Billets qui ont 'RIP' comme mot-clé.

Elizabeth, Charles et les autres

J'avais l'intention de parler de mon irrépressible envie de citronnier, mais la nouvelle du jour, c'est la mort d'Elizabeth II.
A vrai dire je n'en pense rien. Je suis toujours effarée de ce que fait le temps à un corps, et je la remercie de l'avoir porté avec dignité, de nous l'avoir montré sans faiblir. Ça m'aide à vieillir. (Il y a des questions importantes, du genre: «A quel âge la reine a-t-elle arrêté de se teindre les cheveux?»

J'en profite pour faire de la pub pour ce billet sur les bijoux de la reine. C'est un fil Twitter à l'occasion d'une visite de Trump à la reine d'Angleterre.

quatre profils d'Elisabeth II


Passées ces réflexions purement anthropologiques, quelques appréhensions: que va-t-il se passer si l'Ecosse demande son adhésion à l'union européenne? Si c'est accepté, que fera la Catalogne? Verra-t-on l'Irlande réunifiée?

Le rouge ne va pas à Charles III.

Tibétain

J'avais prévu d'inviter A-C à la Table du Loup, mais le restaurant ferme: contrôle sanitaire, pas aux normes, il faut refaire toute la cuisine, trop d'investissements. Où vais-je acheter mon gin désormais?

J'ai donc changé pour le restaurant tibétain. Il s'avèrera qu'A-C n'aimera pas. (Mais comment aurait-elle fait au Tibet, son voyage annulé il y a deux ans pour cause de pandémie?)

Elle ne va pas bien, elle a perdu sa mère en octobre, elle est en deuil, à la limite des larmes à tout instant, sur tous les sujets. Je suis toujours effarée par la violence de la société qui s'imagine qu'il suffit d'un mois pour surmonter un deuil. Mon estimation, pour quelqu'un de très cher, est de deux à cinq ans. (J'appelle «surmonter» le moment où il reste le manque et le regret, mais plus la douleur. Pendant si longtemps (peut-être toujours?) on se dit: «ah tiens, il faudra que je lui raconte cela»).

Elle va prendre le train pour Romans, son fils aîné nous rejoint gare de Lyon. Il finit des études en montage vidéo et cinéma. Vingt-deux ans. Comme cela a passé vite.

Belmondo

100 000 dollars au soleil
Week-end à Zuidcoote
Le Voleur

Déçue et étonnée qu'on évoque surtout Le Magnifique, qui certes était très drôle, mais avant tout une bonne blague. Je l'aimais plus grave, réfléchi. Je trouvais qu'il avait un physique à être grave et non clown. Comme Ventura, en somme.

Dans A bout de souffle, une beauté candide, à peine sortie de l'enfance, quelque chose d'inoffensif dans sa force.

Belmondo dans à Bout de souffle


Mon enterrement est plus pourri que le tien

«C'est pas pire que ce qui est arrivé à une copine de ma fille. Cette copine avait organisé les obsèques de son oncle à Villeneuve-St-Georges, tout le monde arrive pour quatorze heures et là, y'avait eu un problème dans leur agenda, i'z avaient pas noté l'oncle et la fille du crématorium lui dit: "ça va être possible, faut revenir demain". Exactement comme si elle annulait un rendez-vous chez le dentiste.»

Vaccinée

contre la grippe.

Dans le même temps, j'apprends que la vaccination contre la rougeole est à son plus bas en Indonésie, suite à une rumeur de porc dans le vaccin. (Est-ce plus ou moins con que redouter l'alluminium?)


J'en profite pour saluer la cascadeuse Kitty O'Neil, morte le 2 novembre et sourde à cause d'une ou des maladies enfantiles.

Elle doublait Wonder Woman, ce qui m'amène à saluer également Stan Lee, mort aujourd'hui (davantage connu de H. que de moi (en fait je le connais surtout à travers The Big Bang Theory)).

PS: sur une suggestion d'Aymeric j'ajoute ce billet. J'aime beaucoup le nom du blog.

Dimanche de rentrée

Belle sortie en quatre à Neuilly pour préparer la traversée de Paris. La Seine comme un lac. Une sortie comme cela me redonne espoir.
Sieste, vacherin, lessives (profiter des derniers week-ends de beau temps pour faire sécher les draps en lin dehors (pas des draps domestiqués du commerce, des draps septuagénaires épais et lourds, brodés à la main)).

J'apprends la mort de Jacques Theillaud . Comme ils n'ont aucune idée de la réalité, ceux qui vous affirment péremptoires: «ce que je n'aime pas sur Facebook, c'est le mot "ami". Comment peut-on être amis sur FB?» Eh bien, ce serait trop long de vous expliquer, surtout si vous partez avec cette conviction (à quoi bon tenter de vous convaincre?). Mais ce soir j'ai envie de pleurer.

Nous dînons très tôt. Je m'installe devant le Mission impossible disponible sur Netflix — donc gratuit (le 3, très mauvais) et je trie, classe et jette les deux cents mails de ma boîte de réception. Je mets à jour mon emploi du temps dans Google agenda: il n'y a que trois ou quatre TG (travaux en groupe) cette année, dont deux sur des week-ends où je me suis engagée dans des randonnées d'aviron.

Puis quatre épisodes de la saison 2 des Mistfits. Qu'est-ce qui rend cette série si attractive? La beauté des jeunes gens, la véracité des dialogues, la logique déjantée de la fiction?

Les noms des morts

Ce matin un peu avant neuf heures, sur France Culture, j'ai entendu deux journalistes dire des noms, comme en fin de chaque émission. J'ai d'abord cru qu'il s'agissait des techniciens et animateurs de l'émission, comme d'habitude. Mais la liste était longue, les voix blanches, et j'ai compris que c'était les noms des morts du 13 novembre.

J'ai pensé à la liste que je croise souvent, pas tous les jours car cela dépend de l'endroit où je descends sur le quai gare de Lyon, qui dépend lui-même de l'endroit où je suis montée sur le quai à Yerres, qui lui dépend de notre retard et de notre panne d'oreiller, donc de notre fatigue générale. C'est la liste des morts de l'accident de la gare de Lyon en juin 1987, jamais oublié.

J'ai pensé aux morts de l'été 2003, aux morts sans sépulture, aux morts non réclamés, à ceux enterrés en fosse commune.
J'ai fait une recherche et je suis tombée sur cet article qui raconte comment Jean-Claude Roehrig et son fils Guillaume, généalogistes, avaient enquêté bénévolement sur ces hommes et ces femmes.

Doctrine de l'Eglise sur le suicide

L'enterrement du suicidé a lieu demain, près de B**.

— C'est à l'église, je me demande comment ils ont obtenu ça.
— Tu sais, l'Eglise a quand même évolué sur le sujet. Par contre, tout est possible concernant le prêtre: Pascal m'a raconté une horreur dans de telles circonstances, un sermon terrible qui avait anéanti les parents.
— Ah oui, genre Breaking the Waves… ?
— Si tu veux… Bref, tout est possible, comme d'habitude, le pire comme le meilleur.



Et comme j'écris cela plusieurs jours après, je peux dire que le prêtre a été "formidable" (sic).

Enquête

Les question sont ici.
Réponses apportées le 29 janvier 2015.

1/ Non, et c'est d'ailleurs pour moi une question récurrente (ni obsédante, ni angoissante, mais réccurente : de celle à laquelle j'aimerais trouver une réponse).
Dans Rome, la pluie, l'auteur dit qu'il faut se faire enterrer à côté des gens que l'on veut retrouver au jour de la résurrection pour vivre avec eux éternellement (je ne suis pas si sûre que ça de tenir à ressusciter, mais c'est une autre question). Cela m'a épouvantée: je ne m'imagine pas vivre avec qui que ce soit éternellement (je ne tiens à personne à ce point-là), et je ne voudrais certainement pas imposer ma présence à qui que ce soit aussi longtemps…
J'ai une vision plus pragmatique: se faire enterrer auprès d'autres personnes de la famille afin que les vivants ne soient pas obligés de parcourir la France quand ils veulent déposer un chrysanthème… auprès de ma grand-mère paternelle? mais le cimetière est laid. Auprès du grand-père paternel d'Hervé (ce qui me paraîtrait le plus logique)? mais Hervé ne répond pas quand je lui pose la question. S'il meure avant moi (le plus probable), il faudra que je choisisse pour lui; j'aimerais bien qu'il me donne une indication. (Et donc une règle malgré tout, pour des raisons de tradition — j'aime beaucoup les traditions: me faire enterrer auprès de mon mari).

2/ J'adore les études, je ne ferais que ça. Mais on ne gagne pas sa vie en faisant des études. Et puis mine de rien, sortir dans le monde réel permet de mieux comprendre ce qu'on apprend. Donc tant pis, pas d'études à vie. Mais presque.

3/ Sud est de Paris pour quitter facilement la région parisienne quand nous allons chez nos parents. C'est également une ville proche du village de F. où nous avons passé un été en 1992, et c'est la maison de notre ancien coiffeur parti dans le sud (— Tu ne connaîtrais pas une maison à vendre? — Si, la mienne.)

4/ Oui et non. J'ai des souvenirs très précis dont je m'aperçois parfois qu'ils sont très déformés. Je crois que nos rêves (oubliés par la conscience) interviennent puissamment dans nos souvenirs.

5/ Oui, je travaille avec des dates d'effet.

6/ Oui, des BD principalement, avant mon bac. Beaucoup de Yono Tsuno.

7/ Non. J'évite le noir, qui me semble la pente de la facilité. Mais j'en ai, il me reste ce que j'ai acheté après la mort de ma grand-mère.

8/ Oui, j'ajouterais bien «hélas», mais en fait c'est plus intriqué que cela.

9/ N'importe quoi qui ne soit pas immobile. Lire m'est difficile (blancheur de la page). Marcher. Je n'aime pas beaucoup la mer, je n'ai rien à y faire. J'apprendrais bien des rudiments de voile.

Vent léger dans le linge

Il fait beau. Je suis en train d'étendre le linge. Hervé vient me voir, me prend dans ses bras, me dit: «ta mère vient d'appeler, ta grand-mère est morte.»

Je ne sens rien, je ne pense rien. Le soleil continue de briller, le vent soulève un peu le linge et son odeur de frais.
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