Billets qui ont 'Liban' comme autre lieu.

Journée bien remplie

Un saut à Moret dans l'après-midi pour faire signer un avenant à la promesse de vente. Dans notre grand optimisme nous avions prévu de passer devant le notaire le 4 août pour verser 7% du prix: je ne serai tranquille qu'une fois que nous aurons donné de l'argent pour officialiser nos engagements réciproques. Las, il faut que les diagnostics (thermique, inondation, Carrez,… il y en a dix) soient à jour or ceux du vendeur datent de 2008: la signature est donc repoussée à septembre et nous, procéduriers peut-être mais surtout échaudés, nous venons faire signer un avenant officialisant le déplacement de la date. «Courant septembre» est la formulation souple retenue.

Je revois le loft avec plaisir, tout est une question d’équilibre entre se projeter et ne pas faire preuve d’ubris… La dernière fois, il me plaisait tant que j’avais fait attention à ne pas trop regarder, ne pas trop m’attacher, car je ne savais pas ce qu’en pensait H, aujourd’hui je regarde les détails en essayant d’imaginer nos meubles. Jamais toutes nos affaires ne tiendront, c’est une évidence. Trier, donner, jeter. Je songe au vieux monsieur de Là-haut («Monsieur Fredericksen»): c'est la condition pour un nouveau départ.
Le dernier étage qui sera mon fief est magnifique, lumineux, c’est une merveille.

Le propriétaire nous a également proposé de nous vendre des meubles. Nous faisons la liste de ce qui nous plaît, il va faire une évaluation — mais il parle de meubles signés, je suis persuadée que cela sera trop cher pour nous.

Retour. Forêt de Fontainebleau, écurie. Pour la première fois je me dis que j'ai envie de remonter à cheval.
Supermarché : c’est la première fois que H. y remet les pieds depuis le confinement et retour à la maison. Il fait très chaud.

Tard dans la nuit je boucle le dossier ACPR qui aurait dû être rendu le 30 juin. Je n’avais pas connaissance de cette date dérogatoire (normalement c’est le 30 avril), mais depuis que mon boss est parti en vacances l’année dernière pendant mon opération du pied sans respecter aucune des échéances (je lui avais tout préparé, il n’avait plus qu’à envoyer — sa prédécesseur serait morte sur place plutôt qu’agir ainsi), je n’ai plus de scrupule. A quoi bon être plus consciencieux que sa hiérarchie?

Je découvre ahurie des photos de l'explosion au Liban.

The Lebanese Rocket Society

Rangé, classé, pris le parti de remplir les deux tableaux que je devais envoyer le 30 avril au plus tard demain matin.

The Lebanese Rocket Society: un documentaire repéré dans la rubrique "nouveaux films" de L'officiel des spectacles. Dans les années 60, un professeur de mathématiques qui rêve de fusée décide d'en construire avec les moyens du bord. Le film commence sur l'impossibilité du film: la disparition des archives dans la guerre ou dans l'abandon (une archive présente dans des centaines de bobines de films d'actualité non indexées est comme perdue), l'absence de souvenirs de la population.
Puis les deux journalistes rencontrent les protagonistes de l'époque et le récit prend corps. Dommage qu'ils n'aient pas eu une cuiosité de scientifique car ils ne posent aucune des questions que j'aurais posées au professeur Manoug Manougian qui travaille aujourd'hui en Floride (quels calculs? quels échecs? quelles pistes suivies?). Nous apprenons simplement qu'en l'absence de carburant au Liban, il décide avec ses étudiants de le fabriquer lui-même avec ce qu'il trouve à l'université. Les premières fusées sont construites avec des tubes trouvés dans le commerce.

Le film met en tension les recherches passionnés d'un groupe de jeunes gens, l'intérêt à peine dissimulé des militaires… et les questions que se posent les nations proches ou lointaines.
Puis survient la guerre entre Israël et l'Egypte, le départ et le retour de Nasser, etc. Ici quelques images nous remettent dans le contexte de James Bond ou de SAS. Le groupe d'étudiants et de professeurs doit arrêter ses recherches, trop ambigues.

L'étonnant, c'est que personne ne s'en souvient. Ce fut pourtant une grande affaire dans les années 60, rassembleuse de la nation libanaise; un timbre avait même été émis: un appel à témoignage au cours d'une émission de radio ne reçoit aucun écho. Tout le monde est-il mort ou émigré? Cette disparition de la mémoire à si courte échéance est impressionnante.

Le film se termine par une utopie en dessin animé qui dure cinq minutes (mais qui paraît beaucoup plus long): ce qui se serait passé si la Lebanese Rocket Society avait prospéré. Pour un Français, cela gâche un peu le film, mais je suppose que c'est le moteur du film: la nostalgie, "ce qui se serait passé si…", le désir d'un Liban heureux, uni et paisible.

Pour tous ceux qui ont fait des études d'ingénieurs, pour ceux qui aiment l'histoire et les documentaires et ceux qui aiment le Liban. Cela devrait faire beaucoup de monde.
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