Billets qui ont 'robe' comme mot-clé.

Uniforme

Renouvellement de ma garde-robe sur un mode que je n'avais pas appliqué depuis mes vingt-deux ans: j'avais alors passé un entretien, puis j'étais allée m'acheter les mêmes vêtements que la personne que je venais de rencontrer (j'ai été embauchée).
Là je fais dans l'anticipation, mais j'ai bien étudié les tenues de Homeland et The good Wife… *smiley* (J'ai acheté mes premiers pantalons depuis vingt ans (à l'exception de deux jeans, en 2001 et 2014).)


Dîner à la grande crèmerie. Bon mais cher, cher mais bon.

Chaleur

Journée plutôt ratée, il faut le reconnaître, et je le regrette.

Mes beaux-parents voulaient passer pour fêter l'anniversaire de C. qui est venu avec deux amies, Charlotte et Myriam. Nous avons fait l'erreur de déjeuner sur la terrasse et nous n'avons pas tardé à avoir beaucoup trop chaud, sans avoir le courage de rentrer (réinstaller les couverts, etc.)
La conversation est restée languissante tout l'après-midi, Charlotte saignait du nez (j'aurais dû imposer l'eau oxygénée mais je n'ai pas osé), fallait-il jouer aux cartes? pas osé proposer non plus. Tout le monde avait plus ou moins mal à la tête, accablés de chaleur.


Point positif malgré tout : j'ai retrouvé au pressing ma robe grise japonaise que je me désespérais d'avoir perdue depuis avril.

Vendredi varié

Deux heures de travail à la bilbiothèque de Sciences-Po (de 8 à 10). J'ai fini le "résumé" de Cerisy (je me demande bien s'il servira à quoi que ce soit) et commencé le grec pour jeudi.

Failli arriver en retard au Caroussel du Louvre (fermeture des portes à 10h30) pour le grand raout de la boîte. Apparemment nous fêtions l'anniversaire d'une ancêtre de l'entreprise actuelle, la société d'assurance la Royale créée en 1816. Quoi qu'il en soit, c'était très réussi. Nous avons si peu l'occasion de nous voir tous — et le champagne était très bon (Demoiselle (What? le site demande si nous avons l'âge légal pour le visiter?!!)

A 16h45, rendez-vous chez un psy pour A. Apparemment le courant a eu l'air de passer et elles projettent de se revoir. A suivre (de loin: d'une certaine façon, cela ne nous regarde pas vraiment).
En sortant, nous croisons une brocante près des Invalides et nous trouvons des œuvres complètes d'Agatha Christie dans la collection Rombaldi (un peu jaunie) qui est un souvenir d'enfance. Nous l'emportons.
Et pour finir, profitant que pour une fois nous sommes ensemble à Paris, H. propose de faire les boutiques et je renouvelle une partie de ma garde-robe : j'ai de plus en plus froid, adieu les robes sans manche. (Maintenant il va falloir que je me débarrasse de ce que je ne mets plus, et j'ai vraiment du mal à faire cela. C'est comme si j'abandonnais de vieux amis. Je vais peut-être stocker dans un carton en attendant de me décider).

Rentrée

H. nous dépose à la gare. Coiffeur à neuf et demie (mais rien de neuf dans Elle et Gala, je suis déçue. Charlotte de Monaco ressemble à sa mère de façon frappante. Une photo la montre avec sa plus jeune sœur et une cousine (fille de Stéphanie), elles ont toutes les trois la même taille, tout cela ne nous rajeunit pas. J'apprends que Johnny Depp a du sang cherokee), achat de deux robes (en passant devant une boutique qui s'avère d'origine suédoise: un style qui me fait penser aux Japonais, j'aime beaucoup), déjeuner avec O. et un de ses amis. C'est sa dernière rentrée au lycée, la dernière rentrée de mon dernier fils, snif (bientôt la quille).
(Je suis très concernée par son emploi du temps: cette année, ce sera huit heures tous les jours. Ce n'est pas plus mal).

Train pour Carantilly. Je lis Un tout petit monde, ce qui n'est peut-être pas la meilleure préparation à une semaine à Cerisy.
En réalité j'ai le trac: une semaine autour de Jean Greisch, l'herméneutique et la phénoménologie, je ne suis absolument pas sûre de suivre.

Ondée à Lison, arrivée au soleil, chambre magnifique à l'Orangerie donnant plein ouest.





Repas (cidre). J'entends dans le bruit une blague en allemand d'un théologien luxembourgeois que je retranscrits comme je peux en comptant sur votre bienveillance. C'est un homme qui interroge l'écho:
— Wohin sind die Philosophen?
— Offen, offen, offen…
— Was machen die Theologen?
— logen, logen, logen…

Présentations dans la bibliothèque. J'ai changé de statut, je ne suis plus une simple auditrice, je suis étudiante puisqu'un de mes professeurs organise le colloque. Il y a toujours quelques mots qui me frappent. Cette fois, c'est: «il n'y a pas d'horloge dans le château, en tout cas pas d'horloge qui donne l'heure.»
Ce sont les cloches qui battent le rappel à l'heure des repas. Elles sont impératives.

Au moment du coucher, j'entends à travers les parois quelques protestations contre les douches et toilettes communes. Les chambres ne comportent que de simples lavabos. C'est étonnant finalement que rien ne filtre sur l'archaïsme de la vie à Cerisy, les escaliers étroits et inégaux, l'absence de wifi dans les bâtiments sauf un, le téléphone qui est inutilisable en fonction des opérateurs. Conseils pour votre premier séjour: apportez du savon et prévoyez un pyjama ou un peignoir qui vous permettent de traverser le couloir entre votre chambre et la douche.

Samedi

TG sur Kant dans la matinée. Sur quoi fonder les vérités transcendantales?

En attendant H., je passe à la Procure. Je finis par avoir honte de tous les livres que j'achète et me dépêche de payer avant qu'il n'arrive.

- Jean-Claude Michéa, Les mystères de la gauche. J'aime bien Michéa depuis son livre sur Orwell.
- Judith Butler, Qu'est-ce qu'une vie bonne?
- Charles Taylor, Les sources du moi, pour la dissert de philo, en remerciant Compagnon qui me l'a fait connaître.
- Emmanuel Lévinas, Difficile liberté. Parce que lorsqu'on a un prof lévinassien, il faut au moins citer Lévinas en conclusion, même s'il ne l'a pas donné dans la bibliographie.

Je retourne voir Dallas Buyers Club avec H. qui veut le voir.
— Dieu, aide-moi.
— Mais Il t'aide. J'ai le Sida, papa.
Plus frappée encore que la première fois par l'illogisme absolu qui consiste d'interdire à des gens condamnés à court terme de prendre des médicaments au prétexte que ceux-ci sont mauvais pour leur santé!

Encore une robe. Pas celle que je préférais au niveau couleur, mais la mieux au niveau forme. Or il faut toujours choisir la forme.

Samedi

Je continue les emplois du temps. Au moins ça me permet plus tard de retrouver la trace de mes journées. Bizarrement, raconter des anecdotes ne permet plus plus tard de retrouver la trame des jours (je veux dire le contenu réel des heures passées à vivre).

9h30: marché avec H. (Yipeee! ça n'a l'air de rien, mais des années que je cherche à aller au marché avant midi! (la journée type, c'est plutôt se lever à huit heures et perdre absolument tout son temps dans le nothingness avant de s'apercevoir qu'il est presque midi. je déteste ça. Je déteste ne pas savoir où sont passées les heures de ma vie)).

10h30: une heure et demie de ménage. Un jour je saurai pourquoi les joints de la salle de bain deviennent rose orangé. Produit pour nettoyer le lave-linge (c'est un concept étrange, ces produits qui servent à entretenir les lave-linge et lave-vaisselle: laver ce qui lave, c'est tout de même bizarre.)

13h20: j'accompagne O. à l'école de musique et je prends le RER. Je veux voir I am Divine (cela ne passe que dans une salle UGC, il faut se dépêcher) et passer dire bonjour à Patrick Cardon aux Blancs-Manteaux.

14h15: comme la séance n'est qu'à 14h55, j'erre dans la bibliothèque musicale des Halles et emprunte Béton de Thomas Bernhard.

14h55: je suis décidément abonnée aux petites salles qu'UGC les Halles a ouvertes récemment (30 à 35). Le film est un documentaire réalisé avec soin. Je suis à la recherche de mon enfance et de ma jeunesse, j'essaie de me souvenir de ce que j'ai pu voir ou entendre, je regrette tout ce que j'aurais pu (j'aurais dû?) connaître si j'avais su. L'homme Divine est très attachant, en tout cas à travers ce film.

En sortant je passe à la librairie allemande acheter Kritik der reinen Vernunft dont nous devons lire dix pages pour samedi prochain (le prof a tant répété que c'était plus clair, syntaxiquement plus clair, en allemand). De toute façon je n'ai pas grand chose à perdre, et puis le livre est très bien relié et pas cher du tout. (Mes premières recherches hier montrent que le vocabulaire est proche de celui que je vois en allemand théologique.) J'en profite pour acheter le tome V des Harry Potter et un livre pour mon autre nièce qui est en première (c'est sans doute une erreur, perdu d'avance, elle ne lira jamais ça. Mais sait-on jamais? Moi et mon espoir inétouffable quoi que j'en dise…)

Je passe voir Patrick Cardon, lui achète quelques livres (il est spécialisé dans la réédition de textes anciens sur l'homosexualité).
(J'ai rencontré Patrick à un colloque sur le kitsch. L'une des bizarreries de la vie (et qui prouve que le monde est petit, etc) est que la co-auteur de ce livre sur l'homosexualité au XVIIIe siècle suit les mêmes cours de théologie que moi (surprise de découvrir que Patrick était notre "ami commun" lorsque nous sommes devenues "amies" sur FB. Comme quoi l'univers catholique est un peu plus bariolé qu'on pourrait le croire au premier abord (plus exactement, plus tolérant, plus ouvert: pour suivre ce cursus de théologie, il faut remplir un dossier, écrire une lettre de motivation et passer un entretien. Les "bizarres", ceux dont on penserait qu'ils ne rentreraient pas dans le cadre (les divorcés, par exemple), ne sont pas rejetés. C'est quelque chose que l'on n'expérimente qu'une fois à l'intérieur: la tolérance, la bienveillance, est grande, ou en tout cas, "trouvable", alors que l'image renvoyée vers l'extérieur est souvent celle de la rigidité.))

En parlant de petit monde, j'aperçois en arrivant aux Blancs-Manteaux un ancien collègue aujourd'hui à la retraite en train de discuter avec Patrick. Discrètement j'attends qu'il parte, je voudrais lui éviter la crise cardiaque en me voyant embrasser Patrick sur les deux joues. (Mais peut-être qu'il ne m'aurait pas reconnue, ou peut-être qu'il n'aurait pas fait de crise cardiaque: la vérité est que je ne l'appréciais pas beaucoup.)

En repartant je passe devant La Belle Hortense (librairie-boutique de vin, ce qui est sans doute moins salissant pour les livres que librairie-salon de thé), j'achète une robe, un manteau, un haut (après un véritable sketch pour faire accepter les sommes par les deux cartes bleues. Comme je sais que j'ai l'argent, j'insiste. Nous essayons plusieurs combinaisons jusqu'à parvenir à trouver la solution. Heureusement que j'ai de la participation à débloquer le 15 avril). A travers la vitrine, j'aperçois une blondinette qui est la fille d'Aymeric (elle boude).

Je rentre en vélib. Je suis fatiguée, les restes du virus. Encore un épisode de The Killing avant de se coucher.

Journée ensoleillée

Il fait très beau, avec un peu de vent. Après avoir cherché un médecin, notre ami décide d'aller aux urgences à l'hôpital afin de faire au plus simple (à ma question: «Crois-tu avoir besoin d'autres médicaments que ce que nous pouvons acheter librement en pharmacie?» il a répondu oui, ce qui rendait légitime la démarche). Il en ressort que l'on peut librement circuler dans l'hôpital, qui est très vaste et ressemble au reste de Venise (je veux parler des maisons ocres et des volets verts et de l'herbe haute). Ce serait une façon d'aller très vite des Fondamenta Nuove à San Giovanni et Paolo, mais évidemment guère civique.
Dans les jardins de l'hôpital, une fontaine rassemble une colonie de tortues de Floride. C'est curieux.





(Il apparaîtra, mais nous n'en doutions guère, que notre ami avait paniqué un peu vite.)

Pendant qu'il est à l'hôpital avec sa femme, H. et moi retournons chez Gianni Basso. Comme il nous dira en riant «les gens reviennent pour vérifier que je n'ai pas disparu». J'ai un peu honte car il a raison (mais je suis rassurée, son fils est plus souriant, plus détendu: peut-être a-t-il constaté en quatre ans que les idées bizarres de son père (pas de fax, pas d'internet) constituent le meilleur marketing pour son activité d'imprimeur traditionnel. Quoi qu'il en soit, les commandes continuent d'affluer du monde entier.)

J'en profite pour entraîner H. vers magasin repéré lors de mon passage pour la Vogalonga. Il s'agit de vêtements fabriqués par des détenues et la vitrine est de toute beauté.
En fait j'étais persuadée que rien ne m'irait (habits fait à la main, je n'ai pas la taille mannequin, etc.) mais il s'avère que la vendeuse a le jugement sûr (cela m'impressionne toujours, ces vendeuses qui vous jaugent au premier coup d'œil et paraissent avoir un mètre-ruban dans le cerveau) et que deux clientes charmantes sont dans le magasin, dont l'une parlant très bien français: pour faire court, je ressors avec une robe et une veste.

Porter une robe fabriquée par une détenue ne me laisse pas entièrement tranquille: suis-je en train d'aider quelqu'un ou en train de profiter de sa faiblesse? Et qu'a-t-elle fait pour être en prison? (Oui, oui, je sais que cela n'a aucune importance, j'ai la robe. Mais si on ne peut plus rêver sur les objets, à quoi bon?)

Cette capacité à rêver à partir de rien finit d'ailleurs par me paraître essentiel pour visiter Venise: après déjeuner, nous entraînons nos amis à San Pietro. C'est l'un de mes endroits préférés à Venise, même si je sais que c'est trop venteux pour que je puisse jamais y vivre. Peut-être sommes-nous entrés un peu trop vite dans l'église saint Pierre, peut-être n'aurions-nous pas dû y entrer (derrière moi, un ado d'une quinzaine d'années est en train de dire à ses parents: «Vous allez payer pour ÇA? Mais on a déjà vu la même chose dix fois!» Impavides, les parents paient et entrent avec lui. A leur place, je l'aurais laissé dehors).
Toujours est-il que lorsqu'on ne rêve pas, lorsqu'on ne se projette pas dans le passé, lorsqu'on ne se laisse pas émerveiller par l'idée que c'était la cathédrale de Venise avant Saint Marc, ou que l'on ne regarde pas le trône de Saint Pierre à Antioche en songeant aux Actes des apôtres ou à Corto Maltese ou en philosophant que c'est étrange, cette sourate du Coran sur un trône de Saint Pierre, eh bien oui, ce n'est pas grand chose, cette église, une église de plus, et c'est ce que paraissent penser nos amis.
Je suis déçue de leur manque d'enthousiasme. Je regrette de les avoir fait payer pour entrer là, à quoi bon?

Une glace plus tard, nous rentrons. Les places sont envahies d'enfants qui jouent au ballon, l'école doit être finie, il y a des poussettes et des petites filles. Je me glisse très vite dans l'église qui a vu le baptême de Vivaldi, pour une fois ouverte alors qu'elle est toujours fermée. Les autres m'attendent devant, sans curiosité.
Comme elle est toujours fermée, je pensais qu'elle était délabrée, mais ce n'est pas le cas. Elle paraît simplement "très fouillie", elle est petite et semble liée à un saint russe qui m'a paru Jean-Baptiste, s'agit-il d'un jumelage avec une église russe? Je n'ai pas osé passer trop de temps à chercher à comprendre; la différence d'alphabets était un obstacle de taille.

Je n'ai même plus envie de forcer (un peu) nos amis à entrer à Saint-Georges des esclavons alors que nous passons devant. J'aime trop Carpaccio, je préfère venir le voir seule ou avec H.; vu la taille des deux pièces, cela me prendra trois quart d'heure n'importe quand dans la journée.

Ils rentrent se reposer à l'appartement, H. et moi prenons le vaporetto et allons nous installer en terrasse place sainte Marguerite. Cartes postales, lecture et soleil, deux spritz bitter plus tard je suis un peu ronde. Il y a quelque chose de fétichiste dans notre façon d'envisager cette ville, nous passons notre temps à revenir aux endroits aimés. Il y a un quartier que nous ne connaissons pas, que nous n'avons jamais exploré: S. Croce. Nous l'avons toujours évité, il faudra un jour combler cette lacune.

Encore !

Et hop, encore deux robes, dans le même magasin (je rentre, je choisis, j'essaie, je choisis, je paie, je pars).

J'expliquais l'autre jour à mon coiffeur (en réponse à une vieille dame qui se plaignait de la mode) qu'il fallait conserver ses vêtements longtemps, cela permettait de vieillir moins vite: les gens s'exclament: «Oh, tu n'as pas changée!» alors qu'en réalité, c'est votre robe qui n'a pas changé depuis dix ans. (Cette théorie a beaucoup plu à mon coiffeur.)

Mais je crois qu'il est temps que je renouvelle ma garde-robe avec des choses un peu plus sérieuses, au moins professionnellement.



Avouons que ce genre de billet est surtout destiné à être relu dans deux ans, quand je me demanderai: "Mais quand ai-je acheté ces robes?"

Rentrée

La fermeture éclair de ma combinaison (achetée en 1996, j'ai un repère) était si usée que je n'ai pas pu la remonter à midi. Dos à l'air du bassin à la nuque. Utilisé une épingle à nourrice et gardé ma veste. Déjeuner au Petit Broc (une tête de veau) avec ma fille avant sa rentrée au lycée. Un instant j'ai oublié mon état, j'ai enlevé ma veste pendant quelques minutes... personne derrière moi.

Chic, un prétexte pour m'acheter deux robes.

Application

Salle d'attente de l'orthodontiste.
Je raffle trois magazines, remarque qu'ils portent une étiquette avec le nom et l'adresse du cabinet. Mais qu'importent à ceux qui volent les magazines d'avoir cela chez eux? Auront-ils honte? Ils en riront. Je n'ai pas pris au hasard: deux Gala, l'un avec les confidences de la mère de Carla Bruni (j'apprends que son fils Vittorio (ou Vincenzio?) est mort du sida à 46 ans), l'autre avec l'horoscospe de la rentrée (je sais, un peu tard. De toute façon je ne l'ai même pas lu, attirée par les images (et dans l'un des deux Sophie Marceau qui ressemble un peu à Ségolène Royal, et le "combat de Sharon Stone" pour prouver qu'elle n'est pas une mère indigne, une photo de Halle Berry en famille "qui souhaite un second enfant", et les princesses européennes de trois à six ans, boucles blondes et robes à volant), et Elle du 23 octobre 2009 avec en gros titre Love, comment le rendre accro.





A l'intérieur, les pages correspondant au dossier ont été arrachées.

Tout vient (presque) à point à qui sait attendre

J'ai passé ma frustration de l'été sur des fringues.

J'ai toujours rêvé d'avoir des cuissardes, les bottes de Barbarella ou de Yoko Tsuno, selon les références.

A vingt ans, je n'en avais pas les moyens. J'avais acheté une pseudo-paire chez Eram, qui dépassait un peu le genou.
Bien entendu, elles descendaient. Pour tenir, des cuissardes doivent être en cuir de très bonne qualité et s'ouvrir avec une fermeture éclair (au moins au niveau des chevilles) ou être composées pour partie de matière élastique.
J'avais cousu quelques centimètres de ruban élastique à l'intérieur des bottes au niveau du genou, qui serraient bien fort la jambe, dans l'espoir d'empêcher la tige de s'affaisser. J'avais juste réussi à me blesser avec les coutures de ces bricolages, j'avais de drôles de cicatrices sur les jambes mais je mettais quand même mes bottes, même si elles tombaient, même si elles me faisaient mal, avec des petites robes en laine de couleur vive.

En 2000, j'ai entrevu de loin chez un marchand de chaussures des cuissardes. Je les ai achetées et portées, même si c'était compliqué: ce n'était pas la mode, et aucun vêtement n'était prévu pour aller avec elles. Je rêvais d'un vaste pull Corto Maltese pouvant me servir de robe... En vain: si le pull était assez long il était trop large, et vice-versa. Je trichais, j'achetais des jupes (trop) courtes, des sur-vestes en soie trop longues, adoptant un look Matrix sans le savoir, tandis que ma collègue me racontait ses années 70, ses shorts en daim et le désespoir de son père.
Je pouvais me le permettre, nous nous connaissions tous très bien, j'avais droit à des regards amusés et complices.
Puis j'ai changé de boîte en conservant la plupart de mes collègues, mais en en gagnant d'autres. Le jour où un très beau métis m'a dit droit dans les yeux d'un air très sincère et très gêné «tes bottes... elle me font un effet...», j'ai arrêté de les porter au bureau.

Depuis j'ai changé de service, je les porte de temps en temps, plutôt rarement, alors que depuis 2004 environ, c'est devenu un article courant dans les devantures des magasins de chaussures.
Et cette année, enfin, joie et bonheur, sept ans plus tard, la mode est adaptée à mes cuissardes: petites robes courtes et rondes, grands pulls enveloppants...
Je regrette un peu les années et les kilos en plus, mais tant pis: je sens que je vais reporter mes cuissardes. Et tant pis si je fais vieille peau, honni soit qui mal y pense. En tout cas, j'ai acheté trois robes, une en laine, une en velours, une en soie.
Et je crois que je suis devenue copine avec la vendeuse, on a beaucoup ri et elle m'a fait promettre de repasser avec mes bottes. De toute façon j'ai l'intention de repasser, il faut que je convainc son collègue de me laisser un manteau (une forme et une matière admirables) à moitié prix, donc il faut que je lui donne envie de me le vendre... j'ai la carte de la vendeuse et le vendeur a ma carte... (finalement Matoo a eu raison de me faire regarder Sex and the City).
I am happy.

Bon, et pour vous récompenser d'avoir lu jusqu'ici et vous prouver que je pense à vous dans toutes les situations, ô lecteurs, une photo d'un détail de la toile de Jouy de la cabine d'essayage. Il paraît qu'il y a la même à Londres.




PS: message personnel pour Jim: je reçois vos messages mais je ne peux pas vous écrire. Depuis mi-août, tous mes mails me reviennent. Mais je confirme que je n'ai pas de nouvelles positives. A suivre.

Hier

J'ai déjeuné d'un sandwich au roastbeef et d'un verre de rouge au comptoir du café à l'angle du boulevard Raspail et de la rue du Cherche-Midi. A une époque, l'un des serveurs de ce café était si beau que je faisais un détour rien que pour venir le regarder. Je suppose que c'était un étudiant, il faisait si peu serveur… Il n'est plus là mais les sandwiches au roastbeef, excellents, sont restés une habitude.

A côté de moi, deux poivrots; pendant que l'un s'absente, l'autre demande laborieusement la note:
— J'ai commandé ce verre, et puis j'ai offert celui-là à Monsieur, alors lui il m'a offert celui-là…
— Donc un blanc et un kir, résume la serveuse.
— Non, j'ai commandé ce verre-là, insiste le poivrot en montrant le premier verre.
La serveuse impavide amène la note comportant le blanc et le kir.
L'autre revient, je les entends discuter, impossible de lire, le jeune homme à ma gauche a des yeux bleus de l'exacte couleur de sa chemise et un pull bleu marine noué sur les épaules, «Quand on est solitaire c'est pour toujours», énonce l'un des poivrots, je ferme mon livre, «Dardanelles… mon grand-père… j'ai fait cuire des hérissons…», le jeune homme allume une pipe, son alliance est en or blanc.


Le soir je fais les soldes, machinalement.
Mon quota de robes sérieuses et de robes à bretelles (pour ce que ça sert cette année) étant épuisé, j'ai pu enfin faire dans l'irresponsable : deux robes cent pour cent viscose coupe nuisette femme enceinte, imprimées l'une comme les robes de Mireille Darc dans Elle boit pas, elle fume pas, mais elle cause, l'autre comme un couvre-lit de ma grand-mère que j'aimais beaucoup et qui a été donné, et une combinaison bustier très douce genre Babygro en plus sexy.

Chic. Je ne vois pas trop quand je vais pouvoir porter ça mais c'est pas grave.

Points de vue

Feuilletant Point de vue en attendant le RER, j'apprends que Chloé Bouygues et Yannick Bolloré se sont mariés récemment. Mariage simplissime, ajoute le magazine, huit cents invités, précise-t-il.


Conversation ce week-end sur la terrasse (mes week-ends sont passionnants (je deviens de plus en plus misanthrope)).
Un ami : — Ma grand-mère est abonnée à Point de vue depuis des années. Ça me dépasse.
Moi, généralisant : — Parce que vous préférez les nanas à poil. Nous, on regarde les robes et les chapeaux.


Honnêtement, en quoi Closer ou FHM ou Interview sont-il le signe d'une plus grande évolution intellectuelle ?


mise à jour le 1er septembre 2006
Evidemment, Martin Bouygues n'a pas daigné venir au mariage de sa nièce en juin dernier. Motif? La fille de son frère Nicolas épousait le fils de Vincent Bolloré, son ennemi intime. Rien à  faire : ces deux-là , qui se connaissent depuis l'école primaire, sont irréconciliables. Il faut dire que le raid avorté de Bolloré sur Bouygues, en 1998, a laissé du sang sur les murs. L'empoignade a été d'une rare violence. Bouygues n'avait pas hésité à  embaucher des détectives de l'agence Kroll pour fouiller dans la vie privée de son assaillant. L'industriel breton avait répliqué en faisant appel à  l'ex-inspecteur Gaudino pour dénicher des jongleries comptables dans le groupe de BTP. Depuis, les escarmouches se multiplient. En septembre 2003, Bolloré a été mis en cause par TF1, dans un reportage de «Droit de savoir» sur «les dessous de Saint-Tropez», qui accusait le milliardaire d'avoir bénéficié de passe-droits pour construire sa villa. Furieux, il a porté plainte, persuadé que Bouygues avait donné des instructions aux journalistes. A l'été 2004, quand Bolloré s'est attaqué à Havas, Bouygues s'est empressé d'acheter discrètement un gros paquet d'actions, pour tenter — en vain — de voler au secours du publicitaire. Il y a laissé des plumes, mais quand on déteste, on ne compte pas…
O.D. Capital septembre 2006
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