Le but du voyage était l'exposition Trésors de l'Accademia Carrara de Bergame, mais nous avons commencé par ''L'estampe impressionniste'', qui fut une magnifique surprise. (Les impressionnistes sans couleur... tout à fait inattendu, et très beau). L'éclairage est trè doux pour ne pas abîmer les œuvres, et il présente l'avantage de ne produire aucun reflet sur les verres, tous les détails sont parfaitement observables.
Je découvre de nouveaux noms, Mary Cassat ou Félix Buhot. J'aime particulièrement les paysages "mouillés", pluie, mer, rivière. Je remarque une vue d'Osny... Il s'agit de recherches techniques tendant à rendre unique une lithographie.
Le catalogue rend compte plutôt fidèlement d'une telle exposition, en noir et blanc et petit format (le plus souvent).

«Quand tu suces un glaçon, que ce soit l'été ou l'hiver, c'est toujours aussi froid.»
Déjeuner, discussion à bâtons rompus, éclats de rire et demande de photographies de groupe au serveur, dans la grande tradition touristique.

Exposition Carrara, tout ce que j'aime de l'art religieux italien (les retables) puis la fantaisie ou la sévérité des portraitistes italiens, et toujours cette impression de reconstituer un caractère et un destin devant les visages hollandais. Un petit cours (un court cours) sur l'histoire de l'histoire de l'art, de l'influence de Morelli (la méthode morellienne) sur Berenson, puis Venise.

Visite de la collection permanente, Le mariage de la Vierge, Abraham et Melchisédech, ce sont presque des amis à qui nous rendons visite (de vieilles connaissances internautiques que nous rencontrons IRL), les couleurs toujours plus vivantes quand elles paraissaient éteintes à l'écran, adoucies quand elles paraissaient criardes. Et puis la Vierge de Van der Weyden. (Je ne cite que les connus parce que je me souviens de leur nom. Ma préférence va souvent à des moins connus, que j'oublie dès que je les quitte des yeux, hélas. Je peux juste me souvenir que dans ce musée-là, je pourrai revenir, trois, quatre, cinq tableaux que j'aime m'attendront.) Doucement l'overdose se fait, il faudrait revenir souvent et en voir moins, bien sûr.

Du hauts des remparts nous contemplons la ville. Ciel bleu très pâle au ras de l'horizon, nuages. Immeubles bas, peu d'ardoise, toits en terrasse. Nous visitons l'église Saint-Pierre, avec une abside Renaissance que j'aurais volontiers qualifiée de roccocco si la pierre avait été dorée plutôt que nue... C'est très impressionnant, mais ce n'est pas mon genre. Palais d'Estouteville, symétrie de David et de Judith, têtes à la main. Exposition contemporaine gratuite, du caoutchouc comme de la moisissure (si j'ai bien compris). C'est joli tout ce blanc.

A pied dans la ville, librairies à la recherche (vaine) de Guillaume le Conquérant, de Paul Zumthor.

L'abbaye aux Hommes est une surprise et un ravissement. Là pour le coup, tout à fait mon genre: le dépouillement roman et la hauteur gothique (j'espère que je ne dis pas trop de bêtises, j'écris sans recopier Wikipédia). Un beau Vignon.
Une plaque pour célébrer le neuf centième anniversaire de la naissance de Guillaume le Conquérant (2 juillet 1027) et un tombeau trop neuf pour être honnête (tant pis, je suis enchantée de le voir, presque autant que si j'avais vu la Table ronde ou le Graal).

Se souvenir: quand on ne sait pas à quel pays appartient un drapeau, répondre "balte". (Mais quel temps magnifique, doux à peine venteux. Un drapeau bleu bleu blanc (ou bleu noir blanc), un autre avec un mont en médaillon et trois étoiles, devant l'hôtel de ville, parmi d'autres.[1].)

Dernières bières, tickets de tram, nous allons être en retard, mais non, c'est le train (qui le sera).


Notes

[1] identification à l'instant: Estonie (bravo Philippe!) et Slovénie