Billets qui ont 'Pigny' comme ville.

Un buffet Henri II

Aller retour chez ma tante dans le Berry pour aider ma fille.

Nous démontons tout ce que nous pouvons et à ma grande fierté, nous réussissons, à force de calcul et de créneaux entre les portes encastrées dans des murs très épais (la maison a deux cents ans au moins), à déplacer le meuble et l'arrimer dans le camion. La supériorité du cerveau sur la force brute. (Je n'ose pas mettre de points d'excalamation car je suis retombée sur cet article sur la syntaxe de Trump qui prétend que nous avons droit à douze points d'exclamation dans une vie: «Some writers recommend that you should use no more than a dozen exclamation points per book; others insist that you should use no more than a dozen exclamation points in a lifetime.»).

A l'aller j'ai traversé la Loire à Gien, au retour je prends la transversale jusqu'à Cosne car j'affectionne les coteaux de l'Auxerrois. Je remonte ensuite vers Moret sur une ex-nationale parallèle à l'autoroute. Y a-t-il chaque année autant de roses, le climat a-t-il été favorable cette année, ou ne suis-je jamais passée ici en juin? Quoi qu'il en soit, la campagne et les villages sont magnifiques.

A la nuit tombée je recapote. Tous les villages sont noirs désormais, très peu restent allumés la nuit.
En arrivant, avant de rentrer, je prends une demi-heure pour aller coller à Veneux: il y a encore une journée d'action contre les retraites mardi. J'ai créé mes propres affiches qui rappellent que si l'Etat s'est endetté, ce fut pour protéger les salaires et les entreprises. Oublieuse mémoire, disait Supervielle.

Emploi du temps

Soudain à 17h53 un sms de ma fille : «Est-ce que tu préfères en week-end ou je peux faire ça en début de semaine prochaine?»

C'est la réponse, sans un mot entretemps, à une proposition d'aide de ma part dix jours plus tôt: si elle récupérait des meubles chez ma grand-mère, qu'elle n'hésite pas à me le faire savoir, j'en profiterai pour aller voir ma tante.

Et donc dix jours plus tard, le mercredi soir, ma fille dispose de façon très précise de mon week-end: il faut que ce soit dimanche, et dimanche après-midi parce que le matin elle participe à la collecte pour la Croix Rouge.
Je suis estomaquée: faisions-nous des coups pareils à nos parents? Sans doute que oui. Il me semble que je prévenais les miens toujours très tard, parce que j'avais peur de les appeler.

Renseignements pris, c'est ce week-end ou en septembre: elle n'est pas libre de l'été parce qu'elle connaît trop de tournées, que la poste a gagné un appel d'offres qui va lui faire utiliser certains facteurs (avec une qualification particulière, je n'ai pas compris laquelle) à relever les compteurs de gaz pendant six semaines, et que par conséquent les autres facteurs sont réquisitionnés pour faire leur boulot à leur place.

Elle me décrit le meuble qu'elle veut récupérer: un buffet de style Henri II tels qu'il s'en trouve dans les foyers low middle class des années 40. Ça m'interloque qu'elle veule ça, et ça m'émeut: le buffet de son arrière-grand-mère.

Mais comment diable allons-nous charger cela dans un camion? Elle est plus petite que moi. Elle parle de démonter, mais ce n'est pas un meuble Ikéa, il faut savoir enlever des chevilles...
Ça promet du sport et des déconvenues.

Une journée bien remplie

Roland Garros vétéran. Pour retourner à Paris à partir de Roland Garros, il faut aller jusqu'au terminus, c'est-à-dire tourner le dos à Paris. Et dans ce sens-là, la correspondance avec la ligne 9 n'est pas assurée. Il est tard, maman a trop parlé (un meurtre à P*gny? C'est possible ça? Une centaine de maisons au milieu de rien… Un vrai meurtre, avec un assassin venu d'internet et tout… «Ça montre bien les dangers d'internet»). Découragée, j'abandonne. Un thé rue Mayet avec A-C. Je n'ose pas lui demander de prendre le temps de regarder les livres, je sais qu'elle s'en moque. Mais je suis contente d'être passée à la librairie, je craignais qu'elle n'existât plus. La libraire est très âgée. Gare Montparnasse, La Défense, si je ne repasse pas au bureau j'aurai mauvaise conscience tout le we.

Les 90 ans de ma grand-mère

J'ai désormais deux bagues anciennes :
- l'une est la bague que mon grand-père paternel offrit à ma grand-mère pour leurs 50 ans de mariage. Ma grand-mère avait laissé cette bague à ma mère en lui demandant de me la remettre après sa mort.
- l'autre est la bague de fiançailles de ma grand-mère maternelle ; elle me l'a donnée hier.

Lorsque je tends les mains, je vois deux destins; l'émotion m'étrangle.
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