca Manzoni sur France Inter un matin de mars, j'avais pris quatre billets pour Theo Lawrence & the hearts aux Etoiles.
Bien entendu, cela devient une habitude, je me suis retrouvée avec un billet sur les bras, H trop fatigué pour venir. Cette fois-ci C. a trouvé un candidat (une candidate en l'occurrence) pour venir avec nous.
Soirée agréable. Evidemment, comme nous ne connaissons pas les paroles, toutes les chansons tendent à se ressembler dans le rythme de la batterie et du clavier. Très belles guitares. Je suis handicapée par mon arythmie, je me demande ce qu'entendent les autres.
— Mais après tout, peut-être que je le fais exprès mais qu'en fait j'entends très bien. Je fais exprès de faire semblant de ne pas entendre le rythme pour vous faire rire.
— A un moment je me suis posé la question, mais c'est trop incroyable ce que tu fais. Ce n'est pas possible.
— ??
— Mais c'est comme lire ! Une fois que tu sais lire, tu ne peux pas t'empêcher de lire ! le rythme, c'est pareil.

Le père de Camille collectionne les clarinettes en métal.

Nous rentrons, non sans nous être disputés sur la grève SNCF (C. défend les cheminots.)

Agamben et Bartok

TG sur Saint Paul vu par Agamben. Le temps qui presse. Cela ressemble tant à Jacob Taubes. Constaté avec surprise que cela désarçonnait profondément mes compagnons de cours (au point que dans un autre TG les élèves ont refusé d'étudier le texte et ont parlé d'autre chose!) alors que cela m'est si familier. Je regrette d'avoir perdu ce début d'expertise, j'aimais lire cela.


Le soir, Le château de Barbe-Bleue à l'opéra Garnier : depuis que je l'avais entendu il y a quelques années au théâtre des Champs-Elysées, je voulais y emmener H.
Ce fut très différent dans la mise en scène, avec utilisation de la vidéo omniprésente jusqu'à en devenir gênante (c'est souvent le cas désormais). Beaux jeux de couleurs.
Je dois avouer que c'est surtout la deuxième œuvre qui m'a fascinée : la Voix humaine de Poulenc, une demi-conversation téléphonique, à laquelle je ne m'attendais pas, que je n'avais pas remarquée sur le programme. Epoustouflant.

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Le château de Barbe-Bleue :
le duc Barbe-Bleue : John Relyea Judith : Ekaterina Gubanova

la Voix humaine :
Elle : Barbara Hannigan

direction musicale : Ingo Metzmacher
mise en scène : Krysztof Warlikowski
décors et costumes : Malgorzata Szczesniak
lumières : Felice Ross
video : Denis Guéguin
chorégraphie : Claude Bardouil
dramarturgie : Christian Longchamp

Doléance

Entendu en quittant la salle de l'opéra Bastille après La Veuve joyeuse :
Voix de femme, accusatrice :

— C'était la première fois que je voyais du French Cancan. Tu ne me sors jamais, tu ne m'as jamais emmenée au Moulin rouge.

Faute de genre

Dans la voiture j’écoute le dernier « coup de gueule » d’une journaliste sur France Musique : tollé aux Pays-Bas parce que le Concertgebow a illustré une campagne de pub par un appareil à souffler les feuilles soulevant la jupe d’une femme, découvrant ainsi un string (jeu de mots en anglais sur un titre de Bach : air on string, mélodie sur une corde ou souffle sur une ficelle (le string)).
Et je me dis qu’ils sont bêtes, ils ont oublié qu’il fallait maintenant décaler ce genre d’allusions : ils auraient fait cela avec un homme en kilt, tout le monde aurait ri.

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Agenda
Aviron. Clémentine me vouvoie et me dit «Merci Madame». Je ne lui demande pas de me tutoyer. Il sera toujours temps si elle devient une fidèle du club.

C’est la rentrée. Encore deux ans.
Les travaux de l’ICP sont terminés. La cour ne me plaît pas, elle est entièrement cimentée de blanc (mais non plate, ce qui permettra à la pluie de ruisseler), percée de minuscules lampes qui sont comme des étoiles venues du sol dans la nuit. J'aurais préféré des arbres, des fleurs, de la terre. Evidemment il aurait fallu des chemins, c'est sans doute moins adapté à la circulation de beaucoup de gens.
Les salles (toutes les salles, ou seulement celles du bâtiment S) sont pimpantes et le mobilier neuf. Il était temps : le précédent semblait rassemblé de bric et de broc, avec des tables trop hautes, trop étroites, des chaises très inconfortables (celles-ci ô merveille sont rembourrées : combien de temps pour que des élèves inconscients de leur chance ne les tailladent ?)

Cours sur Heidegger, ou plutôt la phénoménologie (mais pas celle d'Husserl, donc celle de Heidegger) à partir de Jean-Yves Lacoste. « Il ne faut pas confondre la théologie philosophique (Voltaire, théodicée de Leibniz), la philosophie de la religion (Kierkegaard, les Russes, etc) et la philosophie des religions (étude des religions existantes).»
Je me prends à regretter que notre cours de sociologie soit si loin. J'ai l'impression que nous nous inscrivons dans la ligne directe de Durkheim and co.

Sidération

Les points forts du jour :
- Ramé comme une brêle en double avec A-S. Zut, une sortie gâchée. Trop crispée. Sans compter que je me suis rendue compte plus tard que j'avais prévu d'aller à la méditation de l'Avent au centre Sèvres qui est prêchée par quelqu'un qui était avec moi en cours d'allemand il y a deux ans (et donc un protestant prêche l'Avent chez les jésuites). Zut, j'ai oublié.
Magnifique soleil.

- Je lis Le Procès des droits de l'homme pour jeudi. Emprunté Beowulf à Malraux pour estimer si c'est un cadeau envisageable pour reddit Noël 2016 (mon "match" semble un geek intello, ou un intello geek).

- Allemand. Pour une fois je n'avais rien préparé. Entre mes quatre heures de sommeil et mon heure d'aviron, j'ai lutté contre l'endormissement durant la deuxième partie du cours.

- Cavalleria rusticana et Sancta Susanna d'Hindemith à Bastille. Dans les mises en scène de ce soir, les deux pièces sont liées par le Christ en croix qui surplombe la scène.
Très beaux chœurs et très beaux duos dans Cavalleria (Elina Garanca, Yonghoon Lee et Vitaliy Bilyy).
Sancta Susanna a plongé la salle dans la sidération. Les applaudissements ont retenti sitôt le gong final, sans même laisser les harmoniques s'estomper et le rideau tomber; mais cela ne cache pas que les spectateurs ont littéralement fui la salle. Et pourtant Anna Caterina Antonacci était admirable (tant par la voix que la présence scénique: le metteur en scène l'a mise à contribution autant comme une actrice que comme une chanteuse) et le décor, avec son aspect de miniature hollandaise puis de peinture à la Jérôme Bosch (je spoile), était remarquable.

Dix chansons françaises

A l'origine, c'était pour répondre à un ami américain sur FB.
C'est ma première playlist sur Youtube (trop fière je suis).
Je vais me coucher sans attendre le résultat des élections américaines. Je me souviens d'il y a huit ans, aux Invalides, les larmes de joie… C'était le président élu par le monde entier. Avons-nous été déçus? Oui, sans doute. Mais nous le regretterons, vu ce qui nous attend.

Dix chansons françaises.

Quelques commentaires:
** Brel et Brassens parce que je ne vois pas une liste de chansons françaises sans Brel et Brassens. Et Aznavour. J’ajoute Aznavour.
1/ Les Flamandes de Brel
Pour le rythme et les paroles et les allusions socio-économiques (même si ma chanson préférée de Brel est « Le plat pays »).
2/ L’Auvergnat de Brassens
3/ For me formidable d’Aznavour
J’ai l’impression d’avoir grandi avec cette chanson.

** Renaud et Higelin, les chanteurs que je connais le mieux (surtout Renaud)
4/ La tire à Dédé de Renaud
5/ Encore une journée d’foutue d’Higelin
J’adore l’harmonica - Le musicien, Diabolo, était extraordinaire en concert.

** Deux Québéquois
6/ La complainte du phoque en Alaska de Beau Dommage
Je ne sais pas si quelqu’un connaît une autre chanson de Beau Dommage…
7/ Linda Lemay, J'veux pas d'visite
Les enfants disent que c’est mon hymne : j’veux que les enfants demandent à leur mère « est-ce que c’est vrai qu’c’est une sorcière ».

** trois qui me font rire
8/ Boris Vian
Difficile de choisir entre « on n’est pas là pour se faire engueuler » et « la java des bombes atomiques». Chansons à morale profonde!
9/ Nougaro, Je suis sous
10/ Macao, Le grand orchestre du splendid
Mes années de lycée.

Ennio Morricone

Le concert était programmé à l'origine fin mai, déplacé sans explication ce week-end, l'un des plus chargés de l'année pour nous (un moment je me suis demandé si nous allions réussir à y assister).

Un dimanche soir: donc en RER (pour éviter les bouchons), LE dimanche sans voiture, raison de plus. Bien sûr, la ligne 1 avait un problème (en ce moment il y a un problème par jour, matin ou soir, matin et soir, sur la ligne 1, le RER A ou D), sans compter qu'il n'y avait pas d'arrêt à la station Georges V (non que nous en ayons eu besoin, mais je pense aux touristes). Je ne suis pas contre un Paris sans voiture, mais il faudrait des transports publics suffisants et irréprochables, c'est loin d'être le cas (je me demande même si les deux sont compatibles: plus il y a de trafic, plus le moindre problème arrête l'ensemble du réseau pour des raisons de sécurité). Ça m'agace, ces politiques qui prennent de grandes décisions sans s'occuper des conséquences pour les petites gens. Aujourd'hui j'ai l'impression que nous sommes entrés dans l'ère de la maltraitance: les gens sont maltraités, on ne se préoccupe pas de leur rendre la vie plus facile, on applique n'importe comment des mesures au nom de principes dans l'air du temps (c'est le cas de le dire) qui n'ont pas fait la preuve de leur équité et innocuité (car tandis que les beaux quartiers respirent mieux, les quartiers plus pauvres où sont refoulés les automobilistes connaissent des taux de pollution record).

Avis mitigé sur ce concert: je m'y attendais, car j'avais conscience de ne pas connaître suffisamment de films pour être à l'aise dans la musique que j'allais entendre, mais j'ai été agacée aussi par le public trop prompt à applaudir, qui gênait les musiciens et le chef, très âgé (accompagné par une solide femme en noir à chaque entrée et sortie de scène: destinée à prévenir une chute?), tant et si bien que les morceaux s'enchaînaient dans une sorte de précipitation, sans pause.

Le chef dirige assis, la harpiste et les deux guitaristes sont à l'honneur, surtout au début; il y a cinq percussionnistes au moins (dont une rousse spectaculaire) très plaisants à regarder (quand ils se déchaînent à main nue sur les timbales), un pianiste très concentré qui joue sur un clavier électrique et un piano classique placés à angle droit (et parfois sur les deux claviers à la fois) et beaucoup de clarinettes (pas d'harmonica, zut).
(Et pour nous, l'air du duel d'Il était une fois dans l'Ouest fait monter en surimpression du film le souvenir du paysage réel et du garçon au pull bleu, en bonus émotionnel).
C'était très émouvant de voir Ennio Morricone. Nous étions tous là pour ça: voir Ennio Morricone.



Ici un article enthousiaste et plus technique.

Suite

Encore itunes, mais cette fois-ci les podcasts. Et je n'y comprends rien. J'ai abandonné l'espoir de comprendre les abonnements et je suis allée directement chercher sur le site du Collège de France, en découvrant au passage iTunes U. J'ai récupéré Alain de Libera, Anne Fagot-Largeault et John Elster (même si je ne suis pas convaincue par les deux derniers après écoute d'une heure de chacun).

Le soir à la nuit tombée je termine malgré tout le nettoyage des placards de la cuisine, histoire d'avoir fait quelque chose durant mes vacances.

Itunes

J'aurais dû continuer — mais j'ai plutôt passé mon temps à charger des disques sur mon ordinateur; à essayer de comprendre comment fonctionne itunes. Je crois que j'ai compris deux ou trois choses, c'est un début.

Vers six heures, me disant que je ne peux pas me contenter d'être restée assise toute la journée, je vais en salle faire vingt minutes d'ergo puis vingt minutes de sauna. Inévitablement (pourquoi chaque fois je crois que je vais y échapper?) je m'écorche la peau près du coccyx.

Bleu

Peu de monde. Deux yolettes de quatre (ce qui est une anomalie: quatre rameurs plus un barreurs, cela fait cinq. Nous faisons deux yolettes de trois rameurs.)

Il fait encore un peu plus bleu que la semaine dernière.

2016-0313-seine-un-peu-de-bleu.jpg


Je réussis à convaincre tout le monde de voir Merci patron, et donc j'y retourne — je ne vais pas rester seule à la maison —, même si je n'ai pas envie d'éprouver à nouveau le goût amer que laisse le film.

Goûter («On va prendre un pot?») au Café Beaubourg, en face du cinéma. La conversation roule. Le film laisse tout le monde pantois, sauf O., qui n'arrive pas à croire que ce ne soit pas une fiction. Nous googlons le nom de l'homme politique pour le convaincre. Mais je le comprends : l'enchaînement des circonstances est incroyable. Est-ce que l'équipe suivait plusieurs familles et a filmé le cas qui a "pris" (comme une sauce)?
— La seule chose qui me paraît obligatoirement reconstituée, c'est quand Ruffin répond au téléphone: il ne pouvait pas prévoir qu'il allait être appelé justement à ce moment-là. (Et je n'ajoute pas que ces deux moments le filment en train de jouer avec des enfants, symbole d'innocence et de joie. Ce film est très habilement mis en scène.)

En fond sonore, de la techno. Machinalement j'essaie de battre la mesure, je me rends compte que j'y arrive encore moins qu'avant, dans un sens je ne comprends même plus ce que ça veut dire, mon cerveau ne sait pas quel ordre envoyer à mes mains. J'en fais la remarque à voix haute, esquisse un geste maladroit des mains, I., qui me découvre ce handicap, a les yeux qui s'exorbitent d'incrédulité (je crois que le geste de mes mains ne laisse aucun doute sur l'amplitude de mon inaptitude alors que le boum boum de la techno s'élève sans ambiguité). Les autres rient.

La conversation roule sur la musique. Chacun essaie d'expliquer à I. combien je suis nulle (charmant). Elle a du mal à prendre la mesure du phénomène. Je raconte mes années de flûte à bec au collège:
— Je faisais partie du club musique au collège (entre midi et deux: en grande partie pour échapper au froid dans la cour). Je jouais de la flûte alto, une grosse flûte. Je m'entrainais beaucoup, j'était devenue excellente sur la sortie des notes graves, plus jamais un couac, mais c'était horrible, je devais souvent partir la première et j'attendais les autres, j'avais peur qu'on m'entende, je n'arrivais pas à compter les blanches et les rondes.
Je vois O. réaliser quelque chose, ses yeux s'arrondir:
— Mais la flûte alto, c'est elle qui donne le rythme??!
Et il se met à rire, rire, d'un fou rire inextinguible.

Incendie

COP21, Daesh : j'ai l'impression d'être dans un immeuble en feu (genre La tour infernale) dans laquelle se terre un assasin à kalachnikov (genre 58 minutes pour vivre): si vous vous occupez de l'assassin, vous n'avez pas le temps d'éteindre le feu, mais si vous vous occupez du feu, vous risquez de vous faire descendre par l'assassin.



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Agenda
Hier soir, concert gais. Toujours aussi plaisant.

Ce matin, il fait doux et gris.



Yolette Lifa. Stéphane, Philippe, Florence, Céline, moi. Bateau agréable car très bien réglé.

Amy

D'Amy, je ne connaissais que ce clip chez Cafeine (c'est même comme cela que je l'ai connue) et l'annonce de sa mort chez mon oncle alors que nous fêtions les soixante-dix ans de celui-ci et dans le même temps — avant, après? — la terrible nouvelle de la fusillade en Norvège.

Le film Amy Winehouse est terrible, assez lent au début, montage de films d'amateurs, puis plus rythmé au fur à mesure que les archives deviennent "officielles" (télé, concerts, etc). Il n'a sans doute pas été monté dans ce but, mais le spectateur ne peut s'empêcher de distribuer des bons et surtout des mauvais points aux personnages à l'écran, le mari, le père, le garde du corps, les copines d'enfance, le producteur, etc. Nous sommes tellement désolés puisque nous connaissons la fin, certaines images sont si cruelles qu'elles laissent perplexes: vraiment, son entourage n'a rien fait?
Et quel réquisitoire contre la drogue.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Êtes-vous accoutumé à parler de vous ?
Ce blog et ces réponses en sont la preuve.

2/ Quelle découverte musicale vous a récemment enthousiasmé ?
Albrecht Mayer.

3/ Êtes-vous
beaucoup
un peu
pas du tout
porté à l'introspection ?
Beaucoup et d'aussi loin que remontent mes souvenirs.

4/ Quel est le dernier fruit que vous ayez mangé après l'avoir cueilli ?
C'est loin… Le plus probable reste quelques mûres sauvages.

5/ Restez-vous
souvent
rarement
jamais
à ne rien faire ?
Jamais. Même quand je ne fais rien, c'est une activité décidée et mesurée dans le temps.

6/ Y a-t-il des mots que vous avez beaucoup employés à une époque et qui ont totalement disparu de votre vocabulaire maintenant ?
Je suppose que oui. Mais comment savoir? Au lycée, j'avais une tendance "je m'en fous" très marquée (je répondais ça à à peu près tout), un à-quoi-bonisme généralisé.

7/ Avez-vous un légume préféré ?
Si oui, lequel ?
L'aubergine.

8/ Avez-vous le courage de vos opinions ?
Oui (hélas, comme dirait Gide).

9/ Tirez-vous parti de vos rêves ?
Non.

10/ Sortez-vous toujours avec de l'argent sur vous ?
Non. Mauvaise habitude parfois embarrassante. Il m'est arrivé de quémander quelques centimes !

S'instruire au petit déjeuner, suite

— On a beau dire, j'aime bien Macron.
— Je ne peux pas répondre sur ce sujet: comme il a été le dernier assistant de Ricœur, je ne suis pas objective.
— C'est bien, d'avoir été le dernier assistant de Ricœur ?
— Euh… si tu aimes Ricœur, tu peux difficilement imaginer mieux.
— Ah oui, je vois… C'est comme en math, avoir travaillé avec Erdös… Il existe un Erdös number, le nombre de degrés qui te sépare d'Erdös, ça se calcule à partir de tes publications dans des journaux scientifiques. Il y a la même chose avec un groupe de métal, Black Sabbath, et un acteur, je ne sais plus lequel, un qui a tellement tourné que si tu es acteur américain, tu as forcément un nombre avec lui… Le top du top, c'est d'avoir les trois, c'est le cas de Nicole Kidman.

L'anecdote m'ayant intriguée, j'ai fait quelques recherches : voir ici, ici et ici les billets de l'inventeur du Erdos-Bacon-Sabbath Numbers.

Je n'ai pas trouvé Nicole Kidman parmi les happy few, mais bien Mayim Bialik (Dr Amy Farrah Fowler) de The Big Bang Theory.
L'amusant, c'est tout de même le Sabbath number d'Einstein.



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15 janvier - Comme je suis malade et que je reste à la maison, je traduis les articles de blog "à la volée" (ça me permettra d'en avoir une copie s'ils disparaissent). Evidemment, beaucoup de noms cités relèvent de la mythologie américaine et ne nous disent pas grand chose. Cependant je reprends les liens des billets originaux en mémoire de Roland Barthes qui admirait la façon dont les Américains créaient des mythes..

Les nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath: les personnes au centre de l'univers. Partie I.

Il y a quelques années, j'ai inventé un petit jeu appelé les nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath, ce qui est sans doute, voyons, à mi-hauteur dans la liste des choses les plus nerd1 que j'ai jamais faites. En un mot, cela combine les six degrés à Kevin Bacon (dont vous avez sans doute entendu parler) avec le nombre d'Erdös (qui vous dit peut-être quelque chose si vous êtes mathématicien) et le nombre de Sabbath (même principe, avec le groupe Black Sabbath). Si vous avez les trois, vous êtes un BADASS2 CERTIFIÉ, et vous appartenez au groupe extrêmement fermé des gens possédant un nombre d'Erdös-Bacon-Sabbath!

J'ai inventé le concept du nombre d'Erdös-Bacon-Sabbath en 1906 pendant mes loisirs, mais l'idée n'a vraiment décollé qu'avec la naissance de Kevin Bacon en 1958. Plus récemment, Ross Churchley (lui-même un badass en train de terminer un doctorat en mathématiques) est tombé sur ma définition théorique des EBS et commença aussitôt à chercher les premières personnes dont on pouvait certifier les nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath. En quelques semaines, son travail sur les nombres EBS a attiré l'attention de quelques célébrités de la liste, dont le docteur Brian Cox, Phil Plait (the Bad Astronomer) et Richard Vranch.

Et donc à présent Ross et moi, debouts à l'avant-garde de la recherche EBS, resplendissants dans nos blouses de laboratoire et nos heaumes de scientifiques, sommes fiers de vous présenter la liste officielle des nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath. Ross tient à jour la liste officielle avec toutes les mises à jour venues de son blog tandis que je fournis quelques commentaires caustiques sur les membres de la liste les plus intéressants. Allez voir la liste officielle sur le site de Ross, voyez si vous trouvez quelques nouveaux liens et faites nous connaître vos progrès.

Cliquez ici pour consulter la page officielle du projet Erdös-Bacon-Sabbath.

Bref, qu'est-ce qu'un nombre d'Erdös-Bacon-Sabbath? Et qui est Erdös? Une fois que vous connaîtrez Paul Erdös, l'un des plus célèbre et des plus prolifiques mathématiciens du XXe siècle, vous comprendrez pourquoi ce jeu spécial a tout à fait un sens. Il est dit avoir publié plus d'authentiques pages de mathématiques que n'importe qui excepté Euler. Sa renommée s'étend si loin et si largement qu'avoir collaboré à l'un de ses articles est considéré comme une preuve d'excellence dans le monde des mathématiciens. A un moment donné, quelqu'un commença à retracer la manière dont, de fils en aiguilles, les collaborations permettaient de relier un chercheur à Erdös, et c'est ainsi que naquit le fameux nombre d'Erdös.

Lire (en anglais) à propos de Paul Erdös, le Kevin Bacon des maths.

Bien sûr, un jeu semblable a surgi à propos de Kevin Bacon, dont le nez fend-la-bise semble apparaître dans un film sur deux des années 90. Vous avez sans doute entendu parler des "Six degrés à Kevin Bacon", un jeu formidable à jouer dans les univers adjacents où le smartphone n'existe pas. Il ne fallut pas longtemps avant que quelqu'un vérifie s'il existait des personnes possédant à la fois un nombre d'Erdös et de Bacon…

Lire (en anglais) à propos des nombres d'Erdös et de Bacon (Partie II traduite plus bas).

Finalement, il fallut un génie de mon rayonnement pour accomplir le bond déductif gigantesque connectant les nombres d'Erdös et de Bacon avec un autre jeu semblable, le jeu de Black Sabbath. Oui, il existe une poignée de gens dans le monde qui possèdent les trois — qui ont atteint de telles hauteurs dans ces trois domaines qu'ils sont vraiment, vraiment, des modèles jalousés.

Lire (en anglais) à propos des nombres d'Erdos-Bacon-Sabbath (Partie III traduite plus bas).

Je ne traduis pas la suite qui est la liste des personnes EBS avec des liens vers quelques noms qui mènent à des billets plus détaillés. (Voir en bas de billet).
Si vous trouvez quelques cas (en particulier des Français, ça me ferait plaisir!), vous pouvez laisser vos trouvailles ici ou ici.



Nombres d'Erdös et nombres de Bacon. Partie II

Pour remercier Paul Erdös de son impact inégalé sur les mathématiques, ses centaines de collaborateurs lui ont rendu un hommage adéquat qui a pris son essor de façon indépendante. L'hommage? "Les nombres d'Erdös". Dans le principe, c'est la même idée que "les six degrés à Kevin Bacon", et dans les faits elle a existé bien avant le jeu de Bacon. L'idée est la suivante: si vous avez publié un article avec Paul Erdös (c'est le cas, n'est-ce pas?), votre nombre d'Erdös est de 1. Sinon, vous avez peut-être collaboré avec quelqu'un qui avait un nombre d'Erdös de 1, vous donnant un nombre d'Erdös de 2. Et ainsi de suite — si vous avez un nombre d'Erdös de 5 (comme c'est mon cas [note prétentieuse]), cela signifie qu'une chaîne de cinq collaborateurs vous sépare d'un article écrit par Paul Erdös. Saugrenu, certes, mais parmi les mathématiciens (et plus tard les scientifiques en général) c'est devenu une source de vantardises légitime d'avoir un petit nombre d'Erdös. Les gens avec un nombre d'Erdös de 1 sont célèbres au sens propre dans les cercles matheux. Et si vous ne pouvez vous trouver une connection parmi les auteurs d'articles, vous avez alors un nombre d'Erdös infini, pauvre andouille.

Puisque ce zig a tant publié, sans doute dix fois plus d'articles que les plus prolifiques scientifiques, il est en réalité assez facile d'établir une connection. Il est dit que si vous pouvez en trouver une quelconque (et c'est le cas de la plupart des personnes qui publient dans des revues de mathématiques), votre nombre d'Erdös sera inférieur à dix. Juste pour vous donner une idée, mon nombre d'Erdös de cinq provient d'un article mineur dans une revue de neuroscience moyenne. C'est comme une toile interconnectée géante de publications mathématiques geek, avec Erdös assis au centre. Bien plus, on peut compter sur des gens de cette intelligence pour ne pas laisser les choses évoluer d'elles-mêmes — certains mathématiciens étudient désormais les propriétés mathémathiques de la toile des collaborateurs d'Erdös, au point d'encourager de nouvelles collaborations parmi les habitants de la toile afin de compléter celle-ci.

Accrochez-vous au pinceau: voici les nombres d'Erdös-Bacon

Il n'a pas fallu longtemps pour que la folie déploie ses métastases jusqu'à infecter le jeu des Six Degrés à Kevin Bacon. Le jeu de Bacon, si vous ne le connaissez pas, est exactement la même idée appliquée aux stars de cinéma. Si vous avez un nombre de Bacon de 1, vous avez tourné dans un film avec Kevin Bacon. Si votre nombre est de 2, quelqu'un avec qui vous avez tourné a tourné avec Bacon. C'est un jeu de société amusant de choisir une célébrité au hasard et d'essayer de trouver une chaîne de films jusqu'à Kevin Bacon — pour tout dire il existe maintenant un site qui le fera pour vous. Eh bien, il arrive de temps en temps qu'un mathématicien d'appoint surgisse ça et là dans un film, le plus souvent dans un documentaire, parfois pour apporter sa caution dans un film ayant besoin d'une crédilitié mathématicienne, comme pour Will Hunting. Vous pouvez aussi tomber sur un acteur d'appoint travaillant au noir dans les mathématique, l'exemple le plus connu étant Danica McKellar (Winnie de l'émission The Wonder Years) qui est une mathématicienne honnête-tendance-bonne, et Nathalie Portman qui possède un nombre d'Erdös grâce à un article de neuropsychologie. Il y a donc une poignée de gens qui ont à la fois un nombre d'Erdös et un nombre de Bacon. Les accros au jeu repèrent le petit nombre d'élus qui ont un nombre d'Erdös-Bacon non infini, c'est-à-dire la somme des deux nombres — le nombre d'Erdös-Bacon de Danica McKellar est de 6, celui de Nathalie Portman de 7, ce qui signifie qu'il faut que je tourne dans un film avec Kevin Bacon pour rester à leur hauteur.

L'actuel premier du jeu des nombres d'Erdös-Bacon est un gars appelé Daniel Kleitman, un mathématicien qui a écrit un article avec Erdös (donc nombre d'Erdös de 1) et fut consulté pour et apparut dans le film Will Hunting (lui donnant un nombre de Bacon de 2 par l'intermédiaire de Minnie Driver). Cet homme heureux possède par conséquent un nombre d'Erdös-Bacon de 1+ 2 = 3. Paul Erdös lui-même a un nombre de Bacon, par une apparition dans un documentaire — la comptabilisation semble faire débat, mais selon qui vous croyez, Erdös pourrait avoir un nombre d'Erdös-Bacon aussi petit que trois, par l'intermédiaire de Kleitman. Carl Sagan a un nombre d'Erdös-Bacon de 9 (Erdös 6 et Bacon 3). Dès que nous aurons tourné TimeBlimp3 — le film — je pourrais faire descendre mon nombre d'Erdös-Bacon de l'infini à 20 environ. (Quelqu'un a-t-il le numéro de téléphone de Bacon?)


Nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath. Partie III
Mais attendez, de pire en pire : les nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath

Arrivés à ce point, vous avez remarqué la tendance des mathématiciens à prendre une idée intelligente et à l'user jusqu'à la corde, dans toutes sortes d'abominables extensions et variations saugrenues. Et je ne suis pas meilleur qu'eux (en réalité je suis bien pire, comme vous l'allez voir). Comment extraire de ce sujet une idée plus saugrenue? Eh bien, il se trouve que le jeu équivalent dans le domaine de la musique de variété est le nombre de Black Sabbath, qui vous indique combien de musiciens relient votre groupe favori foireux aux Dieux du Métal, Black Sabbath. La connection entre deux personnes peut être soit l'appartenance à un même groupe, une collaboration, un musicien invité ou s'étant produit ensemble à un moment quelconque. Par exemple, Faith No More, l'un de mes groupes favoris, comprend le batteur Mike Bordin, qui joua de la batterie pour Black Sabbath il y a quelques année. Mike a donc un nombre de Sabbath de 1, et tous les autres participants de Faith No More de 2. Cela inclut Courtney Love qui, ce qui est plutôt intéressant, fut il y a bien bien longtemps chanteuse de Faith No More. Kool Moe Dee, pour prendre un autre musicien au hasard, a un nombre de Sabbath de 5, par sa collaboration avec Chuck D de Public Enemy, dont le nombre de Sabbath est de 4 selon le site du nombre de Sabbath.

Le nombre de Sabbath paraît avoir moins bien pris que ceux d'Erdös et de Bacon (de fait le site hébergeur paraît ne plus être actif), mais j'aimerais proposer ici, pour la première fois, une extension du système Erdös-Bacon au nombre de Sabbath. Peut-on fondre les trois réseaux en apparence disjoints (nerds, stars de cinéma et musiciens) en un seul réseau géant? Oui, si nous pouvons trouver quelqu'un qui 1/ a publié dans un journal de recherche, 2/ déchire en guitare (ou, s'il faut en passer par là, en synthé) et 3/ est suffisamment non moche pour apparaître dans un film.

Relier Bacon et Sabbath devrait être assez facile — beaucoup de stars de cinéma ont commencé des carrières de musiciens avec des succès variés. Kevin Bacon en est l'un des meilleurs exemples — à ma connaissance, il a un nombre de Sabbath de quatre. De façon plus courante, des musiciens célèbres apparaissent très souvent dans des films. Voici quelques exemples des deux cas, juste pour ouvrir le bal:

  • Steven Seagal. Imaginez ma surprise quand je me suis retrouvé battant la mesure sur une plaisante petite chansonnette bluesy contemporaine à la radio, et que le musicien s'est avéré être Steven Seagal. Oui, le Steven Seagal. Le mec blanc qui louche (comme s'il imitait les dépliants publicitaires antiques et héroïques de la crédibilité des arts martiaux) avec une longue queue de cheval et des gestes d'aïkido dans des successions de films d'action de série B dont les titres ont tous trois syllables (vérifiez, c'est vrai). Il a sorti quelques albums comme chanteur et guitariste qui ont été descendu par la critique (Allmusic.com dit d'un de ses solos de guitare qu'il est "risible"). Mais personne n'a inclus le talent dans le système des nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath, à commencer par moi (cf. l'aveu de moi battant la mesure ci-dessus). Sa "carrière" au cinéma et l'ensemble de son "œuvre" musicale lui attribue un nombre de Bacon de 2 et un nombre de Sabbath de 5 pour un nombre de Bacon-Sabbath de 7.

  • Sting. Voilà qui est mieux! Aucune honte à discuter du talent colossal de Sting. (Bien qu'il se pourrait que je me repasse du Seagal avant de réécouter volontairement du Police massivement trop entendu…) Le nombre de Bacon de Sting est 2, par la star John Goodman, et son nombre de Sabbath est également 2, grâce à son partenaire B.J. Cole (qui a joué dans un groupe avec l'ancien membre de Sabbath Glen Hughes). Comme de juste, il surpasse largement Seagal avec un nombre combiné de Bacon-Sabbath de quatre.

  • Mos Def. Le rapper-devenu-acteur Mos Def tourna avec Kevin Bacon dans The Woodsman, lui attribuant le nombre de Bacon convoité de 1, et il possède un nombre de Sabbath de 7, par l'intermédiaire d'une chaîne qui passe par George Clinton et Joe Satriani. Mos Saugrenu.
Et la liste s'allonge, j'en suis sûr — Keanu Reeves, Juliette Lewis, M. Russel Crowe le-lanceur-de-téléphone-énervé, il y a pléthore d'acteurs qui ont enregistré un disque, autant que de musiciens célèbres qui se sont frayés un chemin jusqu'au grand écran.

Cependant relier Sabbath à Erdös pourrait être un peu plus difficile. Qui sur la planête pourrait réunir suffisamment de talent pour 1/ enregistrer un album 2/ apparaître dans un film 3/ être publié dans un journal de recherche? Et bien plus, aurait des connections attestées avec Paul Erdös, Kevin Bacon, et Black Sabbath? J'ai la conviction profonde qu'une personne avec un nombre d'Erdös-Bacon-Sabbath non-infini est ipso facto au centre de l'univers. La chose étonnante est qu'il existe quelques esprits aux talents multiples ici-bas ayant atteint un niveau suffisamment élevé dans les trois domaines pour être des détenteurs potentiels de nombres d'Erdös-Bacon-Sabbath. […] Beaucoup de gens se sont lancés dans la fun entreprise d'allonger la liste des nombres d'EBS, et si vous pensez pouvoir y contribuer, faites-nous le savoir.


1 : bizarre, avec une touche scientifique. Evoque souvent une personnalité introvertie vivant dans son monde.

2 : preux, vaillant, héroïque, formidable, extraordinaire. Bien, quoi.

3 : le nom du blog que je traduis.

Printemps

Rue d'Assas - gare de Lyon en vélib. Les quais entre Bastille et gare de Lyon (jardins Tino Rossi) sont animés, nous sommes loin du désert d'il y a trois semaines quand un rat avait failli me faire tomber en passant au ras de ma roue.

Un groupe de cuivres joue Everybody wants to be a Cat au bord de l'eau.
J'arrive dans la gare à onze heures pour un départ à onze heures deux.

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Agenda
Dernier cours de grec II (j'ai validé mon année). L'année prochaine je vais sans doute faire du latin et de la "lecture suivie" en grec. Je prendrai grec III (lecture de St Paul: difficile paraît-il, car elliptique) plus tard, quand j'aurai assuré ma grammaire.
Je n'ai même pas dit au revoir à la professeur tellement il m'était sorti de l'esprit que c'était terminé. Trop tard, trop tard. Elle était bien, si passionnée et sérieuse.

Caramba, encore raté

Oulipo ce soir. Je suis souvent en retard mais j'ai pris des bonnes résolutions, donc je pars à six heures pour un trajet qui prend normalement quarante minutes.

Las, dégagement de fumée, odeur de caoutchouc brûlé, tout est paralysé, ligne A, ligne 14… Je serai en retard.

Je verrai malgré tout la fin de la première partie d'une pièce qui reprend W de Perec. Mises en scène pour ainsi dire en noir et blanc à base d'ombres chinoises.

La prochaine fois se produira l'ensemble 101, collectif de chant contemporain dont Elisabeth chante les louanges. (Avis aux amateurs). Ce sera le 13 février à la BNF à 19 heures.

Cadeau de Noël: à la séance de l'oulipo de décembre 2013, nous parlions cadeaux de Noël et quand j'avais dit que Le sexe des rimes était sur ma liste, Maurice (le célèbre M.) s'était exclamé: «Ah, mais je crois que nous l'avons en double. Je vérifie, et si c'est le cas, le deuxième est pour toi.» (Nous avions également évoqué, peu avant ou peu après, la mythique bibliothèque d'Alain, le combat de la musique et de la grammaire pour l'occupation de l'espace, histoire légendaire qui se transmet respectueusement entre nous.)

Au retour, entre 23 heures et minuit, trains retardés, trains supprimés. Il y a eu un incendie sur la ligne B, crois-je comprendre.

My Fair Lady

Hier soir au Châtelet. Une très bonne soirée. J'ai été surprise de constater à quel point les musiques m'étaient familières.
My Fair Lady, c'est l'une des œuvres que j'ai étudiées en anglais en hypokhâgne.
Caroline Blakiston est particulièrement vraisemblable et élégante dans le rôle de la mère d'Higgins.
Je me disais que nous pourrions tenter désormais une adaptation française, à base d'accent de banlieue.

A la fin, alors que la salle s'est vidée mais qu'une vingtaine de spectateurs s'est réunie autour de la fosse, l'orchestre nous joue un pot-pourri des airs du spectacle. Est-ce une habitude du music-hall? C'est en tout cas très sympathique.

En sortant, nous avons la chance de nous voir attribuée la dernière table de la brasserie d'à côté. Nous reconnaîtrons les chanteurs venir dîner en petits groupes d'amis.

Symphonie espagnole

La Concerts gais hier soir. Peut-être davantage concerts heureux que gais, tant le chef Marc Korovitch paraissait heureux d'être là, souriant, dansant, se démenant (je n'ai rien compris à sa gestique, je ne sais pas ce que repéraient les musiciens). Son sourire accompagnait la musique (oui, nous étions placés sur le côté), et c'était un plaisir de le voir autant que d'entendre les morceaux.

Il est encore temps d'aller écouter la Symphonie espagnole de Lalo et la symphonie n°3 de Schuman demain 8 décembre à 18 heures au Temple des Batignolles (44 bd des Batignoles), jouées par de nombreux blogueurs (saurez-vous les reconnaître dans l'assistance?)

Une journée à la maison

O. a tant de fièvre (40° le matin) que je décide de rester à la maison. Je peine à trouver un médecin. La journée s'étend devant moi, vide. Mandela est mort. Je ne sais plus comment je l'ai occupée, à cela près que j'ai soudain découvert que j'avais complètement oublié la queue de bœuf mise à mariner sur la terrasse: quinze jours à tremper dans le vin rouge, elle ne paraît pas avoir faisandé. Je sors faire des courses (j'hésite à acheter un sapin, l'avenir prouvera que j'ai tort).

Passage chez le médecin («Vous êtes végétarien?» devant la maigre carcasse de mon fils) qui le congédie avec du Doliprane et la recommandation de manger des kiwis. Comme j'ai parlé du départ à Florence dimanche (tout mon être est tendu dans le but qu'O. puisse y participer), le médecin prescrit un antibiotique «à prendre à partir de mardi si ça ne va pas mieux». Elle n'a pas tenu compte de mon insistance sur le fait qu'il y avait probablement une infection, qu'autant de fièvre au lever n'était pas normal, que c'était déjà le cas le week-end dernier… Toujours cette impression de ne pas être entendue au sens le plus littéral, comme si mes paroles ne résonnaient que dans mon crâne. Etrange solitude, étrange impuissance. Le problème des timides ou d'une trop grande confiance dans l'institution: elle est médecin, elle sait ce qu'elle fait, je ne vais pas déranger…

Passage à la pharmacie, à la mairie (pour la carte d'identité à refaire: O. va partir en Italie avec un passeport périmé, coup de poker), retour à la maison, je prépare la queue.

Le soir je dois croiser C. pour lui tendre son sac de sport sur un quai de métro, puis rejoindre Patrick pour dîner avant d'aller au concert de Zvezdo. Tout est minuté, je quitte la maison la queue mitonnant sur le feu, O. endormi la respiration enfiévrée.
Je perds trois quart d'heure en aller/retour parce que j'ai oublié mon téléphone (pour une fois indispensable pour ne pas rater C. puis retrouver Patrick).

J'arrive essouflée, nous dînons en courant. Concert joyeux.
Patrick me ramène et me donne les livres qu'il a récupérés pour moi à Nantes. J'ai la joie d'y trouver troix Jérémias.

- Sesbouë, La résurrection et la vie
- Joachim Jérémias, Paroles de Jésus - Le sermon sur la montagne - le Notre-Père
- Joachim Jérémias, Les paraboles de Jésus
- Joachim Jérémias, Théologie du nouveau testament - I. la prédication de Jésus
- Auguste Valensin, La joie dans la foi
- François Mauriac, Vie de Jésus
- Jean-Paul Marcheschi, Goya, voir l'obsur

Trois jours

- jeudi
Coup du fil du matin, chagrin.

Ramé le soir à Melun, bassin superbe, mais il ferme quinze jours: raté pour mes beaux projets.
Il y a un piano en libre service à la gare de Lyon, une vieille dame y joue quand j'y passe, droite comme un i. Elle est remplacé par un jeune homme. Ah, quelle bonne idée, enfin!

- vendredi
Passage en coup de vent aux bibliothèques Malraux et de l'ICP. Je m'inscris en médiathèque, visiblement les DVD sont beaucoup plus demandés que les livres.
Insaisissables en famille. Un peu décevant malgré tout, le jeu sur le cinquième cavalier aurait pu être beaucoup plus développé.

- samedi
Gare Montparnasse, courses, sieste, rien fait de la journée.

Thème : les mythes

En me penchant sur mon balcon, j'aperçois à contre-jour deux jeunes chouettes perchées sur un pilier. Elles m'observent avec une curiosité égale à la mienne. Je pensais que les chouettes étaient nocturnes, que font-elles là?


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Mais je sui contente, j'ai vu deux jeunes chouettes de Minerve sur mon balcon.

Il fait meilleur, 23°.
Nous prenons notre petit déjeuner au centre, il y a un quart d'heure de route à partir de l'hôtel.

Matinée sur l'Odyssée (l'intervenante chante littéralement le début, je n'avais jamais entendu cela, c'est magnifique et enchanté (pour la petite histoire, la traduction utilisée par Astérix est celle de Bérard. Belle remarque sur la tendresse physique que permettent les corps soulignée lors de la rencontre d'Ulysse avec l'âme de sa mère)); sur le rapport de la Bible aux mythes (grecs de préférence) et sur le Mahabharata (au-delà de la non-violence, au plus haut est la compassion).

Pas de plage (je me suis trompée dans l'heure du rendez-vous). Sieste puis lecture. Je continue le Mahabharata.
Célébration.

Dîner glaçant à la table d'un cancérologue jamais à cours de conseils pour ne pas attraper (est-ce le mot) de cancer (j'ai une résistance pathologique à l'idée que nous sommes responsables de notre cancer. J'ai l'idée que cela "arrive", et qu'il est possible, parfois ou souvent, de l'expliquer. Mais il y a aussi des cas incompréhensibles, je ne vois pas l'intérêt de culpabiliser les gens en leur disant qu'ils l'auraient évité en faisant ceci ou cela). Heureusement (pour mon moral) nous avons à table un jeune jésuite italien un peu malicieux qui sourit parfois sans intervenir.

Soirée musicale (épitaphe en grec ancien chantée en chœur, musique indienne, influence de la musique indienne sur la musique occidentale: Maurice Delage, Messiaen, Steve Reich, musique répétitive, chansons de Jean-Pierre Arbon).
Albert Roussel a voyagé en Inde, le voilà encore plus églogal que prévu.

Concert ce soir

J'aurais dû écrire ce billet hier mais il n'est pas trop tard pour les Parisiens: ce soir à 17 heures au temple des Batignolles (à cent mètres de la place de Clichy), deuxième concert des concerts gais. J'y étais vendredi soir et je vous le recommande (je suis toujours embarrassée quand il s'agit de parler de musique, car je ne sais pas en parler, justement).

Le programme se concentre sur le XXe siècle et j'ai regretté de ne pas y avoir emmené O dont c'est le thème en histoire de l'art au brevet des collèges.

- Ouverture de La Fiancée du Tsar de Rimski-Korsakov
- Pelléas et Mélisande de Fauré
- Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy
- Concerto n°1 pour violoncelle de Saint-Saëns

En sortant, zvezdo me confiait qu'il avait rencontré nombre des instrumentistes via les blogs: klari (j'ai longtemps cru que c'était le pseudo parce qu'elle jouait de la clarinette (elle ne joue pas de clarinette)); son voisin de pupitre (que sans connaître j'avais autrefois repéré grâce à ce billet), etc (sans compter les blogueurs de l'assistance: Philippe, Joël, (moi), et tous ceux que je ne connais pas.)

Engouement surprise

Tous les matins nous écoutons France Musique dix minutes, entre la maison et la gare du RER.
Ce matin, quelques secondes de Wagner, la chevauchée des Walkyries.

— J'aimerais bien voir ça, j'aime bien Wagner.
— Oui, moi aussi j'aime l'opéra.
— Comment? Ça vous intéresse? Mais j'y vais en octobre, à Dijon, la Tétralogie raccourcie sur un week-end. Vraiment, ça vous intéresse? Mais fallait prévenir!
— On ne peut pas te prévenir, tu ne dis rien.
— Ben oui, j'ai l'habitude que vous vous moquiez de moi. Bon, je vais voir s'il reste une place.
— Deux, et moi?
— Toi tu seras à Lisieux, je te rappelle. Lisieux-Dijon, on fait plus simple sur un week-end.
— Si, c'est faisable, je ne travaille pas le vendredi après-midi.
— Parce que tu as déjà ton emploi du temps de l'année prochaine?

Bref, ils viennent.

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Agenda : premiers pas dans la bibliothèque BOSEB Soulagement : ma bibliographie consiste en des articles et non des livres, c'est plus court (c'est important car les documents sont consultables sur place, et il est difficile pour moi d'être là entre 9h et 19h). J'ai l'impression que ma dissertation risque d'être un exposé des diverses thèses sur le sujet. J'ai sans doute intérêt à l'écrire avant de lire les articles, puis à l'enrichir ensuite, si je veux être un peu personnelle.

Se promener dans les rayonnages est amusant (Eléments d'écriture égyptienne sacrée). A ma table deux dames aux cheveux très blancs copient des lettres sur des feuilles à grands carreaux. De loin cela ressemble un peu à de l'arabe, en plus anguleux. J'aperçois la tranche du manuel qu'elles consultent : c'est de l'akkadien.

Dans l'autre bibliothèque, j'ai emprunté sur le présentatoirs des nouvelles acquisitions un livre au titre irrésistible: Saint Hilaire de Poitiers, théologien de la communion (ce n'est pas la seconde partie que j'aime, mais le nom. Grégoire de Naziance, Isidore de Séville, il y a une vraie jouissance du nom.)

Pot durant l'avant-dernier cours d'allemand.
Hit girls, dont la bande-annonce m'avait plu. Il y a du mou dans le récit, mais on rit. Skylar Astin a un visage sympa mais un nom impossible.
Un fil à la patte par la troupe de théâtre de l'école (sans O. parti à Jambville pour trois jours). ces lycéens sont toujours aussi extraordinaires.

Je lis le livre de Christian Delorme, prêtre en région lyonnaise : L'islam que j'aime, l'islam qui m'inquiète.

Week-end musical

Samedi, une après-midi à écouter Philippe Bernold donner des conseils aux élèves du conservatoire.

Je retiens l'idée d'énergie:
— Quand tu joues, il ne faut pas qu'on ait l'impression que tu t'ennuies, qu'on se dise "Oh la pauvre, il faut qu'elle joue". Ce que tu dois transmettre, c'est de l'énergie.
In petto, je me dis que c'est toujours vrai dès qu'on est face à un public.

Et à propos de la sonate à 2 flûtes en sol majeur de Wilhem Friedemann Bach : «ce n'était pas destiné à être joué en concert, encore moins en concervatoire et encore moins en conservatoire supérieur! C'était destiné à être joué par deux amis le soir, près de la cheminée. Alors regardez-vous, échangez des coups d'œil, ayez l'air de continuer une discussion.»

De la musique de chambre comme «conversation», il aura beaucoup insisté. Autre piste: «si vous voulez comprendre la forme sonate, choisissez un compositeur mineur, les grands la transforment aussitôt, elle n'est jamais pure chez eux.»



Ce matin, Si vous voulez vivre longtemps, vivez vieux, à Montreuil. Beaucoup de monde pour un dimanche à 11 heures.
Nous avons beaucoup ri, voir ici pour un vrai compte rendu.
Beaucoup aimé le logo en forme de poire. Il me plaît.

Le début de l'exposé sur la vie d'Erik Satie commence à peu près ainsi:
«Erik Satie est né à Honfleur le 17 mai 1866, comme Alphonse Allais. Enfin, Alphonse Allais n'est pas né en 1866, mais à Honfleur, le 20 octobre 1854, comme Rimbaud, mais lui, à Charleville-Mézières. Oui, Rimbaud et Alphonse Allais sont nés le même jour la même année, alors qu'Erik Satie et Arthur Rimbaud ne sont nés ni la même année, ni dans la même ville, ce qui leur fait au moins deux points communs.»

Première Gymnopédie. Je la connais très bien, sans que je parvienne à retrouver l'origine de cette connaissance. Image de photos noir et blanc, de neige, où ai-je entendu, souvent, cette première gymnopédie? Servait-elle de thème dans une lecture de Modiano? Je ne sais plus.
Mais quelle douceur de commencer dimanche avec elle.

Don Giovanni à la Bastille

J'ai bien aimé, cela va sembler étrange, la vulgarité de la mise en scène. Don Giovanni est vulgaire. C'est un homme vulgaire, si vulgaire que l'histoire en perd de sa crédibilité: que peuvent bien trouver les femmes à un tel rustre?


Pour le reste, je n'en peux plus. Je n'en peux plus de toute cette pénombre, de tout ce noir. Orlando Furioso noir, Wagner noir, Bartok noir, et même Le Mariage de Figaro noir. Aaaaahhh, qu'on me donne de la lumière, des couleurs ou même du gris, mais de la lumière!
Je suis trop fatiguée, cela me fatigue trop, de regarder tous ces spectacles dans la pénombre. L'effort est trop grand, cela me gâche mon plaisir. (Et je me dis que si le souvenir de la philarmohie de Berlin est si doux, c'est aussi à cause de cette lumière dorée, chaude et douce, qui donnait envie de rester là pour toujours.)



Direction musicale Philippe Jordan
Mise en scène Michael Haneke
Décors Christoph Kanter
Costumes Annette Beaufaÿs
Lumières André Diot
Chef de choeur Alessandro Di Stefano


Don Giovanni Peter Mattei
Il Commendatore Paata Burchuladze
Donna Anna Patricia Petibon
Don Ottavio Saimir Pirgu
Donna Elvira Véronique Gens
Leporello David Bizic
Masetto Nahuel Di Pierro
Zerlina Gaëlle Arquez

des liens

De la musique :
- un blog anglais consacré aux compositeurs français (mais pas que) ;
- un Ring condensé (Saint-Quentin-en-Yveline, pourquoi ne pas faire simple pour une fois?).

Fabrication des sacs d'école Barbie.

Du pétrole :
- un blog
- un livre.

Du tricot :
- je l'ai sans doute déjà posté, mais c'est toujours une surprise ;
- plus sérieux, les points au tricot.


et les archives des télévision américaines du 11, 12, 13 septembre. La première vidéo (par exemple) de la liste nous montre les programmes habituels jusqu'à la vingtième minute, puis les images trop connus et le bavardage des journalistes, commentant sans rien savoir ni comprendre, obligés de meubler l'antenne de paroles qui n'expliquent rien.

Culture

Cosi fan tutte au palais Garnier. L'histoire me met mal à l'aise même si je sais que ce genre de jugement est déplacé et anachronique.
Décor à la Claude Le Lorrain pour les extérieurs et Greuze pour les intérieurs.
Despina est la plus remarquable ce soir (quelle chance pour une chanteuse d'avoir un physique qui corresponde à son rôle, qui permette un jeu vraisemblable.)

Thomas Hampson chante les Kindertotenlieder

— Tu ne vas pas faire la bise à Thomas Hampson? me demande Gv, taquin.
— Hum, ce n'est pas mon genre.
(Et au moment où j'entends ces mots, je me rends compte de leur possible ambiguïté).

Vincent, j'ai été très heureuse d'avoir été présentée à HLG. Même s'il m'a déjà oubliée à l'heure qu'il est, cela m'a fait très plaisir, bien plus que ne l'aurait fait une bise à ou de Thomas Hampson.

La Flûte enchantée

Une version courte, vive et enjouée, pour le théâtre, en partie en français ce qui permet de tout comprendre sans sous-titre.
Je n'étais pas très inquiète, connaissant la compagnie Ecla-théâtre depuis plusieurs années: jamais déçue.
Cela s'est confirmé.
Côté théâtre, plaisir des yeux, entre le décor, les costumes, les combats, les tours de magie, le feu, la fumée, etc.
Côté musique, cinq instrumentistes s'accordant du regard et jouant par ailleurs des personnages, une reine de la nuit parfaite (Julie Mathevet) et Sophie Albert en Pamina délurée heureuse d'être sur scène.
Et pour tous ceux que je n'ai pas cités.

L'aspect shakespearien de l'intrigue est magnifiquement mis en valeur, l'alternance de tragédie et de farce, de raison et de volubilité, ce doute qui plane longtemps: qui est le "véritable" méchant, la reine ou Sarastro? (ce doute ne sera jamais véritablement levé: nous sommes dans un cas de «chacun a ses raisons»). Je suppose que le rapprochement de cet opéra avec La Tempête est une tarte à la crème.


Il doit être possible d'y aller sans enfant, personne ne vous remarquera.

Mahler à Berlin

Virée express à Berlin invitée par Gvgvsse à la deuxième Symphonie de Mahler par Simon Rattle. (Très) heureuse d'être là, à cause de l'invitation impromptue, miraculeuse, à cause de la grisaille secouée, à cause du bel automne, de la couleur des feuilles, de la douceur de l'air, de la Philharmonie bouton d'or, de Gv qui m'explique: «Quand Karajan a choisi cet endroit on lui a dit qu'il était fou, que c'était loin de tout; il a répondu: "un jour, ce sera au centre"». Interloquée, j'objecte que c'était un sacré pari malgré tout, qui aurait pu prédire cela? Réponse catégorique, royale: «Il ne savait pas que cela surviendrait si vite, mais c'était inéluctable: quel empire a vécu mille ans?»

Gv me donne quelques indications: l'œuvre de Schönberg jouée tout d'abord, la Seconde Symphonie directement enchaînée, le chœur déjà présent dans la salle, les fanfares jouées dans le lointain, des coulisses...
Je n'ose pas vraiment parler de musique, je me sens empêtrée dans les mots, un vocabulaire que je ne maîtrise pas. Je parlerais d'une atmosphère intime, la grande salle close comme une enclave protégée tandis que mon manque d'habitude me fait perdre régulièrement la musique que je cherche des yeux tandis qu'elle voyage d'instruments en instruments. Peut-être qu'il serait plus sage de carrément fermer les yeux, mais ce serait tout de même dommage, il n'en est pas question. Plaisir et surprise des contrastes de volumes et de timbres, de la musique infime à tonitruante, du son qui enfle et se tait, douceur du chant de la fin.
Ovation, standing ovation, Simon Rattle, les solistes Magdalena Kožená et Kate Royal et le récitant de Schönberg Hanns Zischler reviennent saluer. Devant moi, un vieux monsieur en tricot gris et une vieille dame en rouge descendent laborieusement les marches un bouquet de roses blanches à la main. Je pense qu'ils souhaitaient l'offrir à Magdalena Kožená mais ils sont trop âgés, ils marchent trop lentement, elle a quitté la scène quand ils arrivent devant. Ils attendent, elle ne revient pas, ils confient leurs fleurs à Simon Rattle.
La salle continue d'applaudir, les musiciens quittent leurs places, Simon Rattle revient, salue, se retourne vers les chaises vides et les associe aux applaudissements d'un geste de la main, tout le monde rit.
C'est fini.

Tandis que je balbutie quelques mots d'admiration, Gv commente sobrement : «Ce n'est jamais que le meilleur orchestre du monde... je me suis dis que si c'était ton premier concert Mahler, autant que ce ne soit pas par un orchestre de second ordre.» En moi quelque chose sourit d'une oreille à l'autre, amusée et gaie: oui évidemment, vu comme ça...

Dehors, Gv m'explique comment sont dirigés les musiciens des fanfares en coulisse. Il me raconte une anecdote survenue lors de la Seconde Symphonie donnée par Pierre Boulez pour ses 80 ans (anecdote que je viens de retrouver dans son blog) et le lien Mahler-Klemperer. Je pense que je ne l'oublierai plus.

Un peu surprise

Soirée à l'opéra de Massy, selon une tradition désormais bien établie.

Hum. Faire reprendre en bis par des collègiens une chanson célébrant le droit de cuissage… On se réconforte en se disant (en espérant) que les enfants n'ont pas compris ce qu'ils chantaient.

Une vie d'abondance sur une seule fesse

Master class avec Zander.
Si vous n'avez que quelques minutes, regardez les différentes façons de jouer du piano (au bout d'un an, deux ans, cinq ans,...) à 18 minutes de la fin: «La musique doit te pousser hors de ta chaise. Il faut jouer sur une seule fesse.»





Vers les deux minutes de la fin : WFP : Wealth, Fame, Power = richesse, célébrité, pouvoir.
Opposé à abondance.


Réveille-toi, c'est de la culture !

J'ai trouvé une vidéo sous-titrée en français dont le contenu est pratiquement identique (piano et Chopin contre violoncelle et Bach), le jeune homme en moins. (Ce qui est fascinant dans la première, c'est la façon dont le jeune homme paraît comprendre quelque chose.)

Harpe et violon

Tour du lac de Bancalié. 10 km, le temps de penser. L'esprit occupé de Nietzsche, joie de découvrir comme un émerveillement de naître.
Appris une première défection de blogueur, sans surprise. Après une première rencontre IRL, je ne lui faisais déjà pas confiance.

Le soir, concert harpe et violon dans l'église de Réalmont. Celle-ci est très peinte, dans le style saint-Sulpice/Sacré-Cœur/IIIe République. Baldaquin doré au-dessus du chœur rehaussé d'angelots et de roses blanches. C'est un style qui emporte toujours mon indulgence de par sa bonne volonté, son désir de ne pas froisser et de convaincre.

Isabelle Frouvelle et Henri Gouton. A l'entracte: «Je vous remercie d'être restés». Pas sûre que ce soit de l'humour...
Les morceaux écrits pour ces deux instruments sont — en toute logique — bien meilleurs que les transpositions. Comme d'habitude, plus un morceau est connu, plus la transcription et l'exécution paraissent étranges, voire mauvaises (je songe aux Danses de Brahms).
Un très beau moment de haute qualité. L'église est à moitié pleine, mais de personnes sachant ce qu'elles viennent écouter (sans doute plus que moi...): peu de touristes perdus.

Le programme donne quelques repères biographiques pour chaque compositeur. Je le note ici pour mémoire, certains compositeurs m'étant totalement inconnus (j'irai faire un tour sur wikipédia).
- Sonate n°2 en sol mineur de G.F. Haendel ;
- Nocturne n°3 pour harpe et violon de Robert Nicolas Bochsa et Rodolphe Kreutzer (Bochsa: «l'un des personnages les plus farfelus de l'histoire de la musique», dixit le programme.) ;
- Méditation de Thaïs de Jules Massenet ;
- Danses hongroises n°1, 6 et 5 de Johannes Brahms («En 1864, il rencontre Wagner, qui par la suite le harcèle de sa malveillance.» : Ah?) ;
- Sonate en ut mineur de Ludwig Spohr («Il se maria avec une harpiste, Dorette Scheidler».) ;
- Berceuse de Gabriel Fauré (Belle transcription. Fauré est né à Pamiers: n'y a-t-il rien qui aurait permis de l'inscrire dans les Demeures de l'esprit?) ;
- Duo op.156 de Nicolaï von Wilm (Compositeur letton. Œuvre très rarement jouée car la partition n'existe pas dans le public. Il existe un enregistrement de Menuhin et Zabaleta. I. Frouvelle a obtenu la partition de la veuve de Nicanor Zabaleta. Très belle pièce).
- Playera-romanza andaluza de Pablo de Sarazate
- Czardas de Vittorio Monti.

En attendant d'avoir fini ma transcription de Compagnon

Deux liens que je ne veux pas perdre: autour de Led Zep et pas loin de Tim Berners Lee (via affordance.)

Pourquoi Lugano

Depuis qu'H. avait vu Shine, il rêvait d'entendre David Helfgott. Il a donc entièrement organisé ces vacances autour du concert de ce soir.
Personnellement, je trouve le film très agaçant dans son parti-pris émotionnel; quant à David Helfgott, si je trouvais amusant l'idée de l'entendre en concert (toujours cette tentative de donner corps à la fiction), j'étais méfiante : allait-on écouter un pianiste ou voir un animal de foire, il y avait là quelque chose d'ambigu qui me mettait mal à l'aise. Sans doute est-ce d'ailleurs pour cela qu'il n'y avait aucune publicité pour ce concert dans les rues de Lugano.

Ce fut merveilleux.
David Helfgott est entré en scène en chemise chinoise en soie rouge vif, d'une démarche sautillante, s'est approché du bord de la scène, a voulu serrer la main de quelques spectateurs au premier rang; mon cœur s'est serré, ça y est le cirque commence, ai-je pensé.
Il s'est assis et a commencé à jouer aussitôt, sans attendre que la salle s'apaise.
Il joue totalement tassé sur son tabouret, bossu, il me fait penser à Gould, et il parle en continu. Il ne chante pas, non, il parle, il marmonne la tête tournée, on ne comprend pas exactement ce qu'il fait, avec qui il poursuit cette conversation invisible à droite du piano, cela fait comme un bourdement d'abeille au-dessus du torrent de musique, c'est étrange mais pas désagréable, on se croirait en été. On ne comprend pas bien d'où vient la musique, il semble jouer par imposition des mains, les doigts le plus souvent tendus, longs au-dessus des touches. Il adopte des tempos très rapides mais il prend tout son temps, ses interventions au-dessus des touches ressemblent à des mouvements de pinceau, comme un peintre qui reculerait avant de décider d'ajouter un peu de jaune ou de vert, et c'est gai, vivant, incroyablement chaleureux.
Au début du deuxième morceau, il s'arrête après une ou deux mesures. "Ça y est, quelque chose le dérange, il veut recommencer", pensai-je. Pas du tout, Helfgott, de sa façon évidente, marque un silence, puis continue sa ballade. Au milieu de la sonate Waldstein, il soupire avec conviction, genre "voilà, c'est fait", avec tant de naturel que la salle rit à mi-voix, et je sens que la tension qui règnait, et dont je n'étais pas consciente, s'est totalement évaporée.
A la fin de chaque morceau il se lève très vite, tend les pouces vers le haut, serre des mains au premier rang (les enfants de la salle vont peu à peu, de morceau en morceau, oser venir, pour serrer ces mains), puis se rassoit et recommence à jouer aussitôt et très vite, sans attendre le silence, dans l'urgence, en marquant toujours magnifiquement les silences, les nuances, les contrastes.
Il y aura quatre rappels. La salle s'est retenue, on voyait bien qu'il aurait pu jouer toute la nuit, et cela nous aurait fait plaisir. Mais cela n'aurait été ni très raisonnable ni très gentil.

Ariane et Barbe-bleue

Ce matin, j'ai lu par hasard dans les Echos la critique de Michel Parouty:

Une fois encore, une première à l'Opéra de Paris s'est achevée sous les huées. Gérard Mortier a beau dire et beau faire, le public parisien déteste cette esthétique qui lui est chère et qui a cours dans les théâtres allemands, celle d'Anna Viebrock, par exemple, qui signe mise en scène, décors et costumes de cet « Ariane et Barbe-Bleue ».
Inutile de dire qu'elle n'a que faire du symbolisme dans lequel se noie le poème de Maurice Maeterlinck ; sa vision scénique ressemble fort à du recyclage de ses anciennes productions - on retrouve la ligne générale des bâtiments des « Noces de Figaro » ou de « Traviata » - et l'on est fatigué de ces robes tristounettes, de ces bureaux désaffectés et sinistres de la RDA des années 1950, qui brident l'imagination ou prêtent à rire, selon l'humeur, et gênent d'autant plus ici qu'on a souvent l'impression que leur disposition entrave les mouvements des comédiens. Seule pourrait être intéressante l'utilisation de la profondeur de champ, dont les effets sont relayés par la vidéo agissant comme un miroir grossissant et accentuant l'aspect carcéral des lieux ; mais elle tourne court, faute d'une vraie mise en scène.
La suite ici

J'ai ri en pensant à Gvgvsse qui attend la fin de l'ère Mortier.
Je n'aurais pas dû.
Ce soir, j'ai cru mourir d'ennui. Je suis désolée de n'être pas sensible aux charmes des lumières et autres, mais tout cela est bien trop statique à mon goût.

Battue, Madame Le Quesnoy

Là, ce n'est plus la rubrique "on s'en fout", mais la rubrique "nawak".

Dédié à Gvgvsse et Zvezdo, ceci est ma contribution au débat «Chantait-on mieux dans les églises de France avant Vatican II?» (Je dois avouer que la question m'a surprise, car je me suis rendue compte que j'étais en plein préjugé: à bien y réfléchir, je n'avais aucune idée de ce qu'on chantait dans les églises dans les années 50 ou 60.)

Merci aux commentateurs de Caféine.

Maud Laforest, guitariste

Dimanche, 16 heures.
Nous abandonnons O. chez un ami et rejoignons Paris pour aller écouter Maud Laforest à la guitare à l’hôtel Soubise.
Durant le trajet, C., qui revient d’un stage de planeur, me fait cours sur les courants ascendants («Il y en a de trois sortes: les pentes, les pompes et les ondes. […] L’onde c’est la plus dangereuse. Tu vois les cercles quand on lance un caillou dans l’eau? Et bien c’est pareil, l’air fait des cercles qui se déplacent, quand on prend le bord ascendant d’un cercle, on monte très vite, mais dès qu’on arrive sur le rebord du cercle, on redescend aussi vite…»). Il regarde les nuages et commence une dissertation sur les cumulus à fond plat.
— À fond plat ?
— Mais oui, regarde, le bas de tous les nuages est à la même altitude.
Et je m’émerveille une fois encore de constater la variété des lectures du monde. Il suffit d’un stage de planeur pour que les moutons deviennent des ascenceurs.
— Tu sais, moi, tout ce que je sais du planeur me vient de Yoko Tsuno.
— Ce n’est pas si mal, mais elle n’aurait jamais pu utiliser les aérofreins en même temps que…
Je ne sais plus. Mes souvenirs de Yoko Tsuno ne sont pas assez précis. Il me fait rire. Une chose est sûre: s’il fait du planeur en région parisienne, j’en ferai aussi.
— C’était beau, l’endroit où tu étais ?
— Oui, surtout en planeur !
Suis-je bête. Evidemment, la Beauce aura moins de charme.

Je lui parle du Velib. En arrivant à Paris, il comprend le phénomène: il fait beau, il y a des vélos partout. Je gare la voiture dans un parking.

Nous arrivons devant l’hôtel Soubise. Devant les caisses, je m’aperçois que j’ai oublié mon portefeuille dans le panier des courses du marché.
Nous faisons demi-tour. C. est déçu, je me sens très bête. De plus, nous n’allons pas pouvoir reprendre la voiture au parking. En commençant à marcher vers Bastille, je fais le tour des possibilités: rentrer en RER à la maison tous les deux puis revenir seule chercher la voiture, rentrer à la maison tous les deux et reprendre la voiture demain en allant travailler («Mais ça va coûter une fortune!»)… Dans tous les cas il y en a pour au moins trois heures, le dimanche il n'y a que deux RER par heure, et il n'y a pas de bus.
— Tu veux m’attendre au café avec ton livre? Ce sera moins galère que le RER, je reviens te chercher dans trois heures et je paierai….
Trois heures… non, trop long, ce n’est pas viable.
— J’ai un chéquier, tu veux prendre une place et aller au concert pendant que je rentre à la maison chercher mon portefeuille?
—Tu as ton chéquier? Mais alors nous pouvons prendre deux places!
Je me laisse tenter mais ce n’est pas raisonnable. Je n’explique pas à C. le fond de ma pensée : le concert va décaler d’autant l'heure de notre retour, O. va s’inquiéter, ou avoir faim, ou pire, il ne rentrera pas, s'imposera chez son ami, que vont penser ses parents?
Tant pis. Au pire nous prendrons un taxi.
Nous achetons nos billets.

Tandis que nous traversons la cour, C. me murmure: «C’est l’hôtel de Guise, celui de Pardaillan».
Et la salle du concert, m’apprend-il, est l’ancienne salle des gardes où Pardaillan a défait (sic) quatorze gardes. Bizarre, il me semblait que c’était l’antichambre de la Princesse… (En fait, ce fut les deux, à des époques différentes). Je remarque des cartes postales en vente (on est dimanche, c’est fermé), il faudra que je revienne.

Un homme nous présente assez longuement l’histoire de l’hôtel, je ne me souviens pas que nous ayons eu droit à toutes ces explications lorsque je suis venue avec Zvezdo. Ou est-ce que nous étions dissipés au point de ne pas avoir entendues ? J’ai un peu honte rétrospectivement. Mais non, je ne crois pas.

Je vous livre des extraits du contenu du feuillet de présentation joint au programme du concert:

L'hôtel de Clisson, l’un des rares vestiges parisiens d'architecture civile du 13e siècle, devint à la Renaissance propriété de la famille de Guise. Dès cette époque, l’hôtel particulier de l'actuelle rue des Archives connut une brillante activité musicale, notamment lorsqu'en 1660 Marc-Antoine Charpentier s'y installa au service de Marie de Lorraine, dite Mademoiselle de Guise, cousine de Louis XIV et dernière descendante de l'illustre famille.
C'est dans ce cadre que furent conçues des pièces destinées à un ensemble de quinze musiciens et dont M-A. Charpentier participa à l'exécution en chantant comme haute-contre. Cantates et pastorales constituèrent l'essentiel de sa production pour la duchesse de Guise. De nombreux concerts furent organisés, dont un auquel le roi assista, émerveillé, au point de verser une pension au compositeur. A la mort de Mademoiselle de Guise en 1686, M.-A. Charpentier devint Maître de musique du collège Louis-le-Grand. Il fut ensuite nommé maître de musique des enfants de la Sainte-Chapelle, où il demeura jusqu'à sa mort le 24 février 1704.

En 1700, l'hôtel de Guise fut racheté par François de Rohan, prince de Soubise, et son épouse Anne Chabot de Rohan. Sur les conseils de leur fils cadet, prince-évêque de Strasbourg, ils confièrent en 1705 au jeune architecte Pierre-Alexis Delamair le soin de restructurer le bâtiment.

En 1732, à l'occasion de son remariage avec une jeune veuve de 19 ans, le deuxième prince de Soubise, Hercule-Mériadec, confia à l'architecte et décorateur Germain Boffrand le soin de redécorer entièrement l'intérieur du palais. François Boucher, Carle van Loo, Jean Restout et Charles Trémolières participèrent à l'œuvre d'embellissement.
En 1762, le maréchal de Soubise, dernier prince du nom, demanda à son ami le compositeur François-Joseph Gossec de créer le Concert des Amateurs qui devait rivaliser avec le Concert Spirituel, créé lui-même en 1712 en réaction à l'emprise musicale de Lulli, auquel revenait sans partage le privilège royal. Avec 70 à 80 musiciens, le Concert des Amateurs avait une dimension symphonique, fait exceptionnel pour l'époque.
Fr.-J. Gossec y fit jouer en création ses premières symphonies avant de partir diriger le Concert spirituel et de céder sa place à Joseph de Boulogne, dit Le Chevalier de Saint-George, exceptionnel violoniste qui était devenu le batteur de mesure du Concert des Amateurs, sous la direction du premier.
Sous la direction de Saint-George, le Concert des Amateurs devint la meilleure formation symphonique de France et sans doute d'Europe. La foule se pressait à l'hôtel de Soubise pour y entendre la formation dirigée par ce beau métis, professeur de musique personnel de la reine. Lui aussi y donna en création ses symphonies, opéras ou quatuors à cordes. Sa renommée était telle qu'il fut chargé de commander à J. Haydn ses six symphonies dites parisiennes. Mozart qui, résidant alors à Paris, cherchait en vain à se produire, prit ombrage de la renommée du fameux chevalier, franc-maçon comme lui, et, malgré les suggestions de son père Léopold, se refusa à le rencontrer.

Souvent dévolus à la musique, aux arts et plus largement à l'histoire, les différents hôtels qui se succédèrent sur Factuel quadrilatère du Centre historique des Archives nationales ont accueilli les créations de compositeurs qui leur étaient contemporains : M.-A. Charpentier, Fr.-J. Gossec, J. Haydn, Saint George. Aujourd'hui l'hôtel de Soubise renoue avec cette tradition : Jeunes Talents a fait créer ou interpréter des oeuvres du jeune compositeur Karol Beffa et de son maître Henri Dutilleux. Les concerts de la saison comme le Festival Européen confirment chaque année cette tradition: l'harmonie entre histoire et époque contemporaine.

Le présentateur nous fait ensuite remarquer que vendredi prochain seront jouées des pièces très rarement interprétées ou enregistrées : les versions pour 4 mains de Petrouchka et du Sacre du Printemps, transposées par Stravinsky lui-même.


Maud Laforest s’avance sur l’estrade, un sourire timide aux lèvres. Elle est grande, très mince, vêtue de noir. Comme elle porte un débardeur, son bras gauche est protégé sous le coude d’une large bande de tissu noir.
Elle se concentre avant de commencer, puis se perd dans la musique. Les fenêtres sont ouvertes, par moments le vent fait bouger les rideaux qui balaient le parquet dans un chuintement. Les notes de guitare rendent leur son très particulier. La main droite de Maud Laforest, étroite, longue, blanche, se dessine sur le manche, tous les tendons des doigts transparaissent, c’est un écorché, on suit le muscle de l’avant-bras. Elle paraît heureuse.
Mon morceau préféré sera un Capriccio diabolico op.85 (1935) de Mario Castuelnovo-Tedesco, un morceau vif, enlevé, malicieux. À ma grande surprise, il me semble reconnaître dans les dernières mesures le thème de Jeux interdits. C. soutient que j’ai rêvé.


Pendant la première partie du concert, je me tourmente : comment récupérer la voiture à moindre coût (temps et argent)? Le plus simple ne serait-il pas d’emprunter de l’argent à un ami parisien? Qui serait là un dimanche après-midi à Paris, à qui oserais-je demander de l’argent ? Rémi, bien sûr, mais il doit être en vacances, Olivier, Florence… J’ai même songé à Zvezdo.
Je somnole pendant Haendel, qui me paraît, cause ou conséquence, plutôt soporifique.
— Haendel a écrit pour la guitare ? demandai-je à C. à voix basse.
— Haendel a écrit pour tout, me répond-il en haussant les épaules.
Ah.

À l’entracte, prise d’une inspiration, je m’adresse tout simplement à la caisse : accepteraient-ils de me donner du liquide en échange d’un chèque ?
Oui.
Yeeess !!! J’obtiens quarante euros, nous avons même de quoi aller boire un diabolo menthe à L’ébouillanté derrière Saint-Gervais.

Au retour, C. joue avec le vent pendant que la voiture roule : main verticale, main horizontale, main oblique dans le vent relatif:
— Pop avait raison, comme ça, ça monte ! dit-il, ravi.

Conversation à deux blogs (canon)

Grâce à ce blog, j’avais repéré le «festival des jeunes talents» à l’hôtel Soubise. Le cadre semblait beau (j’aime les occasions d’entrer dans des endroits où je n’entrerais pas), le programme prometteur, je choisis naturellement un progamme chanté puisque c’est ce que je préfère et je proposai à Zvezdo de m’accompagner.

L’hôtel est très beau mais un peu vide, je regrette le meuble à consignes en mélaminé installé en bas de l’escalier monumental, il y aurait de quoi tailler plusieurs robes de bal dans les rideaux. Comme je discute avec Z., je ne détaille pas le public. Des couples âgées, des enfants, c’est varié et peu (pas) touristique.
La salle est au premier étage, grande, chaude (les fenêtres ne seront pas ouvertes, même le temps de l'entracte, dommage); au mur derrière l’estrade se trouve un grand tableau que j’essaierai de décrypter durant tout le concert: un navire empli de moines, de religieuses, de saints, est sur le point d’aborder le «port du salut», les occupants du navire remorquent deux barques et tentent d’aider à monter à bord par une échelle les passagers d’une troisième. Deux autres esquifs sont en train de couler, leurs passagers dévorés par des monstres marins, des cartouches indiquent les différentes hérésies auxquelles ils appartiennent. Les diables nautonniers ont de belles ailes vertes bordées de rouge. Le titre semble indiquer une typologie des religions : Tupus religionis.[1]

Henry Bonamy est blond, tout mince dans une veste qui lui arrive aux genoux, compromis étrange entre la queue-de-pie et la veste classique. Les deux musiciens doivent avoir terriblement chaud dans leur costume sombre. Thomas Dolié a les cheveux plus longs que sur la photo dénichée par Zvezdo, son visage m’évoque un peu David Fischer (de Six feet under). (Je fais ma sejan, là).
Bien entendu, je n’ai pas le recul que Zvezdo. Le chanteur me paraît agréable parce qu’il articule bien, et son agitation («il y met trop d’intentions», me dit Zvezdo (révolté par ce zhabité que je n’ai même pas entendu, me concentrant surtout sur les poèmes que je ne connaissais pas)) ne me déplaît pas : voilà un chanteur qui n’est pas loin du théâtre, pourquoi pas. Ce goût du mime semble mieux servir les textes légers, comiques ou satiriques, et Jules Renard lui convient mieux que Goethe.
J’attends avec curiosité une occasion de le voir à l’opéra.


Notes

[1] Une recherche permet d?obtenir une photo et quelques détails : ce tableau saisi dans la chapelle des jésuites de Billon a joué un rôle dans le procès des jésuites devant le Parlement en 1762.

Un pianiste pressé

En découvrant ce billet de Zvezdo l'année dernière, je m'étais promis d'assister à au moins un concert du festival cette année (XVIe ou pas (il faut reconnaître que l'assistance est "marquée", j'ai même vu un col cassé et un nœud pap sur un jeune homme dont le plaisir était sans doute d'en faire un peu trop (en revanche, je suis sûre que la grande blonde devant moi n'imaginait pas que je verrais son Tupperware vide dans son sac à main))), j'aime les roses et Chopin, et j'aime ce nom de Bagatelle, trois raisons d'y assister.

Evidemment, c'était loin de ressembler à ce que j'aurais imaginé, le parfum des roses dans le soir d'été: il faisait froid (H. m'avait apporté un pull à col roulé), il s'est mis à pleuvoir de grosses gouttes glacées pendant l'entracte (écourtée) à la suite de laquelle l'auditoire se moucha et toussa un peu trop à mon goût.

Je fus ravie de constater que les Kreisleriana étaient au programme, un peu surprise par l'interprétation de Laurent Cabasso, extrêmement rapide, ne laissant pas le temps aux notes, dans les mouvements lents, d'atteindre leur plénitude. Je mis cela sur le compte d'une déformation de mon oreille, habituée à l'interprétation de Maurice Pollini. (Je réfléchissais en écoutant que j'étais une auditrice, une spectatrice, une lectrice, d'habitudes: qu'on me change l'instrument, l'interprète, l'acteur, la mise en scène, les voix d'un film, ou même la couverture ou le format d'un livre, et l'œuvre n'est plus la même, je ne la reconnais plus, j'ai perdu mes repères. Mon rapport aux œuvres est construit d'une accumulation de détails).

Je dus reconnaître en écoutant Chopin que j'avais été indulgente en cherchant ainsi des excuses à Cabasso: les Mazurkas furent exécutées au sens propre, je saisis à peine la ligne mélodique de ces morceaux qu'il me semblait pourtant connaître, et les pauvres Mazurkas finissaient par se confondre avec les mouvements rapides des Kreisleriana, tout ressemblant à tout… Très étonnant.

Bon, ce n'est pas grave, mon côté XVIe s'accomodera d'un autre concert, surtout s'il fait beau (et chaud). Cela donnera une seconde chance à H. (se raser) et à C. (ne pas mettre de baskett) de s'intégrer dans le décor. Et cela donnera une seconde chance à Chopin.

Douce et Barbe-bleue

Les CHAM (classes à horaires aménagés musique) de l'Essonne ont chaque année un "projet" qui se termine par une représentation à l'opéra de Massy. La participation des élèves se faisant sur la base du volontariat, j'y avais échappé l'année dernière pour cause de mise en scène avant-gardiste, ai-je cru comprendre: «Souffler devant tout le monde sur une balle de ping-pong, c'est trop la honte!»
Il y a deux ans j'avais vu une représentation de Carmen, agréable mais qui ne m'a pas laissé grand souvenir, il y a trois ans Porggy and Bess.

La représentation d'hier soir fut la meilleure de ces trois expériences. Il s'agissait de la réécriture de l'histoire de Barbe-bleue, Douce et Barbe-Bleue: quelques jeunes filles qui s'ennuient décident d'écrire un conte. Il faudra qu'il commence par «Il était une fois» et se termine par «ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants». Oui ou non? Le chœur n'est pas d'accord. L'histoire se déroule, Douce épouse Barbe-bleue, se montre trop curieuse (et c'est encore une histoire de clé), est condamnée à mort. Sa sœur Anne arrive, puis l'histoire bifurque, j'attendrai en vain ma réplique préférée «je ne vois que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie», les frères n'arrivent pas, Anne voit des bergers, des moutons, point de poudroiement ni de verdoiement.

Le chœur-pousse-au-crime présentera successivement des ciseaux, un katana puis une tronçonneuse à Barbe-bleue («mais c'est n'importe quoi», s'exclame Barbe-bleue, et je ne lui donne pas tort), et Douce mourra dans d'atroces tressaillements.





Le chœur chantera alors son regret : «Les histoires à l'eau de rose ont cependant quelque chose qui nous plaît…»


Ce fut une belle représentation. J'ai l'amour particulier des costumes, des rideaux qui se transforment l'un en manteau pour Barbe-bleue, l'autre en robe de soirée puis, retourné, en robe de mariée, le troisième en jupes pour quatre péronnelles avant de devenir des casaques de mousquetaires, sans compter la table du salon qui servira de jupe à panier à la mère de Douce…

Psalmus Hungaricus

Je mets en ligne la page consacrée au Psalmus Hungaricus dans le programme du concert des Melo'men et Rainbow Symphony Orchestra associés.

« En 1867, le « Compromis austro-hongrois » donne enfin aux Hongrois un gouvernement royal autonome qui décrète à nouveau, en 1873, la fusion des trois villes. Elle sera cette fois définitive. Mais l'histoire hongroise, douloureuse, se poursuit. À l'issue de la Première guerre mondiale, le traité du Trianon du 4 juin 1920 scelle le démantèlement du pays. La Hongrie perd les deux tiers de son territoire et près de 3,3 millions de personnes se retrouvent alors en dehors des frontières de la « Grande Hongrie » d'avant-guerre, avec la nationalité roumaine, yougoslave ou tchécoslovaque.

C'est dans ce contexte qu'en 1923, le « Psalmus Hungaricus » est créé, en même temps que la « Suite de danses » de Béla Bartok. Le texte est une traduction libre du Psaume 55 par le poète hongrois Mihàly Kecskemêti Vég (XVIe siècle). Il raconte l'histoire du roi David qui implore Yahvé de le délivrer de la persécution de ses ennemis comme de la trahison de ses amis. Le sujet avait déjà une résonance particulière pour les contemporains du poète, alors sous domination ottomane. Il est évident qu'il a aussi trouvé un puissant écho trois ans après la signature du traité du Trianon. L'œuvre est ressentie comme une sorte de protestation nationale, dépassant largement la simple célébration du jubilé de Budapest. Pour le compositeur, elle représente plus encore puisqu'il sort d'une épreuve difficile : il a été sanctionné pour avoir exercé des responsabilités lors d'un gouvernement communiste entre-temps déchu.

Un ténor solo tient le rôle de David tandis que le chœur commente. L'œuvre est en forme de rondo avec un thème vocal principal, Mikoron David nogy busultaban, qui revient continuellement, accentuant l'idée de complainte. La violence de l'introduction orchestrale traduit la douleur morale de David, en contraste avec le quasi silence du chœur qui expose le thème mélodique principal : le peuple assiste, muet, au drame de son souverain, puis pleure et gémit à ses côtés. Progressivement, l'espoir en Yahvé renaît, qui s'exprime dans une puissante explosion polyphonique, avant la conclusion apaisée, message de consolation.

Kodàly est issu d'une famille de musiciens. Ses études musicales sont couronnées, à l'âge de 24 ans, par une thèse de doctorat en ethnomusicologie, consacrée au chant traditionnel hongrois. Il ne perdra jamais cet intérêt pour la musique populaire qui l'inspirera fréquemment. Pédagogue émérite, il a inventé une méthode d'enseignement de la musique, la « méthode Kodàly ». Outre une œuvre chorale très importante, il a composé de la musique de chambre et des pièces symphoniques.


Psaume 55 Chœur
Le roi David, accablé de souffrances,
haï et persécuté par ses amis,
le cœur plein d'un amer chagrin,
abattu, s'adressa à Dieu :

Ténor
Père éternel, Seigneur, écoute ma prière,
porte sur moi ton saint regard,
toi mon Sauveur, mon Dieu, aie pitié de moi,
car la peine de mon cœur est trop lourde.
Jour et nuit je pleure et me lamente,
morne est mon âme, mes forces m'ont quitté,
mon cœur est lourd d'amères souffrances
et de colère envers mes ennemis perfides.
Si j'avais les ailes de la colombe,
je m'envolerais et fuirais ce lieu.
Si mon Dieu clément l'avait permis,
je me serais déjà enfui bien loin d'ici.
Je préférerais habiter les déserts,
errer à l'abandon dans les gouffres obscurs
plutôt que de vivre au milieu de ceux
qui n'ont jamais respecté le droit ni la vérité.

Chœur
Le roi David, accablé de souffrances, etc.

Ténor
Nuit et jour ils trament des projets impies,
sèment la discorde et les calomnies,
cherchent à m'attirer dans leurs pièges
afin de se réjouir de mes souffrances.
La ville n'est que haine et courroux,
querelles et violence habitent ces murs,
on pille l'or, c'est le triomphe de la cupidité,
la terre ne connaît rien de tel ailleurs.
Souvent les impies tiennent conseil
pour mieux tromper veuves et orphelins,
ils offensent Dieu dans leurs pensées
et dans leurs actes,
l'orgueil les fait blasphémer son nom.

Chœur
Le roi David, accablé de souffrances, etc.

Ténor
Il serait plus aisé de supporter ces tourments
si j'étais persécuté par des ennemis !
Contre des ennemis, je pourrais me défendre,
je n'aurais pas à boire
la coupe amère de la souffrance.
Mais mon ami, mon compagnon le plus fidèle,
celui en qui mon cœur avait toute confiance,
qui suivait jadis le même chemin que moi,
c'est lui qui s'est révélé mon pire ennemi !
Que la mort cruelle les punisse tous,
que le perfide succombe à la violence.
Maudits soient leurs sarcasmes vils et impies,
maudite leur meute vile et scélérate.

Ténor et Chœur
Entends mes plaintes, ô Dieu, je t'appelle,
je t'implore jour et nuit,
apporte-moi le salut, délivre-moi
de mes ennemis et du mal qu'ils m'infligent.

Ténor
Oh, mon cœur, réjouis-toi, ne tremble point.
Dieu est ton réconfort, ton soleil,
il délivre toutes les âmes de la détresse,
il est ta lumière dans la vie et dans la mort.

Chœur
Toi, notre juge pour l'éternité,
jamais tu ne toléreras
les impies couverts de sang,
jamais tu ne béniras leurs méfaits,
ils ne vivront pas longtemps sur cette terre.
Tu protèges le juste,
toi la forteresse éternelle du fidèle.
Tu relèves celui qui fut bassement humilié,
tu écrases les présomptueux.
Si, sur terre, tu le mets parfois
à l'épreuve du feu ardent,
tu l'élèves ensuite à la gloire éternelle.
La délivrance, l'allégresse,
la lumière sont sa récompense.
Tu lui accordes puissance et magnificence.
Ce sont les paroles de David dans la Bible
au cinquante-cinquième psaume.
Pour le réconfort de tous, un homme pieux,
au cœur triste, en a tiré ce chant.
»

Zvezdo en concert

Samedi soir, j'ai testé le Rainbow Symphony Orchestra.
L'auditoire était bien plus varié, en âge et en sexe, que ne me l'avait laissé entendre Zvezdo (Ah zut, j'ai oublié de lui demandé s'il y avait un rapport entre Zvezdoliki et Zvezda (qui veut dire étoile, ai-je appris grâce à Grossman)). L'orchestre est une surprise, il est en tenue multicolore, c'est très joli. Je cherche une logique, il me semble que les cuivres sont bleus, mais c'est peut-être un hasard. (C'est un hasard, me confirmera à l'entracte Zvezdo en chemise orange (modem oblige), fatigué de l'éternel tee-shirt vert pomme de son voisin tandis que nous déplorerons conjointement que la chemise ne soit pas obligatoire).

Pour le reste, je suis trop intimidée pour parler de musique. J'ai été enchantée d'avoir l'occasion d'entendre le Psalmus Hungaricus de Kodaly avec un excellent ténor (Laurent Doyen). Le programme m'a beaucoup plu, il n'y a guère que l'Adagio de Spartacus d'Aram Khatchaturian que j'ai trouvé sans intérêt (on attend que la musique se réveille, et elle ne se réveille pas. Moi qui m'attendais à quelque chose d'un peu guerrier…)

J'ai été présentée à Gast et son ami (les non-blogueurs vivent dans l'ombre de leurs blogueurs), et Zvezdo m'ayant demandé où l'on pouvait boire une Guinness, je lui ai étourdiment répondu, pensant que c'était un test, un clin d'œil. Nous nous sommes donc retrouvés au pied de Saint-Eustache dans un pub bruyant.
J'ai appris beaucoup de choses, en particulier que certains protestants français s'étaient réfugiés en Lettonie pour fuir les persécutions catholiques, que les offices protestants étaient interdits dans l'enceinte de Paris par l'Edit de Nantes (j'espère ne pas me tromper, j'étais si impressionnée de tant d'érudition sur un sujet si inattendu que je n'ai pas tout enregistré). Les trois hommes ont parlé politique (je n'ai pas suivi (Gast est "Vert")), puis nous avons changé de sujets (j'ai tout oublié à l'heure qu'il est (ah si, au moins cette question: quelle taille, quelle forme, quel fournisseur pour une bibliothèque (le meuble) idéale) (et encore une histoire de fenêtres (et une autre de plombier polonais (Zvezdo est très content du sien, avis aux gens dans le besoin))).
Nous avons également évoqué la façon dont la Russie avait choisi, parmi trois religions (la juive, la catholique, l'orthodoxe) la religion orthodoxe parce qu'elle était la plus flamboyante, et je ne sais lequel des trois a murmuré «Imaginez s'ils avaient choisi la religion juive»… J'ai eu l'impression d'un abîme, cela changeait tout, mais tandis que j'essayais de mesurer les conséquences d'une Russie juive, Gast est parti sur le sujet de l'uchronie.
Nous avons fini sur les livres de SF, enfin surtout Gast et moi, les deux autres un peu effrayés par la quantité de lectures culturellement incorrectes que nous avons ingurgitées au cours de notre vie.

Gast a fini en beauté en nous résumant les aventures de Philémon (via un passage par Valérian (je préfère Laureline mais je ne l'ai pas dit)).

Lucia di Lammermoor

La mise en scène est terrifiante ou stupide, si la chanteuse s'en sort sans une entorse ou une fracture avant la fin des représentations, ce sera un miracle.
Elle chante magnifiquement, pourquoi lui demander de courir, de traîner des cordes, de faire de la poutre? C'est un test, une épreuve pour Intervilles?
Heureusement, elle chante magnifiquement, et l'on finit par oublier tout le reste.

J'ai pleuré comme une Madeleine.


(— Mais c'est idiot, elle n'avait qu'à se sauver et à épouser qui elle voulait.
— Ma chérie, les tragédies sont toujours très bêtes, il suffirait de ne pas se préoccuper de son devoir, de sa famille ou de sa patrie, pour qu'il n'y ait pas de tragédie. C'est d'ailleurs pour cela qu'il n'y a plus de tragédie. Tu comprends?
Elle n'a pas l'air convaincue.)


ajout le 14 décembre 2009
Trois ans plus tard, mon fils se souvient surtout que je me suis exclamée à un moment de la mise en scène: «Mais ils forniquent dans la brouette!»

Constat

Quand j'ai mal aux yeux, j'entends moins bien.
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