Billets qui ont 'Lituanie' comme autre lieu.

Pays baltes

- Les pays baltes aiment le thé et le font bien — en théière, ils ne sont pas mesquins.
- Les plantes aiment le froid. Jamais vu d'aussi beaux parcs ou plantes en pot qu'en Pologne, Lituanie ou Lettonie. En Estonie cela devient plus compliqué, sans doute parce que le froid doit être plus vif et les nuits plus longues.
- On ne connaît personne (sur les murs, sur les noms de plaques), on ne reconnaît aucun mot et on ne sait rien prononcer.
- Les centre villes sont piétons. (J'ai désormais un plan à proposer à Hidalgo: rouvrir les quais de Seine et fermer le Sébastopol. Toutes cette zone doit devenir piétonne.) Les Baltes aiment les pavés sauvages, ronds (baltes) ou rectangulaires (suédois), ce n'est qu'à contre-cœur qu'ils les recouvrent à l'occasion de pavés autobloquants.


pavés de Vilnius pavés de Vilnius pavés de Vilnius pavés de Vilnius pavés de Vilnius
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- Ils détestent les Soviétiques mais leur population est composée pour moitié de Russes (déportés, importés, volontaires?) sans qu'ils soient bien clair pour l'étranger si l'on est en train de parler de langue (locuteurs russes de nationalité balte) ou de nationalité.

En cherchant autre chose je suis tombée sur des rapports du Sénat. Tous les dix ans le Sénat s'intéresse aux pays baltes.
- Rapport de groupe interparlementaire d'amitié n° 22 - 1er octobre 1998: La Lituanie : pays entre deux mondes
- Rapport de groupe interparlementaire d'amitié n° 88 - 18 décembre 2009 : Courageuse Lettonie
- Rapport de groupe interparlementaire d'amitié n° 152 - 20 juillet 2018 : Estonie, Lettonie, Lituanie : 1918-2018

Dans la bibliothèque européenne en téléchargement gratuit se trouve à ce jour 62 livres en français, dont Un peuple sort de prison, de Vytautas Landsbergis.

De Klaipeda à Vilnius par Kaunas

Départ de Klaipeda. Je photographie une statue de motard et trouve plus tard sur Google de qui il s'agit .
Route transversale sans histoire. Kaunas. Niémen (comme Normandie-Niemen: j'ai atteint le Niémen!
Repas puéril (food confort) et cocktail au gin.
Rue natale de Levinas. Désincarnée (lessivée, blanchie, immeubles de bureau et colonnades). A l'angle, une terrasse de bar, un grand écran, match de baskett.
Musée du diable. Hélas fermé. Nous laisse du temps pour trouver un diable à y ramener (la tradition veut qu'on y ramène un diable).
Chaleur. Fontaines, bassins, brumisateur. H. fait l'andouille.
Vilnius. The Joseph. Chambre pas prête => un tour dans la ville.
Retour.
Très jolie déco (je l'ai choisi pour cela), tout neuf, un peu étrange, dernier étage sans ascenceur, le proprio veut savoir ce que nous prenons au petit déjeuner et à quelle heure car nous l'apportera dans la chambre (? what??)
Il est tard désormais. Nous échouons dans un restaurant "typique" où nous mangeons lourdement. Au lit, demain nous avons rendez-vous à onze heures.

De Jevalga à Klaipeda par Nida

Huit Polonais au petit déjeuner (six enfants dont cinq en survêtement aux couleurs de la Pologne)
Départ. Il pleut mais nous sommes à peu près seuls: bouchons évités et route carossable. Campagne. Des cigognes ou des grues.
Suite du podcast sur les réfugiés. Maintenant Didier Fassin. Lassant.
Arrêt à Liepāja. Marché. Salon de thé.
Podcast Agatha Christie.
Klaipeda en Lituanie. Ancien Memel. Déjeuner. Puis bac, puis péage sur la presqu'île. Nida, à quelques kilomètres de la Russie. Des touristes russes (mais pourquoi? pas d'euros, dans l'incapacité de faire quoi que ce soit).
Maison de Thomas Mann. Heinrich Mann et l'ange bleu.
Café, dune, retour à Klaipeda. Agatha Christie préparatrice en pharmacie.
Hôtel Eurtorpe, très calme; dîner dans un pub. Veau Orloff. Un très bon thé. Rue Kurpiu. 1, Klaipėda

Lituanie, Lettonie

Petit déjeuner somptueux — le plus beau que j'ai jamais vu, reprenant les goûts anglais, américains, suisses, français, grecs, sans compter ceux que je n'ai pas reconnus.

Départ.
Nous n'avons pas l'habitude du monde. Nous voyageons peu, le plus souvent à des dates décalées sur des routes départementales. Les autoroutes de France sont-elles aussi chargées? C'est le week-end, y a-t-il des pendulations hebdomadaires en Pologne? Il y a beaucoup de monde et les Polonais ont une conduite à la française, agressive et dangereuse. Ils ont tous l'air terriblement pressés, conduisent beaucoup trop près, ne stabilisent pas la vitesse sur une des voies. Impossible de conduire au régulateur, la vitesse change tout le temps. On rencontre le même problème qu'en France: deux ou trois voies avec des vitesses beaucoup trop proches, difficile de dépasser. Se rabattre et laisser passer les plus rapides est une des clés d'une conduite aisée sur autoroute. Ici, même se caler à cent dix ou cent vingt est impossible.

A partir de Varsovie (j'ai traversé la Vistule! Ô nom magique des grands fleuves — j'ai dans la tête Cendrars et le Transsibérien) il devient évident que certains partent en week-end ou en vacances, sans doute vers Gdańsk (Dantzig, le couloir de Dantzig entre deux-guerres (et le risque que tout cela recommence avec Kaliningrad) ou Gdańsk et Solidarność la crainte et l'espoir à la maison, crainte maintenant je le comprends plus forte des adultes qui se souvenaient de Budapest et Prague — voyage dans la mémoire autant que dans le paysage) et la Baltique. Longtemps je suis une Jeep avec un magnifique canoë style pirogue indienne «comme dans les films» sur le toit.

Les voitures ont changé, davantage de SUV, davantage de Mercedes en Pologne qu'en Allemagne, ai-je l'impression, quelques voitures françaises. En quittant Lodz nous avons indiqué Tallinn sur Waze : mille cent cinquante kilomètres, douze heures de route. Nous avons l'impression que ça bugue, les kilomètres ne descendent pas, l'heure avance… Nous remplaçons cette destination ambitieuse par quelque chose de plus encourageant: Kaunas, qui nous permet d'être sûrs de prendre la bonne route. Bifurcation vers Łomża, «on va quitter l'autoroute, on va être plus tranquille, ça va davantage nous ressembler, on sera bien».
Et donc route plus étroite avec autant de monde, ralentissements. «Je crois que c'est dans ce coin que mes parents viennent voir les bisons» (vérification faite, c'est plus à l'est, à la frontière de la Biélorussie). Nous traversons quelques villages et Łomża. Sans connaître la langue, sans s'être renseigné sur rien, tout cela est incompréhensible: comment vivent les gens ici? Pourquoi s'être installés ici? Quel temps fait-il l'hiver? Où sont les écoles, les lycées? D'un autre côté, tout est très familier: les mêmes fleurs des champs, les mêmes arbres, le même style des immeubles de bureau.

Et soudain, après un rond-point compliqué, une autoroute vers le nord. Elle est toute neuve, n'existe pas vers le sud, n'est pas connue du GPS de la voiture. Nous sommes seuls. Nous roulons vers le nord. «Ça permettra à la Russie de nous envahir plus vite. Ou l'inverse».
A midi, arrêt vers ce qui est peut-être la dernière station-service avant la frontière. Pins de soutien à l'Ukraine (je regrette de ne pas en avoir acheté un) et magazine gratuit avec une jolie militaire en couverture. A l'intérieur, article, «la spectaculaire rénovation de l'armée polonaise» (oui, je lis le polonais quand les mots ont 80% de lettres en commun). H. me raconte que la Pologne a remis au goût du jour les défilés militaires et a récemment exposé les armes achetées à la Corée du sud.
Ce n'est pas pour rien que je voulais voir les pays baltes: combien de temps cela va-t-il tenir?

Passage de la frontière. Désolation. L'autoroute s'arrête, la route devient une départementale défoncée, quelques grands bâtiments blancs en train de lentement retourner à la poussière autour de parkings où s'éparpillent des semi-remorques. La queue des camions est cette fois-ci dans le sens Lituanie-Pologne, ouf. La route est très mauvaise, la file des voitures ininterrompue et les travaux commencent. Les Lituaniens sont en train de construire une autoroute. Le bizarre est qu'elle ne paraît pas avancer au fur à mesure, mais être en cours partout à la fois, terre damée, murs anti-bruit montés, engins de chantiers monstrueux et abandonnés (parce que c'est samedi?). Peut-être que toutes les autoroutes sont construites ainsi, et non comme l'avancée des rails sur la prairie dans les westerns? Après tout je n'en sais rien. Des kilomètres et des kilomètres de travaux. Une file, cinquante à l'heure, «mais regarde, la prochaine fois qu'on viendra, si on revient, cela n'aura plus rien à voir. C'est un moment à ne pas manquer».

Travaux, routes départementales, nous n'avançons pas, «je ne comprends pas, selon mes calculs, il manque cent kilomètres». Nous analysons le trajet et soudain j'ai une idée: n'aurions-nous pas changé de créneau horaire? Aux horloges nous sommes une heure plus tard, ce qui renforce notre impression de ne pas avancer. Nous sommes passés en Lettonie (espace Schengen, passage marqué par un panneau et le changement de l'enrobé routier), nous n'irons pas beaucoup plus loin ce soir. Direction Riga; avec difficulté je trouve une chambre, tout paraît plein.
Malgré tous ces désagréments, on est bien. L'air est doux, le paysage tranquille; il rappelle la Sologne, pins et bouleaux. Comme nous ne sommes plus ni sur autoroute, ni sur un chantier, nous voyons des maisons, croisons des villages. Le paysage redevient humain.

Arrivée à Riga dans le soleil déclinant, la Daugava magnifique. Rues larges, immeubles hauts, très décorés (Art nouveau, disent les guides). C'et charmant, même si nous sommes trop fatigués pour vraiment apprécier.
Chambre dans un hôtel tranquille, sans doute un immeuble rénové, au plafond haut. C'est joli, fonctionnel, pratique, avec un je-ne-sais-quoi de grandeur passée dans la décoration soignée. Comme je le pressentais, pas de clim, il faudra choisir cette nuit entre la chaleur et le bruit, laisser ou pas les fenêtres ouvertes (ce fut souvent le cas en 2017 dans notre tour d'Europe).
La cour intérieure laisse voir les façades d'autres immeubles, terriblement dégradées.

Nous sortons pour aller dîner dans un pub tchèque dans notre rue repéré par H. Des roses au sol attirent mon regard, je regarde: c'est un monument aux victimes du KGB.

monument aux vicitmes du KGB - Riga


«Dans cet immeuble, durant l'occupation soviétique, l'agence de sécurité d'Etat (KGB) emprisonna, tortura, tua et humilia moralement ces victimes.»
La progression dans les verbes laisse à penser.

Repas léger de poisson. H. propose de rester ici, je vais réfléchir. Retour. Je sombre dans le sommeil.

Des nouvelles de la Lituanie

Maman : Finalement on jette l’éponge, ce matin à 6h vérification de nos papiers par la police, des camions militaires pas la peine de chercher les ennuis. On arrive à Varsovie.On compte visiter. Bises
Moi : Vous n’allez pas essayer de remonter vers la Lituanie ?
Il faut un visa ?
Maman : Regarde la carte la Lituanie est pile à côté de la Biélorussie et le passage est tout petit entre la Biélorussie et la Russie. De plus la Russie est en train de faire des grandes manœuvres militaires à sa frontière….
Moi : J’ai regardé avant d’envoyer le sms. C’est petit, mais si c’est autorisé…
Maman : Papa ne comprenait pas tout mais on a vu des images surprenantes à la télé qui faisaient peur
La Russie, des grandes manœuvres militaires à la frontière de la Pologne, «des images qui faisaient peur.» C'est bizarre que rien ne filtre en France. Je l'écris ici à toutes fins utiles, comme témoignage.
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