Billets qui ont 'Fontainebleau' comme ville.

D.I.V.A.

Matinée à décider des derniers cadeaux, tous achetés à Moret. Deux beaux magasins de décoration ont surgi ces derniers mois, d'un design un peu baroque. Certains appellent cela de la boboïsation, mais à mon sens c'est plutôt un changement d'époque, comme celle qui a terminé l'ère du formica.
D'autres boutiques, art ou salon de thé, ressemblent davantage à des descendants des hippies, poterie, salades aux graines et gâteau aux pommes.

Dernière soirée 2022 au théâtre de Fontainebleau. Représentation de D.I.V.A., opéra burlesque. Costumes extravagants, chanteuses aux voix posées. Principe: résumé en dix minutes de cinq ou six opéras (un Verdi, je ne sais plus lequel, La flûte enchantée, Don Juan, Carmen, La Tosca et un autre en bis). Une très bonne soirée, une performance d'une heure et demie pour quatre chanteuses accompagnées d'un quatuor. Ce soir c'était la première soirée des deux nouvelles violonistes.

A la sortie du spectacle nous étions invités à rejoindre les chanteuses pour des photos. Nous nous sommes éclipsés, par timidité. Je le regrette, cela aurait fait un beau souvenir, leur costume et maquillage étaient spectaculaires.

Rentrés pour un réveillon à deux à la maison (impossible de trouver un restaurant à Fontainebleau qui nous accepte après le spectacle: c'était soit réserver pour le repas à partir de vingt heures, soit rien.)

She said

Restaurant plutôt désastreux à Fontainebleau: "l'Air du temps", une carte raffinée réalisée sans soin à un prix exhorbitant.

Nous étions au restaurant en attendant le début de notre film, She said, un film sur #Metoo et Harvey Weinstein.
Le film est brouillon, on comprend mal ce que cherchent les journalistes, on comprend bien qu'elles veulent des preuves et des témoignages — mais pour nous spectateurs il nous semble qu'elles ont déjà tout ce qu'il leur faut. Bref, c'est à moitié réussi et à moitié raté.

Ce qu'il y a surtout à retenir de la soirée, c'est qu'il faisait très froid dans la salle de cinéma où nous n'étions que cinq. H. a attrapé froid et ne se sent pas bien.

Tex Mex

Tabata le matin plutôt qu'ergo (séance plus courte, pour la reprise). Je tousse à plat sur le dos (les abdos) mais plus à l'effort cardiaque (l'essoufflement). J'ai décidé de partir plus tard car le soir je me décale beaucoup.

Canicule prévue cette semaine. Magnifique bleu profond à 7h47 de la Seine à Melun.

Seine à Melun à partir du train


Déjeuner avec une fournisseur. Si nous avons des anecdotes concernant notre déménagement, elle nous bat largement: déménagement avenue de la Grande Armée dans un espace de co-working. Cependant, parce qu'ils travaillent dans la santé, un espace privatisé a été aménagé, avec un sas d'entrée. La canalisation des eaux usées (toilettes) a explosé au-dessus du sas. Quatre étages de m*** se sont déversés dans le sas, l'eau marron qui monte...: «Et puis l'odeur... malgré le nettoyage, ça reste.»

Le soir, H. me propose de venir me chercher à la gare de Fontainebleau pour manger sur place. C'est aussi un test: combien de restaurants ouverts dans la ville un lundi soir, ce qui constitue une mesure de provincialisme.

Le résultat est en courageant.
Nous dînons en terrasse dans un Mexicain.

Rentrée

En milieu de journée j'ai la confirmation que je vais ramer avec Bourges, sans doute en cinquième place (j'ai proposé d'être le relais vers l'arrière). C'est un bateau sans prétention, monté pour le plaisir et la volonté de faire la coupe des Dames: deux rameuses qui l'ont déjà couru, des rameuses qui ont quatre mois d'aviron derrière elles (!! jamais cela ne serait passé au CNF, mais c'est à peu près ce que je tenterai à Pâques si rien ne change d'ici là).

Rendez-vous LREM à Fontainebleau à 19h30. Il y a une grève de bus en Seine-et-Marne depuis la rentrée, il faut rejoindre le centre à pied. Soirée un peu lente, gaie. Nous avons chacun nos dadas (le mien c'est «Macron a été élu avec des voix de gauche, il faut se placer sur la niche «prévention» et non ressasser l'insécurité»). Le constat simple est que même si «les salaires ont été nationalisés pendant six mois» (selon l'expression d'un participant), la suppression de l'ISF reste l'arme par excellence des anti-macronistes.
Nous sommes en terrasse. Nous voyons sortir les LR, masculins, grands, visages fermés, manteaux bleu marine. Nous avons au moins la satisfaction de nous dire que nous sommes joyeux et heureux d'être ensemble.

Des soldes et des rendez-vous

Petit déjeuner avec H. boulevard Raspail. Il va chez un client pour la journée, il m'a déposée près d'Assas. C'est devenu compliqué de circuler dans Paris, même l'été. Ça va être l'enfer à la rentrée.

Aujourd'hui le thème était l'écologie (le but étant toujours, je le rappelle, de fournir du vocabulaire). J'ai parlé ressources naturelles, pillage des ressources naturelles, famine, démographie, nourrir la planète, nucléaire, dépendance énergétique face à la Russie ou l'Arabie Saoudite. Sans doute pas assez parlé éoliennes ou panneaux solaires.
J'ai cruellement conscience de faire passer mes convictions (as opposed to une information objective). Mais je sais désormais que des écologistes pur sucre n'auraient pas ces scrupules.
Je pense trop.

Soldes à midi. Beaucoup plus acheté que d'habitude, sans doute l'indice que ces matinées me rendent heureuse (faire des essayages et constater qu'on est un gros tas devant le miroir (me) demande beaucoup d'énergie. Ce n'est pas une partie de plaisir mais un effort. Difficile de faire cela quand je n'ai pas le moral). Une robe et un tailleur rouges, deux chemisiers blancs, un pantalon noir, que des habits pour le boulot. La note était étonnamment peu salée, la moitié de ce que j'attendais: effet déstockage Covid?

L'après-midi, appel successif des deux propriétaires de Moret, que j'appellerai l'imprimerie (le grand entrepôt collé à la maison est le local d'une ancienne imprimerie) et le loft. Dans des styles très différents, le premier grincheux et le second enjoué, ils vérifient la même chose: que nous ne sommes pas des «visiteurs de maison», une engeance qui passe ses week-ends à faire perdre leur temps (et leur moral) aux propriétaires en visitant et en critiquant sans avoir l'intention d'acheter.
Je pose deux questions : avez-vous la fibre (non, pas à Moret) et comment la maison est-elle chauffée?

L'imprimerie est un homme plutôt négatif, qui m'explique que sa maison est en zone inondable. On dirait qu'il fait tout pour décourager la visite, «parce que ça donne du travail». Le loft prend la vie du bon côté et m'explique tout le bonheur de vivre à Moret, les commerçants présents en centre-ville, la forêt à deux pas (mais pourquoi s'en va-t-il?)
— Si vous voulez mettre des cloisons…
Je l'interromps: — Je n'achète pas un loft pour mettre des cloisons!
— Je suis bien d'accord avec vous.
J'ai l'impression qu'il a dû en voir de toutes les couleurs.

Visite prévue samedi pour l'imprimerie (je préviens que je serai transpirante du fait de l'aviron) et dimanche pour le loft.
La maison de Vitry est vendue (pour ceux qui veulent rêver et pour les riches, l'agence était Terrasses & jardins), Etiolles n'a pas fait signe, Saintry a envoyé un mail (propriétaire en Bretagne).

Le soir encadrement des débutants à Neuilly. Ça faisait longtemps: avec jrs le matin, j'ai totalement laissé tomber les entraînements d'ergo. J'ai oublié de dire que j'ai écrit le 13 juillet à l'organisateur de la coupe des dames à Angers pour qu'il m'indique quel club vers Fontainebleau participe régulièrement à la course: l'ANFA, le club organisateur de Ram' jazz. Je vais m'inscrire là-bas; ce sont mes dernières sorties à Neuilly, même si je ne le leur ai pas encore dit. J'ai fait trop d'efforts pour ce huit (revenir à la Défense le week-end, contrôler mon poids en permanence) pour trop peu de plaisir. Adieu.

H. m'attend depuis un moment. Nous dînons dans un excellent restaurant, servie par une serveuse très menue et très souriante. La rue entière est bloquée, transformée en immense terrasse, un orchestre de jazz joue au loin.

Au sud de Fontainebleau

Je me reconnecte sur "Gens de confiance" (je ne sais plus quelle copine m'a cooptée sur ce site), trouve trois maisons dans nos prix et surface à Melun, Salins et Fontainebleau et envoie trois mails.
Nous avons sélectionné aussi quelques maisons sur le Bon coin, sans savoir où elles se trouvaient exactement, dont une avec piscine intérieure… (lol). Quand l'offre paraît trop belle pour le prix, je me demande ce que cela cache.

Nous partons après avoir déjeuné sur le pouce. L'idée est de suivre les bords de Seine pour trouver une ville qui nous plaise. Nous repartons de Coudray-Montceaux, traversons la Seine, visitons Seine-Port, un village étonnant, entouré de fortifications (Saint-Port devenvu Seine-Port), traversons Boissise-la-Bertrand à flanc de côteau. Il semble que d'anciennes propriétés seigneuriales (restes de manoirs et de vieux murs) ont été loties pour construire des pavillons: selon que l'on regarde à droite ou à gauche, ce n'est ni la même esthétique ni la même richesse ni le même siècle.
Nous tentons de suivre le chemin de halage mais il y a trop de travaux.
Melun, forêt, Bois-le-Roi («non, je ne veux pas habiter à Bois-le-Roi, tout m'y paraît faux»). H. n'est pas habitué à la décapotable et n'a pas pris garde, je lui avais dit que c'était la mauvaise heure, qu'il fallait capoter, que le soleil tapait trop: nous sommes cuits. Diabolo-menthe. Sur les trois maisons de "Gens de confiance" deux sont vendues, nous prenons rendez-vous pour visiter la troisième demain (quels bosseurs, ces agents immobiliers: demain est férié).

Fontainebleau, nous entrons dans une agence immobilière ouverte, nous laissons nos critères à un homme sympathique mais qui ne nous aidera pas: il est spécialisé dans Fontainebleau. Or la ville est trop cossue à notre goût et trop chère. Cependant j'aurais aimé qu'il nous dise si nous avions une chance de trouver ce que nous cherchions (quelque chose de joli, dans l'ancien, quelque chose d'imposant comme une maison de maître: sommes-nous totalement irréalistes avec notre budget?) ou s'il fallait tout de suite réajuster nos critères de sélection.

Entretemps l'un des propriétaires du Bon coin a rappelé. Huit cent mètres carré rénovés dans une aile de château, le corps de logis étant détenu par une société — nous avions imaginé qu'il s'agissait du château de la Rivière à Thomery, mais pas du tout: il s'agit d'un château beaucoup plus au sud, à Vaux-sur-Lunain, à la limite de la Seine-et-Marne. Nous avons rendez-vous demain en fin d'après-midi. H. a récupéré l'adresse, nous observons notre carte Michelin en nous demandant s'il est bien raisonnable de nous exiler si loin.

Alors, parce que nous avons décidé d'être courtois avec les propriétaires des maisons que nous visiterons, de ne pas décrier leur bien, nous décidons d'aller voir le château puisque nous en avons l'adresse: si cela ne nous plaît pas, nous annulerons tout de suite la visite en prétextant que c'est trop loin, sans dire que nous sommes allés voir les extérieurs.
Est-ce le Gâtinais au sud de Fontainebleau? Je conduis, des panneaux indiquent des marais, le soleil est descendu, les champs sont blonds, c'est loin. J'ai le cœur serré: c'est loin, et si ce château nous plaisait, aurions-nous le courage de refuser? C'est si loin, pas de transport, comment travailler? J'imagine un château Louis XIII de briques rouges ou un château du XVIIIe siècle, j'imagine quelque chose de sombre à la lisière d'une forêt, de vastes pièces, trop peu de lumière. Irrésistible. Et si loin.

Départementale dans les blés, petite route à gauche, nous tournons, un tracteur se met sur le bas-côté pour nous laisser passer. Au loin la tache verte d'un bouquet d'arbres, reste de forêt.
Nous arrivons devant de hauts murs, un portail monumental. Une demi-douzaine de voitures sont garées en arc-de-cercle.
Notre cœur se décroche.
C'est une maison de retraite et c'est sinistre.
L'aile du chateau à vendre fait partie d'une maison de retraite. Il s'agit d'habiter dans l'enceinte d'une maison de retraite.

Une petite vieille très courbée fait le tour des voitures. Je crois qu'elle va nous aborder mais elle nous ignore en marmonnant. J'insiste pour que nous suivions les murs de la propriété. Je veux comprendre ce que nous voyons, faire le lien avec les photos de l'annonce. Visiblement la maison de retraite est installée dans le corps de logis. Quelle est l'aile à vendre? Impossible de le savoir, de l'extérieur nous ne voyons rien, les corps de logis sont trop imposants. Les photos prouvaient un gros travail d'aménagement intérieur, H. dit que la femme au téléphone était jeune, nous imaginons qu'elle a hérité d'un bien invendable.
— Elle se trompe, dit H. Elle devrait faire des chambres à louer pour les visiteurs qui viennent de loin voir leurs parents.

Nous repartons le cœur assombri par cette ambiance déprimante et par le fardeau qui pèse sur la propriétaire. H. examine la carte, prend des routes «pitto» (pittoresques, bordées de vert sur les cartes Michelin). Nous nous perdons (enfin, c'est relatif puisque nous ne savons pas où nous voulons aller. Retourner vers Fontainebleau), vallons, canal du Loing, c'est joli.
— Ah tiens, il y a un endroit dont je garde un bon souvenir, c'est Moret-sur-Loing. C'était pendant la rando Ram'Jazz en 2011, nous avons pique-niqué sur une plage en laissant les yolettes sur l'eau.

H. est tombé amoureux de Moret-sur-Loing. Coup de foudre, love at first sight.

Las, covid oblige, peu de restaurants, tous pleins. Nous dînons à Fontainebleau avant de rentrer.

Fontainebleau

La tension entre ces deux tours est intense. Je crois que l'on peut parler de haine. Twitter, Facebook, tout est devenu insupportable.

Pour ma part, je crois que ce qui définit le mieux ce que je ressens, c'est le chagrin. J'ai du chagrin, du chagrin de voir où en est la France, du chagrin de ne pas reconnaître mes amis, du chagrin de ne pas comprendre cet emballement, du chagrin à être impuissante à rassurer et à calmer. «Que se passe-t-il?» sera ma question de 2017.

Nous sommes allés visiter le château, un peu tard : il faudra revenir, nous n'avons pas tout vu. Il faisait très beau. J'ai trouvé de la camomille, de la vraie.


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