Billets qui ont 'Boston' comme ville.

Christmas eve

Harvard à Cambridge
Vu en librairie : la biographie d'Henrietta Lacks (The Immortal Life of Henrietta Lacks), la femme cancéreuse dont les cellules qui ne meurent pas ont permis de fantastiques progrès en médecine. (A lire. Existe en français mais ne paraît pas connu.)
Beacon Hill à Boston
Le dernier Star Wars. Les grandes tragédies sont toujours familiales.
Le credit score (série : vivre en Amérique)

Jetlag

Cinq heures du matin. Bien réveillée. Aujourd'hui, H. a un rendez-vous à neuf heures à Philadelphie, puis un à trois heures à New York. Mercredi nous rejoindrons Boston.

Je surfe un peu pour trouver des idées. La plus grosse difficulté pour nous est de trouver des endroits qui nous conviennent pour les repas. Nous sommes atrocement difficiles, tout nous paraît trop sirupeux et trop sucré. (H. m'a beaucoup fait rire en me racontant que le deuxième ou troisième soir à l'hôtel, il avait expliqué au serveur comment faire cuire un steak. Le serveur a appelé le cuisinier qui est venu à la table, H. lui a expliqué: du beurre, du sel, du poivre, ET C'EST TOUT. «Parce que tu comprends, un steak Angus, noyé dans la sauce Worcestershire, c'est quand même dommage. (Pauvre bête, Astérix1.)». Je me demande si le chef a essayé pour lui-même, une fois rentré chez lui. Je me demande si ce goût de la chose elle-même est communicable, une fois qu'on a grandi dans les sauces et le sucre.) Ce qui nous fascine, c'est la façon dont ils confondent sophistiqué et bon.
Ça me navre, j'aimerais tant tout aimer, mais leur cuisine, à part le petit déjeuner (pancake, sirop d'érable, œufs brouillés, bacon: je me couche en me réjouissant de petit déjeuner le lendemain), j'ai du mal. Ah si, et les salades, ils ont un art de la salade composée que nous ignorons totalement en France, en rajoutant des ingrédients inattendus (ce qui ne marche pas avec le cuit fonctionne bien avec le cru).

Bref, je surfe. La dernière fois nous n'avons pas visité la statue de la Liberté en travaux, ni le One World Trade Center qui n'était pas terminé. Ça me paraît très cher, mais une fois ici, on ne va pas pinailler.

Deux blogs de Françaises, une à Boston, une à New York: Mathilde et Jane (avec des adresses de resto).

Deux à Philadelphie, mais à part la la Barnes fundation, nous n'avons rien fait. Ce n'est pas très grave. Un jour je ramerai sur la Schuylkill (ou le Delaware).

Et bon anniversaire, Vincent.


Note
1: — Et si vous échouez, je vous livre aux lions, bouillis dans de la sauce à la menthe!
— Pauvres bêtes, Astérix.

Boston

Au petit déjeuner je teste le peanut butter en petit pot unitaire (meilleur que chez nous, plus pâteux). Il faut vraiment aimer le goût de la cacahuète, le vrai, celui des cacahuètes décortiquées, ni grillées, ni salées.
Il y a un moule à gaufres mais nous ne voyons pas de pâte. Ce n'est que plus tard, en voyant les gauffres impeccables d'un jeune cadre dynamique qui petit déjeune à ma gauche que je trouverai le distributeur: on se verse la quantité de pâte nécessaire dans un gobelet, on la répartit dans le moule, on attend, on retourne à mi-cuisson. Drame entre le frère et la sœur, elle squatte l'appareil pour deux sets de gauffres ratées, il réussit les siennes bien qu'un peu trop craquantes.
Toute la vaisselle est jetable, au bout d'une semaine ma fille ne supporte plus les couverts en plastique. Tout ce peuple en marche gobelet à la main est assez étonnant, mais il faut dire que conduire une automatique laisse une main et un pied libre: comment s'occuper? Manger ou téléphoner.

Boston. Il fait chaud mais ce n'est pas la moiteur de New York. La ville me plaît au premier regard (1), la hauteur de ses immeubles (moyenne), l'harmonie de ses proportions, ses briques rouges, le style anglais (victorien?) des maisons autour du parc central.

Une différence avec New York, c'est que des enfant se baignent dans les fontaines. Je n'ai pas compris que personne ne le fasse à NY, est-ce illégal, ou simplement que les gens sont trop obsédés par l'hygiène? (J'ai vu plusieurs fois des mères recommander à leurs enfants de ne pas toucher les rampes d'escalier ou les poignées de porte, ouvrant elles-mêmes les portes avec les coudes).




Nous suivons tout simplement la ligne rouge à travers Boston. Elle est peinte en partie, mais parfois ce sont les briques des trottoirs elles-mêmes qui sont rouges, décolorées par le temps et l'usure. Je me demande depuis quand existe cette ligne. Je pensais qu'elle avait pour but de canaliser les touristes (ce qui n'est pas bête, grande économie de moyens pour une efficacité maximale), mais elle paraît si ancienne que ce fut peut-être à l'origine un hommage à l'histoire de Boston(2). Je découvre cette ligne sur place, c'est H. qui s'est documenté avant de venir à Boston. Nous ne ferons que trois étapes, toutes à pied.

En passant, nous visitons le cimetière de Granary (tombe des parents de Benjamin Franklin, et non la sienne, comme je l'avais compris par erreur) où sont enterrées les victimes du massacre de Boston et Mother Goose(3).
Nous voyons également à deux pas la première école publique des Etats-Unis, transformée aujourd'hui en bureaux. Un panneau explique que ce fut le premier bâtiment historique sauvé ainsi, en le réhabilitant pour l'utiliser à d'autres fins que celle prévue à l'origine (drôle de façon de préserver un bâtiment, mais après tout, pourquoi pas?)

Park Street Church: je retiens qu'elle a servi comme dépôt de poudre pendant la guerre de 1812(4) d'où son surnom de "Brimstone corner". Samuel Francis Smith y a écrit un nombre incalculable d'hymnes et chants, dont le premier hymne américain. C'est également la plus ancienne radio évangéliste (même si je ne sais plus très bien ce que cela signifie: la première au monde? la plus ancienne à diffuser encore aujourd'hui?)

Old South Meeting House. Des statues des personnes importantes, des vitrines et Old South Meeting House expliquant les événements ayant mené à la "Boston tea party" sont disposées autour des stalles. Je découvre l'origine du "Tea Party", qui n'était pour moi qu'un ramassis d'extrémistes. Cela ressemble un peu au Front national qui a récupéré le nom du Front national de la Résistance.
Parmi les statues je découvre également Phillis Wheatley, qui réussit à être femme, noire, esclave née en Afrique et poète publiée au XVIIIe siècle. Comment une telle chose est-elle, fut-elle, possible?
J'achète mes deux premiers livres du voyage, un contenant des anecdotes sur l'histoire des Etats-Unis, un sur des citations inhabituelles de Benjamin Franklin (le genre de truc qui doit traîner sur internet en des milliers de versions, mais éparpillées). Et un T-shirt "Boston tea party". Déborah fait la moue, me dit que c'est ambigu; je lui réponds que ça m'est égal, que je me fiche de l'opinion des autres et que de toute façon personne ne connaît ce parti en France.
De façon plus générale cette église semble avoir joué un rôle dans l'histoire de chaque révolte ou protestation (contre l'esclavage, par exemple).

The Old State House. Le "massacre" de Boston a eu lieu devant ce bâtiment. Massacre est un bien grand mot, cinq à huit hommes tués par des soldats anglais qui ont paniqué dans l'atmosphère surchauffée de la ville (j'ai sans doute l'air peu compatissante, mais dans le cimetière il semblait que les victimes étaient des dizaines, femmes et enfants compris).

A midi, déjeuner au Quincy Market, en deux équipes, car nous en tenons définitivement pour le homard tandis que les enfants préfèrent les hamburgers ou les pizzas. Promenade, ça parle français dans les allées, souvent des Canadiens. Il fait chaud mais plus doux malgré tout, il est sans doute plus facile pour un Européen de s'adapter à cette ville qu'à toute autre. (Il faudra que je lise Les Bostoniens.)

Rien à voir à Faneuil Hall qui, selon le même principe que l'école ci-dessus, a été transformé: c'est l'équivalent d'un vaste marché couvert spécialisé dans les gadgets et souvenirs pour touristes.

Retour vers la voiture garée en sous-sol au sud ouest du parc, je réussis à convaincre de pousser jusqu'à la bilbliothèque (arguments clé: «Il y aura du wifi et des chaises»). H. a quelques obligations professionnelles, les enfants jouent sur leurs écrans, je déambule dans le bâtiment monumental. J'ai la surprise de rencontrer plusieurs fois Jeanne d'Arc, la première fois dans l'escalier, puis dans les salles de l'étage (je ne sais pas trop ce qu'elles sont, ni si nous avons vraiment le droit d'être là).





La dernière visite est pour Trinity Church (entrée payante pour moi, je n'ai pas un cent, les enfants se cotisent avec la monnaie restante de leurs sandwiches).

Nous quittons Boston, traversons Salem, nous perdons, cherchons un hôtel. Le soir tombe, nous avons peur que les hôtels soient très chers, c'est si joli au bord de la mer.


1- T-shirt vu à Mystic Seaport sur un jeune homme pas mal du tout: «si vous ne croyez pas à l'amour au premier regard, croisez-moi une seconde fois».
2- La Freedom Trail.
3- Je croyais que les Contes de ma mère l'Oye étaient la traduction de ces comptines: erreur, erreur, mais pas la seule erreur, car apparemment il y a deux Mother Goose, une Mary et une Elizabeth, souvent confondues. (Je découvre tout cela sur internet après le voyage).
4- Plus tard au cours du voyage, je comprendrai qu'il s'agissait d'une "guerre du wiskhy" menée contre les Anglais (et donc l'aide des Français!). Le fort de Niagara Falls célèbre les deux cents ans de cette guerre.
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