Billets qui ont 'patristique' comme mot-clé.

Un déjeuner

TG sur Origène, les trois niveaux de lecture. Je l'ai lu il y a un peu trop longtemps et je n'ai pas formalisé mon travail par écrit, ce qui fait que j'ai un peu de mal à suivre.
Et je ne suis pas à l'aise avec le schéma décrit par la chargée de TG, il me semble que l'arbre des lectures ne se déploie pas au bon niveau. Tant pis.

Comme la chargée de TG trouve le dossier "léger", elle nous libère une heure avant la fin et je passe une heure à la Procure. Je craque pour Les Pères grecs et les Les pères latins de Campenhausen et les tomes 1 et 2 de L'histoire des conciles œcuméniques respectivement d'Ortiz de Urbina et Camelot. (Toujours cette illusion que les livres vont résoudre les problèmes. A quoi bon si je ne les lis pas?) Je me donne bonne conscience en me disant que cela ne coûte rien puisque je paie avec les bons cadeau du CE pour Noël.

Déjeuner chez Zvezdo qui a malicieusement invité Thomas, un délégué syndical marseillais de ma boîte (et néanmoins ami!). Nous discutons boutique (j'espère que nous n'avons pas trop ennuyé nos hôtes) et potinons, Thomas est très drôle quand il parle de ses histoires de famille (corse), il nous raconte l'association entre lui et ses frères et sœurs avec les enfants du compagnon de sa mère («On se détestait mais on a fait alliance pour que nos parents se séparent. On a été infernaux». Brrr, en tant que parent, j'en ai froid dans le dos).

La position de Thomas sur le syndicalisme est proche de la mienne: plutôt que toujours se plaindre, agissons. C'est vrai, c'est tout à fait ce que je pense, mais ce qui me retient (de me syndiquer), c'est la perspective d'encore me disputer avec tout le monde et d'encore me faire détester. Je suis fatiguée de cela, je souhaite être tranquille. (Mais il a raison.)

Je vais ensuite voir Merci patron, sur les conseils de Françoise. J'en sors sonnée, avec une envie de rire et de hurler de colère.
Allez-y, mais surtout, ne lisez rien avant, allez-y sans aucune information, découvrez le film dans la salle (un bon film d'espionnage, un mauvais sitcom, une bonne ou une mauvaise farce. Je ne veux pas spoiler et pourtant, il y en aurait des commentaires à faire. Dégoût et rires.)


Plus tard dans la voiture en rentrant, la radio m'apprend que PUF a installé rue Monsieur le Prince une imprimante qui vous "cuit" votre livre en cinq minutes à condition qu'il fasse moins de huit cents pages. Le catalogue PUF et tous les livres libres de droit sont disponibles.
Qu'est-ce que ça va changer? Cela devrait tout changer. Par rapport à une librairie traditionnelle, cela suppose que l'on sache exactement le livre que l'on veut. Comment se faire connaître quand on sera nouvel écrivain?

Origène

«D'après la légende, Origène aurait commenté tous les livres [de la Bible] trois fois1», nous dit le prof. Et in petto, je me dis que c'est mieux que Chuck Norris, qui a compté jusqu'à l'infini deux fois.

Légende, car de l'œuvre monumentale d'Origène il ne reste que des morceaux ou des traductions plus ou moins fidèles (traduction en latin à charge de Jérôme, à décharge de Rufin (la fin d'une amitié).
(Il est possible de retrouver encore des manuscrits. En réalité, rien n'est moins clos que la recherche biblique ou patristique, susceptible d'être relancée à tout moment par une découverte archéologique ou philologique.)

Qui a dit (Strauss, r-Camus, Taubes?), et était-ce à propos d'Origène, qu'il fallait vraiment être hors du commun pour réussir à parvenir à la postérité à travers ses ennemis, quand on voit comment ceux-ci déforment votre pensée? Impossible de remettre la main sur la citation exacte.


Note
1 : par commentaires, par homélies, par scolies.

Patristique

Différence entre patrologie (essentiellement un travail d'édition (traduction et philologie) et patristique). Définition de la patristique: un auteur antique (pour les catholiques, les orthodoxes reconnaissent des pères de l'Eglise jusqu'au XIXe), orthodoxe (non hérétique), reconnu par la communauté et reçue par l'Eglise (contre exemple : Tertullien ou Origène. Appelés alors écrivains ecclésiatiques).
Le dernier père (majuscule ou pas?) en Orient, Jean Damascène, mort en 750; le dernier père en Occident, Isidore de Séville, mort en 636. (Je me souviens de la première fois que j'ai croisé le nom d'Isidore de Séville dans une note de bas de page du livre de France Yates, (L'art de la mémoire) et de l'incompréhensible ravissement qui m'avait saisie alors). Le De Trinitate de Saint Hilaire de Poitiers, une œuvre de génie (vous avez compris que je jette ici de mémoire des bribes de cours).

Le mode de validation du prof me fait sourire. C'est la première fois dans toutes mes études que je vois un prof vouloir s'assurer que nous avons lu un auteur et non ses commentateurs (je veux dire que tous les profs nous disent de lire les auteurs, mais en réalité, c'est l'habileté à citer les commentateurs (en philo, littérature, théologie) qui est récompensée. Après mon bac je l'ai compris tard; je lisais Proust pendant que les autres lisaient Barthes, ils avaient raison — eux, ils savaient, ils maîtrisaient le discours et le sous-discours). Ce professeur ne donne pas de bibliographie. Irénée de Lyon, Tertullien, Origène, Athanase d'Alexandrie, Grégoire de Nysse: nous choisissons deux à cinq pages d'un de ces auteurs, nous venons à l'oral avec deux exemplaires du texte choisi, nous présentons sans note, puis il pose des questions pour s'assurer que nous avons lu l'ensemble du livre et l'ensemble du cours.
C'est excitant. La perspective de devoir enfin lire un père de l'Eglise (car l'obligation devient une permission: tant de choses à lire que toute lecture non obligatoire devient de l'oisiveté) est excitante. Il va falloir feuilleter un peu pour choisir. Par expérience, je sais que j'ai moins de mal avec les auteurs traduits du grec que du latin. Un petit penchant pour Athanase. A vérifier.



Agenda
Eric et Vincent à la maison pour trois jours. Session de programmation. J'ai l'impression de revenir quinze ans en arrière. Que j'aimais cela, cette ambiance de réflexion et de débats.
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.