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Décalogue

Retour à St-Eloi. C'est le prêtre en charge de la paroisse qui officie, peut-être rentre-t-il de vacances. Il est âgé, marche difficilement, son humour affleure dans sa voix.

Lecture du jour: Exode 20, 1-17.
Sermon (extraits): « Lorsque j'étais petit, on apprenait encore par cœur, et j'ai appris les dix commandements. […] Lorsque j'étais jeune prêtre, je reçois une dame en confession: "— Mon père, j'ai péché contre les commandements six et neuf. — Te absolvo…" (il mime les geste de l'absolution); puis lorsqu'elle a été partie, je me suis précipité sur la liste: c'était les commandements cochons. […] D'ailleurs ce ne sont pas des commandements, ce sont des paroles, deca logo. Paul n'était pas encore passé par là, on ne savait pas encore qu'il faut respecter l'esprit et non la loi […]. Entre nous soit dit, il est beaucoup plus facile de respecter une loi que l'esprit […]»

J'ai l'impression d'avoir enfin trouvé un prêtre à la hauteur de celui de mon enfance, qui faisait des prêches extraordinaires, réussissant toujours à lire l'actualité à la lumière des textes du jour.
Impression à confirmer.


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En sortant, je flâne devant la table des livres à emporter. Je prends:
- Jean-Marie Tillard, Eglise des Eglises, sur l'œucuménisme;
- H. Godin et Y. Daniel, La France, pays de mission?, livre mythique sur l'accueil des ouvriers;
- William J Whalen, Separated Brethen, dont le sommaire liste les religions aux US (édition 1979)

Les fils de David

Extrait :
Classiquement, le pouvoir est l'enjeu de luttes fratricides. Les épouses, concubines, jeunes filles, sont des pions; les mères peuvent jouer un rôle actif. Les nombreux fils de David s'entretuent à deux reprises: Absalom apprend le viol de sa sœur Tamar par son demi-frère Amnon, l'aîné des fils de David. Il en paraît peu affecté mais le prend pour prétexte pour tuer Amnon deux ans plus tard.
Cinq ans plus tard Absalom se proclame roi contre son père David et en déshonore les concubines dans une politique de terre brûlée.
Salomon devenu roi fait tuer son demi-frère aîné Adonias à qui le trône aurait dû revenir si David n'avait pas promis à Bethsabée de couronner son plus jeune fils. Adonias demande pour seule compensation la jeune fille qui a veillé sur les derniers jours de leur père David. Salomon se met en colère et le fait mettre à mort, par crainte qu'accéder à cette requête ne légitime Adonias s'il venait à réclamer le pouvoir.

La messe du pape

KTO diffuse en direct la messe que le pape célèbre à sept heures.
Les lectures et l'homélie sont traduites en direct, par dessus l'italien du pape. Le reste de la célébration n'est pas traduite, comme du temps où les gens assistaient à la messe en latin.
C'est calme, serein, tranquille. En suivant les rayons du soleil on imagine Rome au dehors.

Quelques repères si par hasard certains d'entre vous tentaient l'expérience, par curiosité (les dix minutes du début, lectures + homélie, peuvent intéresser n'importe qui).

La Bible se compose de l'Ancien Testament (avant JC) et du Nouveau Testament (à partir de l'Annonciation (conception de Jésus) ou de la conception de Jean-Baptiste).
Le Nouveau Testament se compose de quatre Evangiles qui racontent la vie et la mort de Jésus (quatre fois chacun à leur manière), des actes des apôtres (décisions et organisation après la mort du Christ, voyages de Paul), d'épîtres (des lettres aux communautés de nouveaux convertis) et de l'Apocalypse (un rêve).

Le principe d'une messe est de nourir le corps et l'esprit: des lectures commentées et un repas, la communion.
Le dimanche il y a deux lectures, une prise dans l'Ancien Testament et une dans le Nouveau hors des Evangiles, soit les Actes des Apôtres, les épîtres ou l'Apocalypse.
En semaine, il n'y a qu'une seule lecture. C'est plus court.
Ces lectures sont lues par une personne de l'assemblée.

Ensuite le prêtre lit un passage des Evangiles.
Puis vient l'homélie : un commentaire que le prêtre conduit comme il le souhaite. Il peut commenter les trois textes, les relations entre les trois, un seul, ou prendre des chemins de traverse.

Ce matin, c'était la lapidation d'Etienne, premier martyr. Le pape François a construit son homélie autour de la médisance et des fausses accusations.

Des liens

Jobs utiles et jobs à la con : le pays tourne grâce aux smicards, mais d'une certaine façon nous le savons depuis toujours; cela a été théorisé en 2013.

Un ami m'envoie une explication de la pénurie de masques. Ça ne me fait pas franchement rire parce que j'ai connu ça.

Pour ceux qui veulent un exemple réel, voici ce que j'ai obtenu en janvier quand j'ai voulu faire une réclamation sur le site de la SNCF: "moins d'un an" n'avait pas été programmé comme "moins de treize mois" mais comme "l'année doit être identique à celle du jour de la réclamation".
Et sinon un projet en tchèque, la Bible adaptée au XXIe siècle (je vous mets le lien pour que vous puissiez vous vanter plus tard d'être dans ses premiers fans français). Rémi a traduit deux péricopes, les noces de Canaa et la résurrection de Lazare.

J’adore lire la #Parabible d'Alexandr Sasha Flek qui est une réécriture du Nouveau Testament avec notre langue de tous les jours.
En ce week-end pascal, je me suis inspiré du chapitre LÁĎO POJĎ SEM! lui-même tiré de Jean 11.
Marthe, la sœur de Marie, envoie un texto à Jésus: « ton copain Lazare est au plus mal. Viens! »
Il lui répond: « avec le confinement, c’est balèse. Thoughts & Prayers! »
Mais deux jours plus tard, il dit à sa team: « allez! on lève le camp. Faut y aller!
— T’es pas sérieux?!?!… en pleine quarantaine? On va se faire lyncher! »
Jésus leur répond: « si tu voyages de nuit, en douce, tu éveilles les soupçons de la police et tu te fais arrêter. De jour, la conscience claire et la tête haute, tu passes tous les barrages.
— et les risques d’attraper le virus? tu y’a pensé?
— Lazare s’est endormi. Allons le réveiller! »
Arrivés sur place, Marthe le tance vertement: « il est mort du Coronavirus! Tu lui as manqué dans ses derniers instants. Dans son dernier souffle, il demandait où t’étais!
- Ne t’inquiète pas, il va se relever… »
Elle l’accompagne à la morgue, pour que Jésus puisse se recueillir devant la dépouille de son ami. Mais là, à la surprise de tous ceux présents, il toque sur le cercueil et crie: « Lazare, sort de là! »
Lazare repousse alors le couvercle du cercueil. Il est tout ankylosé mais à part ça, vif comme en l’an 40.
Le problème, c’est que le fait s’ébruite.
Un membre de la team qui a filmé la scène, le poste sur Facebook.
Les médias s’en saisissent.
Gros titres: « on peut ressusciter du Coronavirus! »
Ça colle pas du tout avec la politique du premier ministre, Ponce Pilate, qui veux tirer à lui la couverture médiatique de la gestion de la pandémie.
Pâques approche, un plan est établi pour se débarrasser de ce fauteur de trouble dans une émission de télé-réalité bien sanglante.


LES NOCES À SCY-CHAZELLES
Comme Marie faisait la plonge gratis, on avait invité Jésus mais sans penser qui viendrait avec tous ses potes…
Et qu’ils picoleraient autant!…
Marie, en cuisine, s’inquiète de voir les cubis disparaître si schnell. Elle fait venir son fils & lui explique: “mir habn a problem” (*en bons Juifs du coin, ils parlent yiddish).
- Kein problem, Muti.
Il ordonne qu’on verse les cubis restants dans une grande cuve. Versez-y la salade de fruit (on a le gâteau de mariage, ça suffit comme dessert), diluez à ras-bord avec de l’eau. Vous le servirez en appelant ça "sang du Christ" ou plutôt "sangria", c’est plus « vendeur », et vous ferez cela en mémoire de moi à chaque fête.
Discrétôs, il y verse le reste de MDMA qu’il avait pas réussi à vendre à la rave de la veille.
Ça a été un mariage du feu de Dieu!
Le père de la mariée a félicité son gendre de faire servir des cocktails 🍹 aussi réussis.
C’est de là que date la réputation de Jésus comme Sauveur de situation.

Romains 7

En allemand, coup de théâtre: Romains 7 (comprendre L'épître aux Romains), «je fais le mal que je ne veux pas et je ne fais pas le bien que je veux» serait une prosopopée dans le style des dialogues platoniciens. Cela expliquerait pourquoi la thèse soutenue est différente de ce que dit habituellement Paul (puisque Romains 7 est une défense de la Loi tandis que Paul est généralement pour un dépassement de la Loi.)

Quelques recherches plus tard, je trouve ces pages d'Alain Gignac.


Puis un coup de Vélib (ouaaaiiiihhh, y en a!!!) jusque chez Olivier, un whisky, une petite fille impertinente et un petit garçon têtu, une côte de bœuf maturée cent jours (je ne savais même pas que ça existait) à deux (1,8 kg) au Trassoudaine (chaudement recommandé).


Je rate le dernier RER et rentre en car.

Journée catholique

TG le matin, qui complète (pour ne pas dire remplace) le cours du mardi (le cours du mardi sur les synoptiques est très lent et peu fouillé, même s'il est amusant).

L'après-midi, réunion des participants au séjour d'Inoï (sessions de juillet et d'août, anciens des années précédentes et potentiels participants futurs). C'est une idée un peu bizarre pour une semaine qui ne se veut ni une retraite ni un colloque, mais cela fait plaisir de revoir certaines têtes (j'ai oublié tous les noms sauf quatre. Heureusement que nous sommes étiquetés). Je regrette l'absence de Leonardo et Marc. J'en profite pour prendre précisément le nom et l'adresse des quelques personnes que je reverrais volontiers hors cadre. En effet, j'ai constaté que j'avais du mal à envoyer un mail sans raison particulière, sans but précis. C'est plus facile sur papier. Or nous avions les mails de tous (sans les noms en face, ce qui rend parfois l'identification douteuse), mais pas les adresses.

J'entreprends La Genèse. Cela me fait sourire d'ouvrir une Bible à la première page. Cela ressemble au début d'un long voyage dont on entrevoit la fin quand on contemple la tranche du livre fermé. La dernière fois que j'ai fait cela, c'était en première. J'en lisais quelques paragraphes chaque soir, ça m'a pris deux ans. Je comprends mieux aujourd'hui l'impression brouillonne que j'avais éprouvée (et ma question informulée: mais que trouve-t-on de si extraordinaire à un texte aussi mal ficelé, aussi incompréhensible, aussi violent?); je ne savais pas à l'époque que ce n'était pas un texte réellement linéaire, mais plutôt tournant en lui-même. Je me souviens de la traversée des Nombres et du Lévitique comme d'une lecture aussi aride et pénible que si j'avais été moi-même en train de tourner dans le désert avec les tribus. Je me demande parfois si c'est un effet volontaire.
Aujourd'hui j'espère la lire en feuilleté: un livre de la Bible, un livre quelconque. A priori, cela devrait demander trois ou quatre ans cette fois-ci.

Mal entendu

— Ah non, après je lis La Genèse.
— C'est de qui ?

Et mon cerveau, petit soldat, de se mettre à chercher, tandis qu'une autre partie crie «nooonn, ne cherche pas». Processus contradictoire qui me coupe le souffle.



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Agenda

Un manteau pour O.

Bibliothèque Melville (pas très pratique, cela me déroute) pour rendre un film. J'en profite pour repartir avec Löwith (ce qui retarde la lecture de La Genèse, puisque je me mets à le lire aussitôt. En effet, grande nouvelle, j'ai fini Beauchamp, L'Un et l'autre testament T1, sur lequel je peinais depuis deux mois. Si j'ai bien compris, Beauchamp cherche dans l'AT l'annonce de la nouvelle alliance après l'ancienne, celle de l'Exode (ce qui est différent de ce qui est souvent pratiqué, éclairer le NT par des références à l'AT, ce qui est beaucoup plus simple puisque les auteurs du NT connaissaient parfaitement l'AT.)

Le film Jérusalem avec Nicole à La Géode. Un peu déçue, je pensais voir davantage de paysages (puisqu'on parlait de vision aérienne). En fait c'est surtout un film sur les trois religions qui se partagent moins d'un kilomètre carré, présentée chacune à travers une jeune fille. C'est sans doute un appel à la paix, mais qui insiste sur le mur de silence entre les communautés. Vivre ensemble sans se connaître, sans se parler, en s'ignorant. Cela n'est pas un message d'espoir.

Le fils prodigue

Deux figures me retiennent dans la Bible : celle du frère du fils prodigue qui ne se réjouit pas, celle de Jonas qui ne veut pas aller à Ninive car il désapprouve la mansuétude divine et ne veut pas se fatiguer à prêcher alors que Dieu est prompt au pardon.

Autre figure: le père du fils prodigue.
Il n'y a pas à tortiller, je suis plus rancunière.
Ou : j'ai la mémoire plus longue, la méfiance à fleur de peau, d'autant plus à fleur de peau que je combats ma naturelle tendance à faire confiance.
Ou : le fils prodigue ne paraît pas avoir fait montre de beaucoup de repentir.


C. est accepté à 42. Cela ne parvient pas à me réjouir. Je l'ai vu abandonner trop de cursus aux environs de février-mars. Je commencerai à y croire un peu en juillet prochain.

Corinthe

Ciel très couvert ce matin. Après quatre jours de chaleur et de ciel bleu, je comprends le désarroi de mes coreligionnaires il y a une semaine: je veux du soleil!

Ce matin, notre groupe est de service: mettre les couverts à disposition, sortir le beurre et la confiture, etc.
Il y a un problème de plomberie (tuyau bouché à cause de trop de débris), il n'est pas possible de faire la vaisselle dans la cuisine.
Décision de crise une fois de plus (c'est merveilleux, cette façon sans heurt de gérer l'imprévu en continu pour un groupe de cinquante et un emploi du temps à respecter): assiettes en carton, gobelets, deux grands bacs remplis au tuyau d'arrosage sur une table, et allons-y pour une vaisselle de campagne. Grâce au soleil d'hier, l'eau est quasi tiède.

Nous partons à Corinthe sur les traces de Paul. Dans le bus nous avons une présentation de Paul et de Corinthe, la "New York" de l'époque, le carrefour de toute la Méditerranée, de l'Orient et l'Occident. C'est très intéressant mais j'aurais aimé un peu de silence, je commence à souffrir du manque de temps personnel: impossible de lire ou d'écrire tranquille plus d'un quart d'heure, dans la journée je passe mon temps à prendre des notes, le soir je m'endors sur mon livre ou sur le clavier.
Je copie-colle une partie de mes notes

Marc nous présente Paul à partir de la présentation que Paul fait de lui-même en Philippiens 3.
Paul vient de Tarse, capitale de la Cilicie. C'est un pharisien (fils de pharisiens, ajoute Luc dans les Actes): groupe extrêmement attaché à la loi avec lequel Jésus discutera souvent. Mouvement laïc (hors des prêtres) attendant un renouveau spirituel; de la tribu de Benjamin (ce qui explique le prénom rare de Saül : Paul a une gde conscience de sa généalogie. Très peu de juifs s'appellent Saül à l'époque de Jésus, car ce premier roi a mal fini.)

Un théologien américain a dit que la gde question, l'unique question que pose Paul à ses contemporains c'est : «What time is it?», changement de période, changement des temps.

Paul appartient au 1% des hommes les plus instruits de l'Empire. Connaissance littéraire et philosophique, réseau de famille dans tt bassin méditerranéen. Luc nous dit qu'il est citoyen romain. Statut extrêmement rare dans l'empire.
Comment cela est-il possible? Hypothèse: à Corinthe, Paul réside chez Aquilla et Priscille, marchands de tentes et déjà chrétiens (ce n'est pas Paul qui les convertit). Paul avait le même métier qu'eux, or un métier s'apprend en famille. Donc hypothèse : la famille de Paul (marchands juifs de Tarse) a peut-être rendu service aux armées grecques (en les fournissant en tentes et en acceptant des délais de paiement) et l'Empire en retour leur aurait accordé la nationalité romaine.

Les lettres de Paul sont les documents les plus anciens du Nouveau Testament que nous possédions. Sa première lettre date de 49-51 (1Thessalonissiens). Paul ne se déplace que dans les grandes villes de l'Empire (Ephèse, etc).
Pourquoi le voyage à Corinthe est-il capital? Parce qu'il permet la datation des voyages de Paul. Paul y est jugé par Gallion qui était là mi-51, mi-52 => cela permet de dater toute la chronologie de Paul.
Gallion était beau-frère de Sénèque (il existe une fausse correspondance Sénèque/Paul très réaliste. Malgré tout il est possible que Paul ait été en contact avec Sénèque à Rome).


Corinthe.
Ville très florissante dans l'Antiquité à cause de ses ports.
Conquise. Révolte en -150 contre les Romains qui l'ont complètement ravagée. Elle est restée vide pendant cent ans. Puis les Romains l'ont reconstruite et transformé en colonie latine pour les soldats quittant le service (dons de terre, cf Le Domaine des dieux. Ville romaine, les inscriptions retrouvées sont en latin, pas en grec.
Un port, Cenchrées, mettait en relation la Syrie, l'Egypte et toute l'Asie; un autre, Léchée, vers l'Occident.
5e port le plus important de l'empire. Donc races et origines très mélangées d'où la difficulté pour Paul de conserver la cohésion des Corinthiens.
Jeux isthmiques. Ciment pour l'identité.
Montagne en cuvette qui recueille l'eau: permet d'accueillir des garnisons importantes.

Importance pour Paul d'aller à Corinthe: pour Paul, les ports étaient importants car en évangélisant les juifs des ports, il faisait de ceux-ci des évangélistes quand ils se déplaçaient. Ce n'était pas un hasard, c'était une méthode.

Incise de Catherine. Nous sommes passés devant Eleusis. Les mystères d'Eleusis sont très mal connus. Culte à Demeter et Coré, dans lesquels les femmes avaient sans doute bcp d'importance. Cela peut peut-être expliquer pourquoi Paul dit aux femmes de se taire dans les assemblées: il fallait se distinguer des mystères d'Eleusis qui pouvaient en apparence ressembler au christianisme (grande intériorisation, peut-être ou sans doute).

Pour donner une idée de l'atmosphère du port : «il n'est pas permis à tt le monde d'aborder à Corinthe» (proverbe latin = vie de patachon.), ou "corithinsein", se prostituer.

Leonardo Vezzani nous explique le contexte des lettres aux Corinthiens. Nous possédons deux lettres. Les exégètes les plus prudents parlent de quatre, mais il y en a eu peut-être davantage.

Première lettre aux Corinthiens: nous savons qu'il y en a eu au moins une avant. Les pb de mœurs sont tjrs présents dans les lettres aux Corinthiens. La première lettre disparue était écrite contre les impudicités et a soulevé plus de pb qu'elle n'en a résolus.
=> donc qq'un a demandé à Paul de réintervenir.
1Cor: les mœurs, les rapports entre la virginité et le mariage, la communauté, la question de la viande aux idoles. Reflets d'une vie très compliquée à Corinthe.

A la suite de quoi Paul est contredit en assemblée. Il écrit alors une troisième lettre dite "la lettre des larmes" pour expliquer qu'il est blessé.
La troisième lettre serait la deuxième partie de la deuxième que nous avons. 2Cor 11-13 serait cette lettre des larmes.

On lui donne raison et le fauteur de trouble est expulsé de l'assemblée.
Paul écrit alors une quatrième lettre (le début de la 2Cor) il remercie et demande de l'argent pour les pauvres de Jérusalem. Paul cherche à montrer que les communautés païennes convertis au christianisme sont liées aux communautés.

Il fallait également combattre les "super-apôtres" qui demandaient une conversation au judaïsme avant de se convertir au christianisme.

Comme première approche de Paul, Leonardo recommandera plus tard, en petit comité, le livre un peu romancé (mais citant ses sources) de Dobraczynski L'épée de Dieu. (Ce nom me rappelait quelque chose: c'était celui de l'auteur du roman sur Jérémie).

A Corinthe, nous montons à la stèle qui présente l'hymne à l'amour de Paul en quatre langues (grec ancien, anglais, russe ou vieux slavon (je ne sais pas), français). Personnellement c'est un texte que je supporte mal car il n'apporte aucune solution: «Si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien». OK, je veux bien, mais alors, si on n'a pas l'amour, qu'est-ce qu'on fait?

J'en profite pour acheter des cartes postales (enfin: ça ne laisse plus beaucoup de temps pour les écrire) et une paire de chaussons pointure 46 (avec des pompons).

Puis site du vieux Corinthe. Endroit précis où s'est tenu Paul face à Gallion. C'est tout de même un sentiment étrange, le Nouveau Testament qui prend corps géographiquement.

Quelques explications en marchant, je rapporte un passage:
Les juifs disposaient d'un statut particulier qui les dispensaient du culte à l'empereur => cela couvrit les chrétiens tant que les chrétiens ne furent qu'une sorte particulière de juifs. Cela devint difficile à partir de 73 et de la révolte des juifs.

Ici, Maurice fait une parenthèse inattendue et émouvante (pas qu'au sens affectif, mais: mouvant, remuant, la raison): il prend la parole et évoquant le statut juridique des autochtones dans l'Empire romain, il fait un parallèle avec l'absence de statut (ou de statut clair ou de statut efficace) des populations réfugiées en Europe. Il évoque le sort des déplacés, ces derniers ayant un statut très fragile (ou pas de statut, je ne sais plus) auprès de l'ONU. Un déplacé est chassé de son village et de sa terre, mais dans son propre pays. Ce n'est pas un réfugié. Il cherche généralement à se rapprocher des camps de réfugiés, pour survivre.
Maurice a travaillé au Rwanda dans le cadre des JRS (service jésuite aux réfugiés) et milite pour qu'un déplacé trois ans durant change de statut et prenne celui d'otage, ce qui est souvent la réalité des guerres locales.

Nous reprenons le bus pour aller pique-niquer dans le jardin d'un hôtel qui nous accueille gratuitement et met sa pelouse et sa piscine à notre disposition. Nous débarquons dans un coin de paradis. Pique-nique, baignade, intervention sur Actes 17 (le discours de Paul à Athènes: décomposition des outils rhétoriques. Ce discours servi de modèle à tous les échanges à venir entre théologiens et païens dans les siècles à venir) puis sur les Upanishad (cent huit viennent d'être traduites en français, le livre est énorme).

Pour la première fois je ne prends pas de notes, je crois que je commence à saturer.

Messe sur la pelouse, les prêtres dos à la mer. C'est magnifique. Nous intriguons un peu quelques touristes qui s'approchent puis repartent. Je suis un peu gênée d'être ainsi dans l'exhibition, je songe aux prières des musulmans qui font couler tant d'encre (mais enfin, nous sommes dans un coin reculé proche de la petite chapelle dans l'enceinte de l'hôtel, les orthodoxes ont souvent cela sur leur terrain. Il paraît que cela aurait une raison fiscale.)

Plus tôt, un Grec aux allures de Picasso grandi de vingt centimètres a longuement conversé avec Maurice au milieu de la pelouse. Je pensais qu'il s'agissait du propriétaire qui nous accueille (je dois avouer que je n'en reviens pas. Je n'imagine pas un hôtelier en France accueillir qui que ce soit gratuitement pendant la haute saison sur un site aussi beau). Mais pas du tout, c'est un médecin (client?) ayant repéré que nous étions français et venu dire à Maurice que «les Grecs étaient gentils». «Mais je le sais!» a répondu Maurice.
Cet épisode me fait de la peine, les Grecs se sentent-ils tellement rejetés?

Homélie de Marc, jour de Sainte Marie-Madeleine. De mémoire, quelques phrases marquantes:
La foi est toujours une question de corps, ma grand-père, ma mère, mon curé, mon chef scout…
Le point commun de Marie-Madeleine et de Paul: ils pourraient être ce treizième apôtre dont on parle toujours sans savoir qui il est. C'est un peu comme les tribus d'Israël, le compte n'est jamais juste: onze, douze, treize, quatorze…
La remarque de Celse contre les Chrétiens: «"cette religion fondée sur les racontars d'une femme hystérique" : oui, et nous en sommes fiers». (Je note cette phrase à cause de sa folie objective. Cette folie, je l'aime.)

Nous rentrons. Je suis fatiguée, j'aurais besoin d'être un peu tranquille, de pouvoir lire, écrire, perdre du temps.

Le soir, concert de Jean-Pierre Arbon. Il nous présente sa première chanson en nous expliquant qu'elle a obtenu le prix des Jeux floraux, mais que lorsqu'il a été invité à aller le recevoir, l'organisateur lui a demandé d'en chanter une autre, parce que, a-t-il fini par avouer après moult circonvolutions, il y avait "péter" dans la chanson primée. (Le titre : "être et avoir été". Evidemment, une fois sur Google, j'ai fouillé. Le blog de l'homme vaut le détour.)

PS : le futur futur futur roi d'Angleterre est né (il devrait régner vers 2060, je ne le verrai sans doute pas. Le temps presse.)

Plaisanterie entre apprentis exégètes

O. Artus pendant le cours: «Wénin a fait le choix d'une lecture totalement synchronique et souvent psychanalytique, mais il ne faut jamais oublier qu'il connaît la Bible en hébreu par cœur.»

A la sortie, nous nous interrogeons:
— Ce n'est pas de la fausse modestie de la part d'Artus?
— Non, lui est spécialiste du Pentateuque, pas de la Bible en son entier.
— Ah oui, ce doit être ça : lui ne connaît que le Pentateuque par cœur, en hébreu, en hittite et en akkadien.

Oral

Déstabilisée ce soir après un oral d'AT avec O. Artus.

Je ne sais absolument pas ce que j'ai fait, ou plutôt je le sais: à la question «Quelle est votre critique de ce livre?» (Dieu obscur de T. Römer), je me suis jetée à l'eau et j'ai parlé de ce qui me préoccupe depuis quelques temps, pour des raisons de logique: j'ai répondu qu'il me manquait le lien entre ce genre d'exégèse et Dei Verbum. (En d'autres termes, comment peut-on réduire un texte biblique aux influences assyriennes voisines et à un discours de propagande royale, tout en bouleversant la datation de la diégèse en fonction des découvertes archéologiques, et parler encore d'inspiration divine?)

Réponse: «l'Eglise a mis cinquante ans après Dei Verbum à mettre au point la méthode qu'elle a donnée avec Verbum Domini, nous réfléchissons maintenant à l'inspiration, j'étais hier au Vatican en commission sur le sujet.»

Gloups. Ça fait bizarre de s'entendre répondre cela.
Sa dernière question a été: «A l'origine, vous êtes littéraire ou scientifique?»
C'est la troisième personne à me poser cette question depuis que j'ai entrepris ce cursus. Qu'est-ce que cela peut bien changer pour eux? Et si cela n'est pas perceptible, la réponse a-t-elle un sens?

De la suite dans les idées

Parce que j'ai trouvé son nom en note de bas de page, je vais chercher au grenier un livre acheté il y a longtemps et que je n'ai jamais osé lire parce que je n'étais pas sûre que c'était un "bon" livre (je veux dire un livre dont l'auteur est reconnu comme sérieux par mes professeurs).
Mais maintenant qu'il est légitimé par une note de bas de page, je vais chercher Nouvelle Introduction à la Bible de Wilfrid Harrington. (En relisant la quatrième de couverture, je me dis que je n'avais tout de même pas choisi n'importe qui: un dominicain de l'école biblique de Jérusalem. Je n'avais pas pris de risque.)

En l'ouvrant, je m'aperçois que je l'ai acheté en décembre 1989 à Strasbourg. Je découvre l'un de ces petits cartons grands comme des cartes de visite que j'utilisais au lycée pour résumer mes cours. Sur ce petit carton, j'avais commencé à mettre ce livre en notes.
Ce sont exactement les notes des cours d'AT de cette année, la chronologie des royaumes du Nord et de Juda.

Et je me souviens que je me désespérais de ne pas arriver à retenir cette chronologie.
J'ai au moins la satisfaction qu'elle me paraisse désormais à peu près naturelle. Au bout de trois ou quatre livres (trois ou quatre couches de peinture croisées, comme je le pense en moi-même), il finit par rester un dépôt.

Vendredi Saint

Pas de messe le Vendredi Saint (je ne le savais pas).

Ce qu'aura vraiment changé mon cours d'allemand du vendredi matin, ce sont les deux heures de bibliothèque avant. Deux heures, ce n'est rien, mais ça change tout, deux heures tranquilles entre les livres à réfléchir, à songer, à me perdre. Il fait très beau aujourd'hui.

Je circule entre les rayons, enregistre du regard des usuels (s'ils sont "usuels", c'est que nous devrions tous les avoir tous lus, non?), constate une fois de plus que les livres de la bibliographie ne sont pas empruntés (tant mieux pour moi (c'est tout de même très mystérieux, suis-je la seule à utiliser la bibliothèque?)), cette fois-ci une grande partie de la bibliographie n'est pas accessible aux étudiants de mon niveau (les livres sont dans une autre bibliothèque qui ne nous est pas ouverte à moins d'une dérogation par notre professeur — je ne vais pas me faire remarquer à ce point-là), je photocopie quelques pages de la Septante (notes sur la traduction de l'hébreu au grec), chapitre 8 de L'Ecclésiaste.

Travail avec la concordance. "Devenir" n'apparaît jamais dans Qohélet.
Je pense à C. qui m'a dit hier soir, à sa classique façon étourdie (ce garçon ne pense-t-il jamais à ce qu'il dit? C'est étonnant, de ne pas apprendre la prudence à ce point-là): «jouer à un jeu flash c'est inutile, mais pas plus que de faire de la théologie»; j'y pense en me disant que j'ai échangé le mépris de mes parents contre l'indifférence de mes enfants et que cela m'est désormais, à moi aussi, très largement indifférent.

Tout aussi inutile? Oui, certes, mais je doute que le néant dans lequel on fond et se fond en jouant à un jeu flash apporte autant de bonheur apaisé que la sensation de rejoindre une pensée millénaire, à la fois à sa source et dans l'étendue de temps qui a séparé cette source du moment présent, cette conversation ininterrompue de penseurs commentant l'indicible: «Qui est comme le sage? Qui sait expliquer quelque chose?»

Allemand (cours). Libanais (restaurant). Bureau. Je continue à résorber du retard en attendant mardi de me mettre sérieusement à calculer le montant de l'IS et rédiger la liasse fiscale (je dois contacter l'huissier pour organiser les votes à l'AG. Je ne sais pas ce que je dois lui demander. Réserver les salles, commander le café (ce que j'aime le moins dans mon boulot: commander le café. Tout ce qui est intendance me submerge)).

Je sors tôt et vais voir Queen of Montreuil. (Je devrais peut-être reprendre une carte UGC, finalement.) La fin est un peu bâclée (trop rapide), mais il y a de beaux moments. Jeu sur les langues. Désarroi du veuvage. (Ça m'agace, cette obligation que nous aurions de nous consoler vite. Quand sera-t-il officiellement reconnu que la dernière chose que souhaite une personne en deuil, c'est se consoler vite? Nous avons le droit d'avoir du chagrin longtemps, zut à la fin!)

Qohélet 7, 23

Travail en bibliothèque avant le cours sur l'islam (cours qui nous exhortera à sortir de notre vision arabo-centré de l'islam: les Arabes ne représentent aujourd'hui qu'un quart environ des musulmans).

Travail sur Qohélet 8 dans la concordance de la Bible de Jérusalem (BJ) (concordance: relevé dans la BJ des occurrences de chaque adjectif, substantif, verbe, classés par ordre alphabétique. Citation des versets).

C'est ainsi que je trouve ce verset qui me plaît beaucoup: «j'ai dit: "je serai sage", mais c'est hors de ma portée!»

Le plus ancien n'est pas celui qu'on pense.

Cours sur l'Ancien Testatment (AT). Je me méfie de cette exploration rationnelle de l'histoire et de la géographie, mais il faut bien reconnaître que cela donne une autre force aux textes, un maillage humain très solide. Chaque ligne entre en résonnance avec toutes les autres de façon très intime.

« On peut tout trouver dans la Bible. Si vous cherchez suffisamment, vous trouverez de quoi justifier n'importe quelle position. Attention à une lecture fondamentaliste. »

Les juifs ont rejeté les textes écrits directement en grec pour ne conserver que les textes hébraïques; épris de retour aux sources, les Réformés en ont fait autant. L'ironie, c'est que les manuscrits les plus anciens que nous possédons sont écrits en grec, tandis que les textes hébreux sont du Xe siècle, et vocalisés (manuscrits "massorétiques")1.

Tristesse d'apprendre que le Codex d'Alep (910-930), qui contenait tout le texte de l'AT, a brûlé en partie en 1947 lors d'émeutes anti-juives.



Note
1 : Avec les Manuscrits de la Mer morte, cela n'est plus vrai : ils sont plus vieux que les textes grecs. Je me place ici à l'époque de Luther.

Révérence

Steve Jobs s'en va. Ce n'est pas la première fois. Mais j'ai l'impression que ce sera la dernière.





Il y a 555 ans : première Bible imprimée.
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