Billets qui ont '2019-12-29' comme date.

Bilan

1. Les gens de Val Thorens sont charmants. Tous les commerçants, employés aux télésièges, conducteurs de bus, serveurs, moniteurs de ski, tous, sont charmants et attentionnés.

2. La préparation des pistes est impressionnante. Chaque soir nous avons vu les lumières clignotantes des dameuses sur les pistes et il m'a semblé que les pistes étaient beaucoup plus prévisibles que dans mon souvenir (trente ans plus tôt) où à tout moment on risquait de rencontrer une bosse ou un creux inattendu.
Une dameuse a eu un accident le jour de Noël et j'en profite pour saluer tous ces travailleurs dont il est vaguement gênant de se dire qu'ils travaillent pour que nous nous amusions (j'ai beau savoir que c'est la loi des loisirs en général et des vacances en particulier, c'est plus embarrassant quand il s'agit de travail l'hiver dans le froid et la nuit — et de plus dangereux).

3. Les grévistes nous ont rendu service en nous obligeant à louer un minibus: nous avons pu écouter des playlists, moduler nos horaires (ne pas craindre de rater le train) et emmener les cadeaux (en train nous avions prévu de ne prendre que des photos, poids et encombrement obligent).

4. La répartition des tâches s'est faite naturellement, même si certains ont donné plus que d'autres. Ma plus grande crainte était que H. se retrouve à tout faire parce qu'il ne skiait pas (et comme il n'avait pas envie de venir, il l'aurait fort mal pris, c'est compréhensible). Cela n'a pas été le cas, ouf.

5. Ce matin nous avons acheté six assiettes plates à Val Thorens puis six couteaux à Moûtiers.

6. Beaucoup de Hollandais.

7. Cam sait mettre des chaînes à un camion. Heureusement car descendre de la montagne n'a pas été simple.

8. J'ai très mal à l'épaule droite. C'est le plus gênant.

9. Je suis triste que tout le monde ait l'air si pressé de rentrer chez soi. Comment appelle-t-on le contraire du heimweh, le fait de ne jamais avoir envie de rentrer?

10. Violente attaque de chagrin, encore, que je dissimule comme je peux mais plutôt mal — parce que ce n'est pas contrôlable, c'en est la définition (le pire, c'est quand on me demande «Ça va?» — je sens tout l'intérieur de moi s'effondrer et se mettre à pleurer. Je ne peux plus parler tant la concentration est grande pour conserver figure humaine).

11. Rentrés vers 22h30. Cam et C. sont repartis aussitôt. A. partira demain, elle est attendue pour soigner un chevreau nouveau-né qui refuse de téter (? Mais que peut-elle y faire?)

Dernier jour

Même temps que le 22. On ne voit rien, mais tandis qu'au début de la semaine nous ne savions pas ce que nous rations, il y a le regret du beau temps, et la fatigue sans doute aussi. Cam se décourage, C. continue à avoir mal, non à cause de ses chaussures mais parce que la jambe a été trop meurtrie. O. présente toujours la même énergie et moi je sais si peu quand j'aurais l'occasion de skier de nouveau, avec une aussi bonne neige, des aussi bonnes chaussures, autant de kilomètres de pistes, que je n'ai pas envie d'arrêter mais de continuer le plus possible.

Restes de croziflette, quelques parties de Mind en spectatrice puis en actrice (jeu étrange, intéressant) et O. et moi repartons. Je regretterai ces parties de Mind en m'apercevant qu'il est trois heures: nous avons gaspillé une heure, irréversible. O. a l'ambition de descendre l'une des deux pistes noires. Je ne me sens pas au niveau mais je vais essayer.

Les montées vers le sommet s'effectuent par paliers: un télésiège puis un autre pour accéder à la piste souhaitée (que je serais bien incapable de trouver seule tant je me repose sur O. dont le sens de l'orientation est légendaire dans la famille). La première montée s'effectue dans une purée de poix (blanche...), les flocons givrés cinglent les visages, nous sommes quasi seuls sur le télésiège, la seconde montée entre à l'intérieur même du nuage, nous ne voyons plus rien. Le masque d'O. est couvert de givre et il l'enlève. Nous descendons une rouge pour nous échauffer, remontons dans le même brouillard et prenons cette fois la noire.
Je tombe trois fois, sans déchausser, en faisant toujours la même erreur: je ralentis tant que je remonte la pente et tombe quasi en reculant, debout vers l'amont.

La beauté de cet après-midi, la consolation, la joie, est que le soleil perce derrière les nuages, ou plutôt que le nuage descend dans la vallée et que nous restons au dessus. C'est magnifique et tellement reposant après le mauvais temps du matin.
Vue en arrivant en haut du télésiège, en face de nous. La photo écrase la profondeur et ne rend pas justice à l'intense sensation de présence des montagnes face à nous. A un centimètre du bas de la photo, la ligne blanche représente le bord du précipice.


Nous refaisons la noire plusieurs fois; je ne tombe qu'une fois, encore de la même manière. Je me répète comme un mantra «les épaules vers la pente, la vitesse est ton amie». Cela n'a pas grand sens de prendre cette piste à mon niveau, mais peut-être qu'avec deux ou trois jours de plus je pourrais la descendre proprement. O. est heureux comme un chien fou et cela chauffe le cœur.

Dernière remontée («vite, il reste une minute» nous dit l'employé du télésiège), dernière descente, je suis triste.

Les quatre autres nous attendent devant le magasin de location de skis, ils nous ont descendu nos chaussures (bénédiction!). Nous rendons tout, c'est fini.

Vin chaud au même endroit qu'hier. C. et A. se sont disputés et font la gueule. A. se déride quand je lui demande d'observer mon coude gauche (j'ai découvert une vive douleur quand je tends le bras et je ne sais pas d'où elle vient: pas d'une chute, pas d'un choc…) A. me masse le poignet en expliquant que je me suis probablement trop crispée sur mes bâtons et que ça va passer. C. se concentre sur son téléphone.
Vin chaud et crêpe.

Nous rentrons. Une bière, une douche, nous repartons pour le même restaurant que le 24, dans l'anticipation de nos plats puisque nous connaissons la carte. Je finis pas pousser une gueulante car tout le monde trouve très drôle de me harceler sur le thème «dépêche-toi, tu vas être en retard». Non ce n'est pas drôle quand on insiste, oui je me sens bullied, surtout si tout le monde s'y met, et je suis en vacances, et j'ai tout organisé, et pendant vingt ans j'ai emmené des enfants à l'école et préparé les affaires de colo et attrapé leurs bus ou leurs trains sans en manquer un, ce n'est pas pour qu'on me casse les pieds parce que je mets cinq minutes à trouver mon jean ou me sécher les cheveux EN VACANCES, alors fichez-moi la paix, apprenez à hiérarchiser les priorités, le restaurant s'en tape d'un quart d'heure de retard: nous sommes les clients.
Mais bon, je suppose qu'à un autre moment je les aurais laissé faire (c'est sans doute un tort, ils ne se rendent plus compte qu'ils font cela tout le temps et que ce n'est plus drôle depuis longtemps) mais ce soir, je suis triste de devoir rentrer et je voudrais un peu de considération (c'est bizarre de l'écrire ici, de devoir l'écrire ici ("devoir" non comme une obligation, mais comme seul lieu d'expression: la véritable raison d'être du blog)).

Fondue aux cèpes.

Crise de chagrin

Entraînement d'ergo. Je n'arrive à rien. Samedi nous avons un test. Attaque de chagrin, sanglots incontrôlables, incapacité à parler et H. qui m'en veut parce que je n'ai pas la force de répondre à ses questions (il faudrait reprendre souffle pour répondre. Et que répondre? )

Mais qu'est-ce que c'est que ce truc? Les hormones? La ménopause? Déprime profonde.

Puis je découvre un tweet de Trump.


Stupeur profonde.
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