Billets qui ont 'Matoo' comme nom propre.

Ensemble à Paris

Matin : nous déposons des caisses de rosé chez Toufik. C'est le préféré de sa femme, mais il faut le commander sur internet et Toufik ne sait pas le faire (mais quel assisté). Alors, comme nous faisons partie de la coopérative des clients de Toufik, nous nous en sommes chargés.

Soir : retour à GroundControl. H. en retard car la ligne 14 est interrompue pour travaux. Nous dînons coréen. Les petites boutiques contre le mur sud (grecque, italienne, coréenne, américaine) sont savoureuses. On emporte son assiette et on s'assoie aux grandes tables communes.
Seul inconvénient: c'est très bruyant.

je repère un futur événement Dragqueen et pense à Matoo.

Je regarde les jeunes gens, leurs vêtements, leur façon de se mouvoir. Ils n'en finissent pas de m'émerveiller (est-ce parce que je n'ai jamais eu l'impression d'être jeune et insouciante?)

Nous sommes très fatigués. En sortant par le portail sud, il suffit de continuer tout droit pour arriver à la gare routière de gare de Lyon (derrière le hall 2).

Nouveau départ

«Leur Jésus est un autre.» J'adore.

Ça me rappelle ce passage de Proust:
Il fallut pourtant une circonstance exceptionnelle pour qu'un jour [le directeur] découpât lui-même les dindonneaux. J'étais sorti mais j'ai su qu'il l'avait fait avec une majesté sacerdotale, entouré, à distance respectueuse du dressoir, d'un cercle de garçons qui cherchaient par là moins à apprendre qu'à se faire bien voir, et avaient un air béat d'admiration. Vus d'ailleurs par le directeur (plongeant d'un geste lent dans le flanc des victimes et n'en détachant pas plus ses yeux pénétrés de sa haute fonction que s'il avait dû y lire quelque augure), ils ne le furent nullement. Le sacrificateur ne s'aperçut même pas de mon absence. Quand il l'apprit, elle le désola. «Comment, vous ne m'avez pas vu découper moi-même les dindonneaux?» Je lui répondis que n'ayant pu voir jusqu'ici Rome, Venise, Sienne, le Prado, le musée de Dresde, les Indes, Sarah dans Phèdre, je connaissais la résignation et que j'ajouterais son découpage des dindonneaux à ma liste. La comparaison avec l'art dramatique (Sarah dans Phèdre) fut la seule qu'il parut comprendre, car il savait par moi que, les jours de grandes représentations, Coquelin aîné avait accepté des rôles de débutant, celui même d'un personnage qui ne dit qu'un mot ou ne dit rien. «C'est égal, je suis désolé pour vous. Quand est-ce que je découperai de nouveau? Il faudrait un événement, il faudrait une guerre.» (Il fallut en effet l'armistice.) Depuis ce jour-là le calendrier fut changé, on compta ainsi: «C'est le lendemain du jour où j'ai découpé moi-même les dindonneaux.» «C'est juste huit jours après que le directeur a découpé lui-même les dindonneaux.» Ainsi cette prosectomie donna-t-elle, comme la naissance du Christ ou l'Hégire, le point de départ d'un calendrier différent des autres, mais qui ne prit pas leur extension et n'égala pas leur durée.

Proust, Sodome et Gomorrhe
Ceci me permet d'un même élan de donner à Matoo ce lien vers La Recherche en ligne.

Le monde d'après

J'apprends ce soir que Matoo quitte Paris.

Désormais je croirai les journaux et les études sociologiques qui proclament que la pandémie et le confinement ont transformé les gens: ça alors! Car comme le dit Garfield en commentaire, jamais je n'y aurais cru.

(Et pourtant, à bien y réfléchir, c'est la suite logique de tous ces billets sur la Bretagne.)

Confitures bis

Quatre pots de confiture :
- fruits rouges / vin chaud
- confiture de Noël
- abricots / pain d'épice
- clémentine / vanille rhum



Offerts par Matoo et Alexandre. Alex a bien compris l'enjeu d'être sur la photo des 50 ans de mariage de mes parents (lol). J'en ai profité pour glaner quelques infos sur l'organisation d'un mariage.

— Je travaille à la SNCF mais je m'occupe des gares, pas des trains. Il pourrait ne pas y avoir de trains que mon travail serait le même.

Il y a dix ans

J'ai rencontré Guillaume sur le site de la SLRC, à l'automne 2002. Il y a dix ans, nous discutions faux ami et façon de traduire "versatile" quand j'eus l'idée de faire une recherche sur Google.

Il y a dix ans, jour pour jour, je suis tombée sur Matoo et dans le monde merveilleux des blogs, non que les blogs soient merveilleux, mais à l'époque il n'y avait qu'eux, nous avions dix ans de moins, c'était sans fond, il devenait possible de regarder dans l'âme des autres et d'y trouver de la consolation.

C'est à ce moment-là que j'ai pris le nom d'Alice pour intervenir chez Matoo (au départ je n'étais donc qu'une commentatrice, je n'ai jamais eu vocation à être autre chose que commentatrice, mes blogs doivent leur existence au fait que la SLRC m'a découragée): en 2004 l'affaire Camus était proche, je commentais beaucoup sur la SLRC, je craignais de mettre Matoo dans l'embarras si quelqu'un s'apercevait de mes mauvaises fréquentations.

Mariage gay

H. a licencié un collaborateur. Motif officiel: refus d'obéir aux ordres.
Motif détaillé qui ne sera pas exposé davantage à moins que cela ne soit nécessaire (inspection du travail, prud'hommes, etc): refus de travailler aux adaptations nécessaires d'un logiciel suite à la possibilité de se marier pour les homosexuels. Ses convictions religieuses le lui interdisent, argue le collaborateur.

Personne ne me demande mon avis, mais je vais quand même le donner (c'est un peu le principe du blog).
Tout sonne faux dans ce que je pense, parce que mes convictions sont réactionnaires et mes conclusions progressistes. Entre les deux interviennent mes amis, mes connaissances, des cas particuliers qui font que je suis prête à reculer sur tous les fronts.

Je suis bien embarrassée, je trouve cette histoire de mariage stupide, parce que rien à faire, le mariage reste pour moi un instrument historique d'oppression [1] et je trouve étrange de le désirer.
D'un autre côté je sais que Matoo en rêve défend l'idée pour des raisons d'égalité de droits, et l'idée de voir Matoo et Colin en smoking blanc comme le Capitaine et le Lapin (non, ils ne sont pas en smoking blanc, j'ai fantasmé ou confondu) en train de se jurer fidélité et assistance (et c'est peut-être le tout du mariage: assistance, plus encore que fidélité: vieillir ensemble, le plus difficile, le plus important, ce qui fait que tout cela est une aventure et non pas un encroûtement) me réjouit et je ne vois pas très bien au nom de quoi le leur refuser.

Mariage

Il faut bien entendu distinguer mariage civil du mariage religieux.

Concernant le mariage civil, j'entends certains dire que le PACS existe. Certes, mais il est faux de croire que cela donne les mêmes droits que le mariage. Je ne vais pas faire la liste des différences juridiques parce que je ne les connais pas, mais rien n'empêche une entreprise privée de faire une différence entre ses clients mariés ou pacsés ou en union libre.
Je peux citer mon propre métier. Je travaille dans une mutuelle de santé qui intervient en surcomplémentaire pour les salariés de sept filiales du groupe, la complémentaire étant assurée par le régime de branche. J'ai eu la surprise d'apprendre que cette complémentaire, qui couvre tous les salariés des sociétés d'assurance, n'accorde aucun droit aux Pacsés. Seul le conjoint marié[2] est reconnu et remboursé de la même manière que le salarié cotisant.
D'autres citeront des circonstances douloureuses, par exemple les conjoints homosexuels ne pouvant accéder au lit de leur ami hospitalisé au motif «qu'ils ne font pas partie de la famille». (J'espère que cela a tendu à disparaître avec l'expérience du sida.)
Etc, etc. Si le mariage est une façon élégante et rapide de résoudre d'un coup tous ces dysfonctionnements, allons-y. Je songe qu'il sera accompagné de son cortège de tristesses, divorces et désillusions, mais peut-être est-ce inévitable.

Concernant le mariage religieux, je ne peux parler que du mariage catholique. (Les protestants s'y opposent moins, car chez les réformés le mariage n'est pas un sacrement. Les autres religions je ne sais pas.)
L'Eglise est contre et je ne le discute pas. J'accepte sans discuter, comme j'accepte que les femmes ne puissent pas administrer les sacrements ou devenir jésuites, que les divorcés soient excommuniés, etc, etc. (Finalement être catholique, c'est souvent s'entendre dire non, et c'est sans doute structurant aussi.) Accepter ou ne pas se dire catholique, puisque c'est justement cette acceptation qui définit une appartenance (ce qui ne veut pas dire qu'une fois le porte-parole de l'Eglise ou de l'évêque rentré dans ses appartements, la discussion ne reprend pas et que le travail d'articulation autour du mot "amour" ne bat pas son plein).
Ce qui me fait sourire, c'est que l'Eglise se retrouve face à son ambiguïté en ce qui concerne le mariage: ce qu'elle veut régir en réalité, c'est qui s'unit à qui[3] et combien de petits catholiques (le plus possible) sortiront de cette union — un enjeu de pouvoir, en somme; mais ce dont elle nous parle désormais quand il s'agit de mariage, c'est d'amour, le mariage comme sacrement étant censé représenter l'union de l'Eglise et du Christ: quand deux personnes viennent lui dire qu'elles veulent se marier devant le Christ parce qu'elles s'aiment, au nom de quoi peut-elle le leur refuser?

Un prêtre rencontré lors d'un colloque fin octobre à qui je faisais remarquer qu'il s'agissait de mariage civil et que l'Eglise n'était pas concernée m'a répondu:
— Mais quand ils auront le mariage civil, ils voudront le mariage religieux!
— Et alors?
— Et alors ils mettent en danger la famille!
— Ah non, ma famille n'est pas du tout mise en danger par le mariage homo.

(Cette idée m'a parue extravagante, et en y réfléchissant je me suis dit que c'était plutôt le contraire. Enfin non, il ne s'agit ni du contraire ni du mariage, mais la fréquentation d'homos, seuls ou en couple, enrichit ma famille et lui permet de faire cette expérience fondamentale: on ne peut rien dire, rien savoir d'une personne avant de la rencontrer et de se faire sa propre opinion, qui ne dépend ni du sexe, de la couleur, de la religion, de l'âge, de la préférence sexuelle, mais de "parce que c'était lui, parce que c'était moi".)

Tout cela pourrait faire croire que je suis pour le mariage religieux gay. Mais non, pas vraiment. En réalité, j'ai une vraie difficulté à réfléchir au mariage. Je trouve qu'il n'a aucun sens si le divorce est autorisé. En fait je ne suis pas sûre d'être favorable au mariage hétérosexuel non plus. Si, mais avec réserve. Je demande des quotas. Les mariés se rendent-ils comptent de la galère (sens premier, bateau avec des rames) dans laquelle ils embarquent? N'y allez pas, vous êtes fous!

Adoption

Là, c'est beaucoup plus simple: c'est oui. J'ai exactement la même position pour les couples homosexuels que pour les couples hétérosexuels (oui, je parle de couple. Adopter un enfant quand on est célibataire (à moins de situations très particulières qui régularisent des situations anciennes, des situations de fait) me paraît une mauvaise idée. C'est dur, on a besoin d'être deux, ne serait-ce que pour confronter ses réactions ou ses opinions. Répondre à «Et maintenant, que faire?» est plus facile à deux.)

J'avais été frappée par la phrase: «Adopter, c'est donner des parents à un enfant, pas un enfant à des parents».

Oui à l'adoption d'enfants nés ou déjà conçus, non à la procréation assistée. A quoi bon mettre au monde des enfants supplémentaires? Pour avoir le sien, le vôtre? Mais cela est la plus grande tromperie, la plus grande illusion. Ce ne sera jamais le vôtre, il sera toujours lui, il vous échappera toujours. A tous ceux qui s'imaginent "leur" enfant comme un prolongement d'eux-mêmes, je demanderai s'ils ont l'impression d'être le prolongement de leurs propres parents.
(Et puis ce sujet-là fait ressortir mon côté féministe: la PMA, c'est se servir du corps des femmes pour faire de la recherche, avec leur consentement plus ou moins inconsciemment contraint (quand on vous demande au moment du prélèvement d'ovules, alors que vous êtes déjà sur la table d'opération: «Ça ne vous dérange pas qu'on en prélève un peu plus pour des couples stériles?», que voulez-vous répondre? Et que dire des femmes stimulées hormonalement alors que c'est l'homme qui est stérile ou hypofertile? (Combien de cancers chez ces femmes-là?) Et quel est le statut des embryons congelés? (un sacré casse-tête juridique, mais je ne peux que frissonner en imaginant des embryons issus de moi être utilisés pour des expériences scientifiques.))

Mais bien entendu, une fois encore, l'amitié me fait taire: comment ne pas être heureuse pour Rémi et sa fille Julie née en septembre?

Notes

[1] Pourquoi s'être mariée alors? Question très compliquée, mais certainement pas pour des raisons sentimentales ou symboliques. La réponse contenant le plus d'exactitude serait "pour quelque chose de l'ordre du pari de Pascal". Mais laissons mes névroses de côté et poursuivons.

[2] Vous aurez compris que ce masculin ne fait qu'appliquer la grammaire française et couvre les deux genres du genre humain.

[3] J'ai trouvé ce terme moins violent que "qui baise avec qui", mais c'est bien de ça qu'il s'agit.

L'anniversaire de Matoo

Marina Tsvetaeva (1892-1941) : La maison de Vanves, poèmes inédits
Lettres atlantiques : Saint-John Perse, T.S. Eliot, Allen Tate, 1926-1970
Döblin, Voyage en Pologne
Thomas Clerc, Sachs

Film The Tree of Life. Il n'y a que deux manières de faire son deuil, dans la nature ou en Dieu, par la nature ou la grâce.

Bibliothèque de Beaubourg. J'y oublie la bibliographie que j'avais reçue à l'ICP quelques jours plus tôt.
Dans les rayons je feuillette un livre de dialogues Karl Barth / Urs von Baltasar : la théologie et la joie. Voilà qui est de bon augure.

Je feuillette Communio sur l'œcuménisme en attendant l'heure d'aller à l'anniversaire (dans un bar corse).

Bar. Rencontre de vieux blogueurs, des noeuds dans l'éther. Lady Gaga. Je pars au moment où je devrais rester.

Petit déjeuner vénitien

Dernier matin, je reprends le train ce soir. La journée sera perdue bêtement, comme chaque fois qu'on voudrait faire tant de choses et qu'on a la faiblesse de ne pas partir seule mais d'attendre que les autres soient 1/ prêts 2/ se décident. Tant pis. (Rageant tout de même de rater une visite de l'Arsenal. Zut alors.)

Je prends mon petit déjeuner avec Luisa, Danielle. Plus tard arrive Pascal, mince, élégant, souriant, hésitant. Il a entre quarante et cinquante ans, quelques cheveux grisonnants, c'est le diplomate de l'équipe, celui qui s'entend avec tout le monde, que tout le monde salue et invite (car il y a quelques frottements, entre "les anciens d'école", "les CE" et "les loisirs").

Luisa est australienne. Elle a environ vingt-cinq ans; avec ses taches de rousseur et ses épaules carrées, elle respire la santé et la gentillesse. Nous parlons de sport, je lui fais des compliments sur la puissance de son coup d'aviron:
— Je m'entraînais avec l'équipe universitaire masculine de Sydney, c'est pour ça.
— Et tu faisais du surf, aussi?
Elle fait quelques fautes, très peu, avec un peu d'accent et de timidité.
— Oui, un peu.
— Mais il n'y a pas de requins?
— Si, il y en a. Il y en a même plus qu'avant, à cause de l'écologie: le port est nettoyé, l'eau est plus propre, et avec le réchauffement climatique, l'eau est plus chaude, il y a plus de poissons qui viennent dans la baie et ça attire les requins.
— Il y a eu des morts?
Elle réfléchit: — Non, l'année dernière, pas de morts, juste deux accidents. Il y a un surfeur qui a perdu les deux jambes, elle fait le geste de ramper sur les coudes: Mais il revient surfer elle mime des applaudissements et tout le monde "Yeaeahh!" sur son passage à la plage.
Pascal est un peu choqué (voire beaucoup): — C'est tout de même beaucoup moins sexy…
Spontanément, je pense au moignoning de Matoo et à cet ami qui me disait de son copain roux: "il n'a jamais eu peur de rester seul car il savait qu'il était sur une niche". Sans trop réfléchir j'interviens:
— Ça dépend: il n'y en a peut-être pas beaucoup qui aiment ça, mais pour celles qui aiment ça, il est seul sur le marché.
Les yeux de Pascal s'agrandissent. Il évalue et soupèse mes paroles, des horizons s'ouvrent devant lui:
— Je n'avais jamais pensé à ça sous cet angle, avoue-t-il vaguement épouvanté.

Soir

Appris qu'un blogueur très aimé est diabétique. Ça fait un choc. On a beau savoir que cette maladie est connue et maîtrisée, ça fait un choc.

Passé à la Fnac de la Défense pour acheter un livre de classe (un "cahier d'activité"). Comme l'attente à la caisse était longue, pris l'un des livres à proximité, Jean Teulé, Mangez-le si vous voulez.
Je n'aurais pas dû. Le titre est à prendre au sens littéral, terrible histoire d'un village devenu fou un après-midi de défaite, de sécheresse et de beuverie. Envie de vomir, pas tant de dégoût que de désespoir.

Encore une journée étrange, solitaire et lente. Je réfléchissais hier tandis que notre hôtesse évoquait la foule parisienne qu'il m'arrive souvent de passer la journée sans parler à personne, si l'on excepte les sourires, inclinaisons de tête et salutations lors des croisements dans les couloirs.

Marais

Déménagement (un étage, pas de meubles).
Diabolo menthe.
500 grammes de thé (rupture, on risque la crise de manque).

Les rues sont très animées, beaucoup de magasins sont ouverts. Je regarde les chemises, je me marre devant les caleçons.
— Ce que j'aime chez les gays, c'est qu'ils sont gais. Ils ont un sens du kitsch… ils en font toujours un peu trop, mais en le sachant…

Ce que j'aime, c'est le sentiment de gaieté intérieure qu'ils me donnent (pas me donnent moi, le sentiment qu'ils l'ont, eux), de fantaisie, de légèreté. Il y a là un rapport à l'enfance, quel mot choisir, ni enfantin ni puéril… Juvénile?1
Je cherche le plus discrètement possible une trace de gravité sur les visages, je pense à un billet récent de Matoo, au doigt cassé de R. dans une agression, au Journal d'un voyage en France. J'ajoute pour le bénéfice de C., je sais qu'il ne sait pas, moi-même j'ai du mal à le croire dans cette après-midi dorée du Marais:
— On ne dirait pas que c'est fragile, que la plupart ont connu l'hostilité ou la connaissent encore… Matoo disait que dans certains quartiers il avait peur des gestes tendres.
C. me regarde, interloqué.


Note
1 : pentimento: sentiment semblable sur des modes différents avec les geeks (pas les nerds), les oulipiens… Quel pourrait être leur point commun? l'aptitude au jeu, au rire, à l'écart, à l'échappée?

Le manège de La Défense

Lorsque j'avais vu cet éléphant, je m'était dit «Tiens, on dirait La maison à vapeur» (sans doute mon Jules Verne préféré, parce que ce doit être le premier que j'ai lu).





Bingo, la décoration du manège est entièrement inspirée de thèmes julesverniens.


Déjeuné avec Matoo. Il a perdu des joues et porte bien le costard.


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Note le 23 mai 2015
Je lui ai raconté la situation. J'ai beaucoup parlé, j'ai un peu honte en y repensant. Il a été très gentil.

Je copie les notes que j'avais écrites dans la partie non publiée du blog. Je suppose que les "questions" étaient celles d'H. qui n'a pas compris pourquoi j'étais si bouleversée — plus tard, quand j'ai été capable de parler, il n'a jamais admis que j'ai pu avoir peur que les huissiers débarquent à la maison, jamais admis qu'il y avait quelques raisons de s'inquiéter, que cela aurait pu choquer les enfants.
Donc les mots de l'époque que je n'ai pas mis en ligne parce que je ne voulais pas qu'on m'en parle, qu'on me demande de mes nouvelles: «Un chose est sûre, je ne sais pas répondre aux questions. Je ne peux pas répondre. Pas le courage, pas la force, la rage qui monte, tout de suite, la colère ne pas réussir à s'expliquer. Je suis autiste.

Crise de larme.»

Une utilisation possible des blogueurs

Ce matin, pour me donner une peu de courage, je pensais à la gorge de gvgvsse, au comprimé de Chondre et au gentil serveur de Matoo.

Et voilà. Ce soir je suis toujours vivante. Ça marche.
En fait j'ai un trac fou mais j'aime bien parler devant un auditoire. Ce qui me gêne, c'est de ne pas pouvoir marcher en parlant, ne pas pouvoir davantage bouger. Et puis je préférerais savoir de quoi je parle... Cette impression permanente de pipeau...
Mais bon. Apparemment le sentiment d'imposture est un sentiment répandu.

Le parfum de Chondre

Quand j'arrive, en retard bien évidemment, Kozlika et Franck, Chondre et Snooze, sont déjà là.

Violent accès de jalousie en découvrant l'appartement de Matoo et Colin : certes il est spacieux, aéré, avec du plancher, avec une vue dégagée sans vis-à-vis proche, mais surtout, il est propre et rangé — moins de quatre semaines après leur emménagement. Quel est ce prodige? (Et c'est ainsi que je découvre que Matoo, malgré sa vaisselle sale, est maniaque. S'en suit une conversation compliquée sur les portes de tiroir et placard ouvertes ou fermées entre Chondre, Snooze et Matoo d'où il ressort qu'ils pourront jouer les couples échangistes, même si je ne sais quelle configuration recommander (faut-il mettre les fermeurs de portes ensemble, ou doit-on redistribuer les maniaques? Je ne sais.))

Nous ne verrons pas beaucoup Colin puisqu'il est enfermé en cuisine (mais Matoo ne l'a pas encore voilé). En contrepartie, il est bien clair que Colin n'est là QUE pour l'argent de Matoo, qu'il abandonnera dès que celui-ci aura été ruiné par le loyer exorbitant de cet appartement.

Discussion philosophico-juridique: le Pacs est-il un sous-mariage, un mariage du pauvre qu'il est déshonorant d'accepter quand on est homo ?
Discussion sociologico-éthique: vaut-il mieux pour un couple homosexuel masculin adopter une fille afin d'éviter d'être soupçonné de pédophilie; les gens vont-ils présupposer qu'un couple homosexuel poussera leur garçon à l'homosexualité? («Moi j'aurais peur qu'il ne soit pas hétéro, déclare Matoo en souriant, c'est ma vieille homophobie qui ressort», et cachant son visage dans ses mains, simulant le désespoir: «Mon dieu! nous avons foiré son éducation!»)

Au moment de partir, je fais la bise à Chondre et n'y résiste pas, il sent trop bon:
— Qu'est-ce que tu utilises, comme lessive? Ça sent super-bon.
— Ce n'est pas de la lessive, c'est mon parfum.
La gaffe. Je suis drôlement embêtée, j'essaie de ne pas le montrer.

Mais Chondre est parti dans des explications : il existe un blog sur les parfums, très probablement tenu par un "nez" de la profession, qui a parlé d'une ligne de parfums s'attachant à reconstituer les odeurs de propre. (In petto, je songe à l'odeur de sapin de Noël de Biff dans Embrasser une fille qui fume).
Le parfum de Chondre, c'est donc Warm Cotton de Clean.
Il faut que je me trouve ça.

Les rencontres d'une semaine

Mardi Marie

Elle arrive en retard, j'ai eu le temps de prendre une bière et de lui envoyer (au bout d'une demi-heure, mon délai de grâce) un SMS paranoïaque («Tu m'as oubliée? J'ai donné une mauvaise adresse? Je me suis trompée de jour?»). Je repère sur le mur une affiche pour un spectacle-hommage à Boby Lapointe et une pour un film de Paul Newman. Apparemment il a filmé sa femme. Il faudra que j'essaie de voir ce film, j'aime beaucoup ces deux acteurs.

C'est la troisième fois que nous nous rencontrons, ça fait deux ans que nous ne nous étions pas vues.
Vous ou tu, je ne sais plus. Par écrit, vous. Ce soir-là, je ne sais plus. Tu, sans doute.
Nous parlons, du Yémen, de Renaud Camus, des fous rires avec Renaud Camus, de ses chiens, de notre incompréhension de son parti, de "l'affaire" qu'elle avait sentie venir [1], (c'est une lectrice "historique", dès Passage), de l'ours Ben, de sa fille. Je lui raconte mes rapports à la littérature, cette façon de tourner autour depuis si longtemps, du K de Dino Buzatti et de ses deux fins, la véritable (le monstre marin offre une perle au narrateur) et celle que m'avait racontée le père d'une amie lorsque j'avais seize ans (à la fin, quand il est trop tard, le requin dit au narrateur: «Je t'ai tant aimé»), cette façon que j'ai de fuir la littérature à la façon dont le narrateur fuit le K et d'être toujours rattrapée.
Nous parlons livres, voyages, amis; nous parlons je ne sais trop de quoi, toujours est-il que nous finissons par nous lever à une heure du matin lorsque les garçons du Reflet commencent à retourner les chaises sur les tables.

Mercredi Embruns

Comme j'avais ce soir-là une réunion à Yerres, je savais que je ne pourrais arriver que très tard. Qu'importe, depuis le temps que je suivais les Paris-carnets sur le web (janvier 2004), depuis le temps que je remettais les occasions d'y aller (d'abord parce que je n'avais pas de blog, puis parce que j'en avais un: je n'allais pas "en plus" passer mes soirées avec des blogueurs (ici, imaginer l'exaspération de mon entourage devant cette activité futile et obsédante)), cette rencontre-là ne pouvait pas être remise : c'était les adieux du capitaine, la fin d'une époque, la fin du canal historique de la blogosphère française (un peu de grandiloquence ne fait jamais de mal).

Je n'avais rencontré Laurent qu'une seule fois, pour les trente ans de Matoo, il y a dix-huit mois. A peu près impossible qu'il s'en souvienne. Mais ce n'était pas grave: j'allais à ce Paris-carnet comme on fait un pélerinage, c'était un signe pur.

Je suis arrivée à L'Assassin à 23h30. Il ne m'a fallu que quelques secondes pour constater que je ne connaissais personne (mais je connais si peux de blogueurs que c'était infiniment probable). J'ai repéré Embruns, je me voyais mal aller l'importuner. J'ai commandé une Guinness (horreur et damnation: une canette vidée dans un verre puis passée à travers je ne sais quel procédé à ultra-son pour la décanter!) et me suis installée au bar pour boire tranquillement en attendant de décider du mouvement suivant.
Je regardais les têtes, certaines me paraissaient familières, sans doute vues en photos lors de compte-rendus de soirée publiés sur le web. Je riais de penser qu'il y avait peut-être dans la salle deux ou trois personnes que j'avais beaucoup lues, dont je connaissais la vie plus intimement que certaines de leurs connaissances, et que je ne savais même pas les reconnaître. Certains trouvent cela malsain, moi j'aime bien. C'est bizarre mais pas bien méchant, un peu mystérieux mais sans enjeu.
— Ça t'arrive souvent de venir boire seule dans un café plein?
Je me suis fait aborder par un petit mec, blogueur de son état, ayant visiblement déjà pas mal bu, plutôt marrant. Il tenait un discours d'une grande cohérence dans son incohérence, quelque chose de l'ordre de la sinusoïde lunatique, ouais moi j'ai un carnet d'adresses, rien qu'hier j'ai présenté un copain à Mathieu Kassovitz, Mathieu Kassovitz, quand je veux je quitte mon boulot, ch'uis très demandé, mais j'm'éclate là ou ch'uis, ch'uis mal payé, mon blog, il est lu par deux cents personnes, ça m'a pris du temps de comprendre que j'étais trop bon pour les autres, mais qu'est-ce que ch'uis, ch'uis rien, regarde-moi,...
Etc. J'étais plutôt amusée, il me tenait compagnie. Je pensais «Tu t'es vu quand t'as bu». Je n'ai pas vraiment compris ce qu'il faisait là, apparemment il ne connaissait pas Laurent, il était venu entraîné par un ami. Je lui montrai Embruns.
— Ah c'est lui? Il m'a donné un mail-opener, me dit-il en brandissant un @ en acier qui me sembla être un décapsuleur. Tu vois il est vachement sympa, je suis vachement sympa, il me connaît pas et il m'offre un mail-opener, j'en reviens pas de ma chance...
— Tu veux dire qu'il n'a pas trouvé d'autre moyen de se débarrasser de toi, lâchai-je un peu sadiquement, d'une part parce que je le pensais, d'autre part pour voir comment il allait réagir.
Mais il avait déjà disparu pour retourner voir Laurent. Je le rejoignis, ce qui me permis de dire quelques mots et de remarquer l'alliance de Laurent, sobre et large. C'est ainsi que je me présentai à Jujupiter, que je vis rouler un magnifique patin au capitaine (hélas, le temps de saisir mon portable, il était trop tard). Je mets en ligne une photo prise dans les minutes qui ont suivi, bien floue comme toute photo de paparazzi qui se respecte:

Le temps de reconnaître Versac et je demandai à un grand brun qui parlait à Laurent : «Et toi, tu es qui?»
Toujours la même hésitation: comment se présenter entre parfaits inconnus, comment donner LE trait qui permettra l'identification de façon rapide et certaine (pour ma part, je me présente généralement comme commentatrice chez Matoo: nous ne sommes pas si nombreuses) :
— Eh bien... si tu lis Matoo... Je ne sais pas si tu as lu un post récent, où il parlait d'un certain Michel V...
— Oui ?
— Je suis Michel V.
— Ah, celui dont Embruns disait qu'il était un hétéro irrécupérable?
(Lol.)

Je dois avouer que la coïncidence m'a fait plaisir: tomber sur l'un des personnages principaux d'un des posts récents de Matoo, visiblement vieille connaissance d'Embruns...
Je me suis éclipsée peu après.

Jeudi Parapluie et infundibuliforme

Au départ le rendez-vous était samedi: je n'aurais pas pu venir, mais Matoo si. Puis les choses se sont inversées et je me suis retrouvée à Saint-Michel pour un rendez-vous foireux. (Parapluie a tiqué devant ce terme de "foireux": j'appelle foireux un rendez-vous dans un endroit large et populeux avec des gens qu'on ne connaît pas, qu'on n'a jamais vu, avec qui on a convenu d'aucun signe de reconnaissance et dont on n'a pas le numéro de téléphone. Je le savais avant d'y aller, je ne m'attendais pourtant pas à ce qu'il y eut autant de monde sur cette place.)
J'expérimentai l'attente, brandis ostensiblement un livre au titre prétentieux, cherchai un jeune homme avec un parapluie. Je m'approchai des groupes, tentai de saisir des conversations, envoyai un mayday à Matoo qui ne me fut d'aucun secours.
Bah, qu'importe, on se retrouverait dans la file d'attente ou dans la salle.
En effet, la première chose que je vis en entrant dans la salle, ce fut eux, certitude, un groupe, très jeune (ils me lisent, mais il faut qu'ils le sachent: très jeunes!), installé au premier rang. Drôle d'idée. Je montai m'installer à ma place habituelle, dans le fond.

Après le film, nous évacuons la salle par le fond. Je les attends, un peu mal à l'aise. D'une certaine façon le risque est gros: celui de les décevoir.
Les sourires sont là, c'est bien eux. Ils me vouvoient, je proteste mais n'insiste pas: après tout, c'est bien naturel, et je trouve si pénible ces gens qui veulent à toute force qu'on les tutoie alors que le vous vous vient naturellement aux lèvres. Je me demande si je leur parais aussi vieille qu'ils me paraissent jeunes... (non, je ne tiens pas à avoir la réponse!).

Après le débat, nous nous retrouvons au café place de la Sorbonne. Il y a là Parapluie, infundibuliforme, un ami à eux prof de math et deux jeunes filles encore étudiantes.
Nous parlerons là encore jusqu'à la fermeture du café, décourageant le prof de math qui doit rejoindre sa banlieue puis les deux amies. Il fait froid, Parapluie tremble. Je n'ose écrire car je sais que les deux me lisent, que chaque mot sera pesé et donnera lieu à des discussions. L'un parle, l'autre moins, l'un est pâle, l'autre sombre, je découvre qu'ils sont pacsés, j'admire tant de décision.
Nous parlons du film, de l'homophobie, de Beckett, de théâtre, de Censier, des relations familiales (jamais simples — toujours barges), de blogs, de l'expérience du Cern.
— Pourquoi les objets ont une masse?
Je commence juste (au moment où j'écris) à entrevoir ce que signifie la question et le fait qu'on la pose ainsi. Nous parlons un peu de physique, de mesure, de température, chaque fois je dis une bêtise, et parapluie, un peu gêné mais rigoureux, corrige comme il peut. Je m'aperçois avec horreur que je ne sais plus rien, que je confonds tout, je songe à Bouveresse et je me dis que désormais je m'interdirai toute allusion scientifique. Je me rends compte une fois de plus qu'il y a des modes, même en sciences, le vocabulaire de Parapluie n'est pas celui que j'ai appris.
Nous parlons de Beckett et des animaux chez Beckett. — Il n'y en a pas. — Si, ils sont tous morts.
Toujours la même surprise et le même soulagement de s'apercevoir qu'il suffit d'un intérêt commun pour pouvoir discuter avec des inconnus.

Ils me raccompagnent jusqu'à Jussieu. Je trouve un vélib. Je m'endors dans l'autobus.
Demain soir, encore une réunion.

Notes

[1] voir ici pour ceux que ça intéressent et qui ne connaissent pas.

L'anniversaire de Matoo

— Je ne connais personne…
— Oui, il y a beaucoup moins de blogueurs que l'année dernière, la mode passe1… À part les coxxiens, c'est surtout la base historique, les copains d'avant le blogging…
— Tu n'aurais pas vu Jules… Julien… Il devait venir… mais il est peut-être reparti…
— Jules? Quel Jules? Je ne connais pas de Jules.
— Mais si, Jules, il avait un blog, avant, il y a longtemps… Je ne l'ai jamais vu, on ne se connaît que par internet, les commentaires… (J'hésite à dire qu'il est allé en Chine, je ne sais plus si c'est un détail public ou pas).
Un grand type en T-shirt orange passe, d'après les photos glanées ça et là, un descriptif qui parlait d'1m91 (ou 87 ? Je ne sais plus), il me semble que ça pourrait être lui:
— Lui… il ne s'appelle pas Jules?
— Ah, Jûûûûûûllleeeees!!! Mais oui, mais fallait dire Athaldir!
(Oui mais heu, j'avais totalement oublié ce pseudo venu du fond de la préhistoire blogosphérique).

Remarques désabusées sur l'entreprise (pourquoi est-il si inconcevable d'expliquer qu'on est prêt à travailler de notre mieux pour rendre service au plus grand nombre sans y mettre d'autre foi particulière que celle du travail bien fait ? Pourquoi devons-nous absolument être enthousiastes et ambitieux, avoir des plans de carrière à dix ans («Comment vous voyez-vous dans dix ans? ? Ben euh…»2), connaissance commune et inattendue des xavières, analyse comparée des scénarios américains et français… (nous avons tout si bien compris que nous aurions aussi vite fait d'écrire notre propre scénario).

Fumer sert à sortir dans la rue et à échapper à la musique insoutenable de l'intérieur. Nous sommes accostés sous je ne sais plus quel prétexte par un certain Cédric (non blogueur, ne cherchez pas) qui pose beaucoup de questions mais séclipse dès qu'on lui en pose deux. Beau sourire. Sous ses dehors libérés et provocateurs ce garçon est très conservateur, il paraît sidéré et vaguement choqué que je sois là. Au bout de quinze secondes, après m'avoir demandé mon âge, il me catalogue «décalée»:
«Tes enfants, ça les fait pas flipper que leur mère soit à une gay party? ? Je ne suis pas à une gay party, je suis venue à l'anniversaire de Matoo.» Il n'est pas convaincu.
— Et comment tu connais Matoo ?
— Par internet. Je le lis. Et Jules aussi. Je ne connais personne ici. Je lis. Il me regarde comme si jétais vraiment bizarre: «Ah. Moi je suis de la vieille école». J'ai envie de rire.

Au moment de partir, Grégoire me demande un autographe pour son coloc. Je signe « Pour Cédric, with love. Maurane »



1 : En fait, cette année, c'est plutôt des FB… Je vais monter un observatoire sociologique à partir des anniversaires de Matoo.
2 : Je devrais peut-être leur envoyer cela.

Post incomposé

J'en ai marre de Safari, j'ai l'impression que Netvaïbes ("Netvibes", c'est plouc, m'a appris Matoo) le fait planter. Zou, sur Firefox. Il paraît, H. dixit, que c'est tout de même à l'usage (de programmeur) Opéra qui respecte le mieux les normes supposées être suivies (j'adore les posts simili-geek. À propos, ceux qui ont besoin d'être réveillés peuvent aller voir ça).

Je suis en train de mettre de la sauce tomate partout. H. me bourre le frigo de plats micro-ondes avant de partir, parce qu'il sait que dans le cas contraire je vais manger des céréales toute la semaine à tous les repas — c'est gentil à lui d'y penser. Et donc comme il n'y a personne pour me rappeler les règles de la vie en société (il faut beaucoup de formes quand on dîne seul), je peux enfin manger devant mon ordinateur.
Le problème, c'est que ça refroidit vite. Et puis ce n'est pas très pratique.

Enfin bon, ce serait le bonheur si je n'avais pas si mal à la nuque. C'est la faute à Bruce Willis, ses films sont vraiment fatigants. Il faut qu'il arrête de boire, ses yeux se pochent de plus en plus. Ou alors il utilise la chirurgie esthétique à l'envers: il se les fait pocher pour avoir l'air intéressant (au fait, il paraît qu'Indiana Jones IV est en préparation). J'ai changé de portable aujourd'hui (l'ancien, c'était ça, je l'aurais bien gardé encore un peu, j'aime les dinosaures, mais il commençait à bugguer trop souvent. Dommage), et je pense que si j'apprends à me servir du nouveau un jour, je devrais moi aussi pouvoir hacker la Maison blanche.
Je retiens que pour survivre, il faut dans la plupart des cas rester dans sa voiture, et qu'il ne faut pas jeter sa vieille CB. Sinon... rien à faire, les réalisateurs des Die Hard ne croient pas au terrorisme idéologique, la motivation des terroristes, in fine, c'est toujours l'argent.
Les cascades... Argh, quelle chorégraphie, ça me fait vraiment de la peine de me dire que la plupart des scènes avec l'avion de chasse doivent être virtuelles. Autre tristesse, les méchants parlent désormais français (je les préfère arabes ou allemands.)
Et puis, toujours, inévitablement, la fille du héros se fait enlever. Heureusement, celle-ci est moins nunuche que Kim Bauer (difficile de faire pire, remarquez).

A midi, j'ai déjeuné avec Paul. Roland de la Poype a sorti un livre, L'épopée du Normandie Niémen, que Paul m'a offert. Le livre regorge d'anecdotes, et ce n'était pas ses chaussettes que La Poype avait perdues lors d'une cérémonie soviétique officielle, mais sa médaille, 35 grammes d'or. Ce livre s'inscrit parfaitement dans la continuité de celui de Grossman. Paul a tenté de joindre La Poype au téléphone pour le féliciter, mais celui-ci était absent. Il faudrait peut-être que j'avoue à Paul que j'avais écrit (jamais eu de réponse)... Bah, on verra bien.

Hier soir, j'ai vu La Traversée du temps. Je n'y serais pas aller de mon propre chef, car je m'étais un peu ennuyée devavant Mon voisin Totoro et Nausicaa. Le grand soulagement, c'est que pour une fois les voyages dans le temps ne sont pas traités de façon tragique. Là encore, ce film est fatigant, l'héroïne passe son temps à courir et à tomber. Et à bien y regarder, sans voyage dans le temps, le film se terminerait de la même façon — à l'accident près.

Quand je suis trop fatiguée, le monde se dérobe, je passe mon temps à vérifier que lorsque je pose quelque chose sur une table, c'est bien sur la table que je le pose, et non à côté (je tâte la table avant de poser le verre). Je vois des ombres dans le coin de mes yeux, toute ligne verticale, arbre, poteau, montant de portière, devient un fantôme possible. Il faut que je regarde l'objet en face pour qu'il retrouve sa qualité d'objet. Le pire ce sont les reflets dans les vitrines des magasins, qui s'animent au fur à mesure que j'avance.
Le plus drôle (je dois passer pour un peu attardée), c'est le temps de latence entre une question posée et ma réponse: il faut que je réalise que c'est à moi que la question est posée (puis blanc) puis me souvenir, grâce à la mémoire immédiate, de ce qu'était cette question, puis la reformuler en moi-même, faire un effort de cadrage (de concentration) et enfin répondre.
Je vais me coucher. Un peu de coca, peut-être.

On a retrouvé Linda de Suza

Le 6 juin à l'O'buki (219 rue Saint Maur), soirée voyance avec Irma et Ingrid et visite de Linda de Suza (à partir de 21 heures). J'ai interrogé la patronne, eh non, ce n'est pas une blague.
J'ai alors suggéré qu'il faudrait inviter Jean-Luc Lahaye, mais quelques personnes bien informées m'ont appris qu'il était en prison. Ah bon.

Bien entendu je ne connaissais personne. Donc après avoir fait quelques instants la conversation à Embruns (je me dis que vu son dernier billet (Guy Môquet), mes lectures actuelles et notre point commun spontané et inattendu, nous avons peut-être davantage à nous dire qu'il n'y paraissait… (j'ai essayé de lui faire m'expliquer Twitter, il m'a répondu d'essayer (non, merci))), je me suis cramponnée à Chondre et ses amis dont Dr Nono (une sacrée langue de vipère. Si j'ai bien compris, son chat (11 mois et très possessif et tendre) met son couple en péril) et Franck, qui possède de jolies fossettes et à qui nous devrons bientôt la photo d'une des parties manquantes de Chondre (nous possédons le reste du puzzle, c'est un jeu de patience).

Ce fut une de ces soirées que j'aime, où l'on dit beaucoup de mal de gens que cela fait beaucoup rire (puisqu'ils sont là pour l'entendre (dans la plupart des cas)) même s'ils ont dû se demander qui j'étais et ce que je faisais là (mais ils sont très polis). J'ai même vu Garoo, beau gosse (moi qui croyais qu'il vivait en autarcie entre son frigo et ses ordinateurs) et l'un des membres des Coquecigrues.


Meilleure répartie de la soirée, une fille en couple (de filles) à une vendeuse de roses: non, on est venu sans nos maris.

Pourquoi les pdblogs ?

Ce fut la question de Gvgvsse, me regardant dans les yeux, attendant visiblement une "vraie réponse", quand je le rencontrai en mai 2005.

Evidemment, la réponse qui vient est "Pourquoi pas?"
L'autre est "Quelle question bizarre, pd n'a jamais été un critère, je ne choisis pas selon ce critère".
La vraie réponse est «Je ne sais pas».
L'autre réponse est «Je ne l'ai pas fait exprès» ou «c'est un hasard» (une recherche sur versatile qui m'a fait tomber sur un billet de Matoo).
La dernière réponse possible est «c'était peut-être inévitable pour une lectrice de Renaud Camus». (Absurde: j'ai commencé par Du sens et Répertoire des délicatesses du français contemporains, qui sont très neutres de ce point de vue: je le répète, l'homosexualité n'est pas un critère de choix).

Quoi qu'il en soit, la question de Gvgvsse a continué de me turlupiner: est-ce que c'était bizarre, de ne lire que des blogs pd? Evidemment, la raison principale du phénomène, c'est qu'ayant commencé par lire Matoo, puis ayant circulé dans ses favoris, I was trapped. Finalement, celui qui m'a permis de sortir de cet enfermement, c'est Philippe[s] (trouvé, lui, par une recherche Google avec "Renaud Camus" en mots-clé), car ses favoris sont d'une autre nature (qui détermine un monde tout aussi clos).

Mais la question reste, ou plutôt est ré-avivée, quand un ou deux de "mes" lecteurs masculins hétéros m'avouent ne pas accrocher avec mes blogueurs favoris. «Tant pis», pensé-je avec philosophie, ou «ça ne m'étonne pas», si je suis d'humeur sardonique.
Je me souviens de la surprise de Matoo, et aussi de quelque chose qui ressemblait à du soulagement, quand papotant pour la première fois ensemble, il s'exclama «mais t'es pas une fille à pd, alors», me laissant interloquée (mais qu'est-ce que c'est et pourquoi préfère-t-il que je ne le sois pas?). Plus tard, au cours d'une soirée, un certain Yann me peignit un tableau moqueur de la FAP: «Ça commence à l'adolescence, elles sont grosses, moches,…» C'était méchant et moqueur, et j'ai plaint ces filles dont j'ai soupçonné le besoin de chaleur humaine et d'amitiés gratuites (mais après tout je n'en sais rien, ces mondes-là me sont à peu près inconnus). Mais bon, Yann, c'est spécial (pas du tout mon genre, mais ça me ferait bigrement plaisir de le revoir parce que par une de ces alchimies inexplicables, on s'amuse bien (les mêmes dispositions naturelles à la langue de vipère, je suppose).)

Récemment, j'ai lu une phrase de Kozlika qui m'a arrêtée: «Ah tiens, c'est bien la première fois que je me sens d'emblée si à l'aise avec un hétéro.»
Je ne dirais pas ça mais je comprends parfaitement ce qu'elle veut dire. Ce qui m'ennuie, c'est que je suis incapable de l'expliquer.
Pourquoi ne serait-on pas spontanément à l'aise avec un hétéro? «Méfiance, méfiance, mais qu'est-ce qu'il me veut?»
Pourquoi serait-on spontanément à l'aise avec des homos? (ce qui n'est pas mon cas, d'une part parce que je n'ai pas de "gaydar", je suis même totalement nulle (ce genre de catégorisation ne m'a jamais intéressée), d'autre part parce qu'il y a a des homos avec lesquels je suis très mal à l'aise…)
La distinction de Kozlika est inopérante dans mon cas. Mais cependant… Il existe un soulagement (qui doit paraître incompréhensible à beaucoup) à NE PAS être l'objet d'intérêt principal. Je me souviens de mon amusement à constater que mes hommes préférés étaient finalement les hommes amoureux (d'une autre), les hommes passionnés (d'un sujet), les prêtres (qui peuvent entrer dans la catégorie précédente), bref, ceux qui n'ont d'autre intérêt à parler avec moi que le désintéressement et leur propre passion.
Il est possible que je sois une exception, comment savoir, puisque je ne parle pratiquement qu'avec des garçons (comme dirait Kozlika) depuis toujours, sports et maths obligent.

Finalement, j'aurai passé mon temps à faire oublier que j'étais une fille jusqu'au moment où je me serai rendu compte que ce n'était pas réellement possible, et qu'une paire de talons et un peu de maquillage et un sourire pouvaient obtenir beaucoup de choses1, ce qui est, avouons-le, profondément décevant.

Enfin, j'ajoute que la phrase de Kozlika m'a rappelée les phrases de Nuruddin Farah: «Les femmes sont comme les fourmis, elles ont développé une sensibilité au danger, elles ont développé des antennes comme les fourmis pour interpréter un sourire, un cadeau… (un cadeau n'est jamais gratuit)». Nuruddin Farah m'a profondément étonnée, j'ai eu l'impression qu'il avait compris quelque chose : «il va falloir payer» est une arrière-pensée inconsciente, les femmes (ou juste moi?) ne croient pas beaucoup à la gratuité… Je me souviens de Marilyn Monroe, qui sortait draguer dans les bars pour s'assurer de sa séduction (oh ce doute des femmes), et qui disait toujours oui en posant pour seule condition «d'être gentil». Cette condition est si triste.

Parfois je me dis que je suis complétement folle, très très parano (j'ai au moins un ennemi pour le penser) et que c'est totalement ridicule. D'autre fois je me dis qu'un homme blanc hétéro dans la société occidentale, c'est-à-dire dans une société entièrement taillée à sa mesure depuis des siècles, ne peut pas voir la société dans laquelle il vit, comme un poisson ne peut avoir conscience de l'eau, et je le plains un peu.



Note
1 : reconnaissons la grande complicité avec certains (généralement la catégorie "amoureux d'une autre") qui vous voient faire, le savent, et s'offrent le plaisir de céder malgré tout (je parle de sujets professionnels) tandis que je sais qu'ils savent et qu'ils savent que je sais… Cette complicité-là est merveilleuse. (En plus simple, il y a tous les gestes de la galanterie ancestrale qu'une bonne féministe devrait refuser mais que je trouve si agréable en compagnie d'un homme intelligent.)

Les gommes

J'ai tendance à dire un petit peu trop ce que je pense (trop vite, trop tôt, problème de timing davantage que de fond (parce qu'après tout, le fond, hein, autant savoir à quoi s'en tenir)), et je suis heureuse d'avoir des amies qui me battent sur ce terrain.

J'aime beaucoup le très sobre «Non merci, je ne bois que de l'excellent vin» de A., refusant par ces mots un verre lors d'un dîner chez des amis. (Elle voulait dire, bien sûr, qu'elle ne faisait d'exception à sa sobriété coutumière que si une bouteille rare attisait sa curiosité.)

Le récit de Matoo m'a rappelé Florence. Nous avons quelques années d'écart, et tandis qu'elle passait ses premiers entretiens d'embauche, j'avais déjà un peu d'expérience et savais que lorsqu'on a vraiment besoin de travailler, il vaut mieux fermer sa gu…

Elle avait passé plusieurs entretiens dans de grandes banques pour travailler à l'international, et elle jugeait froidement les méthodes quelquefois puériles des recruteurs. Ce jugement, elle l'exprimait devant moi, mais également en entretien, ce qui était plus risqué.
Un jour, elle s'emballa devant un recruteur :
— Tout de même, ces tests, c'est n'importe quoi! De la graphologie à l'astrologie, les entreprises ne savent plus quoi inventer. Il y a même une banque — c'est arrivé à une amie — qui demande de raconter la vie d'une gomme !
— Oui, Mademoiselle, c'est nous, et j'allais vous le demander, répondit le recruteur penaud.

Billet bourrée

Ce matin, baguenaudant chez Zvedo, je lis ce billet qui voudrait que Gv ait traité de « pathétique » la tenue d'un blog. (Gv dément vigoureusement).

Rentrant de mon déjeuner hebdomadaire trop arrosé avec Paul Rivière (j'ai décidé finalement de lui donner un pseudo), j'écris cette note mélancolique qui vous fera comprendre
1/ que je ne tiens pas l'alcool
2/ pourquoi je ne voulais pas ouvrir de blog.

Tenir un blog est pathétique quand/si cela consiste à envoyer au monde entier une lettre qui ne devrait être destinée qu'à un seul, mais que ce « un seul », on ne l'a pas sous la main, ou plus triste encore, qu'on le connaît sans avoir jamais osé le lui avouer, ou encore plus triste, qu'on le connaît, mais qu'on doute (euphémisme pour : être sûr) que nos billets, ces lettres quotidiennes, pourraient faire autre chose que l'ennuyer: «notre âme à coté du papier»1 ne l'intéresse pas (laissons de côté le cas diabolique mais non moins douloureux où l'on en profite pour écrire à qui ne vous lirait pas autrement (la logique de l'épuisement des possibles sera ma perte)).
Alors on écrit un billet dans un blog, on envoie une bouteille à la mer, en se disant que peut-être, dans l'infini des possibles, une personne le lira et le comprendra, tant est longue notre solitude et non désespérable notre besoin de consolation2.

Entre pari de Pascal et nouvelle de Borges.

Je crée de ce pas une rubrique « Paul Rivière » et une rubrique « réflexions méta-bloguiennes », car il me semble que le blog, et internet en général, méritent bien que l'on s'arrête pour réfléchir au manque ou au besoin (et à l'apport) en jeu à cet endroit précis de la condition humaine.



1 : cf. Cyrano de Bergerac, cf Matoo.

2 : Stig Dagerman

Hommage à Matoo

En toute rigueur, ce texte n'a rien à faire là. Je le reprends parce que ça me fait plaisir.

Vous trouverez ça et là dans le site de Matoo des tarlouzes, des dèpes, des tapioles (peut-être le mot le plus utilisé), des tapettes, des "garçons sensibles" (j'adore cette expression), des pétasses dans le sens de pédés, des cœurs de midinettes,... S'il y a un monde dont Matoo se moque, c'est bien celui des homos, enfin, d'un certain type, celui qu'il connaît le mieux, tout en en catégorisant d'autres, les homos bobos, les folles de la gay pride, etc. Si l'on voulait lui reprocher quelque chose, ce serait peut-être d'en rajouter dans le cliché concernant les dèpes. Sur le thème, il force le trait, c'est certain, sans que je sois toujours sûre que ce ne soit qu'un jeu (serait-ce parfois une défense?) Comment vous dire, tout cela n'a pas grande importance, ces mots qui seraient violents ou méprisants ailleurs sont ici employés avec tendresse.

Je me demande souvent ce qui me retient sur son site et dans son écriture, dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle est plutôt étrangère à ce que je lis par ailleurs. Je pense que c'est un rapport à l'enfance, à l'émerveillement, à la capacité intacte de regarder autour de soi et à être heureux (ce qu'il appelle son optimisme fataliste), également à un bonheur des mots (pas de doute, j'ai acquis du vocabulaire, même si je serais à peu près incapable de m'en servir.(lol))
Aussi étrange que cela puisse (me) paraître, il m'évoque des livres d'enfance, des choses comme La gloire de mon père, des textes sans cynisme, sans humour noir, sans rien finalement de ce que je cherche aujourd'hui, c'est-à-dire le rire qui permet de tenir à distance un monde comme il va qu'on n'est pas très sûr d'apprécier. Matoo, c'est la possibilité d'aimer à nouveau le monde comme il va, malgré ses imperfections (mais quelle époque a jamais été parfaite?)

Et puis Matoo, mon phoenix, est parfaitement conscient de ne pas toujours utiliser les bons mots aux bons moments (voir les commentaires). Il reconnaît qu'il utilise parfois un mot au sens inapproprié simplement parce qu'il le trouve joli (je sais, quelle hérésie), il sait qu'il fait de "vraies" fautes (celles qu'on ne fait pas par étourderie). Il me surprend par sa maîtrise de la retranscription du langage parlé (j'avais commencé à donner un lien vers un post récent, mais finalement, j'ai eu peur de vous choquer (parce que là, le discours (hétéro) qu'il rapporte dépasse nettement le mysogine)). Il écrit sérieusement sans se prendre au sérieux. Il cherche. Il lit. Il va à des expositions. Il est conscient de ce qui lui manque dans les domaines "culturels"; non seulement il cherche à combler le manque, mais en plus il influence les lecteurs de son blog.

Il aime lire, et je veux croire qu'il fait lire, aussi bien le dernier polar américain que Marc-Aurèle. Il y a deux façons pour la littérature de mourir: qu'il n'y ait plus d'écrivains (dignes de ce nom), et qu'il n'y ait plus de lecteurs (dignes de ce nom). Et je suis toute étonnée de me rendre compte que, sans vraiment pouvoir le rationaliser, aussi loin que Matoo puisse paraître du lecteur idéal tel qu'on l'imagine sur ce site, c'est sur lui (et ses pairs, ceux qui ont la même joie, la même curiosité) que je parierais pour faire survivre le goût des livres et de la littérature encore quelques années, parce que si je crois que la littérature classique telle qu'on la conçoit ici survivra dans les universités, je crois que c'est par des lecteurs fous et curieux que la littérature en général a une petite chance d'être sauvée.
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