Billets qui ont '2017-01-17' comme date.

Journée lisse

Double Sofia avec Philippe. Il fait très beau et très froid, si froid que nous transpirons à peine. Les doigts se réchauffent lentement. J'ai essayé les moufles, mais cela emprisonne les mains et je ne me sens pas rassurée en bateau court de ne pas avoir ma liberté de mouvement. J'essaierai en quatre. Les yeux pleurent contre le vent du nord. Dès que je suis avec quelqu'un qui ne m'impressionne pas, je rame mieux. Bateau plus équilibré.

Journée sans aspérité. Je décris tout ce que je fais en tenant une chronologie annuelle (savoir dans quel ordre enchaîner les tâches au moment de la clôture est précieux) dans l'idée de laisser mon poste dans un an. Cela ne sera sans doute jamais lu, mais sait-on jamais. Nous avons découvert un dysfonctionnement exaspérant : si la sécurité sociale envoie un flux au gestionnaire de prestations1 et que celui-ci n'a pas de RIB pour rembourser ce qu'il doit, il ne fait… rien. Pas de demande de RIB, rien. Si l'affilié ne s'inquiète pas, il n'est jamais remboursé. Comment cela est-il justifié en comptabilité? Cela passe-t-il en pertes et profits au bout de deux ans? Ou cela n'atteint-il jamais la comptabilité, restant coincé au niveau de la technique?
Je déteste ces no man's land des circuits technico-informatiques. Il faut un hasard pour les découvrir.
Et nous découvrons tant de choses par hasard, parce que quelqu'un pose une question innocente, que j'ai l'impression vertigineuse qu'il y a des erreurs de tous côtés. Quelle était la citation? «Cela nous submerge. Nous l’organisons. Cela tombe en morceaux. Nous l’organisons de nouveau et tombons nous-mêmes en morceaux.»

Je récupère la voiture gare de Lyon. J'en profite pour acheter trois répertoires à la librairie au coin du parking, des Clairefontaine référence 9609C, mes préférés difficiles à trouver.

Note
1 : le règlement des prestations est délégué à un prestataire.

95/365 répercussions amorties de problèmes survenus plus tôt

O. n'a pas TP. Je pars seule donc plus tard.
8h58. Le RER est à l'heure mais il n'y a plus de place assise, ce qui est étonnant à cette heure-là. Il y a dû y avoir des problèmes avant, peut-être un train supprimé. Je voyage debout (chaussures plates, pas grave).
9h24 gare de Lyon. RER A lui aussi très plein. Des perturbations dans les deux sens sont dues à une agression de conducteur survenue plus tôt à Nanterre préfecture. Le train stationne longuement à chaque station, beaucoup de monde se presse sur le quai pour tenter de monter. J'ai réussi à m'assoir aux Halles (une station après gare de Lyon).
La durée de mon trajet sera peu rallongée (l'appréciation psychologique du retard n'est pas la réalité des horloges). Ma collègue me dira avoir mis une demi-heure de plus à arriver en venant de plus près et de l'ouest — mais en étant partie plus tôt.

Le soir je vais jusqu'à gare de Lyon (ligne 1, RER A à 18h30) récupérer la voiture de H. au parking. Je rentre en écoutant Crooner, une radio essayée en tripotant les boutons.

94/365 non affectée par un passager malade à Nation

O. reprend les cours. Il attrape son RER de justesse (je le largue (ce n'est pas populaire, c'est le sens aéronautique)) et vais me garer.
RER D de 8h23. OK
RER A bondé. Je laisse passer une rame, le tableau annonce qu'un voyageur malade à Nation ralentit le trafic. J'hésite à aller prendre la 1. J'arrive à monter dans la rame suivante. Cela ne fait quasi aucune différence sur ma durée de trajet.


19h00. ligne 1 puis 12
22h10. ligne 4.
Sur le quai aux Halles, une femme (slave, sans doute) avec une poussette et trois fillettes (c'est étrange, elles paraissent avoir toutes le même âge, six ou sept ans) s'installe à deux pas. Une petite fille ramasse un 20 minutes, s'installe à côté de moi, tourne les pages. Je ne peux m'empêcher de commencer à lui donner les noms de ce qu'on voit sur les pages, un ballon, un cheval, une bague, en essayant de faire un rapport avec les mots écrits autour. Elle a un sourire magnifique. Elle connaît le mot ballon et spectacle en français.
D'autres arrivent, un homme, un petit garçon avec un chiot. Quand je me lèverai pour prendre le train, l'homme et la petite fille me diront merci avec une chaleur qui me serrera le cœur.
RER D à 22h32. Rentrée sans histoire. Il gèle.

Disparition annoncée

Par une bizarrerie (sans doute de la négligence), après m'avoir traitée comme une indésirable, la S*RC continue à m'envoyer les comptes rendus de ses assemblées générales.

Je signale donc à ceux que cela pourrait intéresser que le site risque de fermer pour une durée indéterminée. Si vous voulez faire des copies de certains documents (je pense en particulier aux versions intégrales des Eglogues (je ne retrouve pas Journal romain), mais aussi à certains articles ou interviews), dépêchez-vous.


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Je ne suis pas allée ramer. Je lis désespérément lentement. H. a invité les voisins pour une galette, je me suis enfuie au bout d'une demi-heure pour continuer de lire. O. et H. ont choisi un abonnement sur un serveur pour héberger vehesse qui lui aussi risque de ne plus être en ligne un certain temps (et être très dépeigné quand il réapparaîtra).

Le soir The Brass Teapot, traduit moins joliment en Cash Teapot. Un joli conte, agéable à regarder, presque pour enfants. Je note le rôle normatif du Seigneur des Anneaux: le héros prend une décision d'ordre moral après avoir comparé la situation à celle de la compagnie de l'anneau: «nous venons de rendre l'anneau à Sauron!» (remarque incompréhensible pour qui ne connaît pas l'histoire de l'anneau). En cela, et comme Harry Potter je pense, Le Seigneur des Anneaux fait désormais partie des mythes du temps présent.

L'annonce de la fermeture du site de la S*RC me fait poser une fois de plus cette question proustienne: ai-je perdu douze ans de ma vie pour quelque chose qui n'en valait pas la peine? Et surtout, surtout, remords lancinant, sont-ce les enfants qui en ont payé le prix?
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