Billets qui ont 'HVCO' comme nom propre.

Tristesse

Tristesse à voir monter le FN en France inéluctablement. «Ce n'est pas si grave». Ben tiens. Evidemment qu'on ne va se mettre à trucider tous les Juifs ou tous les Arabes dans la demi-heure. Evidemment. Rien n'est jamais grave. S'accommoder de tout indéfiniment. Après tout, hein. Ce n'est pas si grave.
Ce n'est pas le problème. Le problème est que le FN et son intolérance soient devenus le dernier recours, que plus un seul parti classique ne soit crédible, qu'il n'y ait plus rien que du vide, un vide intellectuel masqué par de l'agitation.

Donc ce n'est pas si grave. Ils vont arriver au pouvoir, faire beaucoup de bêtises, placer leurs amis aux postes importants (comme tous les partis qui n'ont pas été au pouvoir depuis longtemps — ou jamais), lutter contre l'administration en place (qui est constituée de fonctionnaires qui ne dépendent pas du résultat des élections), être regardés de haut et de loin par l'Union européenne, puis échouer et repartir après quelques scandales — comme les autres.

Pas si grave. Juste la mort d'une certaine idée de la France.

Week-end désagréable

Samedi: la journée commence mal par un rendez-vous oublié, puis tout cafouille lamentablement.
Dérapage à partir d'une histoire de miel.
Je ne fais rien de ce que j'avais prévu mais finis par me trouver une place dans la maison (depuis que j'ai le Macbook air et que le serveur a été installé à l'étage, je travaille dans le salon, sans bureau attitré). Je rattrape des billets de ce blog.

Dimanche : journée de TG (l'une des raisons du dérapage d'hier: chaque fois que je m'absente le week-end, c'est le drame. Pourtant, je ne vois pas ce qu'apporte ma présence à la maison. Je dois être trop modeste. Les semaines à venir vont être pénibles car j'ai quelque chose pratiquement chaque week-end. Je n'ose même plus en parler.)
— Que tu suives ce cursus religieux me glace. Chaque fois que j'écoute la radio je m'aperçois qu'on s'étrippe au nom de Dieu.
Oui. Non. En fait la démarche entreprise est à l'inverse de ce mouvement: elle part du présupposé que c'est l'ignorance de et dans sa propre religion qui est à l'origine des excès. Mais bon. C'est un présupposé, ce n'est pas forcément juste. Tant pis.

Journée de TG:
- deux exposés magistraux devant l'ensemble de la promo. Nous apprenons enfin le débat au cœur de la crise du modernisme au début du XXe siècle: la remise en cause de l'écriture du Pentateuque par un seul auteur, Moïse. 1/ On aurait pu nous le dire clairement depuis longtemps, je suppose que cela fait partie des choses si évidentes qu'on ne pense plus à les exprimer explicitement; 2/ il est toujours étrange d'apprendre qu'on s'est étrippé (pour une fois c'est métaphorique) sur des questions qui sont aujourd'hui oubliées tellement leur réponse est devenue évidente.

- deux rencontres en groupes constitués. Alors que c'est généralement un moment d'échange, ces premières réunions de l'année sont bizarrement agressives. Notre groupe issu de l'année dernière ayant fondu par suite de défections, nous nous voyons adjoindre cinq ou six personnes venues d'un autre cursus dont je n'arrive pas à déterminer si elles font un complexe d'infériorité ou de supériorité par rapport à nous. Comme me dirait drôlement un camarade à mi-voix: «Je ne m'assois pas à côté de la dame, elle est méchante.»
Ça va me faire mon expérience spirituelle du semestre: laisser parler et me taire. (Ça c'est un exercice difficile! Tant mieux, il faut se donner des défis ambitieux.)

- le moment le plus agréable, le pique-nique et le papotage. Nous sommes des engagés qui nous soutenons pour ne pas déserter avant la fin de la campagne. Stratégie de chacun en terme de cours flottants et langues anciennes, etc.

- Le soir, regardé La Ligne verte.

A la recherche du salon de thé introuvable

AC vient de St-Brieux. Comme elle va ensuite au Vésinet, je lui donne rendez-vous chez Ladurée à Madeleine (croisement des lignes 1 et 12).

Elle m'appelle alors que je suis en train de sortir du métro à Concorde: le salon de thé est fermé. Je songe à Angelina, je n'y suis jamais allée, mais AC est désorientée (plus de dix ans qu'elle a quitté Paris) et ne sait plus où sont les arcades de la rue Rivoli. Je vais donc à sa rencontre et lui propose à brûle-pourpoint le Crillon.

Translation jusqu'au Crillon (son sac est lourd): fermé, en travaux.
Je propose alors Angelina ou Hédiard ou Fauchon.
— Je ne peux pas choisir puisque je ne connais pas.
— Qu'est-ce que tu préfèreras raconter? (parce qu'après tout, quand on va dans ce genre d'endroit, ce n'est pas simplement parce que la pâtisserie est bonne, c'est aussi ou surtout pour y être allé.)

Elle choisit Hédiard. Je lui rappelle que c'est là qu'elle m'a appris en 2006 qu'elle était enceinte de son dernier, mais elle ne s'en souvient plus (je m'en étais voulu après coup d'avoir montré plus de surprise que d'enthousiasme).
Nous entrons, tournons parmi les étals, les accès à l'étage sont barrés, nous nous renseignons: le restaurant a fermé définitivement il y a trois mois.

Nous échouons chez Fauchon, orange pressée et nectar de poire, «je trouve ce rose très laid».

Rencontres

Après le bureau je passe à la catho pour éclaircir cette histoire d'allemand: suis-je oui ou non inscrite en allemand théologique? J'ai le vague espoir que non, plus le temps passe plus je me dis que c'est de la folie.

Dans le métro, Marc s'assoit à côté de moi sans tout d'abord me voir, puis sourire et salutations. (Nous devons nous revoir le 16 novembre pour la récollection d'Inoï). Je le quitte au bout d'une station.
Dans la rue je croise Sophie Ramond sur un Vélib, et je me dis que décidément, la vie est beaucoup plus hébraïque et mésopotamienne qu'on ne le suppose habituellement.

La secrétaire ne sait pas grand chose mais est pleine de bonne volonté. Elle me fait remplir une feuille: le directeur de l'université n'a plus qu'à contresigner.
J'espère que je n'ai pas fait une bêtise. Au pire je vais me ridiculiser, ce qui est désagréable mais pas très grave.
Mais quand même.

La main verte

Retour au bureau.

Cet été je me suis appliquée. Pendant l'absence de ma collègue, j'ai emmené son bonsaï à ma mère pour qu'elle lui change la terre et lui taille les racines. Verdict sans appel: «Mais il manque d'eau, il n'a pas de racines! Il faut mettre le pot à tremper une fois par semaine; ne touche pas au bolduc, je l'ai mis pour tenir le tronc le temps qu'il fasse des racines».

Le bonsaï fait de petites feuilles, quelques-unes. Et pendant que j'y étais, j'ai mis à tremper les deux autres plantes vertes (dans la poubelle, l'une après l'autre) une fois par semaine. Elles vont beaucoup mieux. Et j'ai arrosé amoureusement l'orchidée — celle qui s'était obstinée à faire une fleur cet hiver après un premier bouton cassé par un buveur de cidre — à l'eau d'Evian (c'est-à-dire qu'un peu par paresse, j'ai utilisé la petite bouteille que ma collègue avait laissée sur le meuble).

Ce que je ne savais pas, et que j'ai appris ce matin, c'est que cette bouteille contenait du vinaigre blanc.

La Seine

Cet été, j'ai compris que si j'allais systématiquement à l'étage dans le RER, c'était pour voir la Seine à Villeneuve-Saint-Georges, où parfois passe une péniche qui passera à La Défense — combien d'heures plus tard?





Belle sortie à Melun sur le matin — avec un débutant dont personne n'avait saisi avant d'être sur l'eau que c'était sa deuxième sortie… Il a souffert.

Un baptême

Baptême de Clémence à deux pas de mon bureau de la rue Washington (en 2003). Chapelle du couvent des Dominicains, j'arrive en retard, je me suis encore trompée d'heure. (Mais de toute façon, je n'aurais pas pu être à l'heure, j'avais rendez-vous avec L*D* à 9h30. C'est peut-être mon désir qui m'a fait croire que le baptême était à onze heures et non à dix, mon désir d'assister à ce baptême qui suit ce mariage.)

Construction de logements sociaux dans la rue du faubourg Saint-Honoré: encore des scandales en perspective.

Et pour L*D*, j'hésite.

Lisieux

Installation de A à Lisieux. Mis deux heures à faire Yerres - Anthony, sans comprendre l'origine du bouchon.

Rien de notable par ailleurs. La France est toujours aussi belle.

Vidé la camionnette assez vite, fait quelques achats: deux poubelles (une grande,une petite), deux tabourets (Batman et Superman), deux vinaigres (vin ordinaire et balsamique, quel luxe pour une étudiante), de l'huile, du savon, du produit vaisselle, une balayette, une pelle, un balai, une bassine pour elle, une bassine pour moi (pour baigner mes plantes au bureau), un pot (idem), des graines de fleurs à planter sous les arbres (de la folie: il faut bêcher à dix centimètres de profondeur, quand aurai-je le temps de faire cela?) et des graines de fleurs à planter au printemps, du miel de fenouil (pour moi), de la noix de muscade et un steak.

Pris des photos —avant, après. Le studio est bien, j'ai peur qu'elle est froid, qu'elle se sente seule. Elle vaque à ses affaires en faisant des listes de projets qui font sourire quand on a connu sa nonchalance à la maison. Mais après tout, pourquoi pas?
Le jardin donne presque sur les jardins de l'évêché. Vue de la fenêtre:



Rentrés en passant par l'Aigle pour dîner au restaurant Le Dauphin (enfin, la brasserie accolée au restaurant, qui bénéficie de ce fait de la même recherche culinaire).

Retour infernal en se rapprochant de Paris, toutes les routes paraissent se fermer devant nous (avec évidemment formation de bouchons). Nous sommes soulagés d'arriver.

Et voilà. Moins une.
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