Billets qui ont 'Oulipo' comme mot-clé.

Dernier mardi de l'oulipo

Comme je suis la reine de la nostalgie, une fois tous les spectateurs sortis, je me retourne pour une photo.
Je pensais photographier la scène vide, mais un régisseur était déjà en train de ranger les tables.

grand auditorium de la bibliothèque François Mitterrand


Est-ce la dernière fois qu'on se voit? Les optimistes pensent qu'il y aura reprise des soirées ailleurs, sous un autre nom.
Au cours de la soirée, j'apprends que GEF et Nicolas se sont connus par internet. Ça me plaît. Ça me console de mon entourage pro qui vit en 1912 et s'oppose à la dématérialisation au nom "du maintien de la relation humaine".

Quand je vois la résistance au changement de mon entourage professionnel, je suis étonnée que certains endroits de France ne s'éclairent pas à la bougie en se déplaçant en voiture à cheval (je me dis en écrivant cela que c'est ce que font les Amish. Comment se fait-il que nous n'ayons pas d'Amish en France?)

Oulipo

Dernier oulipo de l'année — mais il y aura une séance supplémentaire le 20 juin à la TGB, avec projection d'un film.
Dernier oulipo, mais je me demande si pas seul oulipo de 2023: entre les grèves, les concerts et les problèmes de train, je ne sais plus si j'ai assisté à une séance depuis janvier.

Le plus difficile aujourd'hui est finalement de trouver un restaurant qui conviennent à tous, sans être trop loin du métro. La fermeture de la 14 vers 22 heures décourage tous ceux qui habitent loin.

Certains font la différence entre «jour» et «journée»: vingt-quatre heures contre le contraire de la nuit, mais l'attribution à l'un ou l'autre mot n'est pas stable et dépend des utilisateurs. Nuance également avec après-midi: masculin ou féminin selon qu'il s'agit d'une durée (toute l'après-midi) ou une indication ponctuel («je passerai cet après-midi») (j'avoue que j'utilise un autre critère: féminin avec mes amis littéraires comme un secret partagé, masculin avec les autres).
A propos de je ne sais plus quel choix de mot, Nicolas propose une explication à laquelle je souscris totalement: l'un ou l'autre mot selon le nombre de syllabes nécessaires à balancer la phrase.
Enfin, question piège: d'El Desdichado ou de El Desdichado? Solution: construire sa phrase de façon à ne pas se trouver dans la situation de devoir choisir.

Deux surprises : GEF a lu un billet où je parlais de son père (je suis embarrassée: est-ce indiscret? Je suis surprise: il lit mon blog? (il a dû suivre un lien de référencement un jour où j'avais fait référence à ses travaux.)) Il me signale une erreur: son père n'était pas médecin mais pasteur.
Et choc, alors que je parlais de je ne sais quoi: «ça fait du bien de t'entendre tenir un discours de gauche comme ça». What? Parce qu'il pense que son laisser-faire laisser-aller est un discours de gauche? Je ne veux pas que l'Etat s'occupe de moi, je préfère ne compter que sur moi-même parce que le XXe siècle ne m'a pas convaincu que l'Etat était bienveillant.
Par ailleurs, il est exact que je crois que sans économie forte il n'y a pas de politique sociale possible. Il faut de l'argent pour avoir de la liberté de décision. Nous le savons tous, nous le vivons au quotidien. C'est aussi vrai pour un Etat que pour un foyer.

H. était là. Il s'est cassé la figure dans les escaliers de la TGB qui descendent vers la Seine et c'est tout juste s'il ne m'en a pas rendu responsable. Fin de soirée tendue. Je suis très fatiguée.

Dernier jeudi de l’oulipo

Toujours un mardi, mais dans le petit auditorium: je ne sais si c’est parce qu’il y avait une conférence dans le grand, j’ai aussi entendu parler de travaux.

J’ai enfin appris la différence entre «cassis» et «dos d’âne», dans l'expression figée «cassis ou dos d’âne» du code de la route: le cassis est un creux, un affaissement, qui soulève le cœur comme sur les montagnes russes (j’adore ça mais il en reste très peu); le dos d’âne n’existe quasiment plus à l’état naturel, remplacé par le gendarme couché (depuis notre voyage aux US, appelé «bump» dans la famille).

Soirée au restaurant asiatique entre oulipotes. Quatorze ans déjà, quand je retrouve des photos j’observe la trace des ans.
Soirée drôle et très variée, les phases de la lune et les moyens mnémotechniques (à inverser dans l’hémisphère sud); les rails de droite plus usés que ceux de gauche dans l'hémisphère nord) à cause de la force de Coriolis (au bout d'un certain temps il suffit de les échanger avec les rails de gauche de l'Afrique du Sud); la physique (mystérieuse) du mouvement de balançoire (faut-il les bras ou pas, est-ce possible avec des barres ou faut-il des cordes); le mystère du chat qui se retourne (d’où vient l’énergie du mouvement); les poèmes de Queneau; Alphonse Séché; les différents carrés inscrits dans une forme quelconque (pour déterminer le centre de la France); discussion qui nous mène aux tables à quatre pieds sur un sol inégal (pour les stabiliser, il suffit de les tourner lentement moins qu’un quart de tour sur elles-mêmes).

La liste (la mailing liste) des typographes est psycho-rigide (mais la liste Oulipo, pas du tout).

La prochaine réunion sera le 4 octobre. Avant, nous devons nous revoir chez Nicolas le 25 juin, mais tous ne seront pas là.

Les détestations alimentaires (végétariens s'abstenir)

Repas marrant offert par un fournisseur. Bonne adresse: les Zygomates rue de Capri dans le 12e.

La commerciale en face de moi a mangé du cochon d'Inde en Amérique du sud «avec la tête dans l'assiette». Mouvement d'horreur du commercial.
— Les autres ont goûté du ver blanc. Il paraît que c'est bon, sucré. Moi je n'ai pas pu.

D'où cela est-il parti? Des écrevisses américaines dans le marais poitevin? (la commerciale est niortaise).
— Ils font du pâté de ragondin, aussi.
— Vous vous rendez compte de ce que vous dites? Vous mangez du rat?
— Mais ce n'est pas du rat d'égoût, ce n'est pas pareil.
— Vous connaissez Demolition man, le rat-burger?

— Et vous, qu'est-ce que vous ne mangez pas?
Je réfléchis.
— Déjà, si vous êtes obligée de réfléchir…
— La cervelle. Avant, j'aurais dit les choux de Bruxelles, mais depuis que j'en ai mangé avec du gibier à Strasbourg…
— Ah oui, moi c'est pareil, je n'aimais pas […], mais depuis […]

— Pas les insectes.
— Ma petite-fille elle adore ça.
— Mais qui donne des insectes à son enfant?

— J'adore les oreilles de porc.
— Mais c'est plein de cartilages! Pourquoi manger ça?!
— Et les groins? On nous a apporté une soupe de groins, les groins fottaient à la surface, j'adore ça.

Etc, etc. Si bruyants que nous avons gêné la table derrière nous, j'en ai peur.

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Oulipo le soir. Plus nombreux que souvent. Il fait chaud. Nous montons à l'étage du French Eyes.

Deux points marquants:
Information par Nicolas : l'écart social accepté socialement en France entre les membres d'un couple est son âge divisé par deux plus 7 (exemple: si vous avez 60 ans, vous pouvez prendre un conjoint de 37 ans). L'intéressant de cette règle est qu'elle n'est pas purement proportionnelle.

Information de GEF : X est de venu millionnaire grâce aux bitcoins. C'est un musicien doué, maladivement jaloux. A la suite d'une rupture amoureuse, il s'est réfugié dans une ferme (près de Saint-Etienne?) en mangeant peu et ne se chauffant pas. Soudain il s'est mis à rechercher dans ses disques durs des traces des bitcoins qu'il avait acheté des années auparavant. Bref, il se retrouve millionnaire, sans rien changer à sa vie, mais en aidant des amis.

Les jeudis de l'Oulipo se tiendront le mardi

Relayée par Dominique, la nouvelle était tombée il y a quelques temps déjà: les jeudis de l’Oulipo auraient lieu le mardi.

Quel plaisir de se retrouver pour la première fois depuis février 2020. Tout le monde est là, un peu plus blanc, en forme, je suis rassurée. La pizzeria est toujours ouverte, ouf, mais elle a dû changer de cuisinier — je ne mangerai sans doute plus de spaghettis cuits dans une meule de parmesan.
Nicolas a sorti un nouveau livre de poèmes sur les éléments, plus modeste, plus personnel que celui de février 2020. C’est un livre à compte d’auteur et il nous le distribue. Les contraintes de versification sont données à la fin du volume et les thèmes des poèmes sont expliqués ainsi: «Pour chaque élément, un mot ou une expression a ainsi été extrait de son étymologie (parfois incertaine, voire fantaisiste) pour inspirer le sujet du poème.»
Exemple : élément 59 praséodyme: jumeau couleur poireau

59. Destin

Deux poireaux s'aimaient d'amour tendre.
L'un d'eux, s'ennuyant dans son champ,
Voulut entreprendre un voyage.
Il pria l'autre de l'attendre
Et fit promesse d'être sage
Pour ne point finir en potage.
Après un adieu fort touchant,
L'aventurier prit son bagage
Et s'en alla de bon matin.
Hélas! Bien avant le couchant
Il fut trouvé très alléchant
Et termina dans un gratin.

Nicolas Graner, De tout un peu
Je parle à M. de mon projet de suivre le colloque sur Balzac en août prochain à Cerisy.
— J’ai commencé un marathon Balzac, la lecture de tous les Pléiade.
— Ah oui, tu révises. (Il a un sourire amusé.) Ce qu’il y a de bien, moi, c’est que même si je révise, je ne me souviens plus de rien.
J’ai le cœur serré. Je sais de quoi il parle: vieillir, et il est trop fin pour être consolé par quelques mots creux et convenus. Je me tais.

J’évoque avec GEF mon désir d’un colloque à Cerisy avec d’Hofstadter. Il s’exclame les yeux ronds: «Mais c’est beaucoup de travail!»
Certes : il faut trouver le sujet, trouver les intervenants. Il faut avouer que je me défausse sur lui, mais d’un autre côté, moi, je ne connais pas Hofstadter.

Pour ou contre la Pléiade?
— Je déteste ce papier.
— Ah, tu pousses ton anticléricalisme jusque là?
— Tu n’aimes pas la Pléiade parce que tu as de la place. Tu en comprendrais l’intérêt si tu avais un tout petit appartement.
— J’ai un petit appartement et je croule sous les livres.

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Le lundi et le mardi, la ligne 14 s’arrête à 22 heures. Je quitte donc le restaurant dès 21h30 car je ne veux pas prendre risque.
Par ailleurs, j’avais en tête que pour cause de travaux, à partir de 23 heures les trains s'arrêtaient à Melun et qu'il fallait continuer en car jusqu'à Moret. Pour éviter cela il fallait attrapper au plus tard le train de 22h46.
J'arrive à la gare à dix heures moins dix. Je découvre ô joie qu'il existe un train de 22h16 dont je n'avais pas connaissance.
Et heureusement, car il ne fallait pas comprendre «les trains partant de la gare de Lyon à partir de 23 heures auront pour terminus Melun», mais «aucun train ne quittera Melun à partir de 23 heures», c'est-à-dire que le train de 22h46 m'aurait entraînée dans la galère du car et du trajet interminable.

Cependant, pour compenser ce coup de bonheur, le train de 22h16 est mis à quai à 22h12 et ne démarre qu'une demi-heure plus tard, ce qui fait que je commence à m'inquiéter de notre heure d'arrivée à Melun: allons-nous finalement prendre le car? Je pose la question sur Twitter à @ligneR, et miracle, on me répond que non (double miracle: qu'on me réponde, et que le train aille jusqu'à Moret).

Les gens qu’on aime : #3 quelqu’un qui nous fait rire

Puisque je lis Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qui me fait rire. Là, ce n'est pas une personne mais un groupe: les oulipotes, les oulipiens, la bande des jeudis de la BNF et de la pizza subséquente.

rires entre amis de l'Oulipo, 18 juin 2015

Sophie, Nicolas, Elisabeth, Dominique dans le miroir, Gilles et Maurice à l'autre table… Nous ne sommes jamais le même nombre, nous ne parlons jamais des mêmes sujets, parfois c'est sérieux, parfois c'est drôle, parfois ça cancanne, parfois c'est triste (le temps qui passe, la famille, la santé, tout ça). Ce sont des amis merveilleux par leur culture, leur humour, leur gentillesse.
J'ai l'impression de les connaître peu parce que ce sont mes amis les plus récents: une douzaine d'années, mais finalement dix jeudis par an depuis plus de dix ans, et deux ou trois dimanches chez Nicolas, et autant chez Alain… Ce sont finalement les amis que je vois le plus souvent. Et nous rions beaucoup.

Les gens qu’on aime : #30 quelqu’un de très intelligent

Puisque je lis Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qui est très intelligent : Gilles, GEF pour les intimes.

Je suis embarrassée de parler de lui parce qu'il n'est pas seulement très intelligent, mais aussi très modeste. Je pense que ça l'embarrasserait beaucoup d'apparaître ici et dans cette catégorie (parfois je me demande s'il sait qu'il est intelligent) et donc ça m'embarrasse de parler de lui.

Je vais donc le faire brièvement.

GEF fait partie des oulipiens avec qui je mange une pizza après les jeudis de l'Oulipo. Il a quelques défauts : il ne boit pas et n'aime pas la cuisine exotique, ce qui nous empêche de manger au très bon restaurant vietnamien proche de la TGB.
A part ça…

Je me souviens de la fois où il ne pouvait pas venir ou écrire ou je ne sais, «parce qu'il avait une urgence avec un trou noir».
Une urgence avec un trou noir? Mais comment un trou noir peut-il être urgent? Il est à des années-lumières, évolue sur des milliards d'années…
(Réponse : il s'agissait d'une communication à terminer pour un colloque.)

Je me souviens de la fois où il nous a expliqué comment les frères Bogdanoff avaient écrit leurs thèses de doctorat. C'était hilarant, je n'ai pas osé le raconter ici car cela frisait la diffamation (de ma part, dans la mesure où je rendais le récit public). En un mot, les scientifiques spécialistes de certains sujets recevaient des coups de fils et la conversation s'engageait sur le mode «prêcher le faux pour savoir le vrai». Le résultat de ces conversations se retrouvaient dans les thèses.

Je me souviens de lui parlant de son père médecin parcourant les rues d'Alger à vélo pendant la guerre: «Personne n'a jamais tiré sur lui».
Je me souviens de son désarroi quand il a dû disperser la bibliothèque de ses parents après leur mort: «Pas de place».
Cœur fendu.

Le truc qui m'épate : il connaît (ils échangent des mails amicaux) Douglas Hofstadter.

GEF et son ami Nicolas sont des oulipiens canal contraintes dures. Pour en avoir une idée, explorez ici. Qu'il soit aussi habile avec les mots qu'expert dans les étoiles tout en étant un mélomane accompli… ça fait beaucoup pour un seul homme.

Voici la copie d'écran d'un poème que l'on peut décaler vers le bas. L'original est ici.

poèmes de Gilles Esposito-Farèse glissant le long d'une diagonale


(J'aurai pu parler de Nicolas. C'est encore pire d'une certaine façon (je veux dire plus impressionnant), ceux qui le connaissent savent pourquoi. Mais une pudeur me retient.)

Entraînement - Réservation - Oulipo

Entraînement spécial Bruges, puisque nous ne pouvons toujours pas ramer. Sur les conseils d'un rameur j'ai téléchargé l'application RiverApp qui m'enchante. Je regarde le cours du Danube (Donau) en rêvant.

Je passe à Shake & Smash pour payer un acompte. Nous n'avons pas décidé grand chose (privatiser ou pas, quel menu, etc) mais nous voulons réserver la date.
Je m'installe au bar et commande ma nouvelle marotte depuis Val Thorens: un Moscow Mule. Je contemple fascinée la barmaid préparer trois ou quatre cocktails en parallèle. Il y faut beaucoup de concentration.

Puis Oulipo. Enfin, je veux dire pizzeria puisque j'arrive tard. Nous ne sommes que huit.
Quelques livres: Sans nouvelles de Gurb d'Eduardo Mendoza et Le système poétique des éléments auquel ont participé Nicolas Graner et Françoise Guichard.

Des présences rares

Oulipo le soir. Comme souvent j'arrive trop tard pour assister à la séance, je rejoins le groupe à la sortie de la BNF.

Jacques Ponzio (de Marseille) est là. Je l'interroge sur le jazz car je sais qu'il a sorti un livre l'année dernière: Thelonious Monk: abécédaire. Il m'apprend qu'il en a écrit un autre, Blue Monk, il y a vingt-cinq ans (renseignement pris, c'est une référence), et surtout qu'il doit en sortir un autre: «cette fois-ci ce sera mon Monk, me dit-il, et je ne suis pas toujours tendre.»
Jacques, c'est aussi un groupe de jazz, "Africa Express", avec bientôt un nouvel album dont il semble très content.

H. est là, cela fait plusieurs fois qu'il me rejoint le jeudi. Ça me fait plaisir.

Olivier Salon arrive plus tard et nous ravit de sa fantaisie en nous parlant de Satie et nous racontant des anecdotes loufoques — mais vraies (google dixit).

Ce trou noir est troublant

Soirée oulipienne et donc éclats de rire. Il est difficile de transcrire autre chose que des éclats, d'ailleurs, autre chose que des laps, aurait dit RC. Comment rendre le décousu des conversations tout en restant compréhensible hors contexte? Je note quelques points pour mémoire.

Les saxophonistes respirent par le nez en même temps qu'ils soufflent, avec les joues comme réservoir intermédiaire. Quand à la cornemuse, c'est un buffer. Ne parlons pas de l'accordéon (à jeter après une utilisation, vrai ou faux?)

— J'avais prédit la voiture jetable: quand le consommable est devenu plus cher que la partie fixe, tu jettes la partie fixe quand le consommable est épuisé: donc en imaginant un immense réservoir, tu jettes la voiture quand tu n'as plus d'essence…
— La cornemuse jetable, que tu jettes quand il n'y a plus d'air…

— Tu dis à des enfants de CE2 qu'ils vont mourir dans soixante dix ans de la grippe, ça ne leur fait rien, mais dans dix millions d'années d'une météorite, ça les inquiète.
— Oui, c'est la blague: "ma mère est morte de la grippe. — La grippe? ah, mais alors, c'est pas grave."

— Je vous invite le 9 juillet, la veille de la finale de l'Euro de foot, donc vous ne manquerez rien.
— Ah oui, d'ailleurs je l'ai noté: le 10, "fin du foot".
Et par dessus le coude de Dominique, je lis dans son agenda au 10 juillet, d'une écriture minuscule, "fin du foot", soigneusement entouré, et à voir ces deux mots dans le dernier jour d'une semaine encore vide, on comprend qu'il s'agit d'un soulagement, d'une libération patiemment attendue.

Demain soir, dernière de Conférence en forme de poire à Arcueil, autour d'Erik Satie (allez-y si vous pouvez, c'est très drôle). Et à propos de Satie, Dominique nous signale une émission d'Arte à venir (évidemment, il faut être insomniaque ou gardien de nuit).

Oulipotes chantants enchantants

Pizzeria. Vers la fin du repas, pour une raison que je n'ai pas suivie (des souvenirs d'enfance? Peu de temps avant nous avions évoqué Les Malheurs de Sophie), quelques oulipotes se sont mises à chanter. Le restaurateur (chemise rose, pochette rose, costume gris) nous regardait de loin, surpris.
Le chœur a chanté entre autres oh ! yes ! How do you do (pas de bol, ce n'est pas disponible sur youtube), Général à vendre1 et La Tyrolienne haineuse de Pierre Dac (et je me suis dit que c'était d'actualité).

Et moi qui ne connaissais rien, je regardais les yeux ronds, enchantée.


Note
1 : les Frères Jacques chantent Prévert, m'apprend-on. Il faut que je télécharge ça pour la voiture.

Ranger sa bibliothèque

Oulipo. Je retiens une proposition d'Eduardo Berti: non, pas celle de lire les livres aller-retour, arriver au mot de la fin et tourner les pages à l'envers pour remonter vers le début (et certes, Ulysse de Joyce semble soutenir l'épreuve), mais celle de ranger sa bibliothèque dans l'ordre d'arrivée des livres sous son toit. Cela ressemblerait aux anciens catalogues des bibliothèques.
Le problème évidemment, c'est de décider cela au bout de trente ans: comment reconstituer cet ordre?

Oulipotes

Premier Oulipo de l'année (la dernière fois j'ai oublié de venir).
Pièce de théâtre W ou les souvenirs d'enfance au jeudi de l'Oulipo. Le texte suit fidèlement le livre et c'est glaçant.

Puis pizzeria, dans une salle où nous sommes seuls et pouvons nous permettre de rire à gorge déployée (bon, ce n'est pas comme si nous nous gênions beaucoup habituellement).
Conversation avec M. qui a repéré quelques citations de ma part qui parlent de chameau et d'hébreu.
Par coïncidence, lui-même lit actuellement les écrits de grandes voyageuses des siècles précédents et il est rempli d'admiration. Il me cite Jane Dieulafoy (quel nom!) qui suivit son mari en Perse habillée en homme (elle passait pour son fils) et madame de Bourboulon qui incita son ambassadeur de mari à traverser la Chine pour rejoindre Moscou (plutôt que le traditionnel voyage par mer).

Le résultat de quelques recherches internet :
Trois livres de Jane Dieulafoy chez Phébus, sans doute lisibles en ligne sur Gallica :
Une amazone en Orient. Du Caucase à Persépolis 1881-1882: Paris, Phébus, 1987, 2010
L'Orient sous le voile. De Chiraz à Bagdad 1881-1882: Paris, Phébus, 1990, 2011
En mission chez les Immortels, Journal des fouilles de Suse 1884-1886: Paris, Phébus,1990

Une page de l'ambassade de l'ambassade de France en Chine rend hommage à Catherine de Bourboulon et Hélène Hoppenot. Le voyage de Mme de Bourboulon a été raconté par Achille Poussielgue.

Je signale pour mémoire cette liste de "mémoires par ou sur des diplomates français".

Zut

J'ai oublié l'Oulipo. Pour une fois que je n'avais pas grec. J'aurais dû regarder mon agenda.

Oulipo

Depuis que je suis des cours, j'y vais bien moins souvent. Cette année cela coïncidait de temps en temps avec les cours de grec mais j'ai dû réussir à y aller deux ou trois fois.

Le lieu a encore changé: abandon de l'asiatique, retour à un Italien.

La traduction de Vialatte, l’humour de Kafka. L’hyperacousie. Les compliments et les mufleries.

A : — Il m’a dit que j’étais son budget cigares.
B : — Je trouve ça drôlement ambigu quand même.
C : — Tu sais ce qu’a dit Freud ? Il arrive qu’un cigare soit juste un cigare.
B : — Moi qui ai connu le spécialiste de la micropsychanalyse…
C : — Il arrive qu’une cigarette soit juste une cigarette ?

Témoignage d'un bidasse

— Les statistiques veulent qu'un livre rangé dans une bibliothèque a cinq pour cent de chance d'être lu.
— Ça veut dire que les gens stockent sans lire.
— Moi, je stocke pour ma retraite ou le jour où je me casserai la jambe. C'est Sophie qui m'a soufflée: elle stocke pour le jour où elle sera en prison!
— Moi j'ai fait de la prison.
— Moi aussi. Pendant mon service, j'ai fait de la prison pour avoir cabossé une voiture. J'y suis resté une semaine. Les autres demandaient à être deux par cellule pour ne pas s'ennuyer, moi j'ai demandé à être seul. J'ai lu Kawabata, Pays de neige, j'ai commencé Sur la route de Kerouac. Au service, je lisais Genet, Notre Dame-des-Fleurs. Je n'aurais pas eu le droit de lire L'Humanité, mais Genet, oui, personne ne connaissait.

Cette fois-ci ce n'est ni les blogs, ni FB, mais une liste de diffusion

Il n'existe pas de n°1 à la rue Albert 1er au Pecq. Mais Google extrapole et nous assure que si.

Soleil, après-midi à l'ombre (mais pas d'un seringa, réservé à Nabokov), discussions à bâtons rompus.

Des sorbets et des casse-têtes. Un mur de Rubix-cubes comme je ne savais pas qu'il en existait (j'aurai dû prendre une photo — mais je n'avais rien pour photographier).

Il faut lire Arno Schmidt (qui décrit l'enfer des écrivains trop connus, bloqués dans un entre-deux, incapables d'atteindre l'oubli et le repos).
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