Billets qui ont '2018-10-09' comme date.

Un peu peste

Il y a deux ans j'avais commencé le catéchisme avec ce niveau, les CM1. Je m'occupais d'une douzaine d'enfants. Cette fois-ci ils sont au moins trente1 dans une salle trop petite et je les trouve terriblement petits et terriblement mignons. Ils me font rire. Est-ce que je deviendrais gâteuse avec l'âge? Est-ce que je suis déjà gâteuse ?

Les parents sont moins drôles. J'agace une mère qui geint parce que sa fille a du sport le dimanche et que «ça ne va pas être possible» en lui répondant que c'est une question de hiérarchie: il faudra choisir ce qui compte le plus (in petto je sais que le sport a gagné d'avance mais je ne le montre pas). Elle s'indigne: «mais non, il n'y a pas à choisir, les deux sont indispensables à son équilibre. — Je veux bien, n'empêche que vous ne pourrez pas être à deux endroits en même temps.»
A une autre qui veut savoir si sa fille pourra faire sa communion «même si elle est absente dix fois», je réponds que ce n'est pas de mon ressort, qu'il faut voir avec le prêtre, mais que «il n'y a pas d'obligation à faire sa communion cette année, ça peut attendre un an de plus. On peut faire sa communion à tout âge.»

Le nœud de l'affaire, c'est que l'année dernière il y avait deux groupes, un le samedi après-midi et un le dimanche matin. Les parents tenaient pour acquis qu'il en serait de même cette année mais les bénévoles se sont raréfiés. Les parents ne se sentent pas concernés, ils sont dans une pure logique de consommation. Je prends un malin plaisir à leur proposer, l'air très naïf, de monter eux-mêmes un groupe le samedi, en me déclarant prête (ce qui est vrai) à venir donner quelques explications sur les textes ou autres le vendredi soir s'ils ont besoin de support.

Bref, contrairement aux parents des deux années précédentes, pas sûr que ceux-ci vont beaucoup m'apprécier.




Note
1: tous les enfants de la ville de cet âge-là, tous les enfants allant à l'école publique. Trente enfants de neuf ans pour trente mille habitants. Dormez tranquilles, vous qui souhaitez l'athéisme et la déchristianisation.
(C'est alors que je me souviens d'Elvis Elangabeka: «vous êtes le sel de la terre: mais il ne faut pas beaucoup de sel.» Je n'ai jamais compris ce qu'il voulait dire exactement.)

Vingt ans deux fois

Cette fois-ci nous fêtons l'anniversaire en famille, avec les quatre grands-parents et mes trois enfants (hiiiiii — non, je plaisante. Mais c'est vrai que ça devient rare.)
Il fait un temps magnifique, nous déjeunons dehors et j'exhume une collection de chapeaux de paille (j'en ai deux que je n'ai jamais utilisés, que j'avais achetés dans la perspective du mariage de Matoo (finalement j'avais retenu quelque chose de plus discret!)) C. fait tout à fait drag queen.

Vingt ans une fois

Rendez-vous au Temps des cerises pour fêter les vingt ans de O., et au passage les cinquante-et-un ans de son parrain.

Cette semaine je n'aurai pas été un seul soir chez moi.

Trois et huit

J'ai fait une erreur en sachant que c'était une erreur.

Comme d'habitude j'ai fait partie des dernières à partir (le pauvre serveur ne savait plus comment se débarrasser de nous). J'ai pris un vélib (une station ouverte en bas de la rue de l'Alsacien \o/), rejoint gare de Lyon (je sais où rendre un vélib là-bas) et je suis descendue sur les quais.
Deux trains pour Corbeil. Plus de train pour Melun.
C'est alors que j'ai fait une erreur.
Je ne suis pas remontée en suface prendre un bus de nuit. J'ai pris un RER pour Corbeil en me disant que je descendrais à Villeneuve et que je prendrai un (bus) B — s'il y en avait encore un.
J'ai fait une erreur, je savais qu'il n'y en aurait pas, mais cette p** d'appli de Transdev-IDF ne se lançait pas, peut-être qu'il y en aurait après tout, et je n'avais pas envie de remonter les escaliers et de sortir de la gare.

Je suis arrivée à Villeneuve-St-Georges, il n'y avait pas de bus. J'ai marché l'équivalent de deux stations de RER, j'ai rejoint la voiture, je suis rentrée.

J'ai dormi trois heures.
Le lendemain, je me suis demandé pourquoi je n'avais pas appelé O. A une heure du matin, il devait être encore sur WoW, je ne l'aurais même pas réveillé.
Prise dans mes souvenirs, la nostalgie, les pintes de bières aussi, je n'y ai pas pensé.


Le soir, à nouveau un entraînement en huit. Je me rends compte que je n'ai rien expliqué mardi dernier: finalement le club va présenter un bateau à la Coupe des dames, mais les circonstances font que je ne ramerai pas dedans.
Ce huit s'est constitué à la rentrée, en septembre, avec les filles qui ne s'étaient inscrites ni à Annecy, ni en stage. Il a donc disposé de cinq semaines pour s'entraîner. Un groupe Whats'app a été constitué, et nous avons reçu via ce groupe un appel à compléter l'équipage les soirs où des rameuses "titulaires" n'étaient pas disponibles. J'ai décidé de ne pas bouder mon plaisir et j'ai répondu à l'appel. Anne-Sophie en a fait autant, et nous voilà à ramer en entraînement pour une course que nous ne ferons pas.
Ce soir, c'était très agréable. Beau temps, bateau plus cohérent que mardi, mieux équilibré. Plaisir de rentrer dans la nuit qui s'avance, reflets des réverbères sur la Seine.

Métro, RER. Je rentre. Je suis cuite.
A. est là. je n'avais pas compris qu'elle arrivait ce soir.

On s'était dit rendez-vous dans dix ans

On ne se l'était pas dit mais on l'a fait, enfin pas vraiment puisque pour ma part c'était la première fois et non un anniversaire.

Bref, ce soir mythique Paris-Carnet, à vingt ou trente (il paraît qu'à la grande époque ils étaient quatre-vingt ou cent, que ça grouillait, entrait et sortait (les normes de la cigarette n'étaient peut-être pas encore si strictes. Hier nous n'avions même pas le droit de sortir avec notre verre à la main (problème de patente, de droits à payer à la municipalité). Comme nous sommes devenus sages…)

Je suis arrivée tard, j'ai raté la fille aux gants (quand je dis "raté", je veux dire voir, mettre un corps sur un blog. Je ne la connais pas, je n'ai rien à lui dire. Juste la voir, au nom des nuits passées à se perdre dans les blogs pour consoler une tristesse et une solitude), je n'ai pas identifié M le Maudit et il venait de partir quand j'ai demandé s'il était là; Chondre et Matoo n'étaient pas là, Zvezdo non plus (trop loin); Aymeric discutait avec Dirty Denis; j'ai vu Gilda (zut, oublié de la faire parler de Cerisy (j'aime tant qu'on me parle de Cerisy)), Kozlika (évidemment), Franck (pas en kilt); Bladsurb, Padawan (je le croyais en Nouvelle-Calédonie), Veuve Tarquine (comme les enfants ont grandi); la Souris qui un jour m'a fait un joli compliment (genre «pourquoi je lis cette fille qui n'est pas mon genre») avec Palpatine qui a oublié ou fait semblant d'oublier que nous avons failli nous engueuler sur Twitter à propos de démographie; j'ai défailli en m'apercevant que Babils connaissait Véhesse et pas Alice (enfin un); j'ai récupéré un autocollant ou deux de Qwant.

J'ai entendu parler de Pasfolle (personne ne sait ce qu'elle est devenue) et de Mon avis sur tout. Ça m'a fait plaisir. Impossible de retrouver le nom de cette fille très rock et un peu dépressive dont le blog n'était pas super connu… Peut-être dans la blogroll de Berlinette. Qu'est-ce que j'ai aimé Berlinette. Manu attendait Matoo et un fervent admirateur aimerait rencontrer Gv. Moi j'espérais rencontrer Garfield (avant qu'il ne parte en retraite à Marseille) mais il avait eu un empêchement de dernière minute.
A la grande époque il y avait un autre groupe, la République des blogs, je crois (une idée des participants). Des gens sérieux qui voulaient refaire le monde. Tlön, c'était plutôt cette mouvance. Aymeric était entre les deux. Comme tout cela est loin. On a un peu bitché sur LLM mais à peine, en fait tout bien réfléchi, non. Juste évoqué.

J'aurais peut-être dû prévenir Jean ou Elisabeth, je regrette de n'avoir pas insisté auprès de Philippe[s] ou Mes bouquins refermés. Je me suis dit qu'ils étaient au courant, je n'ai pas osé.

Je définis la saudade comme la nostalgie de ce qui n'a pas été et de ce qui ne sera pas. Matoo a remis en ligne sa blogroll. Les liens sont plus ou moins actifs, mais les noms sont au moins des souvenirs pour ceux qui lisaient les blogs à la grande époque. Voir chez Tlön pour une autre sphère. Il y a plusieur blogrolls à récupérer d'urgence dans les blogs que je viens de citer.

Platamonas

Aujourd'hui O. a vingt ans. La semaine dernière, sur le quai du RER, j'avais commencé à lui demander s'il voulait organiser quelque chose, inviter des copains au restau. Devant son manque d'enthousiasme, j'avais réfléchi trois secondes: «Ah mais non, c'est un mercredi, tu préfères être devant ton écran, c'est une soirée avec ta guilde!» Soulagement visible de O., j'avais compris sans qu'il ait eu à m'expliquer, à s'expliquer. «Tu sais, ça irait plus vite si tu me le disais, ce serait plus simple. Ce n'est pas comme si j'allais te faire la morale ou te reprocher quelque chose.» Il avait hésité puis s'était lancé: «C'est juste que… ça me paraît une telle perte de temps…»
Sous-entendu: fêter ses vingt ans. J'ai les enfants les plus pragmatiques du monde.

Vers treize heures, départ pour Orly. Nous prenons l'avions entre quatre et cinq heures. Arrivée après sept heures, une heure de décalage avec Paris. Pas de jolie voiture cette fois-ci, il n'y en a plus, mais une Skoda Octavia bleu roi.
Nous roulons dans la nuit noire sur des autoroutes sans défaut. Plusieurs péages, quelques pièces à chaque fois; cela ressemble à l'autoroute de l'Est (vers Reims) autrefois.

Platamonas, remparts sur la colline, descente raide, hôtel au ras des vagues, chambre itou (bruit pénétrant, impossible de dormir la fenêtre ouverte), restaurant très fréquenté. Nous dînons.

Je suis, nous sommes, en vacances.

Coup de geule (déception)

Il y a deux jours, nous (les filles) avons reçu ce message de notre entraîneur :
Bonjour à toutes et à tous,

La coupe des Dames à Angers est programmée cette année les 13 & 14 octobre. C'est une compétition en huit ouverte aux Loisirs et compétition en Open). La longueur du parcours est de 15 km.
La compétition Dames a lieu le samedi à 15h et la compétition Homme le dimanche à 10h.
Nous disposons d'une place pour un huit dans la remorque de Port Marly et nous ambitionnons de présenter un équipage Dame et un équipage Homme.

Cette manifestation est une course réservée aux rameuses et rameurs motivés et de bon niveau (aviron d'or et d'argent et capable de se mobiliser à l'entraînement avec régularité. En fonction des profils, des candidatures des brevets de bronze peuvent aussi être retenues). Si vous êtes intéressés faîtes le savoir par mail à Vincent avant le 22 juillet en mettant JP en copie.

La sélection pour constituer les équipes sera ensuite faîte par les entraîneurs, éventuellement après un test de performances sur ergomètre.

Les détails pratiques d'organisation vous seront communiqués en septembre.
Déception profonde : comment, après m'avoir dit non, c'est oui, alors que je ne peux plus participer puisque je me suis engagée pour la randonnée sur le lac d'Annecy auprès d'Anne-Sophie?
Ainsi à la liste des hommes ayant trahi s'ajoute maintenant Vincent. J'ai voulu que les choses soient claires.
Cher Vincent,

Je dois avouer que je me sens trahie sur ce coup-là.

En décembre quand je t'en ai parlé (et que nous aurions eu toute une saison pour s'entraîner) tu m'as répondu que "ça te pétait les couilles un bateau de filles" et "vous serez bien contentes de trouver des mecs pour compléter votre bateau".

Devant tant d'enthousiasme et d'élégance, j'ai laissé tomber.
Je ne me suis pas inscrite au stage organisé par Dominique et Jean-Pierre le 14 octobre pour conserver malgré tout la date libre au cas où.
Puis quand Anne-Sophie qui organise la randonnée d'Annecy a dit qu'il lui manquait du monde toujours ce même week-end, j'ai dit oui, parce que cela permettait de poursuivre notre équipage des impressionnistes.

Et maintenant on nous sort la coupe des dames d'un chapeau... Et d'autres iront faire cette course que j'avais tant désiré préparer sérieusement (soit sur neuf mois et pas trois).

Bof. Alice
Le plus surprenant c'est que Vincent ne s'est pas excusé ou n'a pas botté en touche (un simple «Désolé, les circonstances ont changé. Je suis navré que tu sois aussi déçue»), non, il a attaqué avec agressivité, sans reconnaître sa vulgarité de novembre (en m'accusant quasi de mentir alors que la conversation a eu lieu devant témoins), sur un ton victimaire qui m'a rappelé celui de GC.

En y réfléchissant, je me dis que le point commun entre ces deux hommes doit être qu'ils manquent énormément de reconnaissance dans leur boulot.

Vincent a terminé son mail en proposant "d'échanger". Je n'ai rien à ajouter. On ne va pas pleurer sur le lait versé, surtout que je suis désormais décidé à quitter MaGrandeEntreprise et fuir Nanterre préfecture et La Défense. Je veux seulement continuer à ramer au club aussi longtemps que possible.
Nul besoin d’échanger : tu as dit ce que tu pensais, j’en ai fait autant. Sujet clos pour 2018 pour ma part. Je poursuis les engagements pris avec Anne-Sophie.

Je suis dispo pour encadrer ce soir.

Bonne chance aux filles.

Bise
Alice

Le huit, nouvel espoir

JP a eu vent de mon projet de huit (par Dominique) et m'appelle sur mon portable. Nous discutons, moi marchant de long en large dans la cafétéria de l'IPT en attendant le cours d'allemand.
JP est responsable de la section loisirs et fait partie du bureau directeur, il trouve l'idée intéressante, il existe un groupe qui sort le week-end, je devrais le contacter… et je sais bien que pour que le projet se concrétise, il lui faudrait un appui des rameurs du week-end, ce n'est pas pour rien qu'à l'origine je voulais faire lancer le projet par les rameuses qui vont ramer entre elles à Vouglans.

JP m'envoie une liste de filles potentiellement intéressées en m'indiquant qui contacter tout d'abord. Je vais essayer, après tout je n'ai rien à perdre.

Dix ans plus tard

Les boutons sur le visages de O. prennent un aspect inquiétant. Ils gagnent du terrain et croûtent, je me retiens de lui dire que cela me fait penser au Grand Pouvoir du Schnikel (pas sûre qu'il l'est lu), on dirait une lèpre galopante.
Que faire? Je suis inquiète car l'expérience que rien n'est bénin avec O. Nous sommes samedi 28 octobre, dans trois jours c'est la Toussaint, il n'y aura pas de médecin disponible avant jeudi.

Nous passons à la pharmacie qui nous conseille les urgences de l'hôpital St Louis, réputé en dermatologie.
En route.
Après-midi à l'hôpital. Attente, mais pas si longue (une heure, deux heures?) J'ai repris Balzac dans l'ordre chronologique. L'enfant maudit. Etrange, neurasthénique et romantique. Je découvre que mon tome de Pléiade est déchiré.
O. ressort avec une pommade et des antibiotiques. Fun fact: cet hôpital n'est pas spécialisé en dermatologie, mais comme tout le monde le croit et vient avec des cas particuliers, ils ont fini par acquérir une expertise sur le sujet (c'est l'urgentiste qui a expliqué cela à O.)

Nous passons à la pharmacie. Coup de fil pour rassurer H. puis déjeuner dans une brasserie proche, Le Floréal, où les clients autant que les serveurs ont tous des "gueules", un charme puissant et chaque fois unique, particulier, dans leur visage, leur coiffure ou leurs vêtements.

Puis direction le treizième arrondissement. Nous fêtons les cinquante ans de O. Cette fois-ci, bizarrement dix ans plus tard, c'est nous qui avons amené nos enfants. Ils sont seuls et détonent. Les enfants "des autres" sont adolescents, ils ne sont pas venus.
Je regrette cette erreur, nous n'aurions pas dû les amener. Cela m'a gâché ma soirée: O. est fatigué, je le ramène à la maison avant même le gâteau.

Zut.
(Je suis stupide, pourquoi ne l'ai-je pas fait ramener par sa sœur? Parce qu'elle proclame qu'elle ne veut pas conduire dans Paris?)
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