Billets qui ont '2023-05-01' comme date.

Retour

Ce matin blogué au lit (rattrapé la dernière semaine) sans mettre les billets en ligne car zone quasi blanche et oublié de demander le code wifi hier soir.

Petit déjeuner somptueux et départ, départementales, odeur entêtante du colza. La décapotable nous manque.
Etampes, Milly-la-Forêt, tout est fermé, nous finissons chez Pizza Mimi à Fontainebleau qui nous a déjà sauvés samedi dernier.

Sieste, coup de chaud en constatant que je n'ai accès à aucun justificatif de domicile (l'abonnement en eau indique l'emplacement du compteur dans une rue au dos de la maison, les impôts fonciers indiquent le bis alors que je suis au ter, et le site d'Engie est planté). C'est frustrant, au bout de deux ans, j'avais enfin réussi à trouver comment changer un Siret.

Achat d'un billet de train pour revenir de Sisteron et réservation d'un emplacement pour la tente au camping.

Pour mémoire : nous avons arrêté le chauffage samedi. Il ne fait pas très chaud, mais en réalité, la température est "normale", dans la norme statistique des années 1991-2020. Ce sont les quatorze mois précédents qui étaient anormaux.
Suivez Serge Zaka.

Le Perche

Pour fêter l’anniversaire de H. nous avons coupé la poire en deux: rendez-vous à Chartres, à une heure et quart de trajet pour les enfants venant l’un de Corbeil-Essonne, l’autre de Mortagne-au-Perche.

Repas de famille traditionnel, c’est-à-dire très gai, avec beaucoup d’éclats de rire. Je me rends compte après coup que nous n’avons pas échangé d’informations sur la vie des uns et des autres. De quoi avons parlé? Je me souviens de citations de Gaston Lagaffe (analyse structurale de Lagaffe: «l'enfer est pavé de bonnes intentions») et d’Astérix… J’espère qu’Y. (la petite amie d’O.) ne s’ennuie pas trop dans ces conversations très marquées par des private joke familiales. Il y faudrait des notes de bas de page quasi constantes.
Une amie me l’avait fait remarquer.
— Mais c’est comme ça dans toutes les familles, non?
— Chez vous c’est particulièrement marqué.

Le restaurant (Le moulin Ponceau) sert d’intéressantes glaces à la moutarde ou au cornichon. Le contraste froid piquant est très bien venu.

Nous n’aurons pas le temps de monter à la cathédrale (je voulais surprendre H.avec les restaurations intérieures) car nous avons rendez-vous avec le nouveau propriétaire d’A. à cinq heures. Elle quitte son grenier de Mortagne (un vaste studio sous les toits) pour une maison de deux chambres au milieu des champs, boutons d’or et jeunes vaches face à ses fenêtres, un enclos à poules, une grange au sol en terre battue dans laquelle elle prévoit d’installer un atelier (?) et peut-être un congélateur («tu comprends, dans les fermes, quand ils tuent un animal, ils vendent la viande en gros»), du terrain pour un potager…
Son choix me laisse pensive: pas un commerce alentour, rien à moins de dix minutes de voiture… Mais elle n’a pas de contraintes, pas d’enfant à emmener à la crèche ou à l’école, pas de problème de santé. Dans un sens tout cela paraît très sain et très écolo, dans l’autre sens elle dépend beaucoup de la voiture.

Nous passons deux heures à remplir les papiers. H. et moi mesurons les pièces pour qu’A. puisse dessiner un plan et positionner ses meubles (c’est le grand plaisir des déménagements, les meubles figurés en carton que l’on déplace sur un plan en papier: la projection de sa future vie). Je n’avais pas compris qu’elle récupérait les clés aussitôt. Elle a donné tardivement son préavis, elle va être à cheval sur deux locations pendant trois mois, elle prévoit de déménager progressivement, ce qui par expérience me paraît une mauvaise idée. Elle verra bien.

A. tenait à nous faire découvrir le restaurant asiatique de Mortagne et y avait réservé des places pour dîner. Vraiment très bon.
C’est également sur les conseils d’A., qui en tant que factrice et pipelette connaît parfaitement la région, que nous avions réservé au château de Blavou, perdu dans la campagne. Si vous y allez un jour, dînez-y, cela sentait très bon et l’hôtelier est un ancien cuisinier-pâtissier.

Entre l’alcool du midi et le curry du soir, je me couche en légère indigestion.

Décalage horaire

Télétravail. Je me connecte à 9h30 pour une visioconférence à quatre. «Une personne va vous laisser entrer en réunion».
Rien.
Pensant que je n’ai pas le bon lien, je me connecte à partir d’un autre appareil.
Idem.
Je farfouille dans mes mails: cela a peut-être été annulé, c’est fébrile ces temps-ci, avec l’appel d’offres qui ne tombe pas.
De guerre lasse, je laisse Zoom allumé et continue ce que j’étais en train de faire.
Plus tard encore, Zoom me déconnecte avec un message: personne ne s’est présenté pour la réunion.

Dans la matinée, échange de mails à je ne sais plus quel sujet. «On verra ça durant la visio de 14h30».
Je réagis aussitôt: «Désolée, je n’ai pas de lien pour une visio à 14h30».

Il s’avèrera que les autres non plus, sauf un, l’organisateur de la visioconférence — qui est en vacances en Thaïlande mais n’a pas annulé la réunion — de 9h30 ce matin — qui est devenue 14h30 pour lui.
En fait nous sommes trois à avoir attendu bêtement ce matin à 9h30 que quelqu’un nous «laisse entrer en réunion». En temps normal nous nous serions envoyés des SMS, mais là, chacun a pensé qu’il s’était trompé.
Bref, nous annulons la visio de l’après-midi.

Célébrations

Le matin réunion annuelle chez un prestataire boulevard Haussman. Déjeuner au Petit Riche dans une atmosphère parfaitement proustienne. Il s’agit de fêter le départ en retraite de la directrice. Une fois de plus, je suis frappée de la façon dont des fournisseurs, sans même s’en cacher, se servent de leurs (nombreux) clients pour collecter de l'information. Cela m’amuse, me choque et me fait regretter que ma hiérarchie n’ait pas le réflexe d’en faire autant. J’apprends beaucoup sur la méthode.

Le soir, rendez-vous chez Raimo, le glacier à deux pas du bureau, avec Josiane, mon ancienne collaboratrice. Je l’ai invitée pour fêter son nouveau poste: les administrateurs et dirigeants de ma boîte précédente ont si bien réussi à la dégoûter qu’elle s’en va. J’en suis stupéfaite (mais comment ont-ils réussi cela, elle qui était si dévouée et si fidèle?) et ravie (bien fait pour eux, ils n’ont pas pris soin d’elle parce qu’ils étaient trop sûrs qu’elle ne partirait pas. Que cela leur serve de leçon).

N’empêche, c’est une drôle d’impression: j’ai quitté mon poste parce que tout était en place, qu’il n’y avait plus rien à améliorer et que je m’ennuyais; en deux ans, tout s’est désintégré.
Quelle leçon managériale: parce que tout s’accomplissait sans effort et qu’ils n’entendaient parler de rien, les administrateurs ont cru qu’il n’y avait pas de travail d’accompli, qu’il n’y avait besoin de personne pour le faire. Ils ne se sont pas rendu compte que l’aisance était due à la maîtrise des tâches et non à leur absence.

Dans trois mois ils perdront la personne qui connaît tous les rouages — sachant que celle qui m’a remplacée n’a pas daigné mettre les mains dans le cambouis et délègue les tâches qu’elle ne veut pas apprendre à Josiane, au commissaire aux comptes, à l’administrateur trésorier. Elle n’a même pas pris la peine faire le nécessaire auprès de la banque pour avoir une délégation de signature (électronique) pour les montants minimes et quotidiens, c’est Josiane qui déclenche les virements.
La transition va être intéressante. Y a-t-il une possibilité que le groupe jette l’éponge, que la structure disparaisse entièrement? Elle est noyautée par la CFDT, celle-ci laissera-t-elle faire cela?

Pas de dîner le soir : entre le repas de midi et la glace avec Josiane, je suis en indigestion. J’ai prévenu H., il a mangé sans m’attendre, diabète oblige.

Quartier Saint-Lazare

Couchée à quatre heures du matin pour terminer le compte-rendu d’une réunion politique que j’aurais dû terminer depuis dix jours.
Malgré tout je ne reste pas en télétravail: j’ai rendez-vous ce soir au siège du parti pour un échange au sujet des grands donateurs.

Après cette réunion je flâne dans ce quartier qui était le mien il y a vingt ans. Gvgvsse est-il encore rue de Madrid? La petite annexe de la Procure est-elle encore là?
Oui, mais le sous-sol n’existe plus. Je flâne dans cet endroit minuscule. Une dame demande Vingt ans après mais s’effraie du nombre de pages (plus de neuf cents en livre de poche). Est-ce que cela en vaut la peine? J’interviens: «Je crois que c’est mieux que Les trois mousquetaires. Plus on vieillit, plus on apprécie Vingt ans après».
Une demoiselle demande deux livres de préparation au mariage. L’un des deux n’est pas disponible:
— Je peux vous le commander, je l’aurai dans deux jours.
— Je vais le commander sur internet.
Décidément cette génération me choque. Ce n’est pas qu’elle commande sur internet qui me choque, mais qu’elle le dise à la libraire. Se rend-elle compte de ce que cela signifie? «Bon, je ne vous poignarde pas à mort, juste un coup de canif, pour que vous saigniez goutte à goutte…» (Vous me direz, le dire ou pas revient au même concernant le saignement. Mais tout de même.)

Bien sûr je ne voulais rien acheter. Bien sûr je ressors avec le dernier Gomart (Les ambitions inavouées) et un livre anglais des années 30 dont j’avais découvert l’existence en 2020 durant le confinement : La mâchoire de Caïn. C’est un roman policier dont il faut remettre les pages dans l’ordre pour découvrir l’assassin et les victimes. Je ne savais pas qu’il avait été traduit. Je parcours la préface d’Hervé Le Tellier et je suis surprise qu’il ne cite pas le Dictionnaire khazar, qui a la particularité de ne pas se présenter dans le même ordre selon ses langues de traduction.

Le thé

J’ai invité Jean et Jérôme, mes acolytes de la campagne il y a un an, à venir prendre le thé (cela sonne vieille dame anglaise, mais comment dire quand ce n’est ni le café postprandial, ni l’apéritif préprandial, mais bel et bien la pause du milieu d’après-midi?), et comme j’ai décidé brusquement de faire des petits gâteaux, je passe ma matinée à feuilleter des livres de recettes. Comme d’habitude je consulte un peu gay dans les coings, mais il y a trop d’ingrédients inconnus ou de recettes dont on se dit qu’il faudrait les tester avant de les présenter à des invités.

Je cuisine en écoutant un podcast sur le studio Ghibli. Je découvre l'importance de Paul Grimault et du Roi et l'oiseau dans leur inspiration.

Mes petits gâteaux seront plutôt réussis, ouf (je me souviens de précédents sablés incassables). Discussion à bâtons rompus sur la situation politique et l’organisation du parti. Classiquement, depuis que Jean est à la retraite, il est insaisissable, et Jérôme doit encore passer une floppée de partiels. Pas facile de planifier de futures réunions.

Jean part à six heures s’occuper de sa mère (cette contrainte a toujours rythmé nos sorties, cela me permettait de savoir que je ne serais pas en retard à la maison), Jérôme s’attarde, tant et si bien qu’H. propose: «Tu veux dîner à la maison?»
Jérôme a vingt-deux ans, il est en vacances depuis deux jours, il décompresse de ses examens, il a le temps. Il répond oui, nous papotons. A dix heures je finis par m’excuser: «je suis désolée, j’ai un compte-rendu à finir, je vous laisse». J’entends H. et lui débattre des réformes institutionnelles, des regroupements de communes, ils ne sont pas d’accord, ça compare le Portugal, les Etats-Unis, ça parle de Tocqueville.
Jérôme partira vers minuit.
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.