Réveillés à neuf heures, sans réveil. Oups, en retard, en retard.
Dix heures chez l'opticien, une demi-heure pour choisir une monture et commander des lunettes. Je suis frustrée, voilà trois fois (2018, 2020 et 2022) que je ne peux pas jouer avec les montures et passer un temps infini à toutes les essayer. Mais nous devons prendre le train de onze heures moins dix pour être devant la Sorbonne à midi et quart.

Pour info, je n'ai pas de verres progressifs mais des verres de proximité qui me permettent de travailler facilement sur écran tout en consultant mes notes écrites. Voilà quatre à cinq ans que l'ophtalmo m'a proposé cette solution et elle me convient parfaitement.

Rendez-vous à Paris pour déjeuner avec une cousine d'H. qui vient de Chaumont.
Nous allons servir de correspondants à sa fille admise en prépa-véto à Saint-Louis (cela ne s'appelle plus prépa-véto mais prépa BCPST, biologie, chimie, physique et sciences de la Terre).

Mon dernier souvenir de cette jeune fille remontait à 2019, une ado renfermée toujours auprès de sa mère divorcée et de sa grand-mère veuve. (A sa décharge c'était dans une cousinade d'une cinquantaine de cousins dont elle ne devait pas connaître la moitié.) Aujourd'hui elle ne quittera jamais un sourire épanoui. Elle m'étonne car elle sait parfaitement ce qu'elle voulait: pas Reims, le lycée ne lui plaisait pas, Dijon plaisait à sa mère mais elle était sur liste d'attente pour l'internat, donc Paris.
Elle paraît comme un poisson dans l'eau, ravie d'avoir obtenu ce lycée (elle a raison), à l'aise dans la capitale et dans l'établissement, non désarçonnée par les éventuelles différences de classe sociale (elle vient d'un milieu très modeste) ou de culture générale. Il faut dire que c'est moins handicapant dans les prépas scientifiques.

Parenthèse : les œuvres littéraires au programme sont Les Géorgiques, La condition ouvrière de Weil et Par-dessus bord – Forme hyper-brève de Vinaner. Soudain je comprends cette photo, sans doute un étudiant en prépa pour faire sup-aéro.

La cousine d'H. en revanche n'en revient pas d'être à Paris; tout l'étonne et l'émerveille, avec humilité: «si on nous avait dit ça!»; j'ai une impression de dialogues des années 50.

Nous les emmenons déjeuner au O'Neil (mon idée est de lui fournir une adresse peu chère et pittoresque où emmener ses copines). Puis nous inventons au fur à mesure une déambulation pseudo-touristique (au départ les parents devaient repartir à trois heures. Ils ont changé d'avis au dernier moment, nous prenant de court), par le collège de France, le Panthéon, l'institut Curie, la rue Mouffetard. Citronnade et repos aux arènes de Lutèce, transformées en jardin depuis la dernière fois que j'y suis venue il y a une dizaine d'années avec Déborah. Bancs, vignes, jeux de kermesse pour les enfants, scène pour du théâtre ou un concert ce soir.

J'ai les pieds en compote, je n'ai pas les bonnes chaussures, je n'avais pas prévu de marcher autant.

Retour au lycée. J'exhorte la jeune fille à nous contacter en cas de problème, quel que soit le problème.

Nous les laissons, ils rentrent à Chaumont.
Direction Mariage rue des grands Augustins. Achat de thés. Le salon de thé est toujours fermé, je me demande s'il rouvrira un jour. Nous claudiquons jusqu'à l'île de la cité. Un thé et un coca en terrasse dans le centre de l'île, puis ligne 1, ligne R, à la maison, non sans avoir épluché les films programmés alentours et être parvenus à la conclusion que nous voulions juste rentrer chez nous.
Et enlever mes chaussures.