Il est fréquent d'expliquer la croissance des dépenses de santé par le vieillissement des populations européennes mais le récent rapport du Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM) constate que
de la double vérité que les personnes âgées ont une consommation individuelle de soins plus élevée que la moyenne, et que leur nombre relatif augmente dans la population française (la part des «plus de 75 ans» va, par exemple, presque doubler d'ici à 2050), on tire souvent la déduction que le vieillissement de la population est un facteur important, voire dominant, de l'évolution des dépenses de santé.

Cette déduction est inexacte.

Car la cause strictement «démographique» de l'évolution des dépenses — au demeurant aisément mesurable compte tenu de la relative sûreté des prévisions démographiques — ne pèse que pour une fraction très minoritaire de l'évolution des dépenses. Tout simplement parce que le vieillissement moyen d'une population est un phénomène forcément très lent : l'âge moyen de la population française, aujourd'hui un peu plus de 40 ans, ne s'accroît que d'environ 2 mois par an.

Les différentes études disponibles convergent donc vers un effet démographique de quelque 0,7 points de croissance moyenne par an des dépenses de santé dans les vingt prochaines années, au sein duquel la déformation de la pyramide des âges — c'est-à-dire le « vieillissement » proprement dit — pèse pour 0,4 à 0,5 points : soit de l'ordre du dixième de la hausse moyenne annuelle de la consommation de soins et de biens médicaux.

[…] C'est bien la hausse individuelle de la dépense de santé à tout âge, et pour toute la population, qui est le principal facteur de la croissance des dépenses dans le temps.
sachant que le HCAAM constate qu'il ne peut répondre à la question de savoir si l'âge est ou non «un facteur aggravant de cette croissance».

avis du HCAAM adopté le 22 avril 2010, ''Vieillissement, longévité et assurance maladie''